Catégorie : 💰 Economie

  • La méthode Milei

    La méthode Milei

    Pendant que notre pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans le socialisme, la corruption, les copinages même plus cachés et la spoliation assumée, il est intéressant, pour se redonner un horizon moins sombre, de regarder ce qui se passe en Argentine. Bien entendu, les mêmes journalistes et commentateurs qui accusaient Milei, sans l’avoir même écouté, d’être un fou, d’extrême-droite (l’article du New Yorker, paru juste avant le second tour de l’élection est une perle de désinformation), et j’en passe, sont bien obligés de reconnaître que les résultats sont au rendez-vous.

    Empêcher l’Etat de nuire pour faire renaître la liberté

    La méthode @JMilei est simple : c’est un vrai libéral, et il sait que le champ d’intervention légitime de l’Etat est le régalien (Justice, Police, Armée, Défense, Relations internationales). Tout le reste doit dégager : ce n’est qu’un amoncellement de réglementations liberticides, de taxes pour les financer, de millions de fonctionnaires pour les opérer, et de poches de corruptions plus ou moins avancées dans plein de secteurs. C’est-à-dire un ensemble de choses qui nuisent à la liberté et à la prospérité. Plusieurs articles ont fleuri sur mon flux X ces jours-ci, et j’ai trouvé intéressant d’en faire une synthèse rapide. Je m’appuie notamment sur un remarquable article de fond du Cato Institute, écrit par @VasquezIan : « Deregulation in Argentina » (si vous savez lire en anglais, je ne saurais assez vous recommander d’aller le lire, sinon vous pouvez allez lire aussi cet article de l’Institut Montaigne, signé @AlexanMarc1, assez complet, mais un peu moins récent). Avant de vous partager quelques éléments de cet article, je voudrais en pointer quelques autres et apporter une précision :

    • en anglais deregulation signifie « Déréglementation », et non « dérégulation ». J’avais déjà expliqué cela et c’est un point important : supprimer des réglementations n’empêchent pas les phénomènes économiques de se réguler, au contraire : le jeu laissé libre dans un ordre de marché conduit justement à des régulations naturelles. La loi de l’offre et de la demande en est un parfait exemple.
    • Un article du Daily Telegraph (signé @mattlynnwriter) partagé sur X par Milei explique très clairement pourquoi les agences de notation viennent de modifier la note de l’Argentine, 18 mois après la prise de pouvoir de Milei, et saluant l’impact positif sur l’économie de la réduction drastique de la taille de l’Etat, et la suppression de milliers de réglementations. Quand, demande l’auteur, les autres pays vont-ils se rendre compte que Milei montre la voie vers la prospérité ? Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des hommes d’Etat moralement condamnables.
    • Un dernier point, car tout n’est pas rose dans les efforts actuels en Argentine. Il est évident que pleins de fonctionnaires se sont retrouvés virés, et ont du trouver du travail, avec certainement des situations individuelles qui ont pu être compliquées. Mais il faut souligner, comme le fait l’UNICEF, que l’on peut déjà attribuer à la politique de Milei une diminution du nombre de pauvres de plusieurs millions… !

    Modèle à suivre

    Très rapidement en arrivant au pouvoir, Milei a fait beaucoup de choses, comme notamment faire passer dès son arrivée un « super-décret d’urgence » (366 articles) pour pouvoir faire vite et fort. Réduction de 30% des dépenses de l’Etat, diminution énorme de l’inflation (de 25% à 2,2%), et une moyenne de 2 réglementations supprimées par jour (!). Cette déréglementation a conduit très rapidement à des résultas prévisibles mais spectaculaires : par exemple dans le domaine du logement, les prix ont baissé de 30%, et le nombre de logements disponible à Buenos Aires a triplé.
    Ils ne sont qu’au début du chemin : le ministre de la dérèglementation, Sturzenegger, a précisé qu’ils avaient pour le moment réduit le nombre de lois & réglementations de 20%, mais qu’ils iraient jusqu’à 70%.
    Quand on sait que notre système législatif et réglementaire est le même (les différents « codes » sont devenus hors de portée logique et opérationnelle tant ils sont obèses, et tant ils changent souvent), il serait peut-être temps d’avoir à la tête du pays quelqu’un qui, comme Milei, considère que le but n’est pas d’optimiser les coûts & dépenses du gouvernement et de l’Etat, mais de faire ce qu’il faut pour favoriser la liberté. Il aurait, je pense, le soutien de tous les @NicolasQuiPaie et autres #Gueux fédérés par @AlexandreJardin : que l’on foute la paix au peuple, qu’on le laisse travailler et profiter du fruit de son travail.
    L’équipe de Sturzenegger, composée d’experts juridiques et d’économistes chevronnés, a (…) une mission claire : accroître la liberté plutôt que d’améliorer l’efficacité de l’État. Lors de l’examen d’une réglementation, ils se demandent donc d’abord si l’État devrait intervenir dans ce domaine.
    Ian Vasquez

  • Quel est le problème ?

    Quel est le problème ?

