Mois : septembre 2024

  • Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Vous le savez, depuis quelques temps déjà, j’étudie un peu le Bitcoin. Je trouve que c’est une invention formidable, et plus je creuse le sujet, plus je découvre que c’est une véritable révolution, à mon avis aussi importante qu’internet. Pour des raisons politiques, bien sûr, car l’apparition d’une monnaie, au sens propre du terme, décentralisée, avec une masse fixe, accessible à tous, va profondément transformer la manière dont les politiciens maltraitent la population en faisant n’importe quoi avec les monnaies d’état (ou monnaies Fiat). La concurrence apportée par Bitcoin est salutaire, à commencer par le fait que nous pouvons désormais mettre de côté de l’argent avec la garantie qu’il ne sera pas dévalué.

    Système complet…avec un comportement régulier

    Un autre aspect, que je découvre, est que le Bitcoin n’est pas réellement qu’une monnaie au sens habituel du terme, ou en tout cas pas un bien comme tous les autres : en effet, la manière dont il a été conçu, dont il s’est construit dans le temps, fait que c’est à la fois un programme (un code, et des règles), mais aussi un réseaux décentralisé de nœuds distribués sur la planète, et bien sûr un marché. On a tendance à penser que qui dit « marché », dit « offre et demande » uniquement. Pour plein de raisons, visiblement, le Bitcoin ne se comporte pas uniquement selon la loi de l’offre et de la demande. Foin de discussions philosophiques et techniques que je ne suis pas en mesure de conduire, il y a quelque chose de simple, par contre, c’est que nous avons maintenant sur Bitcoin des données accumulées depuis 15 ans. Je suis et m’appuie ici sur les travaux d’un physicien italien (Giovanni Santostasi), qui avec son fils, a monté une communauté très active pour analyser et comprendre le bitcoin. Ces données sont pour le moment sans appel : l’évolution du Bitcoin, depuis 15 ans, est régulière. Très volatil par nature (puisque pure monnaie digitale sur des marchés avec des capitaux énormes), le bitcoin n’en a pas moins connu une évolution qui suit d’assez près une loi de puissance, signe d’une remarquable invariance d’échelle. C’est ce que la figure ci-dessous montre.

    C’est un graphe particulier : l’échelle des ordonnées (le prix du bitcoin) est logarithmique. Ce qui veut dire que l’échelle n’est pas linéaire : on y trouve les puissances de 10 (10, 100, 1000, etc…). On voit que malgré les fluctuations (importantes), le prix du bitcoin suit une progression très bien décrite par la courbe verte (la fameuse loi de Puissance de Santostasi, qui incorpore également une modélisation des « bulles » qui se produisent tous les 4 ans, en lien avec le halving qui rythme l’évolution de bitcoin). C’est encore plus net si l’on trace avec des valeurs moyennées le prix du bitcoin et la loi de puissance. Sur la courbe ci-dessous c’est représenté en spirale (où l’angle représente le temps qui passe).

    Conséquences

    Cet état de fait (6 ordres de grandeur sur 15 ans qui sont bien modélisés par une loi simple P=C*xm) a plusieurs conséquences importantes :

    • sur le long court, le prix du bitcoin est plutôt bien connu dans son ordre de grandeur. C’est un placement long terme très peu risqué
    • Sur le court terme, la volatilité et les variations du fait de l’offre et de la demande ou d’autres évènements, le prix est impossible à connaître précisément
    • Les modélisations de Santostasi montre que les bulles inflationnistes sont assez régulièrement espacées dans le temps, avec une amplitude qui va en diminuant. Le bitcoin régularise sa trajectoire autour de l’équilibre décrit par la loi de puissance

    Le Bitcoin est donc très solide, c’est un bien / réserve de valeur beaucoup plus fiable que tout ce qu’on connaît, c’est un excellent placement à long terme, et il doit même être possible de s’amuser, si l’on aime le risque à vendre le bitcoin en haut des bulles, et à en racheter ensuite quand il retombe sur sa ligne de base.

  • L’orbe

    L’orbe

    Marc Obregon travaille au magazine l’Incorrect, à qui je pique cette photo. Je termine en ce moment son superbe premier roman « L’orbe ». Dans un univers qui pourrait être dystopique, s’il ne ressemblait pas autant au nôtre, son personnage Tristan vit des aventures rocambolesques et romantiques, dans une ambiance digne de Dantec ou de Dick. L’Orbe, c’est la mega-entreprise de tech qui arraisonne peu à peu l’entièreté de la réalité. Dans une ambiance de pandémie et de confinements, on suit l’histoire d’amour de Tristan pour Violette, émaillée de quêtes spirituelles, d’un club des super-héros aux pouvoirs créés par le virus, en passant par des drones de surveillance dotés d’IA et les envolées oniriques chatoyantes et hallucinatoires, durcies à la flamme de la vérité.

    Du style !

    L’écriture d’Obregon est magnifique : son style nous attrape dès le début dans un rythme dense, précis et riche en vocables de plusieurs horizons imaginaires différents, dessinant une ambiance baroque au possible. Urbain, technique, écrit au futur proche, j’ai tout de suite adoré cette narration. Les personnages sont très justes, touchants. Si l’auteur n’aime que modérément le monde dans lequel nous vivons, et dans lequel, à peine surligné, il plonge ses personnages, on sent par contre une vraie tendresse pour les humains sous sa plume. Tous plus ou moins décalés, originaux, ils ne sont jamais tournés en dérision, ou alors sous forme d’amicale moquerie. Ce que nous donne à voir Obregon dans son livre, ce sont des personnages qui, malgré la marche chaotique du monde, continuent – que pourraient-ils faire d’autres ? – à être des humains, épris de sens, d’amour, de vérité.
    Je ne saurais assez recommander ce roman, et je suis très heureux d’avoir découvert cet auteur. Je vais me précipiter sur ses autres bouquins. Vous pouvez également lire la recension de l’Orbe sur Causeur, par Jonathan Sturel, s’il vous faut quelques arguments de plus.

  • Frederik Peeters

    Frederik Peeters

    Après le premier article dédié à Moebius, je continue la série BD avec un auteur fantastique : Frederik Peeters. J’ai découvert cet auteur avec la série « Lupus », sorte d’épopée existentielle galactique, dessinée dans un superbe noir et blanc, très original, avec des personnages très bien plantés, et une inspiration SF, et des plans cadrés sur des détails, ou avec des points de vue particuliers, qui donnent tout de suite un style particulier à la narration, entre aventure et poésie.

    J’ai ensuite découvert « Aama » (même veine), « Koma », très belle série dans un monde imaginaire étrange, et puis le fantastique « L’homme gribouillé ». J’ai depuis peu aussi fait l’acquisition de la série « Saint Elme », qui est un peu dans la même veine que L’homme gribouillé, en plus trash. Je ne peux que vous inviter à découvrir cet auteur incontournable. A mon avis, il faut commencer par « L’homme gribouillé », puis enchaîner avec « Lupus ». Ce n’est que mon avis, de toute façon pour ma part, je suis fan de son coup de crayon et de ses cadrages, donc peu importe l’œuvre en fait.

    Pour vous mettre l’eau à la bouche, une image de l’univers d’Aama. Le singe est une sorte de robot super-combattant vraiment terrible.