Étiquette : Liberté

  • Citation #178

    La liberté, laissée à  chacun, d'utiliser les informations dont il dispose pour poursuivre ses propres desseins, est le seul système qui permette d'assurer la mobilisation la plus optimale possible de l'ensemble des connaissances dispersées dans le corps social.

    Friedrich A. Von Hayek (1899-1992)
    économiste et philosophe austro-britannique

  • Citation #175

    Chaque détail de la vie privée, de la propriété, du commerce et du contrat est réglementé par des montagnes de plus en plus élevées de législations de papier. Au nom de la sécurité sociale, publique ou nationale, les gardiens démocratiques nous « protègent » du réchauffement et du refroidissement de la planète, de l’extinction des animaux et des plantes, de l’épuisement des ressources naturelles, des maris et des femmes, des parents et des employeurs, de la pauvreté, de la maladie, de l’ignorance, des préjugés, du racisme, du sexisme, de l’homophobie et d’autres « ennemis » et dangers publics innombrables. Pourtant, la seule tâche que le gouvernement était censé assurer (« protéger notre vie et nos biens ») n’est pas accomplie. Au contraire, plus les dépenses de l’Etat en matière de sécurité sociale, publique et nationale ont augmenté, plus les droits de propriété privée se sont érodés, plus les biens ont été expropriés, confisqués, détruits et dépréciés, et plus les gens ont été privés du fondement même de toute protection : indépendance personnelle, force économique et richesse privée.
    Hans-Hermann Hoppe (1949)
    philosophe et économiste américain.

  • Quel est le problème ?

    Quel est le problème ?

    Faites-vous un cadeau : cette vidéo, réalisée par Joe Bryan, reprend de manière magistrale des éléments présents dans les ouvrages sur la monnaie (comme celui de Pascal Salin), ou sur le Bitcoin (comme ceux de Saifedean Ammous, Jon Black, Philippe Herlin ou Ludovic Lars), et permet de comprendre beaucoup de choses en économie, en moins d’une heure. L’exemple utilisé est le même que dans l’ouvrage de Salin : partant de la situation des habitants d’une île devant tout reprendre à zéro, il reconstruit un certain nombre d’éléments de l’activité humaine de production, de commerce, et de … gouvernement. Indispensable.

  • effort personnel

    effort personnel

    Je me fais souvent la remarque que les gens n’arrêtent pas de porter un jugement sur la manière de vivre des autres, sur des sujets plus ou moins importants, comme le choix des matières que l’on met chez soi, de sa voiture, de son endroit d’habitation, de ce qu’on mange, des gens pour qui l’on vote, des journaux et médias qu’il est bon de suivre. C’est devenu une sorte de petite manie sociale que d’afficher ses propres préférences et les plaquer sur celles des autres. Une forme de moralisation permanente des modes de vie, une intrusion dans le plus menu détail du quotidien de considérations politiques, ou politiquement correctes. Comme si la respectabilité passait par le fait de tout « bien » faire, et de suggérer aux autres de suivre aussi ces bons préceptes. De petites vertus frelatées affichées en permanence pour cacher le manque de vertu réelle.

    Nous avons accepté, peu à peu, de vivre dans une société très pénible à ce titre. Une société de gringalets qui ont peur de leur ombre, de petits ayatollah du CO2 et du bio, de la non-consommation et de l’ouverture à toutes les identités (sauf la nôtre bien sûr). De défense à tout prix de la vie, mais en fermant les yeux sur les avortements systématisés. Des gens beaucoup moins originaux et intéressants qu’ils le sont en vrais. Je trouve ça, à vrai dire, tout à fait consternant, énervant, et ridicule. Il est grand temps de se défaire de cela. Un simple retour au bon sens suffit, généralement, pour ceux dont le cerveau n’a pas été trop lavé. En reste-t-il tant que cela ?

    Pour régler un problème, il faut toujours commencer par bien le poser, et par faire une analyse de causes. Je vois deux causes majeures (n’hésitez pas à commenter si vous en voyez d’autres). D’une part, l’omniprésence des « législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples », qui contraignent, empêchent, taxent, stigmatisent. D’autre part, notre facile acception de ce genre de comportement. Faire une critique des choix des autres, c’est une manière simple et peu coûteuse (surtout si on bêle avec le groupe dans le bon sens, socialement accepté) d’éviter de se poser des questions sur ses propres choix et ses propres comportements.

    Je vois donc deux manières de sortir de cette société étriquée, intolérante, empêchée, fade : dégager les socialistes du pouvoir (à voir comment), et de manière personnelle, au quotidien, refuser cette manière de vivre. Débusquer les faux-semblants, le prêt-à-penser, les petits peureux qui ânonnent sur les choix des autres, au lieu de vivre simplement leur vie. Il faudra bien, d’une manière ou d’une autre, revenir individuellement et collectivement à ces notions si précieuses de responsabilité et de liberté. Arrêter de vouloir faire payer aux autres les conséquences de mes choix. Arrêter de reprocher aux autres leurs choix. Nous nous compliquons inutilement la vie. Qu’on nous foute la paix. Nous savons vivre sans qu’on nous dise insidieusement comment il faudrait le faire. Je n’ai que faire de vivre la vie « rêvée » des autres.

    Je fais donc le vœu en ce début d’année, de me reprendre quand je me retrouve à faire cela moi-même. La bonne réaction à avoir face à ces petits censeurs du quotidien n’est pas de vouloir leur faire la morale sur leur manière de vivre (dans un effet miroir), ou leur démontrer leur erreur, mais plutôt de leur dire sereinement qu’on se contrefout de leur avis, qu’ils sont bien libres de leurs choix, et nous de même.

