L’innovation pour les nuls #1 – Définition

J’ai la chance de travailler dans le domaine de l’innovation depuis un certain temps. Je me suis dit qu’il serait donc utile de structurer un peu mes connaissances sur le sujet. J’espère pouvoir apporter un peu à  certains, et profiter du feedback, y compris critique, de quelques autres. J’ai choisi de faire plusieurs articles pour traiter de plusieurs sujets différents, en relation avec l’innovation. La définition est la première étape.

Définition de l’innovation

Commençons par le début. Qu’est-ce que l’innovation ? La définition (je vous conseille d’utiliser le très bon Trésor de la Langue Française Informatisé) montre dès le début la complexité du sujet : l’innovation est à  la fois un processus, et le résultat de ce processus.
La racine du mot est également intéressante : in-novation. Introduire du neuf dans quelque chose qui a un caractère bien établi. Nous reviendrons sur le processus dans un autre article. Parlons du résultat. Une innovation, c’est quelque chose de nouveau (plus ou moins), qui est confronté à  l’usage que l’on peut en faire. Ce qui distingue l’innovation de la pure invention. Une innovation n’est pas « juste » une bonne idée, mais sa mise en oeuvre. Là  où l’invention peut rester dans la tête de son créateur, ou sur un papier, l’innovation est proposée à  un « marché » de potentiels utilisateurs. Il suffit de regarder les images qui sortent dans Google images pour la requête « innovation » pour voir que cette distinction n’est pas très bien faite en termes d’imaginaires). Une innovation peut être réussie (être utilisée) ou pas. On trouve sur Wikipédia (article innovation) cette définition, attribuée à  Patrick Brezillon, que je trouve assez juste :

L’innovation est la concrétisation d’une idée nouvelle que s’approprie un public car correspondant à  ses besoins ou attentes explicites ou insoupçonnés jusqu’alors.

Ajout grâce à  Klodeko en commentaire : une autre plus concise que j’aime bien :

Quelque chose de nouveau qui a un impact


Il est d’usage de distinguer les innovations produits/services, de procédés, de commercialisation et d’organisation. On peut raffiner ; deux ouvrages, parmi d’autres, m’ont paru intéressant à  ce titre :

  • La pensée Design, excellent livre qui explique ce qu’est l’approche design, avec notamment le fameux triptyque que j’ai utilisé pour illustrer cet article (image piquée sur Dius)
  • Ten Types of innovation, qui distingue 10 catégories/champs dans lequels on peut innover

Quelle que soit la manière de découper cela, il apparaît que proposer une innovation (avec le travail que cela implique de conception, expérimentation, production, commercialisation) est toujours pour l’entreprise qui le fait une activité qui inclut une transformation. Soit parce qu’une nouvelle activité se créé de toute pièce, soit parce que l’innovation force l’entreprise existante à  transformer, plus ou moins, ses activités, les compétences qu’elle mobilise, etc…
Pas d’innovation sans transformation, donc.

Le prochain article sera consacré à  cette transformation, et aux liens entre la mission de l’entreprise et l’innovation. En effet, il est important d’expliquer pourquoi les entreprises doivent entretenir des capacités d’innovation, et comment ces capacités, transformantes, questionnent la mission de l’entreprise.

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Commentaires

8 réponses à “L’innovation pour les nuls #1 – Définition”

  1. Avatar de Klodeko
    Klodeko

    Très sympa ce billet de teasing pour l’apéro. Il est bien de parler d’innovation dans l’entre-soi des spécialistes mais il est un tout autre exercice que d’embarquer la foule, des nuls et autres dummies. Ca promet pour les suivants.
    Parmi les nombreuses définitions de l’innovation, la plus compacte que j’utilise tient en 8 mots « Quelque chose de nouveau qui a un impact ».
    Vivement le #2

    1. Avatar de Lomig
      Lomig

      merci Klodeko pour ton commentaire ! J’aime bien ta définition, je vais l’ajouter au billet. :) Celle que j’avais utilisée (de Brezillon), ou celle que tu proposes me semble souffrir d’un léger manque – commun aux deux – : il me semble que l’activité de l’innovation, et donc les produits de cette activité, ne sont pas assurés d’avoir un impact, ou de réussir. Il y a des innovations qui échouent, qui ont un impact, mais pas forcément durable. Cela fait partie du jeu. C’est même le coeur du sujet d’un des billets de la série. On pourrait risquer une variante :
      « quelque chose de nouveau qui cherche à  avoir un impact ». à  bientà´t. J’essaye de ne pas trop traîner pour sortir le #2…

      1. Avatar de Klodeko
        Klodeko

        L’innovation est comme une pièce à  2 faces. La variante « en quête » d’impact me parait représenter le point de vue de l’innovateur, qui explique son intention pleine d’incertitude. La version courte est celle vue du public, des utilisateurs, des clients. Elle est apparemment plus exigeante mais intégrant que l’impact (ici en minuscule) ne présage ni de sa temporalité ni de sa portée.
        Je me doute que tu développeras le concept d’échec ou d’apprentissage dans les billets à  suivre ;-)

  2. Avatar de Dominique van Deth
    Dominique van Deth

    Merci pour ce billet. Je propose la définition: « une innovation, c’est une transgression qui a réussi ». Je regarde la suite pour enrichir mon commentaire…

  3. Avatar de Francois Unger
    Francois Unger

    moi qui suis un profane total je vous proposerais bien cette définition: une innovation c’est quelque chose qui permet du temps humain.

  4. Avatar de Francois Unger
    Francois Unger

    je voulais écrire:
    moi qui suis un profane total je vous proposerais bien cette définition: une innovation c’est quelque chose qui permet d’économiser du temps humain.

  5. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    @Francois Unger : merci pour ton commentaire, oui je suis assez en phase avec cette définition. je dirai même pour être plus général quelque chose qui permet d’économiser du temps humain, ou des efforts. cela me fait penser à  l’indispensable approche de Bastiat de l’utilité et de la valeur. Je trouve qu’il a très bien résumé tout cela…

    Extrait de la page : http://bastiat.org/fr/besoins_efforts_satisfactions.html

    « Besoin { Utilité gratuite, Utilité onéreuse } Satisfaction

    L’homme est pourvu de facultés progressives. Il compare, il prévoit, il apprend, il se réforme par l’expérience. Puisque si le besoin est une peine, l’effort est une peine aussi, il n’y a pas de raison pour qu’il ne cherche à  diminuer celle-ci, quand il le peut faire sans nuire à  la satisfaction qui en est le but. C’est à  quoi il réussit quand il parvient à  remplacer de l’utilité onéreuse par de l’utilité gratuite, et c’est l’objet perpétuel de ses recherches. Il résulte de la nature intéressée de notre coeur que nous cherchons constamment à  augmenter le rapport de nos satisfactions à  nos efforts ; et il résulte de la nature intelligente de notre esprit que nous y parvenons, pour chaque résultat donné, en augmentant le rapport de l’utilité gratuite à  l’utilité onéreuse.

    Chaque fois qu’un progrès de ce genre se réalise, une partie de nos efforts est mise, pour ainsi dire, en disponibilité ; et nous avons l’option ou de nous abandonner à  un plus long repos, ou de travailler à  la satisfaction de nouveaux désirs, s’il s’en forme dans notre coeur d’assez puissants pour stimuler notre activité. »

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