Étiquette : Fantasy

  • Cycle de la Tour de Garde

    Cycle de la Tour de Garde

    Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier sont les auteurs, aux Editions Aux forges de Vulcain, de romans fantastiques placés sous le signe du Cycle de la Tour de Garde. Pour le moment, Chamanadjian écrit les histoires de la Capitale du Sud, et Duvivier celles de la Capitale du Nord. J’en suis au quatrième tome, et je ne peux que vous recommander ces romans : style enlevé, récit rythmé et vif, personnages très incarnés et crédibles. J’ai dévoré les trois premiers tomes avec joie. Je trouve par ailleurs que le projet est très ambitieux et captivant : écrire à deux une série, voilà un pari intéressant (et réussi!).
    Ce sont des histoires qui se déroulent dans un monde imaginaire, mais très réaliste dans les interactions qui se nouent entre les personnages. J’aime cet univers où un peu de magie côtoie des personnages avec de vrais enjeux, et un monde dont le conflit et la politique n’ont pas été expurgés. Le monde dans lequel vivent les personnages est à la fois urbain, mais aussi souvent dans la nature, et une sorte de « monde miroir », bien réel, donne une sorte de profondeur intéressante aux phénomènes variés que l’on peut observer.
    J’ai trouvé que le style, et le contenu, pouvait convenir à des adolescents aussi bien qu’à des adultes. Les personnages principaux sont plutôt jeunes, et découvrent en partie le monde. Ce ne sont pas à proprement parler des romans d’apprentissages, mais les personnages s’y trouvent sans cesse dans une confrontation au réel. Ils grandissent, au sens que Chantal Delsol donne à ce terme : le principe du « grandissement » est l’acquisition de la réalité. Pourquoi donc le grandissement devrait-il s’arrêter ? Pourquoi ne concernerait-il pas les adultes ?
    NB : j’ai découvert ces supers romans grâce au fil Twitter d’Adrien, que je remercie donc chaleureusement !

  • La horde du contrevent

    La horde du contrevent

    Incroyable univers imaginaire

    Alain Damasio a signé avec « La horde du contrevent » (2004) un roman étonnant, brillant et captivant. Dans un monde imaginaire, dominé par le vent qui balaye la surface de la planète de l’Amont à  l’Aval, des équipes d’aventuriers tentent d’aller, à  pied, en « contrant », découvrir la source du vent. Les images qui m’en sont venues à  la lecture me rappellent l’univers d’un Moebius, dans Le Monde D’Edena, par exemple.
    L’article de Wikipedia résume bien les grandes lignes :

    Ils sont vingt-trois, forment la trente-quatrième Horde du Contrevent et ont entre vingt-sept et quarante-trois ans. Dans un monde balayé par les vents, ils ont été formés depuis l’enfance dans un seul but : parcourir le monde, d’ouest en est, de l’Aval vers l’Amont, à  contre-courant face au vent, à  travers la plaine, l’eau et les pics glacés, pour atteindre le mythique Extrême-Amont, la source de tous les vents. Tous différents mais tous unis, ils forment une horde autonome et solidaire, qui avance dans un seul objectif, luttant constamment contre le vent. Profitant du savoir et de l’expérience de huit siècles d’échecs, on la dit la meilleure et l’ultime Horde, celle qui atteindra enfin l’Extrême-Amont.

    Le roman est écrit de manière assez originale : chaque personnage de la Horde est représenté par un caractère (glyphe), ou une suite de caractères, et parle d’un ton particulier. On est successivement dans la peau de l’un ou l’autre des personnages. Certains, comme le Golgoth (Ν©), parlent une langue argotique très fleurie, remplies de néologismes et de trouvailles sémantiques, et d’autres parlent de manière plus sobre. Le style est brillant, dense, et l’on se retrouve souvent presque physiquement plongé dans l’univers venteux et froid, humide, magique et dangereux dans lequel évolue la horde. Des morceaux de bravoures d’écriture ponctuent le livre : la joute verbale, par exemple, avec concours de palindromes, entre Caracole le troubadour et l’un des érudits est tout à  fait impressionnante. Cette brillance stylistique, qui pourrait agacer, m’a pour le coup plutôt emballé, car elle est toujours au service de l’histoire et de l’émotion.

    Roman métaphysique

    Les pérégrinations des personnages, leur quête épique et absurde, ne sont pas sans rappeler celles des personnages de Septentrion. La place que prend la nature, également, est très structurante dans le récit. Les scènes d’actions, formidables, haletantes, les dangers auxquels sont confrontés les personnages, sont toujours contrebalancées par des moments plus intimes, des envolées contemplatives ou philosophiques. Foisonnant est un terme qui qualifie bien ce roman étrange, hors-norme, poétique et métaphysique, que j’ai lu avec un grand plaisir.