Le fil du mensonge

Une fois n’est pas coutume : j’utilise une version raccourcie du titre de l’ouvrage dont je fais la recension. En effet, le vrai titre est vraiment trop long : « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu ». Cet ouvrage de Philippe De Villiers revient en détail sur la construction européenne, son contexte historique, et les acteurs clefs de sa mise en place. C’est un livre qui se lit très bien, et qui apporte beaucoup d’éclairages intéressants (j’ai trouvé passionnante la partie sur la vie des « pères fondateurs » Monnet, Schuman et Hallstein). Les limites du livre sont très bien soulignées par Edouard Husson dans cette interview au site Atlantico.
J’avoue que je n’avais pas vraiment besoin de ce livre pour avoir de sérieux doutes sur la capacité des institutions actuelles de l’Europe à  fédérer cette Grande Europe souvent vantée. Pour deux raisons :

  • j’avais gardé, vaguement, un doute sur l’idée que l’Europe évitait les guerres au moment de la guerre dans l’ex-Yougoslavie.
  • j’ai compris, trop tard, que nous avions perdu notre souveraineté juridique au moment de la construction européenne, ce qui a été, de plus, validé par un holdup démocratique. Pas d’Europe sérieuse sans les Nations, et sans les Peuples

Bref, c’est un livre à  lire, paradoxalement, par les plus fervents supporters des institutions actuelles, pour apporter un peu de contradiction et de doute dans leur réflexion. Je laisse le mot de la fin à  l’auteur, car j’y souscrit totalement :
Il faudrait donc plutôt dire : « L’idéologie, c’est la guerre! » Entre idéologies, on ne peut pas négocier. Les idéologies mènent nécessairement à  l’affrontement et à  la radicalisation. Elles font la guerre au réel, la guerre à  l’Homme et la guerre entre elles. Le seul ciment possible d’un ordre international d’apaisement et de coopération, ce sont les intérêts nationaux en dialogue, à  partir du réel. (…) Ce que la France, aujourd’hui, peut faire de plus utile, et même vital, c’est un exercice de vérité sur elle-même. Ma seule pensée, en écrivant ce livre, fut d’y contribuer. En politique, la vérité ne triomphe jamais, mais ses ennemis finissent toujours par mourir. Soljénitsyne a eu tellement raison de s’écrier un jour, à  l’adresse de l’Occident en perdition : « Ne mentez plus! »


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