Année : 2020

  • Eloge de la force

    Eloge de la force

    J’aime bien Laurent Obertone. J’avais lu, je m’étais forcé à  lire devrais-je dire, son terrible « La France orange mécanique ». Eloge de la force est très différent. Obertone est un homme courageux et sincère, et il suffit de lire sa fiche Wikipedia pour comprendre la manière dont il est (forcément) traité par la bien-pensance : il dit la vérité, il regarde le réel en face, donc il est d’extrême-droite. Ce serait drôle si ça ne nous tuait pas à  petit feu, et si ce n’était pas, en caricatural, la même chose dans une partie des médias.

    Eloge de la force : Livre de combat

    Son dernier livre « Eloge de Force » (Editions du Ring) se dévore d’une traite. Il est tranchant comme une lame de rasoir, et va droit au but. Le constat est clair, sans appel, et je le partage : l’ennemi c’est l’Etat (dans sa forme actuelle) obèse, et qui ne fait plus respecter la Loi et la Justice. Et qui, non content de ne pas assurer ses fonctions de base, vient fourrer son nez technocratique et socialiste dans tout le reste. Ce n’est pas comme si nous n’avions pas été prévenu par les libéraux :

    ”L’Etat, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

    Frédéric Bastiat(1801 – 1850) économiste, homme politique et penseur libéral français

    Réel, Vérité, Liberté

    Laurent Obertone déroule vite : le réel, c’est tout ce qui compte. Et pour arrêter de subir, il faut commencer par là . Son livre, structuré en 10 règles simples, donne des moyens et le chemin pour agir. Prenant le risque d’une forme de grandiloquence, puisqu’il donne des conseils, à  la première personne au lecteur, Laurent Obertone montre la voie. Le livre n’est finalement jamais excessif, car il dit vrai. Arrêter d’avoir peur, prendre conscience de la réalité de nos moyens face à  l’ampleur des problèmes à  régler, devenir tranchant, et s’armer dans tous les sens du terme. Dire la vérité, partout, sans jamais blesser les autres. Etre précis, travailler, être humble. Se changer pour changer le monde.
    Eloge de la force d’Obertone est une mine d’or comportementale. Et une bouffée d’oxygène : voir qu’il existe des gens qui ressentent la réalité de la même manière que nous, c’est inestimable. C’est une bouffée d’oxygène parce que c’est un appel vibrant, lucide, sincère à  la liberté. Ni plus, ni moins. Vous savez, ce truc qui figure en tête de notre belle devise, et qui est si fragile ? Et qui meurt si on ne l’entretient pas chaque jour ?

    Le prix de la liberté c’est la vigilance éternelle.

    Thomas Jefferson(1743 – 1826) homme d’État américain, troisième président des États-Unis

    Pour finir, j’ai adoré ce livre qui tape comme un coup de poing. Fini les histoires, on se parle en vrai. Indispensable. Et à  titre personnel, j’ai corné presque toutes les pages car il y a plein de phrases ciselées et magnifiques, et une citation en tête de chaque chapitre, qui toutes vont rejoindre ma collection.
    Jetez-vous sur ce livre de combat magnifique, hymne à  la liberté et à  la résistance. Et dévorez-le. Puis relisez-le. Et faites lui de la publicité.

  • La règle d’or

    La règle d’or

    Règle d’or

    Connaissez-vous la règle d’or ? Egalement connue comme règle de réciprocité, c’est « simplement » la règle qui consiste à  reconnaitre autrui comme une personne à  part entière, et à  limiter notre propre liberté pour ne pas lui porter préjudice. Et à  faire preuve de compassion. Le rabbin Hillel l’Ancien, à  qui l’on demandait de résumer la Torah l’avait formulé ainsi :

    Ce qui est détestable à  tes yeux, ne le fais pas à  autrui. C’est là  toute la Torah, le reste n’est que commentaire. Maintenant, va et étudie.

    Il me semble que cette règle morale est essentielle, vitale, et qu’elle ouvre le champ conceptuel à  ce qu’est la liberté : l’action avec des limites, ces limites étant posées par le droit d’autrui à  ne pas être emmerdé. Reconnaitre l’autre comme un égal, un frère, libre, et ne pas lui infliger ce que je ne voudrais pas moi-même que l’on me fasse. Liberté, Egalité, Fraternité.

