« Innovate or die » aurait pu ĂȘtre le sous-titre du livre de Pascal Picq « Un palĂ©oanthropologue dans lâentreprise ». A la place, il a mis « Sâadapter et innover pour survivre », ce qui est plus juste. Pascal Picq est un Ă©minent membre du CollĂšge de France, et il oeuvre depuis une quinzaine dâannĂ©es pour introduire des notions rapportĂ©es de la thĂ©orie de lâĂ©volution darwinienne dans lâentreprise (avec lâAPM, ou lâAcadĂ©mie des Entrepreneurs). Son livre est facile Ă Â lire, bourrĂ© de notions et dâidĂ©es de tous les horizons, et câest ce qui en fait la richesse. On y voit Ă Â lâoeuvre non un spĂ©cialiste, mais un passeur, un jongleur, prĂȘt Ă Â faire des raccourcis pour faire bouger les lignes. Câest un livre enthousiasmant, Ă©clairant, jubilatoire. Le parallĂšle dressĂ© entre « capacitĂ© dâadaptation » (pour des individus et des espĂšces) et « innovation » (pour les entreprises et les sociĂ©tĂ©s) est puissant.
Je nâai pas appris grand-chose sur la thĂ©orie de lâĂ©volution (que je connaissais dĂ©jĂ Â un peu), mais jâai par contre dĂ©couvert avec un grand plaisir que ce champ de connaissance ramenĂ© dans lâentreprise vient renforcer un certain nombre de thĂšmes que lâinnovation fait Ă©merger aussi :
- la notion de reine rouge (image repiquĂ©e par la biologie Ă Â Lewis Carroll) : dans un environnement mouvant, il faut bouger pour ĂȘtre immobile ; les entreprises doivent ĂȘtre capables dâĂ©voluer pour rester adaptĂ©es dans un monde en perpĂ©tuelle Ă©volution. De cela dĂ©coule la notion de coĂ©volution : il est prĂ©fĂ©rable de travailler avec son Ă©co-systĂšme (y compris les concurrents) pour continuer Ă Â sâadapter. Sans concurrents, lâillusion dâun environnement fixe revient rapidement, et lâentreprise perd sa capacitĂ© dâadaptation, dâinnovation.
- lâimportance dâune culture faisant la part belle Ă Â lâessai / erreur. Notre culture europĂ©enne, et particuliĂšrement la culture française, est encore trop attachĂ©e Ă Â des structures de dĂ©cisions et opĂ©rationnelles verticales, oĂč « lâĂ©chec » est vĂ©cu comme une catastrophe. Lâinnovation, comme lâadaptation Ă Â lâenvironnement, ne passe que par le fameux couple « variation / sĂ©lection ». Il faut gĂ©nĂ©rer de la diversitĂ© (variation), et la pression de lâenvironnement fera Ă©merger ce qui fonctionne (sĂ©lection).
- lâarrivĂ©e en force de la ResponsabilitĂ© Sociale de lâEntreprise, et du dĂ©veloppement durable. Cela converge admirablement avec les thĂšses de SĂ©grestin & Hatchuel. Ce serait dâailleurs une maniĂšre intĂ©ressante de pousser ce sujet que de les faire se rencontrerâŠ
- la nĂ©cessaire porositĂ© avec le monde extĂ©rieur au sein des entreprises : les dirigeants ont intĂ©grĂ©s que lâĂ©volution dĂ©pend de facteurs internes, mais ils oublient parfois Ă Â quel point elle dĂ©pend aussi de facteurs externes. Je ne peux quâapplaudir des deux mains Ă Â ce constat simple, mais Ă Â rappeler en permanence, surtout avec celui de la nĂ©cessaire co-Ă©volution : les autres acteurs, y compris les concurrents, ne sont pas des ennemis, mais les membres dâun Ă©cosystĂšme commun.
Pour en découvrir un peu plus je vous invite à  regarder cette conférence de Pascal Picq, et bien sûr à  aller acheter cet excellent bouquin !





