La Commission casse des pare-brise

La Commission européenne combat les cartels, nous dit-on. Est-ce là  une saine attitude, consistant à  défendre le consommateur contre les ententes illicites entre industriels ? Ou assiste-t-on plutôt à  des mesures dogmatiques consistant à  vouloir « tordre » la réalité pour la faire coller à  des théories fumeuses ? Un bref aperçu du sens de ces mots, et un rappel de ce qu’est la concurrence permettent de répondre à  cette question.

Cartels et oligopoles

La Commission européenne a encore frappé, avec « une amende de 1,38 milliard d’euros pour quatre fournisseurs de verre à  l’industrie automobile, dont Saint-Gobain qui paye très cher ses récidives ». Il s’agit soi-disant d’un combat contre les cartels.
Qu’est-ce qu’un cartel ? En économie, un cartel est un oligopole :

Une situation d’oligopole se rencontre lorsque sur un marché il y a un nombre très faible d’offreurs (vendeurs) et un nombre important de demandeurs (clients). On parle aussi de situation de marché oligopolistique. Il s’agit du type de marché le plus répandu.

Concurrence pure et parfaite

[1] Un marché de concurrence pure et parfaite est un marché qui satisfait 5 conditions : atomicité des agents, homogénéité des produits, transparence, libre entrée et libre sortie, libre circulation des facteurs de production.Personnellement, je ne vois pas très bien en quoi il est gênant que des acteurs se mettent d’accord, ensemble et sans nuire à  personne. En fait, le problème de ces oligopoles n’est pas lié au fait qu’ils nuiraient aux consommateurs (la seule chose qui peut nuire au consommateur est l’interdiction d’entrer sur le marché pour les nouveaux acteurs), mais bien plutôt qu’il ne rentre pas dans le cadre de la concurrence pure et parfaite[1]. Cette conception idiote et dogmatique de la concurrence, en contradiction avec la réalité factuelle, mène à  ce genre de combats idiots contre des monopoles pourtant obtenus sans contraintes (donc légitimes)[2] ou contre des cartels qui ne sont que le reflet de la réalité.
C’est ce qu’expliquait déjà  Hayek : [2] comme Microsoft, par exemple que la commission a également puni sans raison valable

À ses yeux, cette notion qui ne correspond en rien au sens habituel de la notion de « concurrence » est qualifiée de « totalement non-pertinente ». Les conclusions politiques que l’on pourrait tirer d’un tel modèle sont « fort trompeuses et même dangereuses ». […]
Des diverses caractéristiques que les économistes néoclassiques associaient traditionnellement à  la notion de concurrence, Hayek n’en retient qu’une seule, soit celle voulant qu’un marché concurrentiel ne tolère aucune barrière à  l’entrée de participants potentiels. On notera que cette caractéristique négative est une exigence du « laissez faire » et non pas d’une représentation idéalisée de la concurrence. Hayek ne se fait pas faute de ridiculiser les autres caractéristiques traditionnelles comme celles qui requièrent, pour que le marché soit vraiment concurrentiel, la stricte homogénéité des marchandises transigées et la présence d’une multitude de vendeurs ou d’acheteurs incapables d’exercer chacun pour leur part une influence significative. Comme on pouvait toutefois s’y attendre, c’est la notion d’information complète qui lui paraît la plus incongrue des caractéristiques traditionnelles de la concurrence, au point où il y voit une sorte de condensé des errements des économistes néoclassiques.

Maurice Lagueux, in « Qu’est-ce que le néolibéralisme ? »

La commission serait donc bien inspirée de centrer ses « combats » économiques sur la lutte contre les monopoles illégitimes, à  savoir ceux obtenus par la contrainte. Les monopoles d’Etat nuisent aux consommateurs bien plus que les cartels sur des marchés concurrentiels. C’est l’interdiction d’entrer sur un marché – aux acheteurs ou aux vendeurs – qui constitue le problème. Battons-nous contre ce qui nuit à  l’échange libre, plutôt que de suivre des idéologues voulant à  tout prix faire coller la réalité à  des modèles douteux et inapplicables.