    Parabole du Bon Samaritain

    On retrouve une prolongation de cette idée dans la parabole du Bon Samaritain :
    Un docteur de la loi se leva, et dit à  Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ?
    Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras. Mais lui, voulant se justifier, dit à  Jésus : Et qui est mon prochain ?
    Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à  Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à  demi mort.
    Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre.
    Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre.
    Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là , fut ému de compassion lorsqu’il le vit.
    Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à  une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à  l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à  mon retour.
    Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même.
    Evangile selon Luc

    C’est la formulation positive de la même idée : « Aime ton prochain comme toi-même ». Les deux formulations ne sont pas équivalentes, sur le plan de la logique ou sur le plan de la morale. Ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas que l’on nous fasse, c’est la liberté. Aimer notre prochain comme nous-mêmes, c’est la fraternité, et la miséricorde. L’une pose des limites à  notre action, l’autre exhorte à  oeuvrer pour autrui, à  être son prochain.

    Et si nous redevenions moraux ?

    En ces temps complexes, où la liberté n’a plus tant que ça d’attrait, et où la pauvre sécurité sanitaire, à  base de masques, d’auto-autorisations, d’affichage de vertu, a fini par devenir l’alpha et l’omega de mes concitoyens, j’aimerais qu’ils repartent de là . Qu’ils reprennent goût pour la liberté, et pour la vérité. Qu’ils se secouent les puces et arrêtent d’écouter uniquement la litanie enfermante et toxique du couple infernal gouvernants/mass medias. Est-ce que votre coeur saigne en voyant les enfants de 6 ans masqués toute la journée à  l’école ? Est-ce que votre âme se fige à  l’évocation de ces millions de français à  qui l’on interdit, simplement, de faire leur métier pour pouvoir vivre, librement, sans causer de tort à  personne ? Est-ce que votre raison déraille en constatant les mensonges insupportables de ces groupes parasites ? Est-ce que la colère vous étreint en voyant ceux qui sont censés assurer protection et justice laisser circuler librement parmi nous des ennemis sanguinaires ? Est-ce que votre bon sens explose en constatant que les fraudes sont légions, et jamais corrigées ? Si non : Etes-vous donc totalement anesthésiés, ou aveugles ? Si oui : qu’attendez-vous pour le dire, le crier ? Car soyons bien clair : toutes ces choses – brimades, mensonges, coercition injuste et technocratique, lâcheté coupable – sont immorales, à  l’aune de la règle d’or. Les accepter, c’est se renier un peu chaque jour, en silence. Commençons par nous dire la vérité. N’achetons pas une forme de paix sociale en disant jamais rien, pour ne pas être jugés. C’est un mauvais pari : cela ne change pas l’échéance, cela la retarde, simplement. La vérité, la liberté valent mieux que cela.

    Amis, repartez de la règle d’or. Elle contient une bonne part de la sagesse et de l’humanité qui sont en train, inexorablement si nous ne changeons pas les choses rapidement, de nous quitter.

  • Citation #123

    Il faudrait bien comprendre que le rôle de l’école est d’apprendre aux enfants ce qu’est le monde, et non de leur inculquer l’art de vivre.

    Hannah Arendt (1906-1975)
    politologue, philosophe et journaliste allemande naturalisée américaine.

  • Fragile liberté

    Fragile liberté

    Notre liberté est fragile, et menacée. En ces temps troublés, il nous faut la défendre. Deux axes – ce ne sont pas les seuls – : liberté absolue d’expression pour lutter contre l’idéologisation et la pauvreté des débats, et réformes institutionnelles limitant les abus de pouvoir.

