Réfléchir pour canaliser les émotions
Le monde est le siĂšge de rapports de forces, de conflits qui ne nous concernent pas forcĂ©ment directement, mais qui, par l’horreur qu’ils ne peuvent manquer de nous faire ressentir, nous impliquent Ă©motionnellement de toutes façons. Pour ne pas ĂȘtre submergĂ©s par les Ă©motions, et pour Ă©viter de laisser la colĂšre ou la peur devenir nos conseillĂšres, il convient donc de rĂ©flĂ©chir sur ces conflits le plus sereinement possible.
Définition du conflit
Comme d’habitude, pour rĂ©flĂ©chir, il est toujours Ă©clairant de vĂ©rifier les dĂ©finitions des mots que l’on utilise pour prĂ©ciser et affiner sa pensĂ©e : les mots sont les seuls liens avec les idĂ©es que l’on peut partager – presque – objectivement et rationnellement. Le ‘presque’ dans la phrase prĂ©cĂ©dente n’est pas une raison pour abandonner cet effort, mais au contraire une raison supplĂ©mentaire de le faire. Savoir qu’on n’atteint pas l’absolu ne doit pas empĂȘcher de le viser. Pour rĂ©flĂ©chir juste, et pour Ă©changer avec les autres, il faut partir des dĂ©finitions.
DĂ©finissons le conflit, d’abord :
Forte opposition, divergence profonde, différend grave, vif désaccord.
Le conflit peut se résoudre en général de deux maniÚres :
- en parlant, et c’est ce qu’on appelle la politique (l’art de gĂ©rer les conflits)
- avec les armes, et c’est ce qu’on appelle la guerre (le rĂšglement armĂ© des conflits)
Que la premiĂšre solution soit prĂ©fĂ©rable Ă Â la seconde, je crois que ça ne fait pas l’ombre d’un doute. Qu’elle le soit toujours n’est pas aussi sĂ»r : il faut pour cela que la rĂ©solution politique soit possible, et que la solution sur laquelle elle amĂšne soit satisfaisante. C’est toute la diffĂ©rence entre un pacifique et un pacifiste. Voyons cela.
Pacifique ou pacifiste ? j’ai choisiâŠ
Partons des définitions pour vérifier ce qui différencie le pacifique et le pacifiste.
Pacifique : Qui aime la paix, qui aspire Ă Â la paix, qui vit en paix.
Pacifisme : Doctrine ou attitude qui fait de la paix entre les nations un bien qui conditionne tous les autres et qui doit ĂȘtre fondĂ© sur des bases autres que celles de la paix armĂ©e.
Il est clair que nous sommes, pour la plupart, pacifiques. Seuls les gens belliqueux â au sens propre du terme : qui veulent la guerre â ne sont pas pacifiques. Les intĂ©gristes musulmans ne sont pas pacifiques quand ils disent vouloir rayer IsraĂ«l et l’Occident de la carte. On peut, par contre, ĂȘtre pacifique (aspirer Ă Â la paix) sans ĂȘtre pacifiste. Le pacifiste en effet, place la paix (l’absence de guerre) au dessus de tout. C’est-Ă Â -dire au-dessus, par exemple, de la justice et de la libertĂ©. Aucun bien ne pourrait, aux yeux d’un pacifiste, justifier une guerre. C’est bien lĂ Â , donc, la diffĂ©rence entre un pacifique et un pacifiste : tous deux aspirent Ă Â la paix, et aiment la paix ; mais quand le pacifiste place la paix au-dessus de tout, le pacifique accepte que certaines choses puissent nĂ©cessiter la guerre. Qu’est-ce que la guerre ?
Guerre : Rapports conflictuels qui se rÚglent par une lutte armée, en vue de défendre un territoire, un droit ou de les conquérir, ou de faire triompher une idée.
ConquĂ©rir un monde plus juste, plus libre peut-il justifier une guerre ? il me semble que oui. La guerre menĂ©e par les amĂ©ricains pendant la seconde guerre mondiale Ă©tait-elle justifiĂ©e ? il me semble que oui. Je suis, pour ma part, farouchement pacifique. J’aspire Ă Â la paix presque plus qu’Ă Â tout. La paix est la condition nĂ©cessaire Ă Â l’Ă©tablissement de tout le reste. Mais si libertĂ© n’existe plus ? mais si l’injustice devient la rĂšgle ? Il y a, malheureusement, des guerres utiles. Je ne suis pas pacifiste. Et vous ?
L’argument de la peur
L’argument gĂ©nĂ©ralement avancĂ© ensuite par un pacifiste, argument difficile parce qu’on parle ici de choses trĂšs graves, est le suivant : « Puisque tu penses que la guerre peut se justifier, accepterais-tu de te battre ? ». Effectivement, bonne question â centrale, mĂȘme -.
Mais l’objection a ses limites : si la seule raison d’ĂȘtre du pacifisme est la peur de se battre, alors il n’a plus, comme qualitĂ© morale, que les attributs d’un excĂšs de prudence. Si on pense qu’un conflit ne peut plus se rĂ©soudre par la politique, et qu’on reste dans l’inaction par peur de la guerre, on n’est pas moralement juste, on est simplement peureux. J’ajoute qu’on peut avoir encore plus peur de l’Ă©volution du monde sans guerre, que de la guerre. Quel monde Ahmadinejad prĂ©pare-t-il ?
Urgence extrĂȘme
On sait quelle sociĂ©tĂ© Ahmadinejad et les islamistes veulent prĂ©parer. Un monde sans juif. Un monde soumis Ă Â l’Islam et la Charia. Un monde de rĂ©gression absolue, sans libertĂ© de penser et d’agir. Bien sĂ»r, la guerre doit toujours ĂȘtre le dernier recours, et l’on doit dĂ©ployer des forces colossales pour l’Ă©viter. Mais ça veut dire qu’il faut dĂ©ployer, de maniĂšre plus qu’urgente, des forces – plus importantes que ce que l’on fait pour l’instant – pour mettre la pression sur l’Iran.
L’ONU doit faire peser, rapidement et fermement, une menace d’intervention militaire sur l’Iran. Notre diplomatie doit ĂȘtre orientĂ©e dans ce sens : l’Iran doit cĂ©der, et laisser les instances internationales, profondĂ©ment pacifiques, contrĂŽler son nuclĂ©aire civil et bannir son nuclĂ©aire militaire. Toute attitude opposĂ©e (et c’est le cas pour l’instant) est une dĂ©claration ouverte de guerre. La France doit peser de tout son poids Ă Â l’ONU dans ce sens, Ă Â mon avis. Pour que l’issue politique reste possible, pour Ă©viter la guerre. Parce que toute personne pacifique dĂ©teste la guerre pour ce qu’elle est : une horreur.