Étiquette : Drame

  • Le règne animal

    Le règne animal

    Cela faisait bien longtemps qu’un film français ne m’avait enthousiasmé à ce point, alors je ne résiste pas au plaisir de vous le conseiller. C’est un film très dynamique qui décrit l’histoire d’une famille, dans un monde où un mystérieux phénomène de mutation des humains en animaux a pris place.
    Les acteurs sont formidables – Paul Kircher absolument magistral dans son interprétation bestiale au sens noble du terme -, et l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. Tout y est en place, tous les seconds rôles et les personnages périphériques sont pensés, et bien traités. Et le scénario est absolument impeccable : toutes les thématiques contenues dans le thème y sont au moins brossées, sinon au centre de l’action (l’altérité, le parcours initiatique, la séparation entre l’enfant et son foyer, la transformation adolescente, la difficulté à communiquer, la part de bête dans l’homme – pour le meilleur et pour le pire -, le rapport à la nature).
    J’ai fini en larme, je l’avoue, car le cinéaste – Thomas Cailley – a réussi à en plus faire une montée en puissance du récit jusqu’à la toute dernière seconde du film. Du très grand art. A voir et à revoir.
    note : je ne mettrai plus de lien vers Wikipedia dans mes articles, suite à la découverte que, comme beaucoup d’entreprises et d’associations, la fièvre gaucho-wokiste en a pris possession.

  • Le journal d’Anne-France

    Le journal d’Anne-France

    « Le journal d’Anne-France » est un petit bijou de Romain Guérin. Un roman court, nerveux, inspiré, original et classique, actuel et intemporel. Il s’agit de l’autobiographie fictive d’Anne-France (retrouvée morte chez elle devant son ordinateur, ouvert sur cette autobiographie, magistrale mise en scène d’introduction au passage). Au travers de cette femme, morte seule et démunie, c’est toute l’histoire du 20ème siècle, de ses transformations et de ses drames que l’auteur raconte, par petits morceaux, comme un kaléidoscope. Anne-France, qui termine sa vie seule, a eu une magnifique histoire d’amour éphémère avec celui qui sera le père de son fils unique, lequel meurt au final pendant la guerre d’Algérie.
    J’ai piqué l’image qui illustre l’article sur l’excellente chaîne TVLibertés, qui a interviewé Romain Guérin à  propos de ce livre justement.

    Créativité et romantisme

    Le ton du livre est très original, car il mêle un style classique, un regard plutôt moderne et un rythme enlevé. J’ai beaucoup aimé les morceaux de poèmes qui sont présent un peu partout dans le texte (car Anne-France est passionnée de poésie), et les citations qui traînent partout également. Le petit carnet qu’Anne-France retrouve, contenant des notes, aphorismes, poèmes et graphismes de son mari est également plein de créativité, et bouscule les codes de la mise en page.
    Ce sont deux magnifiques histoires d’amour que nous livre Romain Guérin, et elles sont bouleversantes. L’une est celle d’un couple improbable, d’une vendeuse poète et d’un rebelle timide, amour fou, tragique, passionné et absolu. Et l’autre est l’histoire d’amour d’Anne-France, et de l’auteur, pour une France qui disparait peu à  peu sous la violence, le mensonge, le manque de liens sociaux et d’héroïsme. Anne-France, symbole d’une France déclassée, populaire sans être dénuée de culture, réduite à  la pauvreté la plus crue, abandonnée, écrit son journal, avant de mourir, pour ne pas perdre la raison, et continuer à  trouver un sens à  une existence devenue tristement solitaire.
    J’ai été très touché par l’histoire et les personnages, plus vrais que nature, tout en étant très originaux. Cette histoire tragique, belle comme un poème, terrible, rend un très bel hommage à  tous les oubliés, à  tous les petits, à  ceux enfin qui gardent du bon sens, et le sens de l’honneur, malgré le rouleau compresseur des progressistes devenus fous d’hybris, et brisant toutes les limites. Un auteur à  découvrir, vraiment.