    Elites pourries

    Pierre Mari avait malheureusement raison : une partie de nos élites est pourrie. Pourrie, dans le sens du dictionnaire : « corrompue moralement ». Sur la scène internationale, comme dans la gestion des affaires intérieures, tout semble être en roue libre, sans aucune dignité, sans aucun sens. On parle de « lâcher la bride » à  des citoyens, de décrets pour « autoriser » (!) la vente de sapin de Noël, on décide à  notre place ce qui est nécessaire ou non, on libère les islamistes au lieu de les laisser croupir en prison, on connait la fraude sociale monstrueuse sans rien y changer. Comment le peuple pourrait-il ne pas être en colère, lui qu’on laisse crever économiquement, socialement, pour protéger (très mal) les plus fragiles ? Depuis quand la mort des plus anciens et des plus malades conduit-elle à  bloquer tout le reste du pays ? Depuis quand accepte-t-on de sacrifier la liberté des plus jeunes pour les plus vieux ?

    Car le coeur du sujet, Sylvain Tesson le dit magnifiquement, est bien notre attachement à  la liberté : « sommes-nous véritablement passionnés par la liberté ? ». Je suis profondément attristé par l’abandon somme toute assez facile de notre liberté. Pour quelle raison acceptons-nous cela ? Pour sauver des vies. Les plus optimistes y verront la marque de notre solidarité. Sauf qu’il n’y a pas de preuves de l’efficacité du confinement, alors qu’il y a par contre des preuves de sa nuisance. Mais cette acceptation n’est que la conséquence logique des multiples atteintes à  la liberté qui ont été faites, depuis de nombreuses années. Plus le sens de la liberté est réduit, plus est facile de faire l’entorse suivante. Je ne vais pas faire ici une liste complète, mais il suffit de voir les atteintes à  la propriété privée, la perversion fiscale, la gabegie généralisée, l’instrumentalisation idéologique permanente de la justice, le non-respect du vote démocratique, on comprend que nous avons laissé, collectivement et depuis trop longtemps filer notre liberté. Il est temps de se ressaisir. Cela passe par plusieurs choses, mais je partage ici les deux piliers qui me semblent majeurs : liberté d’expression, et réformes institutionnelles.

    Liberté d’expression

    Pas de liberté, sans liberté d’expression. Tout commence par la description du réel, et par le débat d’idées. Toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer, même les plus délirantes.
    Nous avons maintenant affirmé la nécessité — pour le bien-être intellectuel de l’humanité (dont dépend son bien-être général) — de la liberté de pensée et d’expression à  l’aide de quatre raisons distinctes que nous allons récapituler ici :
    1° Premièrement, une opinion qu’on réduirait au silence peut très bien être vraie : le nier, c’est affirmer sa propre infaillibilité.
    2° Deuxièmement, même si l’opinion réduite au silence est fausse, elle peut contenir — ce qui arrive très souvent — une part de vérité ; et puisque l’opinion générale ou dominante sur n’importe quel sujet n’est que rarement ou jamais toute la vérité, ce n’est que par la confrontation des opinions adverses qu’on a une chance de découvrir le reste de la vérité.
    3° Troisièmement, si l’opinion reçue est non seulement vraie, mais toute la vérité, on la professera comme une sorte de préjugé, sans comprendre ou sentir ses principes rationnels, si elle ne peut être discutée vigoureusement et loyalement.
    4° Et cela n’est pas tout car, quatrièmement, le sens de la doctrine elle-même sera en danger d’être perdu, affaibli ou privé de son effet vital sur le caractère ou la conduite : le dogme deviendra une simple profession formelle, inefficace au bien, mais encombrant le terrain et empêchant la naissance de toute conviction authentique et sincère fondée sur la raison ou l’expérience personnelle. John Stuart Mill

    Il faut mettre fin à  toute possibilité de pénaliser la parole publique, et arrêter la censure soft obtenue par une scandaleuse promiscuité entre les médias et le pouvoir. Toutes les subventions, quelles qu’elles soient, vers des médias, doivent être supprimées. Libre à  chacun de publier des opinions et de faire de la propagande, mais ce n’est pas au contribuable de payer cela. Trouvez des lecteurs/auditeurs. Si vous avez besoin d’un exemple pour vous convaincre de cette urgence, regardez simplement la couverture médiatique des élections aux USA.