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Commentaires

  1. Avatar de Mathieu L.

    Bonjour LOmiG,
    Je dois admettre que j’ai du mal à  suivre la cohérence de ton propos.
    Si on considère que la domination d’un monopole est dangereux, alors, il l’est dans tous les cas. Si on considère qu’il n’est pas dangereux, alors, qu’il soit public ou privé ne change rien. Je ne vois pas bien la différence, surtout vu l’argument de la contrainte que tu emploies ensuite. Un monopole devient forcément contraignant pour le consommateur.
    Et là , en cas de monopole, je pense que le monopole public est moins cher. En effet, l’à‰tat n’a pas besoin de faire des bénéfices et doit juste entretenir l’entreprise en se payant sur les usagers et en complétant avec l’impà´t pour arriver à  l’équilibre. Le monopole privé n’ayant pas l’impà´t, il doit faire payer un prix élevé au client et se faire en plus une marge pour les actionnaires.
    D’ailleurs, dans la constitution, il est prévu que toute entreprise se retrouvant en situation de monopole soit nationalisé. L’objectif est, si on est de droite, de diviser l’entreprise et de la remettre dans le privé ensuite, et si on est de gauche, de la conserver à  la puissance publique.
    Merci d’avance de tes précisions idéologiques.

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Mathieu L,
    je ne considère pas un monopole comme dangereux. Ce qui est moralement répréhensible, c’est le fait d’user de la contrainte pour installer un monopole. C’est à  dire d’interdire à  d’autres de produire un bien ou un service. C’est ce que fait l’Etat avec pas mal de service. Là  o๠Microsoft (ou Saint-Gobain) se font punir pour avoir réussi à  … réussir de manière légitime, la commission laisse en place des monopoles illégitimes, fondée sur l’interdiction étatique d’entrer sur le marché.
    Non un monopole n’est pas forcément contraignant pour le consommateur : si le marché est ouvert, alors n’importe quel concurrent pourra venir s’installer et empêcher celui qui a le monopole de s’endormir et de pratiquer des prix abusifs. Ce n’est pas le cas si le marché est fermé.
    Un monopole de fait sur un marché ouvert à  l’arrivée de nouveaux acteurs ne permet pas d’abuser des consommateurs bien longtemps.
    est-ce plus clair ?
    merci pour ton commentaire en tout cas …

  3. Avatar de Mathieu L.

    Le problème, c’est qu’une entreprise concurrente ne pourra pas, sans d’énormes difficultés, s’installer sur des marchés dont les coà»ts fixes sont élevés. Si, par exemple, le milieu des supermarchés est tenu par quelques groupes, ce qui est le cas, il faudra à  une nouvelle entreprise des moyens considérables au départ pour parvenir à  s’installer et à  survivre face à  ceux qui ont déjà  investi. De fait, le monopole est là . Cela est aggravé par la géographie, puisqu’on est obligé de se rendre au supermarché le plus proche, qui fait ce qu’il veut, au risque de remettre en cause nos propres intérêts financiers.
    C’est encore pire avec les réseaux mis en place par l’à‰tat dans le passé. Si on peut aujourd’hui envisager de privatiser la Poste et de la mettre en concurrence, c’est parce que les investissements ont déjà  été faits. D’ailleurs, les coà»ts fixes sont tellement élevés dans ce cas que l’à‰tat va continuer à  s’en mêler, mettant en place l’une des maximes fortes de vos idéologies : « privatisation des profits, socialisation des pertes ».
    Enfin, comme je te l’ai déjà  dit je crois, la différence entre un monopole privé et un public, c’est que je contrà´le, par mon vote son action, et qu’il n’a pas la recherche du profit dans ses axes, mais seulement de l’équilibre, à  qualité de service égal.
    A bientà´t,

  4. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Mathieu, je crois que tu fais un peu de mauvais esprit / provocation :

    « l’une des maximes fortes de vos idéologies : ”privatisation des profits, socialisation des pertes ». »

    En quoi cette maxime serait elle liée à  l’idéologie libérale ???????? C’est tout l’inverse. J’avoue être perplexe. Le libéralisme est pour une privatisation des profits ET des pertes. TU ne trouveras pas un seul libéral pour te dire le contraire, il me semble. C’est le collectivisme qui veut absolument faire payer à  la collectivité des choses qui n’en concerne qu’une partie…
    Et je maintiens que la qualité de service ne peut s’améliorer que par et grà¢ce à  la concurrence, qui n’est qu’un synonyme de liberté des acteurs (acheteurs et producteurs)…
    à  bientà´t !