    Faites-vous un cadeau : cette vidéo, réalisée par Joe Bryan, reprend de manière magistrale des éléments présents dans les ouvrages sur la monnaie (comme celui de Pascal Salin), ou sur le Bitcoin (comme ceux de Saifedean Ammous, Jon Black, Philippe Herlin ou Ludovic Lars), et permet de comprendre beaucoup de choses en économie, en moins d’une heure. L’exemple utilisé est le même que dans l’ouvrage de Salin : partant de la situation des habitants d’une île devant tout reprendre à zéro, il reconstruit un certain nombre d’éléments de l’activité humaine de production, de commerce, et de … gouvernement. Indispensable.

  • L’Etat peut-il nous voler ?

    L’Etat peut-il nous voler ?

    Dans des discussions récentes, dans une interview récente de Philippe Nemo, et d’une manière générale dans la pensée libérale, cette question se pose. L’Etat peut-il nous voler ? Certains impôts et taxes, par leur caractère confiscatoire ou spoliateur, peuvent-ils s’apparenter à du vol ?

    Bien poser la question…

    Comme toujours, avant de répondre, il convient de se demander si la question est bien posée, ou si c’est la bonne question. Première chose, « l’Etat » ne fait rien, ne pense rien, ne veut rien. Seules les personnes pensent. Donc, la première clarification à faire, c’est de penser que la manière dont « l’Etat » se comporte vis-à-vis des citoyens est la somme d’une (énorme) quantité d’actions individuelles passées, et présentes. Des députés qui écrivent et votent des lois et réglementations (il y a plus ou moins longtemps), des fonctionnaires ou des agents de l’Etat qui agissent en fonction de ces lois et des politiques actuelles, etc.
    La deuxième clarification importante concerne la notion de « vol ». J’avais en tête cette pensée toute simple (simpliste?). Il n’y a que deux manières de transférer un bien d’une personne à une autre : librement, ou sous la contrainte. Je faisais donc le raccourci suivant : les taxes et les impôts me sont pris de manière forcée, donc c’est du vol. Mais c’est bien sûr plus complexe comme nous allons le voir, ce qui ne change pas nécessairement ce point de vue radical. Revenons aux définitions.
    Vol :
    Action de s’emparer frauduleusement de ce qui appartient matériellement à autrui.
    Fraude :
    1. Action de tromper, d’abuser autrui en contrevenant aux règlements, d’employer la ruse pour le mystifier.
    2. (Droit civil) Acte accompli en vue de porter atteinte délibérément aux droits et intérêts d’autrui.
    3. (Droit pénal) Tromperie, acte de mauvaise foi par lequel on lèse quelqu’un en se soustrayant aux règlements.

    Voilà qui apporte un élément complémentaire à la discussion. Le vol consiste à s’emparer de quelque chose de manière frauduleuse, ce qui signifie en contrevenant aux règles, ou (point 2) en portant atteinte aux droits d’autrui. La notion de vol implique donc deux notions très importantes : les règles (règlements, lois tacites ou explicites) et les droits.

    Une loi peut-elle être injuste ?

    Première remarque : pris sous l’angle du non-respect des règles, la question devient tautologique. Puisque ce sont les hommes de l’Etat qui édictent et font appliquer les règlements, ils peuvent donc en édicter certains qui sans jamais se retrouver « en fraude » peuvent néanmoins être compris et perçus comme « du vol » (au sens de « nuire aux droits » des citoyens, notamment le droit de propriété). Cela amène sur une autre question : « une loi ou une règle peut-elle être injuste ? ». La réponse est oui bien sûr. Le droit naturel des humains peut être piétinés par le droit positif voté d’autres humains. Que l’on songe aux lois d’exclusion des juifs sous Hitler… Une loi, oui, peut-être injuste. Donc le fait de « frauder » n’est pas en soi suffisant pour définir le « vol ». Le fait des léser des droits est fondamental dans cette histoire.
    Deuxième remarque : il me semble que l’on se retrouve donc, directement, dans la discussion, centrale dans l’œuvre d’Hayek (Droit, législation et liberté) sur la distinction entre loi et réglementation (à vous d’aller lire cet article). Pour faire simple et rapide : dans une société de liberté (mais la nôtre l’est-elle toujours?), les règles justes sont des règles de juste conduite abstraites, montrant aux citoyens les barrières à ne pas franchir pour ne pas « heurter » les droits des autres, d’une manière réciproque. Les règlementations qui visent un état de choses particulières (égalité de fait entre les citoyens, attribution de privilèges (ou de pénalités) à telle ou telle catégorie de citoyens, ou d’acteurs économiques) sont presque toujours injustes. Elles reposent sur une prémisse fausse : penser qu’une autorité centrale peut organiser le détail de la société, de l’état des choses, et qu’il est possible à une intelligence humaine d’embrasser les conséquences -inconnues- d’une multitude d’actions individuelles. Cette négation de l’ordre spontané (associé à la liberté de la société) est un non-sens philosophique, politique et moral. Le seul impôt moralement juste est l’impôt proportionnel (conforme à la Constitution) ; tout impôt progressif (visant à « rééquilibrer » un ordre qui serait injuste) est, à mon sens, injuste, et bâti sur un conception erronée de ce qu’est une société libre. Il est vrai que ses partisans ne cherchent pas, à mon sens, à bâtir une société de liberté et de prospérité, mais une société égalitaire, ce qui compte tenu de la nature humaine, est une forme de totalitarisme.