    On peut vomir les bobos moralisateurs sans vouloir pour autant rouler en Hummer avec un flingue à la taille, une andouillette dans la main gauche, et un verre de vin dans la main droite. En plus, c’est très compliqué de conduire dans ces conditions, vous verrez. Il suffit d’assumer ce qu’on est et de vivre en conséquence.

  • L’idolâtrie de la vie

    L’idolâtrie de la vie

    Ce court essai d’Olivier Rey, mathématicien et philosophe, membre de l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et techniques (IHPST), commence par une réaction aux excès (dans tous les sens) de la période Corona Circus. Après ce démarrage un peu de bric et de broc, mêlant passages que l’on dirait écrit à chaud, sans recul, et réflexions plus profondes, l’essai s’ouvre heureusement sur un approfondissement des causes qui font que l’on a d’une part, accepté collectivement de rendre « responsables » de tout et de n’importe quoi les dirigeants politiques (comme s’ils étaient omnipotents et omniscients), et, d’autre part, sacralisé la vie, de manière à la fois biologique et technique, en la dépossédant de tout ce qui en fait le charme.
    Ce dernier point est relié par l’auteur à la perte de « transcendance ». J’en suis d’accord avec lui, même si je ne mets pas dans ce terme autant de choses en lien avec la religion que lui. Certainement une question de point de vue. Mais que la transcendance soit une réalité, c’est une évidence : tout, dans l’univers, dépasse par son échelle et sa complexité nos capacités d’entendement. Il faut un singulier manque d’humilité, et une bonne dose d’idéologie aveugle pour ne pas s’en rendre compte11. Cette transcendance sera d’ailleurs l’objet d’un des chapitres de mon essai, dont la première partie sera terminée en 2025..
    Cet essai, je l’ai dévoré : il est très bien écrit, et porté par un souffle de quelqu’un qui, visiblement, joue et rejoue, peaufine ses vues et ses arguments comme un musicien travaillerait ses gammes et ses phrases et ainsi, se rendrait capable d’improvisation magistrale sur tout type de thème.
    Un auteur de plus à découvrir. Je lui laisse, comme j’essaye souvent de le faire, le mot de la fin.
    C’est ce qui est décourageant avec ceux qui nous gouvernent. D’un côté, ils se voient accuser de maux dont ils ne sont pas responsables, et auxquels ils ne sauraient que très partiellement remédier. De l’autre, ils nous accablent de maux de leur fabrique. Au moment où l’on mesure la dose d’infantilisme qu’il y a, à s’exagérer la puissance des gouvernant pour ensuite requérir contre eux à tort et à travers, ils ne cessent, en retour, de prendre à notre endroit des mesures infantilisantes. Triste situation. Pour y échapper, il nous faudrait enfin abandonner notre condition de « dépendants à prétention d’indépendance »22. Marcel Gauchet, La démocratie contre elle-même, Gallimard, Coll « Tel », 2002, p. 21 – la figure dominante de l’époque. Il nous faudrait réapprendre, collectivement et individuellement, à compter sur nous-mêmes. Bien entendu les dirigeants politiques et économiques n’ont pas l’intention d’encourager ce genre de fantaisies, ni même à les autoriser. Cela ne devrait pas empêcher de nous y mettre – alors que les glapissements contre l’incapacité des « grands » dans des crises qui les dépassent est une façon de se maintenir en position de servitude.

  • Le déclin du courage

    Le déclin du courage

    En 1978, quatre années après avoir été déchu de sa nationalité par le pouvoir communiste, et expulsé de son pays, Alexandre Soljenitsyne prend la parole devant les étudiants de Harvard. Son discours est un discours de vérité, tranchant comme un couteau, sans fioritures, sans pincettes. Il n’est pas venu passer de la pommade aux étudiants, ou au monde occidental. Non : il vient expliquer qu’il est atterré par ce qu’il voit depuis qu’il est arrivé en Occident, à commencer par le manque de courage :
    Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie de la société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours et, plus encore, dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité, se trouve souligné avec une ironie toute particulière dans les cas où les mêmes fonctionnaires sont pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance, à l’égard de gouvernements sans force, de pays faibles que personne ne soutient ou de courants condamnés par tous et manifestement hors d’état de rendre un seul coup. Alors que leur langue sèche et que leurs mains se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes, face aux agresseurs et à l’Internationale de la terreur. Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ?
    Les pages consacrées à la tolérance vis-à-vis de la violence et de la criminalité, comme celles où il expose – en 1978! – à quel point les médias sont de véritables propagateurs de mensonges, sont tout simplement incroyables. Son constat est implacable, et son analyse des causes le conduit à identifier une vision dogmatique de l’humanisme qui a perdu de vu la spiritualité et la transcendance.
    Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. A l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds ; à l’Ouest, la foire du commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, ce n’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. Si l’homme, comme le déclare l’humanisme, n’était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n’en devient que plus spirituelle : non pas l’accomplissement d’une quotidienneté, non pas la
    recherche des meilleurs moyens d’acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expérience d’une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés. Il est impératif que nous revoyions à la hausse l’échelle de nos valeurs humaines. Sa pauvreté actuelle est effarante.

    On peut, bien sûr ne pas partager l’intégralité de l’analyse de Soljénitsyne. Mais sa force, la lucidité de son regard posé sur notre société en 1978, voyant le délitement à l’œuvre, nous oblige à la considérer. Elle devrait faire partie des textes à faire lire et à discuter au Lycée.
    Le texte du discours est en ligne (je l’ai lu pour ma part dans l’édition des Belles Lettres). Pour ceux qui voudraient le découvrir tout de suite, la vidéo de ce discours est disponible sur Youtube :