  5. Avatar de koz

    Qu’est-ce qui te fait dire que les membres de ce cartel se sont entendus « sans nuire à  personne » ? Un oeil sur le communiqué de presse permet de constater que ces entreprises ont, pratiquement, aboli la concurrence entre elles.
    Elles s’organisaient pour se répartir les marchés, ce qui leur permettait de vendre plus cher aux constructeurs automobiles. Par voie de conséquence, le prix des voitures s’en trouvait lui-même augmenté…

  6. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut Koz,
    merci pour ton commentaire !
    Tout dépend de ce qu’on appelle « nuire » à  quelqu’un, et ce qu’on appelle « concurrence ». La vraie concurrence, et c’est ce que je voulais rappeler dans mon article, est simplement la liberté laissée à  tous les acteurs d’agir comme ils l’entendent, dans le respect de la loi bien entendu et donc sans nuire à  autrui. On ne peut abolir la concurrence qu’en empêchant de nouveaux acteurs de produire sur ce marché ou en gardant captif des consommateurs. Je ne crois pas que ça soit le cas ici.
    Le mécanisme que tu décrit est réel : mais qui empêche un acteur de venir les concurrencer en proposant des produits de même qualité, moins chers ? personne. Que l’on commence par casser les « vrais » monopoles (illégitimes) comme ceux que les Etats s’abrogent dans tous les domaines : education, santé, environnement, etc. La liste est longue de ces secteurs o๠la concurrence n’est pas libre, justement, et o๠la nuisance portée aux consommateurs est beaucoup plus évidente. Mais il faut pour cela remettre en cause le sacro-saint monopole naturel de l’Etat sur beaucoup de sujets…
    à  bientà´t !

  7. Avatar de koz

    Que répondra-tu à  celui qui te dira : « commencez-donc par lutter contre les cartels même pas contraints » ?

  8. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    En quoi un cartel devrait-il faire l’objet d’une lutte…????
    La contrainte est le mode d’action de l’Etat, l’échange libre celui du commerce, faut-il le rappeler ? Un échange libre n’est pas de l’ordre de la contrainte…
    Qu’appeles-tu un « cartel même pas contraint » ?

  9. Avatar de Gruik
    Gruik

    Dans cette affaire, la véritable question est de savoir pourquoi aucune entreprise extérieure n’a profité de la constitution de ce cartel pour le concurrencer par les prix.
    Une réserve justement : n’y a-t-il pas un risque de pressions, de menaces et d’intimidations supplémentaires de la part du cartel si un nouveau venu entre sur le marché ? Ce genre de situations se rencontre par exemple dans le secteur du matériel électronique, o๠Darty, la FNAC et cie intimident les PME qui vendent nettement moins cher.

  10. Avatar de koz

    Lomig, j’ai dit « lutter » comme tu as dit « remettre en cause »…
    Quant au « cartel même pas contraint », j’entends par là  un cartel volontaire (précision : en droit de la concurrence, on entend par cartel une entente horizontale illicite).
    Par ailleurs, vous pensez vraiment qu’un nouvel entrant peut arriver comme ça ? Vous ne pensez pas qu’il y a quelques barrières à  l’entrée sur ce marché ?
    Ne prenez-vous pas un peu le problème à  l’envers ? C’est aussi parce qu’un nouvel entrant ne peut pas faire son apparition comme ça qu’un oligopole se constitue et que les membres de l’oligopole ont la possibilité de mettre en place des ententes anticoncurrentielles, qui aboutissent à  une facturation des produits à  un prix non justifiés, mettant à  mal les marges de leurs partenaires commerciaux, et augmentant le prix du produit final, que vous, et moi, payons ?
    « Un échange libre n’est pas de l’ordre de la contrainte… » C’est beau comme de l’antique. Mais on peut librement décider d’un comportement néfaste au plus grand nombre.