    Reformulation

    Donc, non l’Etat ne peut pas nous voler, car d’une part « l’Etat » ne fait rien (ce sont les humains qui agissent), et d’autres part toutes les actions injustes des hommes de l’Etat (spoliation, négation du droit de propriété, etc.) le sont toujours dans un cadre « légal », du moins réglementaire. Ils ne peuvent pas nous voler, puisqu’ils écrivent eux-mêmes la ligne qui distingue la fraude de la non-fraude.
    Par contre, et c’était le sens mon avis naïf, oui, les hommes de l’Etat ont mis en place, et conduisent des actions injustes, qui bafouent les droits des citoyens. L’Etat ne peut pas nous voler, certes ; mais nous avons mis en place, depuis des décennies, par le biais de nos vote, par notre inaction et notre faiblesse, parfois de manière volontaire (pour certains), une société profondément injuste, où l’égalité devant la loi n’est plus respectée, où toute une partie des hommes de l’Etat et des sphères proches d’eux se gavent de ressources spoliées aux français vivants et aux français à venir. Soyons collectivement capables de voir cela, et faire dégonfler cet ensemble d’institutions devenues, malgré nous, l’ennemi des citoyens.
    Relisons le grand Frédéric Bastiat, qui avait analysé tout cela (« L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. ») il y a déjà longtemps…

    Le droit à  la propriété est antérieur à  la loi. Ce n’est pas la loi qui a donné lieu à  la propriété mais au contraire, la propriété qui a donné lieu à  la loi. Cette observation est importante, car il est assez commun, surtout parmi les juristes, de faire reposer la propriété sur la loi, d’où la dangereuse conséquence que le législateur peut tout bouleverser en conscience.

    Frédéric Bastiat (1801 – 1850) économiste, homme politique et magistrat français.

  • Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Bitcoin n’est pas qu’une monnaie

    Vous le savez, depuis quelques temps déjà, j’étudie un peu le Bitcoin. Je trouve que c’est une invention formidable, et plus je creuse le sujet, plus je découvre que c’est une véritable révolution, à mon avis aussi importante qu’internet. Pour des raisons politiques, bien sûr, car l’apparition d’une monnaie, au sens propre du terme, décentralisée, avec une masse fixe, accessible à tous, va profondément transformer la manière dont les politiciens maltraitent la population en faisant n’importe quoi avec les monnaies d’état (ou monnaies Fiat). La concurrence apportée par Bitcoin est salutaire, à commencer par le fait que nous pouvons désormais mettre de côté de l’argent avec la garantie qu’il ne sera pas dévalué.

    Système complet…avec un comportement régulier

    Un autre aspect, que je découvre, est que le Bitcoin n’est pas réellement qu’une monnaie au sens habituel du terme, ou en tout cas pas un bien comme tous les autres : en effet, la manière dont il a été conçu, dont il s’est construit dans le temps, fait que c’est à la fois un programme (un code, et des règles), mais aussi un réseaux décentralisé de nœuds distribués sur la planète, et bien sûr un marché. On a tendance à penser que qui dit « marché », dit « offre et demande » uniquement. Pour plein de raisons, visiblement, le Bitcoin ne se comporte pas uniquement selon la loi de l’offre et de la demande. Foin de discussions philosophiques et techniques que je ne suis pas en mesure de conduire, il y a quelque chose de simple, par contre, c’est que nous avons maintenant sur Bitcoin des données accumulées depuis 15 ans. Je suis et m’appuie ici sur les travaux d’un physicien italien (Giovanni Santostasi), qui avec son fils, a monté une communauté très active pour analyser et comprendre le bitcoin. Ces données sont pour le moment sans appel : l’évolution du Bitcoin, depuis 15 ans, est régulière. Très volatil par nature (puisque pure monnaie digitale sur des marchés avec des capitaux énormes), le bitcoin n’en a pas moins connu une évolution qui suit d’assez près une loi de puissance, signe d’une remarquable invariance d’échelle. C’est ce que la figure ci-dessous montre.

    C’est un graphe particulier : l’échelle des ordonnées (le prix du bitcoin) est logarithmique. Ce qui veut dire que l’échelle n’est pas linéaire : on y trouve les puissances de 10 (10, 100, 1000, etc…). On voit que malgré les fluctuations (importantes), le prix du bitcoin suit une progression très bien décrite par la courbe verte (la fameuse loi de Puissance de Santostasi, qui incorpore également une modélisation des « bulles » qui se produisent tous les 4 ans, en lien avec le halving qui rythme l’évolution de bitcoin). C’est encore plus net si l’on trace avec des valeurs moyennées le prix du bitcoin et la loi de puissance. Sur la courbe ci-dessous c’est représenté en spirale (où l’angle représente le temps qui passe).

