
Jean-François Revel La Grande parade, p. 48-49
Le mensonge idĂ©ologique consiste (dans les pays developpĂ©s) a poursuivre les vieilles diatribes contre le capitalisme, tout en sachant⊠que lâon nâa rien pour le remplacer.
Jean-François Revel (1924-2006) philosophe, écrivain et journaliste français.
Il n’y a qu’une seule et mĂȘme raison pour tous les hommes ; ils ne deviennent Ă©trangers et impĂ©nĂ©trables les uns aux autres que lorsqu’ils s’en Ă©cartent. Simone Weil
L’erreur est humaine. PersĂ©vĂ©rer est diabolique.
Proverbe Latin
Le malaise des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques vient de ce que les mots ont perdu leur sens. A l’origine, en dĂ©mocratie, les pouvoirs de l’Ătat, contrairement Ă Â ce qui se passe en monarchie, Ă©taient limitĂ©s par la Constitution et par la coutume. Mais nous avons glissĂ© progressivement dans la dĂ©mocratie illimitĂ©e : un gouvernement peut dĂ©sormais tout faire sous prĂ©texte qu’il est majoritaire. La majoritĂ© a remplacĂ© la Loi. La Loi elle-mĂȘme a perdu son sens: principe universel au dĂ©part, elle n’est plus aujourd’hui qu’une rĂšgle changeante destinĂ©e Ă Â servir des intĂ©rĂȘts particuliers.
La dĂ©mocratie s’est pervertie parce que nous avons confondu idĂ©al dĂ©mocratique et tyrannie de la majoritĂ©. Parce que nous croyons dans les idĂ©aux de base de la dĂ©mocratie: le suffrage universel et la suprĂ©matie du droit, nous nous sentons obligĂ©s de dĂ©fendre des institutions particuliĂšres qui passent, Ă Â tort, pour leur seule traduction concrĂšte.
Seul le systĂšme capitaliste permet la dĂ©mocratie. Lorsque le rĂ©gime est dominĂ© par une doctrine collectiviste, la dĂ©mocratie finit inĂ©vitablement par se dĂ©truire elle-mĂȘme. Le planisme mĂšne Ă Â la dictature parce que la dictature est l’instrument le plus efficace de coercition et de rĂ©alisation forcĂ©e d’un idĂ©al et qu’Ă Â ce titre elle est indispensable Ă Â une sociĂ©tĂ© planifiĂ©e. Le conflit entre planisme et dĂ©mocratie surgit simplement du fait que cette derniĂšre est un obstacle Ă Â la suppression de la libertĂ© requise par la direction de l’activitĂ© Ă©conomique. Mais dans la mesure oĂč la dĂ©mocratie cesse d’ĂȘtre une garantie de la libertĂ© individuelle, il se peut qu’elle persiste sous une forme quelconque sous un rĂ©gime totalitaire. Une vĂ©ritable « dictature du prolĂ©tariat », mĂȘme dĂ©mocratique de forme, au jour oĂč elle entreprendrait la direction centralisĂ©e de l’Ă©conomie, dĂ©truirait probablement la libertĂ© individuelle aussi complĂštement que le ferait n’importe quelle autocratie.
La rĂšgle de loi limite la compĂ©tence de la lĂ©gislation: elle la rĂ©duit, d’une part, aux rĂšgles gĂ©nĂ©rales des lois formelles, et s’oppose, d’autre part, Ă Â toute lĂ©gislation orientĂ©e d’aprĂšs les intĂ©rĂȘts d’une certaine catĂ©gorie de gens. La rĂšgle de loi implique la condition de n’employer le pouvoir coercitif de l’Ătat que dans des circonstances dĂ©finies d’avance par la loi; et exactement de la façon prĂ©vue. Tout amendement particulier enfreint la rĂšgle de loi. Quiconque conteste ce fait admet la lĂ©gitimitĂ© des pouvoirs que les dictateurs ont obtenus par des moyens constitutionnels en Allemagne, Italie et en Russie.Friedrich VON HAYEK
Le doute est le sel de l’esprit. Sans la pointe de doute, toutes les connaissances sont bientĂŽt pourries.
Alain (1868 – 1951),
philosophe français