  11. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut,
    on peut se tutoyer, non ? dis moi si le tutoiement te dérange.
    Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de barrière pour rentrer sur un marché. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais il faut distinguer les barrières « normales » (le coà»t pour investir et démarrer une nouvelle activité sur un secteur concurrentiel ne saurait être nul), des barrières « illégitimes » (l’interdiction étatique, la chasse gardée).
    La constitution d’oligopole n’est pas gênante en soi : je ne vois pour ma part aucun problème à  ce que des gens se mettent d’accord entre eux. Les consommateurs sont libres d’acheter les produits – isssus d’un cartel ou non-. La seule manière de contrer ce genre de pratique est d’autoriser la concurrence, qui à  moyen terme finit toujours par mettre à  mal ceux qui pratiquent des prix « non justifiés » (au passage, un prix est toujours justifié si le client est libre d’acheter ; si on juge un prix non justifié, on n’achète pas. Point barre).
    Il faut bien faire attention à  la notion de cartel dans le droit, et en commerce, qui semblent sensiblement différentes…
    à  bientà´t !

  12. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    @ Gruik : merci pour ton commentaire. Il me semble que la constitution d’un cartel ne conduit pas forcément, justement, à  des prix trop élevés. Si le cartel est suffisamment intelligent pour ne pas fixer les prix trop haut, il ne change pas trop la donne pour les concurrents. non ?

  13. Avatar de koz

    Ah mais on se tutoyait ;-) Mon « vous », c’était parce que je m’adressais à  Gruik et à  toi.
    Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il faut faire attention à  la définition du mot « cartel » et, puisque nous commentons une décision juridique, je propose que l’on s’en tienne à  la définition juridique.
    Je te trouve un peu… optimiste dans ton raisonnement :
    1) Te pense-tu vraiment libre d’acheter un pare-brise ? Admettons même que Vilain Etat n’ait pas l’idée idiote de l’imposer, conduirais-tu sans pare-brise ? Si un cartel se constituait entre les constructeurs automobiles, crois-tu que tu serais libre d’acheter une voiture ? Inutile que je poursuive les exemples…
    Par ailleurs, par quel étonnant privilège devrait-on laisser ces membres de l’oligopole adopter des prix aussi déconnectés du libre jeu du marché ?
    Faudrait-il alors que chaque maillon de la chaîne de fabrication se constitue en cartel ? A quel prix achèterons-nous les produits, alors ?
    Et que pense-tu que fait une entreprise aussi soucieuse de la libre-concurrence lorsqu’un éventuel nouvel entrant se présente, sinon utiliser sa puissance financière pour se livrer cette fois à  des prix prédateurs, au besoin de façon concertée avec ses si loyaux partenaires ?
    2) Pourquoi le fait que les membres d’un oligopole s’entendent est-il répréhensible ? Parce que, précisément, ils suppriment substantiellement la concurrence entre eux et qu’ils ne sont susceptibles de le faire que, précisément, parce qu’ils sont en oligopole. On ne trouve guère de cartels à  120, comme il est plus que rare de trouver des cartels qui ne comptent pas l’ensemble (ou la très grand majorité) des membres de l’oligopole.

  14. Avatar de Gruik
    Gruik

    @ LOmig : je ne vois effectivement pas bien l’intérêt d’un cartel s’il ne s’agit pas de maintenir des prix plus élevés que si la concurrence faisait « normalement » son travail.
    Je suis à  mon humble niveau confronté moi aussi à  un cartel d’entreprises de transport qui se sont partagées le marché : la qualité de service de mon fournisseur habituel s’étant récemment fortement dégradé, j’ai demandé des devis à  ses concurrents. Résultat : des propositions 2 à  3 fois plus chères que ce que je paye actuellement, c’est-à -dire que je n’ai pas d’autres choix que de rester pieds et poings liés avec ce fournisseur qui ne me convient plus. Après renseignements, il s’avère bien qu’ils s’entendent tous entre eux pour ne pas se concurrencer.
    Au fait, quid des intimidations potentielles d’un cartel sur des nouveaux entrants ?

  15. Avatar de koz

    Gruik —> DGCCRF, et fissa. Non mais oh.

