Jour : 18 juillet 2022

  • L’étrange histoire de Benjamin Button

    L’étrange histoire de Benjamin Button

    Tout comme j’avais découvert Le maître du Haut-Château (de P.K. Dick) par le biais d’une série, j’ai d’abord découvert « L’étrange histoire de Benjamin Button » par le biais du très beau et émouvant film de David Fincher.

    Belle découverte

    J’ai donc lu cette toute petite nouvelle de Francis Scott Fitzgerald (dont je n’avais rien lu jusqu’ici), ainsi que « La lie du bonheur », qui lui était adjointe dans mon édition Folio poche, car ce sont deux Contes de l’âge du jazz. J’ai découvert un auteur avec un style incroyablement drôle, fin, absurde, sarcastique et pointant du doigt certains comportements ridicules de ses semblables. Et sachant faire court : ces deux histoires elliptiques au possible nous font, en quelques dizaines de pages chacune, parcourir la vie entière des personnages.
    « L’étrange histoire de Benjamin Button » raconte la vie d’un être étrange, né en étant un vieillard (sachant parler, avec une barbe et des rides), et pour qui l’écoulement du temps est inversé : plus le temps passe, plus il rajeunit. C’est rempli de scène cocasses, tragiques parfois, et il y a en filigrane de cet histoire un bel éclairage sur le caractère absurde de l’existence face à  la mort. Très belle nouvelle. David Fincher l’a magnifiquement traitée dans son film, je trouve, en faisant ressortir toute la profondeur de cette condition particulière en créant une histoire d’amour rendue impossible par la particularité de B. Button.
    « La lie du bonheur » est une horrible histoire d’un amour et d’un bonheur brisés en plein vol par la maladie, mais tissée d’une autre histoire d’amour et d’amitié, rendue possible par cette même maladie et par les aléas de la vie. Tragique et dur aussi, ce récit laisse néanmoins une sensation d’espoir quant à  la capacité humaine de solidarité.
    D’une manière à  la fois tragique et drôle, poétique et réaliste, F.S. Fitzgerald nous captive avec des histoires absurdes, mais éclairantes et originales. Un grand auteur à  mon goût, et ces deux nouvelles me donne envie d’aller découvrir son chef-d’oeuvre (Gatzby le magnifique, visiblement).

  • L’affaire Alaska Sanders

    L’affaire Alaska Sanders

    J’avoue bien humblement que j’avais dévoré les deux premiers livres de Joël Dicker que j’avais lus : « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » et « Le livre des Baltimore ». Et puis j’avais trouvé pénible « L’énigme de la chambre 622 ». Je viens de terminer « L’affaire Alaska Sanders », sans grand enthousiasme.

    Scénariste, plus que romancien

    En fait, Joël Dicker est un très bon artisan. Il sait faire des romans policiers, bien torchés, bien rythmé, et avec une savante construction de l’organisation des révélations pour tenir le lecteur en haleine. C’est efficace, mais redondant. Le coup d’esbroufe passé, on est bien obligé de se le dire : cette affaire Alaska Sanders, par exemple, est assez fastidieux. Les personnages ne sont pas très intéressants, ni toujours très travaillés. Le seul qui ait un peu de profondeur, le narrateur – Marcus Goldman, alias le reflet narcissique de Dicker – est une sorte d’écrivain enquêteur qui traîne son mal de vivre d’affaire en affaire. La seule relation qui tienne la route, c’est l’amitié de Marcus avec Harry Quebert. Quelques génuflexions au politiquement correct du moment par-ci (forcément il faut une histoire de lesbienne), quelques facilités d’écriture par-là , et on se retrouve avec un livre qui, certes, se lit bien, rapidement, mais n’offre sur le monde aucun regard particulier. Sans dire que Dicker est un imposteur, je crois qu’il serait peut-être temps qu’il cesse d’écrire le même roman, et trouve un filon pour une nouvelle inspiration littéraire… sauf s’il cherche juste à  rester un excellent scénariste pour le cinéma. Je salue ton talent, n’y trouve pas beaucoup de génie, mais il en faut pour tous les goûts.