Jour : 1 mars 2007

  • L’idéal comme guide d’action

    L’idéal comme guide d’action

    La définition de l’idéal montre deux utilisations possibles que l’on peut en faire :

    IDEAL :
    Ce que l’on conçoit comme conforme à  la perfection et que l’on donne comme but ou comme norme à  sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit.

    Toute la nuance réside dans le ou (que j’ai mis en gras). Utilisé comme un mètre-étalon (la norme), et c’est la meilleure manière d’être malheureux : c’est le pessimisme; utilisé comme un but, c’est la voie de l’action et du bonheur : c’est l’optimisme.
    Sur le constat, un optimiste et un pessimiste peuvent être d’accord : le monde est injuste, dur, cruel, tragique, plein de menaces, mais aussi beau, riche de la nature et des hommes, plein de promesses.
    Nous sommes tous un peu pessimistes et optimistes :

    Le pessimisme de la connaissance n’empêche pas l’optimisme de la volonté.
    Antonio Gramsci

    Mais la connaissance du monde doit inclure ce qu’il y a de bien dedans, et ce qui pourrait en naître de positif…

    Pourquoi ce qui est beau ne devrait-il pas être vrai ? Quel pessimisme dans ces simples mots !
    Mark Fisher

    J’ai l’impression que dans le pessimisme, il y a comme une manière de partir de l’idéal et d’aller vers le monde réel : quelle déception ! Dans l’attitude optimiste, au contraire, le point de départ est le monde réel et on utilise l’idéal comme un but, une visée : quel guide efficace pour l’action !
    Alors soyons lucides sur l’état du monde (en ne laissant pas de côté la beauté, l’amour, la sincérité, l’échange qui font aussi partie du monde), et utilisons l’idéal non pas pour broyer du noir, mais pour regarder ensemble dans la même direction.

    Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté.
    Winston Churchill

  • Autonomie et hétéronomie

    Raymond Boudon, dans le hors-série du Point sur le libéralisme, commence l’interview qui lui est consacrée par préciser ce qui, selon lui, sépare les socialistes des libéraux. Les libéraux mettent l’accent sur l’autonomie des humains, et les socialistes sur l’hétéronomie. C’est effectivement le point central. Voyons donc les définitions de ces termes (même si l’étymologie est relativement claire).

    AUTONOMIE :

    • Faculté de se déterminer par soi-même, de choisir, d’agir librement
    • Liberté, indépendance morale ou intellectuelle

    HETERONOMIE :

    • Fait d’être influencé par des facteurs extérieurs, d’être soumis à  des lois ou des règles dépendant d’une entité extérieure.

    Voilà  pour l’opposition frontale, les deux pôles. D’un côté l’accent est mis sur la liberté individuelle, la responsabilité. De l’autre, l’accent est mis sur les causes biologiques, socio-culturelles et psychologiques. Comme toujours, la vérité est à  chercher entre les deux…ou plutôt avec les deux ! A l’évidence, l’homme et son action sont à  la fois hétéronomes et autonomes. La vérité – qui concerne l’action, parce que le monde et les hommes sont en perpétuel mouvement – est donc plus de savoir où on se situe par rapport à  l’équilibre. Les extrêmes à  éviter sont simples :

    • Expliquer l’être humain uniquement par des causes externes non dépendantes de sa volonté, c’est nier la formidable force évolutive de la liberté et de la raison, et c’est nier toute responsabilité de nos actes ! A donner trop de place à  la cause externe, on oublie la liberté individuelle qui est l’oxygène de l’esprit
    • Expliquer l’être humain uniquement par ses décisions supposées libres, c’est nier la formidable emprise de la biologie, de la culture et de l’inconscient sur notre vie. A donner trop de place à  la liberté individuelle, on oublie la nécessaire prise en compte de l’injustice du monde et la solidarité

    Il importe donc d’insister là -dessus : l’homme est le résultat de causes externes ET de sa liberté de ses choix. Dans chaque situation particulière, la question est de savoir si on met trop l’accent sur l’un ou l’autre pôle. La France – nous ! – , en ce moment particulier de son histoire, doit remettre l’accent sur l’autonomie des individus (donc sur leur responsabilité), sous peine de les étouffer ; ça ne veut pas dire qu’il faut oublier toutes les causes externes qui motivent leurs actes, tout le poids de la socio-culture. C’est simplement le constat qu’on est d’un côté de l’équilibre, et cela montre dans quel sens une action vraie et juste peut et doit se développer.