Jour : 16 mars 2007

  • Sur les ”superprofits » …

    Un petit billet juste pour signaler un article intéressant à  lire aujourd’hui dans le Figaro : Qui profite des superprofits? . Y. de Kerdrel et L. Mauduit continuent leurs intéressantes controverses. Cet article m’a fait penser à  un billet que j’avais écrit l’autre jour, concernant les « superprofits ».
    Une petite citation de l’article, pour la route :

    Je vous l’avoue : moi, cela me laisse pantois. Il s’agit certes d’un record historique. Mais ce mot de superprofit n’a aucun sens. Ou plutôt si. Dans la bouche de ceux qui l’utilisent, il suggère que le bénéfice de Total serait excessif. Ce qui revient à  dire qu’il y aurait une norme pour les profits : petits, ils seraient tolérables ; gros, ils seraient outranciers. Ceci procède d’une conception ringarde de l’entreprise qui me choque. C’est une conception de l’économie qui est profondément choquante et qui témoigne à  quel point le pays a été gangrené par soixante ans d’idéologie marxiste. Qu’on en revienne donc aux bases : une entreprise est faite pour gagner de l’argent. Et plus elle en gagne, mieux cela vaut. Mieux cela vaut pour tous, pour les salariés, pour les actionnaires, les clients et même pour l’État. La seule question qui vaille : vaut-il mieux les profits historiques de Total ou les 10 000 suppressions d’emplois d’Airbus ?

  • Frédéric Bastiat contre la démagogie !

    Voilà  la fin du texte de Bastiat sur l’Etat :
    Citoyens, dans tous les temps deux systèmes politiques ont été en présence, et tous les deux peuvent se soutenir par de bonnes raisons. Selon l’un, l’État doit beaucoup faire, mais aussi il doit beaucoup prendre. D’après l’autre, sa double action doit se faire peu sentir. Entre ces deux systèmes il faut opter. Mais quant au troisième système, participant des deux autres, et qui consiste à  tout exiger de l’État sans lui rien donner, il est chimérique, absurde, puéril, contradictoire, dangereux. Ceux qui le mettent en avant, pour se donner le plaisir d’accuser tous les gouvernements d’impuissance et les exposer ainsi à  vos coups, ceux-là  vous flattent et vous trompent, ou du moins ils se trompent eux-mêmes.
    Quant à  nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à  chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité.

  • C’est le système qu’il faut changer, pas les hommes !

    Vouloir sortir de la violence et de la bêtise par un changement des hommes, de leur manière de se comporter, est une grave erreur politique, et qui est celle qui conduit aux dictatures…Et puis, c’est aussi d’une grande prétention : changer sur quelques années ou dizaines d’années ce que la nature a mis des millénaires à  construire, n’est-ce pas la preuve d’une légère tendance à  la tentation du démiurge ? En tout cas c’est un signe de manque d’humilité.

    Empecher la violence

    On sort de la violence par le droit, qui à  la fois limite notre champ d’action, et nous le prépare. Les règles communes empêchent la violence, et permettent de maximiser la liberté individuelle et collective.

    Le droit est l’ensemble des conditions qui permettent à  la liberté de chacun de s’accorder à  la liberté de tous.
    Emmanuel Kant

    Le droit empêche la violence, et affirme également le droit à  la propriété. Ce n’est pas un hasard si dans les premières lois (les 10 commandements) figurent – après tout le blabla concernant Dieu – ces 5 points :

    • Tu ne tueras point.
    • Tu ne commettras point d’adultère.
    • Tu ne déroberas point.
    • Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
    • Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à  ton prochain.

    On retrouve là  les points de bases de toute doctrine libérale du droit : pas de violence, pas de vol, pas de mensonge.

    Le premier des droits de l’homme c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.
    Jean Jaurès

    Sortir de la violence est déjà  un progrès immense. Et c’est pourquoi on ne doit et peut pas tolérer les atteintes à  la liberté individuelle, à  la propriété : ce sont les fondements du contrat social.

    Sortir de la bêtise par l’éducation

    Mais il reste la bêtise, l’intolérance, la petitesse d’esprit, l’égoïsme. C’est un problème différent : on peut empêcher la violence par la force ; mais on ne pourra jamais interdire la connerie. On ne sort de ces maux que par l’éducation, le travail, les projets communs, la confiance mutuelle. Ce sont là  des choses qui demandent du temps.
    Ceux qui disent vouloir sortir l’humanité de ses maux en un temps court se moquent de nous. Le système est ce qu’il faut changer bien sûr, de préférence régulièrement et sereinement. Car qu’est ce que le système, sinon l’ensemble des règles que nous nous donnons à  nous-même pour vivre ensemble ? Il est normal et naturel de les changer…

    A la base de toutes les doctrines totalitaires se trouve la croyance que les gouvernants sont plus sages et d’un esprit plus élevé que leurs sujets, qu’ils savent donc mieux qu’eux ce qui leur est profitable.
    Ludwig von Mises