    Conséquences

    Cet état de fait (6 ordres de grandeur sur 15 ans qui sont bien modélisés par une loi simple P=C*xm) a plusieurs conséquences importantes :

    • sur le long court, le prix du bitcoin est plutôt bien connu dans son ordre de grandeur. C’est un placement long terme très peu risqué
    • Sur le court terme, la volatilité et les variations du fait de l’offre et de la demande ou d’autres évènements, le prix est impossible à connaître précisément
    • Les modélisations de Santostasi montre que les bulles inflationnistes sont assez régulièrement espacées dans le temps, avec une amplitude qui va en diminuant. Le bitcoin régularise sa trajectoire autour de l’équilibre décrit par la loi de puissance

    Le Bitcoin est donc très solide, c’est un bien / réserve de valeur beaucoup plus fiable que tout ce qu’on connaît, c’est un excellent placement à long terme, et il doit même être possible de s’amuser, si l’on aime le risque à vendre le bitcoin en haut des bulles, et à en racheter ensuite quand il retombe sur sa ligne de base.

  • Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Chose promise, chose due : après mon article sur le livre « L’étalon Bitcoin », j’avais dis que je ferai un billet pratico-pratique pour ceux qui veulent investir en Bitcoin. Le voici : un tutoriel pas-à-pas pour savoir comment acheter et détenir de manière sûre des Bitcoins.


    Warning : je ne suis pas conseiller financier, et cet article n’est en aucune manière un conseil en investissement ou financier. Ce que j’y écris ne sont que mes vues personnelles.
    Warning 2 : je mentionne dans le fil de l’article des services ou produits commerciaux. Ce billet n’est pas sponsorisé, il retranscrit simplement de manière factuelle les choix que j’ai fait. Je mentionnerai au passage certains concurrents. A nouveau, cet article n’est pas un comparatif entre différentes solutions, mais le descriptif de mes choix, avec mes critères.


    Je ne reviens pas ici sur ce qui pourrait vous motiver à acheter des bitcoins, mais simplement sur la manière de le faire (une manière parmi d’autres). Cela regroupe un certain nombre de choses que je n’avais pas forcément en tête au début du processus, et que j’ai appris en me documentant et en apprenant.
    Mon premier conseil est général : si vous n’avez pas envie de vous renseigner un tout petit peu sur ce qu’est le Bitcoin, sur son mode de fonctionnement, etc, alors ce n’est probablement pas une bonne idée de chercher à en acheter. Pourquoi ? Parce que les infos que l’on trouve sur le Bitcoin sont souvent incomplètes, fausses, ou idéologiquement très biaisées (c’est le cas de la page Wikipedia qui raconte à peu près n’importe quoi). Donc : comme toujours, pour ne pas se faire manipuler, il faut se renseigner et garder un esprit critique.
    Mon deuxième conseil, également général : je n’ai pour ma part investi dans Bitcoin qu’avec une logique de long-terme. Je n’ai aucune compétence pour savoir s’il est utile de faire du trading rapide avec Bitcoin. Je n’en ai pas le temps non plus d’ailleurs. Donc je ne parle pas de cela dans le billet. Je vois le Bitcoin comme une vague de fond qui va radicalement changer les choses, et je m’en veux de ne pas en avoir acheté il y a 10 ans. Mieux vaut tard que jamais. Je ne vendrai qu’en cas de force majeure mes bitcoins.

    Rappel des bases

    J’ai rappelé des éléments clés dans d’autres billets (« L’étalon Bitcoin » et « Bitcoin : comprendre et investir« ) et vous trouverez plein de choses sur internet (par exemple sur la chaîne de JonBlack). Je redonne quelques éléments clefs en lien avec la démarche d’achat de Bitcoin.
    Le Bitcoin est une monnaie digitale pair-à-pair (sans autorité centrale), dont le fonctionnement a été posé dès le départ : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoins (les bitcoins sont divisables en 100 millions de sous-unités, les satoshis). Toutes les opérations (création par les opérations de minage, transactions) sont inscrites dans un registre public, crypté, la fameuse blockchain (chaîne de blocs : parce qu’un nouveau bloc contenant les nouvelles informations y est ajouté, à la suite des autres, toutes les 10 minutes). Tous les noeuds du réseau Bitcoin ont toutes les informations permettant de vérifier une transaction : la source possède-t-elle bien les bitcoins ? Pas besoin de passer par une autorité centrale pour vérifier les transactions, ce sont les noeuds du réseau qui valident.
    Posséder des bitcoins, concrètement, ça veut dire posséder ses clés privées d’accès à un portefeuille (Wallet). Je ne rentre pas dans le détail (vous pouvez lire cet article), mais la blockchain sécurise les transactions avec une clef publique (qui permet d’avoir l’adresse où envoyer l’argent), et une clef privée (gardée secrète qui permet de valider les transactions). C’est beaucoup plus complexe que cela, et intéressant d’ailleurs, mais en gros ça suffit pour notre propos ici. Donc : posséder des bitcoins, c’est avoir réalisé une transaction dans laquelle quelqu’un va nous envoyer des bitcoins vers une adresse de « portefeuille digital ». Bien sûr, en échange de cela il voudra de l’argent ou un autre actif, et il ne validera la transaction qu’en étant garanti de l’échange. La transaction verra votre portefeuille (Wallet) être crédité du montant correspondant, et vous êtes le seul à pouvoir y accéder (grâce à votre clef d’accès). Les autres peuvent y accéder pour y verser des Bitcoin, via la clef publique, mais vous êtes le seul à pouvoir valider une transaction qui partirait de votre Wallet pour aller ailleurs.
    Cela permet de comprendre pourquoi il faut donc 1) acheter des bitcoins et 2) les mettre à l’abri dans un Wallet.