  16. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    @ kOZ : 1) Ce n’est pas l’Etat qui a imposé l’utilisation du pare brise. Les humains n’ont pas besoin d’un Etat providence pour comprendre qu’à  60km/h, sans parebrise, on ne respire pas très bien…
    Si les pris adoptés par un oligopole sont trop déconnectés de la réalité, et à  nouveau, si l’entrée d’un nouvel acteur sur le marché est libre, l’oligopole finira bien par payer sa « déconnexion »…
    2) Le consommateur est toujours gagnant au libre jeu de la concurrence ; un oligopole ne peut pas vraiment supprimer la concurrence, tant que l’arrivée de nouveaux acteurs est possible. Sans barrière réglementaire, s’entend, ce qui n’est pas forcément le cas pour les transports, il me semble.
    @ Gruik : tout ce qui est de l’ordre de la contrainte (menace ou utilisation de la force) est complètement contraire à  la Loi et tombe sous le coup de la Justice.
    Pour finir je vous recopie un petit passage de Salin (tout le chapitre « monopoles et concurrence » de LIbéralisme, mérite d’être lu) :

    Il convient donc de se débarrasser de la définition traditionnelle de la concurrence à  partir du nombre de producteurs sur un marché pour adopter une conception réaliste : il y a concurrence tout simplement lorsqu’il y a liberté d’entrer sur le marché. On se rend alors compte que la grande erreur des conceptions traditionnelles de la concurrence – et des législations qu’elles inspirent – vient du fait qu’elles en prennent une vue purement statique, au lieu de considérer le processus par lequel les activités se développent. Comme l’a en effet écrit Friedrich Hayek, la concurrence est un « processus de découverte ». Lorsqu’il y a concurrence, c’est-à -dire liberté d’entrer sur un marché, chaque producteur est incité à  faire mieux que les autres, à  vendre des produits moins chers ou plus aptes à  satisfaire les besoins des acheteurs. Car c’est seulement en agissant ainsi continuellement qu’un producteur pourra rester sur le marché, gagner des parts de marché ou éviter la faillite. La concurrence est en ce sens un puissant facteur d’innovation et de progrès économique, ce que confirme a contrario le sous-développement des économies planifiées o๠la liberté d’entreprendre est limitée ou totalement absente. […]

    S’il existe un seul producteur d’un bien quelconque à  un moment donné, alors que la liberté de produire ce bien a toujours prévalu, il est totalement erroné de déplorer une situation qualifiée de « monopolistique » et de redouter l’exploitation des consommateurs par un entrepreuneur qui prélèverait des « super-profits ». Il convient de se demander en effet pourquoi d’autres producteurs ne sont pas entrés sur le marché alors qu’ils étaient libres de le faire. Il se peut par exemple que la nouvelle activité leur ait semblé trop risquée, compte tenu du profit (et non du super-profit) possible, ou encore qu’ils n’aient pas été capables d’imaginer le nouveau produit ni de faire les recherches nécessaires pour le concevoir et le lancer. Les reproches que l’on peut faire ensuite à  celui qui a osé et qui a réussi, sous prétexte qu’il exercerait un pouvoir de monopole, sont alors totalement dénués de sens et même de moralité. On ne peut s’en prendre qu’à  soi-même si l’on n’a pas su mieux percevoir les intérêts des acheteurs ni essayer d’y répondre avant les autres.

    à  bientà´t !

  17. Avatar de koz

    « Si » et « tant que », c’est super. Belle théorie. Mais dans la situation concrète, puisque l’on parlait d’un marché précis, tu le vois comment le marché du verre, et celui du verre automobile ? Quid des barrières à  l’entrée ? Tu crois vraiment que ces entreprises vivent dans la crainte qu’un nouvel entrant fasse son apparition ?
    Le consommateur est toujours gagnant au libre jeu de la concurrence. Eh bien précisément, quand les concurrents s’entendent pour fixer les prix, pour que ce soit Y ou X qui réponde à  l’appel d’offres de tel client, ou alors que X réponde à  un prix qui ne le met pas en position de l’emporter, il n’y a plus de concurrence.
    En bref, la charge contre la Commission me paraît malvenue.
    Quant à  Microsoft, je te trouve un peu à  cà´té de la plaque également. Lorsque Microsoft abuse sur un marché de la position dominante dont il dispose sur le marché des systèmes d’exploitation, il tue la concurrence. De la sorte, en fin de compte, il n’en restera qu’un. Ce qui signifiera prix plus élevés, et perte de dynamisme, moins d’innovation etc…

