Année : 2012

  • A la recherche d’un monde meilleur

    A la recherche d’un monde meilleur

    Pour découvrir Karl Popper, je vous recommande de faire ce que j’ai fait : lire le très bon recueil de conférences « A la recherche d’un monde meilleur ». On y découvre dans un style très simple et facile à  suivre des exposés de Karl Popper sur toutes sortes de sujets. Philosophie politique, théorie de la connaissance, éthique, art : Karl Popper sait rendre compréhensible sa pensée, et met même un point d’honneur à  le faire.

    Autant vous dire que ce que l’on peut découvrir de la pensée de Karl Popper m’a complètement séduit : humble, rigoureux, détestant le bla-bla philosophico-philosophique, épris de doute et de la recherche de la vérité, travailleur (on voit qu’il connait les théories scientifique bien mieux que la plupart des scientifiques).

    Je retiendrais son attitude ouvertement « dans la tradition des Lumières », et son goût du pluralisme. Il oppose à  très juste titre le relativisme qui « issu d’une tolérance lâche, conduit au règne de la violence » et le pluralisme critique qui « peut contribuer à  la domestication de la violence ». (Il l’applique d’ailleurs dans tous les domaines, politique, éthique ou scientifique).

    Le pluralisme critique est la position selon laquelle, dans l’intérêt de la recherche de la vérité, toute théorie – et plus il y a de théories, mieux c’est – doit avoir accès à  la concurrence entre les théories. Cette concurrence consiste en la controverse rationnelle entre les théories et en leur élimination critique.

    J’ai également été passionné par sa description du monde en 3 sous-mondes. Pour faire simple (il rentre beaucoup plus dans le détail, notamment de la description des relations entre les 3) : 

    1. le monde 1 est le monde des corps matériels (non vivants et vivants)
    2. le monde 2 est le monde des vécus (conscients ou inconscients)
    3. le monde 3 est le monde des produits objectifs de l’esprit humain (matériels ou non)

    Popper considère que ces trois mondes sont réels et en interaction entre eux. Il décrit cela en détail et c’est complètement passionnant, et riche. Vous pouvez lire une conférence consacrée à  ces trois mondes (en anglais), sur le site Tanner Lectures : Three Worlds – Karl Popper.

    Bref : si vous voulez réflechir avec un grand philosophe, qui vulgarise magnifiquement, jetez-vous sur ce livre !

  • Monstre

    Monstre

    C’est un dessin que j’ai fait l’autre jour à  la campagne. Je le trouve pas mal, et je vais le colorier sur l’Ipad avec l’application Adobe Ideas, qui est très adaptée. L’image ci-dessous est juste une photo du dessin, plus un filtre Instagram (EarlyBird). 

  • Stop motion du ciel de Paris

    Je me met au stopmotion grâce à mon Iphone et à l’application iMotionHD (très bien faite). Cela me servira pour faire des petits films au travail. Aujourd’hui, j’ai eu envie de voir ce que ça donnait avec les nuages…1 photo toute les 30s, pendant presque 2h. Et voilà le résultat. Pas mal, non ?

  • Quatre lectures talmudiques

    Quatre lectures talmudiques

    Le Talmud est la transcription écrite de la tradition orale d’Israël, du peuple juif. Le texte est particulièrement moderne dans sa forme puisqu’on y trouve des textes (qui correspondent à la partie fixée par écrit en premier, et qui constituent la Michna), avec des commentaires, positionnés autour (les discussions qui ont eu lieu autour de la Michna, et qui ont été fixées par écrit plus tard, et qui constituent la Guemara). Le Talmud – regroupement de la Michna et de la Guemara – est un recueil de textes, mais aussi de commentaires issus de plusieurs personnes, et constitue donc un appel à la réflexion, à la critique, au doute, au questionnement. Il est aussi quasiment incompréhensible sans une étude approfondie ; et c’est pourquoi il y a besoin, en tout cas pour les incultes comme moi, d’y être accompagné.

    Les 4 lectures talmudiques d’Emmanuel Levinas sont une formidable manière de mettre un pied dans ce monde. Car c’est bien d’un monde dont il s’agit. Ces lectures ont été faites oralement lors de colloques d’intellectuels juifs de 1963 à 1966. La langue d’Emmanuel Levinas est magnifique, profonde et simple à la fois, précise sans être jargonneuse, et cela est très adapté à la découverte de la richesse du Talmud. A la richesse de la tradition talmudique, devrais-je dire, car sans ce travail énorme d’étude, de compréhension, d’analyse, d’émergence du sens, le Talmud ne vaudrait pas grand-chose et resterait bien silencieux.

    La recherche de l’esprit par-delà la lettre, c’est le judaïsme même.

    C’est un petit livre incroyable que ce recueil de « Lectures talmudiques ». On peut y suivre, pas à pas, la pensée d’Emmanuel Levinas. La structure de chaque lecture est la même à chaque fois : il fait la lecture d’un petit texte issu du Talmud (Michna et Guemara, thème et commentaires), puis le reprend point par point en l’éclairant, en le rendant compréhensible, en le reliant avec notre pensée, nos problématiques.

    L’exercice est superbe : le texte du Talmud est proprement incompréhensible. L’analyse qui suit le rend lumineux, profond, complexe. Je ne saurais trop vous conseiller d’acheter ce petit livre. Je sais que je le relirai un jour. On y parle de pardon, de liberté, de Loi, de création, de justice, du Mal, de responsabilité, de la condition humaine ; et surtout on peut y sentir une culture (de Levinas ? des juifs ?) où la réflexion est toujours connectée avec la manière de conduire sa vie. Nous ne sommes pas là sur de vains questionnements métaphysiques ou philosophiques : il s’agit là de questions profondes, qui touchent nécessairement et interpellent ceux qui veulent penser leur vie.

    Je précise pour finir, et pour ne pas vous prendre en traitre, que ce livre est difficile à lire. Difficile, car il faut accepter des zones d’ombres dans la compréhension, et accepter que celui qui nous livre sa lecture ne fait que sa propre interprétation. Pas de vérité universelle ici, mais vérité personnelle, réflexion à l’oeuvre. Pas de sens unique ici, mais sens multiples, questionnements, résonnances, analogies. Et c’est pour cela aussi que cette lecture a été si passionnante : cela a été difficile d’admettre pour moi que le sens ne peut naitre que de ce mélange subtil entre rationalité, émotions, étude, doute. C’est pourtant évident quand y réfléchit. Il y a du boulot, comme on dit. Le sens n’est pas à découvrir (il n’y a pas de sens absolu), mais à construire. Et pourtant, selon la phrase même de Levinas, le Talmud exprime aussi « la structure d’une subjectivité agrippée à l’absolu ». Qu’en pensez-vous ?