    Acheter des bitcoins

    Pour acheter des bitcoins, le plus simple est de s’inscrire sur une plateforme d’échange (Exchange). En créant un compte sur une telle plateforme, vous pourrez y verser des euros, et avec cet argent acheter des Bitcoins moyennant une petite commission (et vous pourrez aussi y acheter d’autres cryptomonnaies, nous y reviendrons). J’ai choisi pour ma part d’utiliser Coinbase, mais il en existe plein d’autres bien sûr (Binance, eToro, Kraken). Vous imaginez bien qu’avec les montants en jeu (marché du bitcoin à l’heure où j’écris ces lignes : 1274 Milliards d’Euros), il y a quelques personnes intéressées pour apporter des services aux utilisateurs du Bitcoin. J’ai choisi Coinbase car c’était une des deux plus importantes, et parce que son patron Brian Armstrong, s’était fait remarquer en expliquant que les activistes woke ou cinglés du climat n’avaient rien à faire dans sa boite, qui est là pour servir ses clients et pas faire de la propagande. Bon il ne l’a pas dit comme cela, mais j’ai aimé son courage.
    Créer son compte est très simple sur ces plateformes qui ont aussi des apps smartphones bien sûr. Cela implique également, puisque cela revient à créer à un compte bancaire, une déclaration aux autorités fiscales. Catégorie « Déclaration de compte d’actifs à l’étranger« .
    Une fois cette étape franchie, vous aurez un compte en ligne, sur lequel vous pourrez verser des euros, et acheter des bitcoins… ou d’autres cryptomonnaies.

    Remarques sur les « autres » cryptomonnaies

    J’avais, au tout début, acheté du bitcoin, et puis un peu d’Ethereum, et puis un peu de Solana, et puis deux trois autres crypto en petites quantités. Partant du principe qu’il était de bon sens de diversifier son portefeuille. J’avais en gros 80% de BTC et 20% du reste. J’ai changé d’avis. Après avoir lu pas mal sur le sujet, je pense comme à peu près tous ceux qui ont lu sur le sujet sérieusement : Bitcoin est une invention extraordinaire, et les autres crypto (appelées AltCoins) sont dans une de ces catégories :

    • des copies arrivées bien après (donc sans grosse capitalisation et probablement sans avenir, la copie étant moins intéressante et robuste que l’originale)
    • des services adossés à des cryptomonnaies sans intérêts, qui probablement ne nécessitent pas d’utiliser de blockchain puisqu’ils ne sont pas réellement décentralisés
    • soit carrément des projets plus ou moins fumeux uniquement là parce que les milliards de monnaie d’Etats (ou monnaies FIAT) injectés dans l’économie servent aussi et toujours à financer des projets très risqués qui n’auraient pas été financés sans cette monnaie facile. C’est la même chose dans le monde des Startups…

    Je suis donc devenu un « bitcoin only ». Comme je le répète, tous ceux qui bossent le sujet. Les meilleurs projets dans le monde des « cryptos » ou des « tokens » sont à mon avis des services (comme Coinbase) qui permettront de faciliter l’usage du Bitcoin, mais sans la complexité et la lourdeur de la blockchain (qui dans le cas du bitcoin se justifie car c’est la technologie qui permet de garantir la décentralisation – transaction sans tiers de confiance).

    Sécuriser ses bitcoins

    Pourquoi faut-il sécuriser ses bitcoins ? Parce que quelle que soit la confiance que l’on place dans les Exchanges, ils ont été victimes, à plusieurs reprises, de hacking (au passage Le Bitcoin, non). Or, si vos bitcoins sont sur l’exchange, vos clefs aussi. Donc, selon la gravité du hacking – peu probable restons réalistes – vous pourriez perdre vos bitcoins. La plupart des plateformes d’échanges, désormais, détiennent vos bitcoins & vos clefs en dehors du réseau, ce qui limite beaucoup les risques.
    Bref : il est donc plus sûr de faire comme les exchanges, c’est-à-dire mettre ses bitcoins hors du réseau, dans un wallet (portefeuille). Il en existe en ligne (Coinbase en propose un par exemple), et hors-ligne (hardware ou papier). J’ai opté pour cette dernière option et j’ai choisi le wallet hardware Trezor (on peut citer aussi Ledger, ou Coldcard). Tous mes satochis / bitcoins sont donc hors-ligne. Personne ne peut me les voler. Coinbase m’a servi à acheter des bitcoins, mon Trezor me sert à les stocker. Comme je suis dans une logique de long-terme je n’ai pas besoin qu’ils soient utilisables tout de suite en ligne. La sécurité est doublée : une phrase de 20 mots clefs gardée à part, permet de récupérer ses clefs au cas où le hardware physique serait endommagé.

    Et vous, comment gérez-vous vos cryptomonnaies ? Etes-vous Bitcoin only ou avez fait des choix différents ? Vos retours m’intéressent.

  • L’étalon Bitcoin

    L’étalon Bitcoin

    Qu’est-ce qu’une monnaie ? A quoi ça sert ? Quelles sont les caractéristiques d’une bonne ou d’une mauvaise monnaie ? C’est à ces questions que Saifedean Ammous répond dans « L’étalon Bitcoin », avant de présenter le Bitcoin qui est probablement une monnaie presque parfaite.