  18. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Il ne s’agit pas de théorie, bien au contraire, mais de la réalité.
    Oui, les entreprises qui font partie des fournisseurs automobiles sont soumises à  une concurrence réelle et très forte. Penser que Saint-Gobain et d’autres, parce qu’ils se sont mis d’accord, pourraient faire face de manière factice à  la concurrence étrangère – chinoise ou autre – une illusoire : s’ils font face, c’est parce qu’ils continuent à  innover et à  proposer des produits intéressants. Cartel ou pas.
    QUand il y a un cartel, il ne peut se maintenir que de deux manières : ou bien une contrainte réglementaire empêche de nouveaux acteurs d’entrer sur le marché, ou bien c’est que les produits proposés par le cartel satisfont la demande du client.
    Pour microsoft, c’est uniquement et à  nouveau la croyance erronée dans le dogme de la concurrence « pure et parfaite » qui pour le coup est bien déconnectée de la réalité, qui fait que cette entreprise a été condamnée. En quoi Microsoft empêche-t-il de nouveaux acteurs d’arriver sur le marché ? En quoi as-t-il empéché l’apparition de Linux, de Google, et d’autres ? On ne peut pas abuser de quelque chose qui ressort de l’échange libre : microsoft vend des produits à  des consommateurs qui ne sont pas obligés de les acheter. C’est incroyable de vouloir faire passer un acte d’échange de commerce libre pour un abus, et pour un acte de contrainte…!!!!
    Si ce que tu dis était vrai, le milieu de l’informatique, dominé par Microsoft depuis de nombreuses années, aurait peu à  peu périclité et vu l’innovation en son sein diminuer. C’est l’exact inverse qui s’est produit. Signe de l’ouverture de ce marché, n’en déplaise à  ces messieurs de la commission qui ont fait parler leur dogmatisme économique.
    à  bientà´t !

  19. Avatar de Gruik
    Gruik

    >> tout ce qui est de l’ordre de la contrainte (menace ou utilisation de la force) est complètement contraire à  la Loi et tombe sous le coup de la Justice.
    Dans la théorie, je suis bien d’accord. Dans la pratique, ça l’est moins, malheureusement.
    Il faut en effet un certain courage pour dénoncer des mafieux qui viennent te réclamer du pognon et qui te crèvent les pneus de ta voiture tous les 4 matins, sachant qu’ils seront condamnés au mieux à  quelques mois avec sursis après x années de procédures longues et coà»teuses.
    Mais c’est un autre sujet.

  20. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    euh…oui on est d’accord sur toute la ligne Gruik. Avec ce que tu dis, je suis d’accord, et avec le fait que c’est un autre sujet, qui ne remet pas du tout en cause ce que je disais avant…

  21. Avatar de Gruik
    Gruik

    @ Lomig : c’est d’ailleurs peut-être la limite du raisonnement libéral pour le commun des mortels. Chaque thème défendu se heurte à  tellement de barrières constatées au quotidien qui semblent infranchissables – toutes conséquentes à  un système anti-libéral bien ancré dans les consciences et les faits – qu’il faut de grosses capacités d’imagination pour raccrocher tous les wagons de la cohérence.
    Mais c’est aussi cela qui fait le charme de la philosophie libérale :-)

  22. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    @ Gruik : je comprends ce que tu veux dire. Mais il me semble que ce n’est pas si difficile, au final. IL suffit de partir de la base (c’est ce que fais pascal Salin dans Libéralisme) : j’ai essayé de retranscrire les idées importantes des premiers chapitres de son bouquin. Tu en trouveras de large extraits ici : Articles sur Pascal Salin.
    à  bientà´t !

