Le modèle : un outil indispensable !

Les sciences utilisent un outil de pensée nommé modèle. Qu’est-ce qu’un modèle ? Un modèle est une vue simplifiée du monde : selon la simplicité du modèle, son utilisation diffèrera. Le modèle est le lien entre théorie et pratique. A nous de savoir construire, modifier, échanger des modèles pour savoir penser notre vie, et vivre notre pensée.

Les sciences utilisent toutes un objet dont la complexité est variable, et l’utilité énorme, qui s’appelle un modèle. Qu’est-ce qu’un modèle ?

Qu’est ce qu’un modèle ?

Un modèle c’est une vue simplifiée de la réalité. Concevoir, utiliser un modèle, c’est reconnaitre que nos cerveaux sont limités et ne peuvent pas embrasser le monde entier dans sa complexité : pour penser la réalité, il faut la modéliser (sauf si l’action ne nous intéresse pas, auquel cas on peut simplement laisser la pensée fôlatrer de manière contemplative à  travers la complexité du monde). Donc : pour penser la réalité en vue d’une compréhension active, il faut utiliser des modèles, qui sont des simplifications.

Tous les niveaux de complexité sont utiles

Le degré de simplification de la réalité qu’implique le modèle représente le niveau de détail qu’il pourra atteindre dans sa description ; et ce degré de précision n’est pas dépendant d’un quelconque amour de la vérité, mais bien plutôt du type d’action recherchée. On peut décrire une même réalité avec différents modèles, plus ou moins complexes et précis, selon l’utilisation que l’on veut en faire.
L’exemple couramment utilisé pour illustrer cela est le plan : un plan est une modélisation du territoire réel, utilisé généralement pour se déplacer. Selon ce que vous voulez faire comme trajet, le même plan ne sera pas le meilleur : si vous voulez aller de Paris à  Bordeaux, il y a des chances pour qu’une carte autoroutière sera la plus adaptée ; tandis que si vous voulez aller faire une randonnée sur la montagne voisine, à  coup sûr, un bon plan précis de l’IGN sera plus approprié. Ces deux plans ne sont pas incompatibles, ou contradictoires : ils sont adaptés chacun à  un type d’action différent. Ils se complètent. C’est leurs différences qui font leur valeur : un plan routier précis comme une carte IGN serait proprement inutilisable, et une carte Michelin ne servirait pas beaucoup pour savoir comment passer un col. La qualité d’un modèle ne dépend donc pas de son degré de précision : elle dépend de l’adéquation entre cette précision et l’action recherchée.

Le modèle : un outil théorique et pratique

Trouver le modèle adapté à  une situation donnée est un travail intéressant, et indispensable. Et c’est tout le contraire d’un travail théorique, contrairement à  ce que l’enseignement français pourrait laisser penser : bien loin d’être un outil abstrait pour les recherches théoriques, le modèle est ce qui relie l’expérimental au théorique. On ne peut tester un modèle qu’en le confrontant à  la réalité ; on ne peut véritablement valider un modèle que si des outils théoriques permettent de prédire les conséquences de ce modèle, et de les proposer à  la réfutation. Construire un modèle, c’est simplifier le réel dans un but d’action. C’est donc un outil indispensable pour la pensée.
Notre réflexion sur le monde, sur notre vie utilisent en permanence cet outil : penser sa vie à  différents niveaux de complexité est indispensable ; à  nous de savoir construire et utiliser, selon les situations et les besoins, les modèles adaptés. Tout le travail et le sel de l’action pragmatique se trouvent là  : savoir passer d’un modèle à  l’autre, savoir faire évoluer les modèles, savoir partager les modèles.


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Commentaires

  1. Avatar de remi

    Moi je suis d'accord, les modèles c'est le top.

  2. Avatar de Nath

    Le modèle… un des outils principaux de la politique ! Personnellement, je regrette que les modèles qui nous sont présentés pour expliquer la ligne directrice de nos gouvernants soient trop simplificateurs.

  3. Avatar de Fred Bird

    Indispensable n'est pas le terme que j'aurais utilisé… inévitable plutôt.