    Le titre de l’excellent livre de Saifedean Ammous, économiste de l’Ecole Autrichienne (dont je me revendique philosophiquement), est un peu trompeur : J’utilise dans mes articles des liens vers des pages Wikipedia : faites attention à la qualité des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des résonnances politiques.c’est d’abord et avant tout un ouvrage passionnant sur la monnaie, et l’histoire des monnaies. Bien sûr, en filigrane, il y a le Bitcoin, mais c’est seulement dans les tous derniers chapitres que l’auteur le traite à part entière, et pour montrer sur quels points spécifiques le Bitcoin est une réponse à des problématiques concrètes des monnaies à l’ère du numérique et des Banques centrales. Ce livre, je le précise, sorti en 2018, est devenu un classique sur la monnaie et Bitcoin. Il était recommandé par Philippe Herlin dans son excellent « Bitcoin : comprendre et investir« , et également par Jon Black dont je suis l’excellente chaîne Youtube. Sauf mention contraire, les citations dans cet article sont tirées du livre.

    Qu’est-ce qu’une monnaie ?

    J’avais beaucoup apprécié la lecture de l’ouvrage de Pascal Salin « La vérité sur la monnaie », dont j’ai pu réviser, grâce à « L’étalon Bitcoin » un certain nombre d’éléments. Je trouve extrêmement important de comprendre ce qu’est une monnaie, et je synthétise ici les points clefs pour en garder trace, et les partager avec vous, chers lecteurs.

    Moyen d’échange

    Les échanges directs ne sont pas toujours simples entre humains : il faut pour qu’ils soient possible une quadruple coïncidence difficile à réaliser dans la pratique (de besoins, de temps, d’échelle, de lieux). Si j’ai des carottes à échanger contre du bois, il faut qu’au moment (temps) où j’ai besoin de bois, j’ai en au même endroit que moi (lieux), quelqu’un qui a du bois et besoin de carottes (besoins), et que j’ai suffisamment de carottes pour avoir du bois (échelle). Une monnaie est d’abord et avant tout un bien qui résous ce problème : un intermédiaire qui sert de moyen d’échanges. Un tel bien, s’il est suffisamment accepté comme moyen d’échanges, permet à chacun de ne plus se préoccuper de trouver ceux qui ont, au bon moment, les bons biens à échanger contre le sien. Ce premier aspect de la monnaie est essentiel, car il est consubstantiel à la possibilité de la division du travail. Sans monnaie, je suis presque obligé de moi-même disposer d’un peu de bois, sous peine de ne jamais rencontrer cette quadruple coïncidence. Avec une monnaie, je sais que je peux me concentrer sur mes carottes, les échanger contre le bien qui sert de monnaie, et que grâce à cette monnaie je pourrais facilement me procurer du bois (et toutes les autres choses dont je pourrais avoir besoin).
    C’est la fonction par excellence de la monnaie que d’être un médium d’échange – en d’autres termes, c’est un bien acquis non pour être consommé (un bien de consommation), non pour être employé pour la production d’autres biens (un investissement ou un capital), mais en priorité pour être échangé contre d’autres biens.

    Réserve de valeur

    Tous types d’objets ou de bien peuvent servir de monnaie : il y a eu dans l’histoire de l’humanité des monnaies en coquillage, en pierre, en sel, en animaux, en métaux précieux, en papier monnaie, etc… Il est important que cette monnaie soit facilement échangeable ou vendable (liquide), et qu’elle le soit de manière durable dans le temps. Il faut donc éviter des monnaies qui pourraient pourrir dans le temps (soit parce qu’elles sont organiques, soit parce qu’elles seraient soumises à différentes formes de détérioration – corrosion, érosion, etc..). Mais cette intégrité physique ne suffit pas.
    Pour qu’un bien garde sa valeur, il est aussi nécessaire que la disponibilité de ce bien ne s’accroisse pas considérablement pendant la période où il est détenu par son propriétaire. Il y a une caractéristique commune aux différentes formes de monnaie à travers l’histoire qui est l’existence d’une mécanisme restreignant la production de nouvelles unités du bien servant de monnaie afin de maintenir la valeur des unités existantes. La difficulté relative de production de nouvelles unités monétaires détermine la dureté d’une monnaie. Une monnaie dont la production est difficile à accroitre est qualifiée de monnaie dure alors que la monnaie facile est celle dont la production en grande quantité est élastique.
    Cette dureté peut se mesurer assez facilement en faisant le rapport de deux choses : le stock (quantité totale existante de cette monnaie) et le flux (la production supplémentaire qui sera faite au cours de la prochaine période). Plus ce ratio stock/flux est élevé, plus nous avons affaire une monnaie dure. Saifedean Ammous insiste sur le fait que dans l’histoire des monnaies, les biens qui ont duré le plus comme monnaie, sont les plus durs, c’est-à-dire les monnaies dotées de mécanismes de protection contre la production facile. Un autre aspect : tout changement dans les conditions de production d’une monnaie particulière peut complètement renverser sa valeur. L’exemple historique des monnaies de pierre des îles Yap vaut le coup d’être découvert (l’auteur le décrit de manière détaillée sous l’angle purement monétaire).