  23. Avatar de Gruik
    Gruik

    J’ai lu Libéralisme il y a 3 mois, et comme toi ça m’a ravagé la tête. Même si je tique sur certains points (donc celui des cartels), on ne regarde plus le monde de la même façon après l’avoir lu…

  24. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    tout à  fait d’accord : et ce serait, je crois, une bonne chose pour le libéralisme (et pour la vérité) que les journalistes aient la gentillesse d’aller le lire. ça éviterait toute la déformation insidieuse à  laquelle on assiste à  longueur de semaines….
    à  bientà´t !

  25. Avatar de Mathieu L.

    Désolé, mais je reviens sur nos premiers échanges du début.
    Voilà  donc une nouvelle division entre nous, sur deux points :
    1. Je maintiens ma provocation du départ, car aujourd’hui, lorsque les élites se plantent et menacent de faire faillite, elles utilisent l’à‰tat pour se renflouer. Je crois que même les libéraux, placés dans la situation de la catastrophe économique, chercheraient d’abord à  sauver leurs peaux. Tu aurais donc laissé les banques couler ???
    2. Tu penses que la concurrence permet le progrès, je pense que c’est la solidarité et la collaboration qui donne de meilleurs résultats. Voilà  une vraie rupture idéologique.

  26. Avatar de Mathieu L.

    « qui donnent ». Excusez pour les fautes d’orthographe…

  27. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut,
    @ Mathieu : oui, sauf qu’une part des problèmes actuels sont liés à  une intrusion étatique dans la réglementation des marchés. Mettre ça ensuite sur le dos des libéraux est un peu facile. Des politiques libérales n’auraient pas permis que l’Etat « couvre » cette irresponsabilité. En l’état actuel des choses, je crois que oui, il est préférable parfois de laisser les acteurs irresponsables assumer les conséquences de leurs actes. Mais ne connaissant pas assez les rouages mis en jeu ici, je me place dans une position d’observateur, et l’essentiel est qu’il n’y ait pas trop de dégà¢t parmi les pauvres gens qui se retrouvent emmerdés à  cause de ces comportements irresponsables (le leur compris ?).
    A propos de la concurrence, je ne vois pas trop en quoi ce serait antinomique qu’elle soit une source de progrès, au même titre que la solidarité et la collaboration. ce n’est pas vraiment une rupture. Il faut juste que tu comprennes ce qu’est la concurrence… ;)
    à  bientà´t !

  28. Avatar de Mathieu L.

    Je ne sais pas comment je dois prendre ta dernière remarque. Pour le moment, j’ai compris que la concurrence, pour toi, c’est simplement quand il n’y a pas de monopole public. Je suis sà»r que tu préciseras cela prochainement.
    Un peu facile, c’est vrai, mais assez frappant quand même. Je te signale juste que les acteurs responsables de la crise, qui prà´nent l’ultralibéralisme dès que possible, ont été les premiers à  se ruer sur l’aide des à‰tats, et à  faire payer leurs incompétences par les contribuables, donc par les classes moyennes (les pauvres paient déjà  par la perte de leurs maisons aux à‰tats-Unis et les riches ont des moyens d’échapper à  l’impà´t). Que cela soit lié au manque de libéralisme, j’admets que j’ai un peu de mal à  l’avaler. Je fais confiance à  ta verve pour nous démontrer le contraire, et j’attends tes articles avec intérêt.
    Mais bon, on s’éloigne des monopoles, là , donc j’arrête…

  29. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    SUr l’interventionnisme, je te renvoie à  cet article : Pourquoi la folie interventionniste fait chuter les marchés.
    Qui prà´ne l’ultralibéralisme ? ça m’intéresse de connaitre les noms.
    à  bientà´t !

  30. Avatar de Mathieu L.

    Eh bien, le MEDEF, l’UMP, l’AFB, Alternative Libérale, certains membres du Modem… Il doit y en avoir d’autres.
    Je vais lire ton article, et je commenterai là -bas si besoin…

  31. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Euh Mathieu : autant le MEDEF est effectivement libéral, ainsi qu’AL, autant je ne vois pas grand-monde de libéral à  l’UMP, ni au Modem.
    Et ces gens (MEDEF, AL) ne sont pas ceux qui ont mis en place les réglementations qui ont incités ces comportements irresponsables. ILs les ont même dénoncé ! (je parle pour AL)
    à  bientà´t !

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