Je pense que les mots sont importants. Les mots sont le support qui permet de structurer la pensée.
Et lorsque j’entends, comme ce matin à la radio, que « les marchés ont été déçus par le plan de relance de l’Etat », je ne peux que réagir. « L’Etat » ne fait aucun plan de relance : ce sont les hommes et les femmes qui composent le gouvernement et Nicolas Sarkozy qui ont pondu un plan de relance. De même, les « marchés » ne sont pas « déçus », ou « satisfaits ».
Les cours sur les marchés évoluent en fonction de la conjoncture, mais ils ne sont que le reflet de centaines de milliers de choix individuels, dont la résultante permet de calculer un prix. Ce que le journaliste voulait dire, c’est que le plan de relance a été conçu pour faire « repartir la machine », et que l’absence de réaction des cours suite à l’annonce des mesures, montre que le plan de relance n’a pas dû provoquer d’enthousiasme excessif, en tout cas pas chez suffisamment de monde pour que l’effet en soit palpable sur les cours. La déception dont il parle peut donc être la sienne, et/ou celle des acteurs sur les marchés, mais certainement pas celle des « marchés ».
Les abstractions intellectuelles sont indispensables pour penser, mais ne leur prétons pas de caractéristiques humaines. Ni les marchés, ni les Etats ne pensent. Ce sont les individus qui pensent.
Jour : 5 décembre 2008
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Les marchés ne pensent pas
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Qui paye la note ?
Je vous avoue que je ne vois jamais les plans de relance d’un bon oeil. J’imagine qu’il y a tous les meilleurs arguments du monde pour justifier de nouvelles dépenses, qui sont forcément financées par les contribuables. Je n’ai pas forcément les compétences, ou la plume pour le dire, alors je vais utiliser les mots des autres…:
Au fond de l’action publique, il y a un état d’esprit qui la guide, la sincérité ou l’insincérité. Quand l’Etat français, constamment, depuis trente ans, a dépensé davantage qu’il n’a gagné, avec pourtant un niveau élevé de fiscalité, il s’est, en fait, enfoncé dans l’insincérité. Il l’a fait avec notre accord, celui des citoyens, accord tacite, accord implicite, mais aussi accord formel car plusieurs fois, au carrefour de l’histoire, le suffrage universel a désavoué les rares personnalités qui tentaient de s’approcher de la sincérité.Les déficits publics ne sont pas un concept. Ils sont une philosophie du renoncement et de la démission, expression de la peur et du refus des épreuves. Ils ont été, en France, le choix politique de la communauté pour régler les problèmes immenses que posaient aux économies occidentales les chocs pétroliers des années soixante-dix. C’est à ce moment là que le mensonge s’est installé.
Jean-Michel Aphatie, sur le site de Claude Reichman[1. trouvé grâce à Philippe (Sully) Robert]