    Unité de compte

    Un autre aspect fondamental de la monnaie est le fait de pouvoir servir d’unité de compte. Le fait qu’un bien soit diffusé largement et utilisé comme moyen d’échange rend possible d’exprimer les prix de tous les autres biens dans cette unité de compte. Cet élément est fondamental parce qu’il permet l’existence d’un système de prix, facilitant énormément les calculs économiques variés, et la circulation de l’information. L’existence de prix, en effet, permet à de nombreux acteurs économiques de se coordonner sans avoir besoin de communiquer entre eux. La variation d’un prix d’une matière première permet à ceux qui l’utilisent d’ajuster en conséquence leur activité sans avoir besoin d’aller se renseigner sur le détail des variations des conditions de production de cette matière première. C’est un des fondamentaux de l’efficacité d’un marché libre avec un système de prix : il permet une coordination spontanée, décentralisée, de nombreux acteurs de manière particulièrement efficace, en permettant la circulation de l’information, et l’auto-régulation des activités des acteurs entre eux sur la base de ces informations. C’est pour cette raison que la fixation arbitraire des prix, toujours, détruit la liberté et nuit à l’efficacité collective des échanges. Hayek avait expliqué tout cela dans un article fameux de 1945 « The use of knowledge in Society« .

    Voilà des élément importants de connaissances sur ce qu’est une monnaie, c’est-à-dire ces billets de banques, ces euros, que nous utilisons tous les jours de multiples fois. Moyen d’échange, réserve de valeur, unité de compte, voilà les 3 caractéristiques majeures d’une monnaie, qui peut être plus ou moins dure (solide).

    La place des Etats dans l’appauvrissement du monde

    L’histoire des monnaies que dresse ensuite l’auteur pourrait tenir en quelques principes, illustrés par nombreux exemples concrets historiques, documentés et vérifiables :

    • Toute personne qui a la capacité à créer de la monnaie ne pourra pas résister longtemps à le faire. Quand il le fait, il s’enrichit au détriment de tous ceux qui en détenaient avant (il créé de toute pièce une richesse pour lui, en faisant perdre de la valeur à la monnaie que tous les autres utilisent)
    • Toutes les périodes fastes de développement économique ont coïncidée avec des monnaies dures (le Florin, le Ducat, l’étalon-or)
    • La main mise par les Etats sur les monnaies, et l’uniformisation de leur gestion de l’inflation, conduit à des monnaies de mauvaise qualité, qui appauvrissent les gens à chaque nouvelle inflation de la masse monétaire, et encourage ainsi des comportements orientés sur la consommation immédiate et d’endettement plutôt que sur l’épargne et le pari sur le futur. Si je n’ai pas d’assurance que mon épargne en euro vaudra encore quelque chose dans 5 ou 10 ans, j’ai intérêt à emprunter ou à dépenser cette monnaie de mauvaise qualité rapidement. Ces emprunts et ces dépenses, contrairement à l’épargne et à l’investissement, limitent l’énergie que nous mettons à améliorer les moyens de production.
    • L’utilisation d’une mauvaise monnaie permet aux politiciens d’emprunter pour financer tout un tas de projets fumeux, sans avoir à faire peser ces choix sur les citoyens directement (ce qui serait le cas s’ils passaient par l’impôt). Mais ce n’est qu’une manière de différer le poids : la dette s’accumule, les projets destructeurs de valeur aussi, les bulles d’investissements qui existent uniquement parce que de grandes quantité d’argent sont régulièrement créés de toute pièce et injectées dans l’économie. Dans tous les secteurs, on trouve des activités dont la seule raison d’être est qu’elles ont pu être créées avec cet argent facile.

    Je ne reviens pas trop en détail sur les exemples historiques que cite l’auteur. Il y a en de nombreux. Selon lui, l’abandon de l’étalon or à peu près au moment de la première guerre mondiale a été une des causes des problèmes rencontrés par l’Occident depuis cette époque. Et toujours pas résolu, car l’inflation de la masse monétaire est devenue une sorte de règle de fonctionnement des monnaies étatiques, que nous sommes obligés d’utiliser. Von Mises avait résumé cela (cité dans le livre) :
    Les gouvernements pensent que … quand il y a le choix entre un impôt impopulaire et une dépense très populaire, ils ont une solution – la voie vers l’inflation. Ceci illustre le problème né de l’abandon de l’étalon-or.
    Ludwig Von Mises, extrait d’une conférence

    Le cas de Keynes

    On peut se demander pourquoi, sachant tout cela, nous continuons à accepter ce genre de politique. Un des éléments de réponse, passionnant, est qu’une partie des économistes, politiciens, élites, sont biberonné avec la pensée de Keynes, chantre de l’intervention étatique dans l’économie, enseigné dans toutes les universités. Cette pensée économique, Saifedean Ammour le montre citations et raisonnements à l’appui, est complètement fausse sur pleins de points (mais continue pourtant à être enseignée). Elle repose sur l’idée, jamais démontrée ou argumentée par Keynes, que l’activité économique est d’autant meilleure que les Etats s’endettent. Et donc, il est légitime qu’ils aient la main sur la monnaie et en créent beaucoup pour s’endetter. C’est bien sûr le contraire que l’on constate. Mais, c’est ce qu’une partie des gens apprennent en cours. Par ailleurs, l’auteur montre qui était Keynes, fils d’une famille richissime famille, né avec une cuillère en or dans la bouche, pédophile, partisan d’un eugénisme et d’un totalitarisme soft assumé.