    Réformes institutionnelles

    Je viens de commander le livre de Jean-Frédéric Poisson, car il a raison : nous avons besoin de réformes institutionnelles. Pourquoi les suédois n’ont pas confiné la population ? Non pas que leurs dirigeants soient plus intelligents, ou la pression populaire moins forte pour paniquer et décider n’importe quoi sous le coup de l’émotion ; non : simplement il n’est pas possible en Suède d’interdire aux gens de circuler car la constitution protège ce droit fondamental. Et en France aussi, me direz-vous ! Que fait le Conseil Constitutionnel ? Il est clair dans la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme à  laquelle elle fait référence, qu’il n’est possible d’entraver la libre circulation d’un individu que s’il nuit à  autrui. Peut-on prouver que l’on nuit à  autrui en se promenant simplement dans la rue ? Peut-on prouver que le confinement a permis de sauver des vies ? Non, et non. Cette absurdité est donc non-constitutionnelle. Deux grands plans me paraissent à  travailler sur les institutions : sortir de l’étatisme bureaucratique, et remettre de l’ordre dans la limitation des pouvoirs.

    Sortir de l’étatisme bureaucratique

    Pour l’absurdité bureaucratique, je n’y reviens pas : David Lisnard a signé une excellente tribune sur le sujet, et j’avais abordé dans un article les dérives réglementaires.
    (..) il existe des procédures de protection du domaine réglementaire contre les empiètements du pouvoir législatif. Il n’existe pas, par contre, de procédures de protection du domaine législatif contre l’empiètement du pouvoir réglementaire. En d’autres termes : le gouvernement peut prendre des décisions, et mettre en place des réglementations qui ne sont pas fidèles à  l’esprit des lois.
    Il faut par ailleurs préciser que cette inflation réglementaire et bureaucratique, étatiste, est encouragée par une forme d’hybris, de démesure, liée à  l’exercice du pouvoir conçu comme nécessairement centralisé et meilleur décisionnaire que les individus.

    Limitation du pouvoir

    Ce n’est pas la source mais la limitation du pouvoir qui l’empêche d’être arbitraire. F. Hayek

    Sur le plan de la limitation du pouvoir, il y aurait besoin de spécialistes du sujet (droit constitutionnel), mais on peut déjà  lister quelques pistes : rééquilibrer les rôles respectifs du gouvernement et du parlement, redonner la décision finale au Conseil constitutionnel, réintroduire l’usage régulier (et respectueux du vote) du référendum, modifier les modes de scrutin (passer au suffrage par Jugement majoritaire), supprimer les strates de pouvoir multiples en donnant la préférence aux niveaux inférieurs.

    Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir. Monstequieu

    La liberté est une noble institution, faite des limites mêmes qui la rendent possible (au niveau individuel comme collectif). C’est le socle moral de nos sociétés. Cessons donc de la laisser filer, sans sourciller : elle est fragile. J’ose espérer qu’il existe encore un certain nombre de voix, en France, prêtes à  porter un discours de vérité et de liberté. Il est plus que temps.

  • Dictionnaire philosophique

    Dictionnaire philosophique

    André Comte-Sponville, auteur du Dictionnaire philosophique, est un philosophe que j’aime beaucoup, et qui possède un style bien particulier, agréable à  lire, tranchant dans les idées. Je l’avais découvert dans son excellent livre de dialogues épistolaires avec Luc Ferry. J’ai lu quelques ouvrages de lui, et je possédais la première version de son Dictionnaire philosophique, que j’avais parcouru dans tous les sens, à  de nombreuses reprises (les pages n’avaient pas résisté, d’ailleurs). Max, mon frère, m’a fait la grande joie de m’offrir la dernière réédition complètement revue et augmentée. Quel régal ! S’inspirant des modèles d’Alain, et de Voltaire, il livre un ouvrage à  la fois d’une grande concision et précision formelle, avec des textes très beaux (dans la suite d’Alain), tout en étant personnel et en assumant de présenter « sa » philosophie par ordre alphabétique (dans la lignée de Voltaire). Mais le mieux est de l’écouter lui-même présenter, avec son style inimitable, son très beau Dictionnaire Philosophique. Un livre de chevet, au sens propre du terme.

  • Citation #122

    Des moments libres. Toute vie bien réglée a les siens, et qui ne sait pas les provoquer ne sait pas vivre.

    Marguerite Yourcenar (1903-1987)
    Femme de lettres française.