    L'essentiel est de bien garder à l'esprit que le modèle n'est pas la réalité, quel que soit son degré de précision. La certitude est la pire ennemie du savoir.

    cf A. Korzybski et son modèle du "différentiel structurel".

  4. Avatar de Fred Bird

    Je viens de m'abonner ici aussi. Pourtant, j'ai l'impression que sur la politique nos modèles divergent assez radicalement :p

  5. Avatar de Fred Bird

    Eh bien je ne me sens pas l'âme d'un ennemi de la vérité (qui le revendiquerait ?), mais les concepts de droite, de gauche, de riche et de pauvre me semblent loin d'être obsolètes. Bien souvent ceux qui se réclament du bon sens et du pragmatisme ne sont ni à gauche, ni à gauche. (Sur ce point, je considère le libéralisme comme une dangereuse utopie – ou contre-utopie, selon les points de vue).

    Pour clarifier les choses, notre nouveau président, qui semble avoir vos faveurs était à peu près l'avant dernier dans mes choix de candidats.

    Cela dit, je n'ai pas l'intention de me désabonner pour autant : la politique n'est pas tout, heureusement !

  6. Avatar de Fred Bird

    Eh bien statistiquement, c'est souvent vrai. Cela est probablement en partie à l'attitude que tu décris (qui n'est pas avec moi est contre moi) de la part de beaucoup de gens "de gauche", mais quant on creuse, 9 fois sur 10, un apolitique autoproclamé a des convictions de droite.

    L'idéologie est quelque chose qui peut tout à fait s'assumer, plutôt que d'avancer masqué en se réclamant de pragmatisme et de vérité. On en revient au modèles : je sais d'où viennent mes grilles de lecture et je connais leur limites, ou plus exactement je suis tout à fait conscient qu'elles en ont; ce qui n'est pas le cas de la plupart des gens, qu'ils soient de droite ou de gauche. Là encore, lisez Korzybski et sa critique des conceptions aristotéliciennes du monde. Le monde est trop complexe pour que nous puissions le comprendre, et il nous faut agir en fonction d'abstractions fatalement imparfaites et déformées par notre contexte cognitif.

    Le libéralisme (économique) est une utopie car il suppose une autorégulation miraculeuse de l'économie alors même que l'économie n'est pas un fait naturel mais un artefact de la volonté humaine. C'est de plus une abstraction qui évacue tellement de réalités (écologie, psychologie, sociologie) qu'on est carrément dans le monde des idées de Platon.

    Pour ce qui est de l'intérêt général, ou du moins de convergences possibles, je n'ai aucun remords à partager, agir ou me regrouper avec quelqu'un qui ne serait pas "de mon bord", sur un intérêt commun.

  7. Avatar de Fred Bird

    Et si ce que vous prenez pour la vérité n'était qu'une conviction ? ;)

    Oh, et en parlant d'interêt général… je sévis aussi dans le logiciel libre : http://webappkit.net , à bon entendeur…

  8. Avatar de Fred Bird

    Je pense que c'est un peu plus complexe que ça. La réalité n'est justement pas une boussole qu'il suffirait de consulter de temps à autre pour s'assurer qu'on ne fait pas fausse route.

    Les instruments que nous utilisons pour la percevoir sont non seulement nos organes sensoriels limités, mais aussi notre intellect qui (re)construit un modèle à partir des sens… et de présupposés potentiellement inexacts. Une perception est toujours recombinée avec des centaines d'autres informations : autres perceptions, affects, constructions théoriques etc. Au final, la "vérité" reconstruite ne tire de la réalité qu'une infime partie de sa substance.

    Je ne parle même pas de la perception que l'on a du monde via le filtre d'une foultitude d'autres êtres humains ayant chacun leurs modèles propres.

  9. Avatar de Fred Bird

    A supposer qu'on puisse la consulter sans biais, ce qui est expliqué plus haut.

    Je ne mets pas en doute la fiabilité de la "réalité", mais celle de l'entendement qui l'intègre. C'est tout à fait différent.

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