    Le Bitcoin comme monnaie parfaite ?

    Le Bitcoin s’inscrit très exactement dans cette histoire des monnaies, à l’ère du numérique. C’était la question de son génial inventeur dont seul le pseudonyme est connu (Satoshi Nakamoto) : « comment créer une monnaie numérique liquide pair-à-pair ? ». Il a construit, avec d’autres, et depuis avec une armée de développeurs, une réponse aux vœux exprimés par Hayek en 1984 (cité dans le livre):
    Je ne crois pas que nous aurons à nouveau une bonne monnaie avant que nous ne reprenions la chose des mains du gouvernement. Autrement dit, nous ne pouvons pas le reprendre d’une manière violente des mains du gouvernement, tout ce que nous pouvons faire, c’est introduire d’une façon rusée et par un moyen détourné quelque chose qu’ils ne peuvent pas arrêter.
    J’ai passé déjà quelques dizaines d’heures à étudier le Bitcoin, et il faut reconnaître que c’est une invention géniale. En voici quelques éléments clefs, bien sûr beaucoup plus approfondis dans le livre, dont je ne peux que recommander chaudement la lecture (que vous ayez envie ou non d’investir dans du Bitcoin, car c’est un excellent ouvrage d’économie monétaire et d’histoire de la monnaie).

    • Stock limité : le code mis en place pour le bitcoin a posé cela dès le début : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoin (chaque bitcoin est divisé en 100 millions de satoshis). Depuis l’apparition du bitcoin, en 2009, le nombre de bitcoin en circulation augmente, de moins en moins vite, et se terminera vers 2140. Cela fait du bitcoin la monnaie la plus dure qui soit : un accroissement de sa valeur ne peut pas entraîner un accroissement de son offre.
    • Sans intermédiaire : le fonctionnement du Bitcoin est basé sur un réseau de nœuds (logiciel installé sur un ordinateur pour faire vite) qui détiennent tous une copie, mise à jour en temps réel, de toutes les transactions bitcoin depuis le début. Ce registre particulier, crypté (reposant sur une blockchain, dont c’est selon l’auteur la seule application concrète), sert à vérifier à chaque transaction la possibilité de celle ci. Celui qui envoie des bitcoins à un autre a-t-il réellement en sa possession ces bitcoins ? Le fonctionnement du bitcoin est génial sur ce point : il est très coûteux pour les mineurs (des nœuds particuliers du réseau) de générer de nouveaux bitcoins, ou de générer une transaction dans le registre, et il est très facile pour le réseau de vérifier la validité des transactions et des nouveaux bitcoins. Du coup, il y a un mécanisme économique génial qui rend très difficile – impossible – la fraude. Pas besoin d’une autorité centrale, ou d’un tiers, pour valider les opérations : le réseau de nœuds sert à cela.
    • Premier vrai transfert numérique : comme l’explique très bien l’auteur, « Bitcoin est le premier exemple d’objet numérique dont le transfert met fin à sa détention par l’expéditeur. Nakamoto a inventé la rareté numérique
    • Ultra-robuste : depuis son apparition, il y a eu pas mal de tentatives de hackers, ou simplement de gens qui pensaient pouvoir améliorer le bitcoin, pour modifier le code bitcoin. Toutes ces tentatives, décrites dans le livre, ont échouées car le fonctionnement en réseau rend quasi-impossible le fait de faire évoluer le code, et par ailleurs très peu rentable économiquement. Il faudrait des moyens colossaux pour réussir à contrôler la moitié des nœuds du réseau, et l’opération, si elle réussissait, conduirait à une perte importante de la valeur du Bitcoin, donc rendrait cette opération encore moins rentable.

    Le bitcoin, pour finir, est tout à fait fascinant. C’est le fruit d’une idée de génie, puis d’une communauté de développeurs qui ont amélioré le code, patiemment, de manière très conservative (c’est très bien décrit dans l’ouvrage). La valeur du bitcoin, qui n’est plus à prouver, repose sur ses caractéristiques de conception, et sur ces nombreuses petites évolutions faites par la suite. Il évolue selon des règles catallactiques désormais. C’est un exemple de ce que le philosophe Ferguson appelle « le produit de l’action humaine et non une conception humaine ».
    Un dernier point qui est surprenant, pour illustrer les propos précédents, est la Loi de puissance que semble suivre le cours du bitcoin. Sur six ou sept ordres de grandeur de prix, l’évolution temporelle du bitcoin suit (avec bien sûr beaucoup de fluctuations et de volatilité) une loi de progression simple qui semble traduire, de mon point de vue, la dureté de cette monnaie. A date 25 juillet 2024, voici la photo du bitcoin :

    • Nombre de bitcoins en circulation : 19 730 450
    • Valeur d’un bitcoin en Euros : 59 000

    Je ferai prochainement un billet pratico-pratique sur la manière d’acheter et sécuriser des bitcoins.