Jour : 30 janvier 2007

  • D’aussi loin que je me souvienne…

    Si j’essaye de me rappeler mon enfance, et les moments de bonheur que j’ai eu, je reviens souvent sur une scène, qui est plus une sensation qu’un moment précis, une impression que j’ai vécue plusieurs fois…

    Nous sommes en plein été à la campagne. Le soleil brûle, la piscine est synonyme d’apaisement vif et tonique ; elle transforme ce qui pourrait être étouffant en plaisir.

    La sensation que j’ai encore gravée en moi, et que je retrouve toujours avec beaucoup de plaisir, c’est celle que j’éprouvais en passant de l’air surchauffé du dehors à l’atmosphère fraiche de la maison. Les maisons de campagne aux murs épais savent conserver la fraicheur.

    En passant du dehors à la fraicheur, la sensation est totale : la température chute d’un coup, les yeux pendant un instant ne distinguent plus très bien…quelle douce sensation ! mes parents et mes frères sont là, dehors, dedans, quelque part, et je peux les rejoindre quand je veux. Pour jouer, et laisser le temps – inexistant – filer sans y penser.

    Et la sensation inverse m’attend, jouissive aussi : repasser de la fraicheur de la pénombre à la fournaise, avec en tête, déjà, la fraicheur de l’eau, enveloppante.

    J’ai six ans, huit ans, dix ans : je ne sais pas.
    Mais cette sensation de bonheur sensuel, ludique et familial sera toujours vive en moi.

  • Faut-il avoir de l’ambition ?

    A force d’entendre les commentateurs critiquer Sarkozy pour son ambition, et comme cela rejoint des critiques que l’on entend couramment au sein de ma boite concernant tel ou tel cadre dirigeant, je me suis posé la question du sens du mot « ambition ».

    En effet, le français est une langue comportant peu de mots, et il n’est pas rare qu’un mot comporte plusieurs acceptions de sens relativement différents. J’avais lu cette phrase, je ne sais plus où, que « le français avait longtemps été la langue de la diplomatie justement pour cette raison : une langue avec peu de mots permet de trouver plus facilement une formulation un peu ambiguë qui convient aux deux parties ». Le français n’est plus la langue diplomatique depuis le Traité de Versailles (1919), mais il n’a pas tellement évolué depuis, que cet état de fait soit devenu faux.

    Pour le nombre de mots, j’ai trouvé dans les articles de wikipédia (celui sur le français et celui sur l’anglais) et sur le site de l’Académie Française qu’en gros le français comporte 100.000 mots (Trésor de la Langue Française), pour 500.000 mots en anglais (Oxford English Dictionnary).

    Je suis donc allé faire un tour sur l’excellent dico Lexilogos, et voilà  la définition pour le mot « ambition » :

    Ambition :

    1. Recherche immodérée de la domination et des honneurs.
    2. Désir d’accomplir, de réaliser une grande chose, en y engageant sa fierté, son honneur.

    Ce qui est clair en lisant ces deux définitions, c’est qu’elles n’ont pas du tout le même sens : autant la première décrit quelque chose de négatif (recherche immodérée de la domination, c’est tout de même bien la description du connard, ça), autant la seconde décrit quelque chose qui peut être très positifComment s’étonner que les Français entretiennent avec l’ambition (et la réussite, qui peut être le résultat de l’ambition) des rapports ambiguës ? Le mot lui-même est pour le moins ambivalent…
    Pour conclure, il faut bien préciser de quoi l’on parle lorsqu’on dit d’un homme politique, ou d’un dirigeant, ou de n’importe qui d’ailleurs, qu’il est animé par une énorme ambition…Si avoir de l’ambition au premier sens du mot est inquiétant, ne pas en avoir au second sens du mot l’est tout autant !