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  • L’enracinement

    L’enracinement

    C’ est un livre formidable dont je vais faire la recension aujourd’hui. Il s’agit de « L’enracinement« , de Simone Weil. Albert Camus avait dit (c’est lui qui avait fait publier l’ouvrage de manière posthume) qu’il était « l’un des livres les plus lucides, les plus élevés, les plus beaux qu’on ait écrits depuis fort longtemps sur notre civilisation. […] Ce livre austère, d’une audace parfois terrible, impitoyable et en même temps admirablement mesuré, d’un christianisme authentique et très pur, est une leçon souvent amère, mais d’une rare élévation de pensée. »

    Livre indispensable

    C’est grâce à  un « discuteur » de ce blog, avec qui j’ai noué des liens à  la fois professionnels et d’amitié, Quentin, que j’ai découvert cet auteur. Je l’en remercie très vivement. La pensée de Simone Weil est indispensable. Et il est tout aussi indispensable d’aller regarder un peu son parcours, si étonnant, et si courageux. Engagée auprès du peuple, des ouvriers, auprès des opposants à  Franco pendant la Guerre d’Espagne, puis à  Londres pendant la guerre, toujours fidèle à  sa quête spirituelle, mystique, elle est morte dans un sanatorium anglais en 1943.
    Comme pour G. K. Chesterton, je poste cet article avant d’avoir terminé la lecture, tant il m’apparaît évident qu’il faut lire ce livre. La structure en est simple : une première partie partie décrit les besoins de l’âme, puis elle décrit divers types de déracinements, pour enfin arriver sur l’enracinement. Qu’est-ce que l’enracinement ? La définition générale est donnée au début de la seconde partie :
    L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à  définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à  l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à -dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.

    Les besoins de l’âme

    Les deux parties les plus copieuses, la deuxième et la troisième, sont pleines de choses variées, riches, profondes, déconnantes parfois, mais toujours animées par un sincère besoin de chercher et trouver la vérité. Il y a dedans quelques pages magnifiques sur la condition des ouvriers, sur la nature du travail, sur la France. Vraiment une mine d’or. J’avoue avoir encore préféré la première partie, lumineuse, et où l’on peut lire l’influence de son maître Alain : des petits textes très courts, très ciselés, et qui disent beaucoup en peu de mots. Voici le passage qui introduit ces différents petits textes, chacun dédiés à  un besoin de l’âme :
    La première étude à  faire est celle des besoins qui sont à  la vie de l’âme ce que sont pour la vie du corps les besoins de nourriture, de sommeil et de chaleur. Il faut tenter de les énumérer et de les définir.
    Il ne faut jamais les confondre avec les désirs, les caprices, les fantaisies, les vices. Il faut aussi discerner l’essentiel et l’accidentel. L’homme a besoin, non de riz ou de pomme de terre, mais de nourriture ; non de bois ou de charbon, mais de chauffage. De même pour les besoins de l’âme, il faut reconnaître les satisfactions différentes, mais équivalentes, répondant aux mêmes besoins. Il faut aussi distinguer des nourritures de l’âme les poisons qui, quelque temps, peuvent donner l’illusion d’en tenir lieu.

    Voici la liste des « besoins de l’âme » identifiés par Simone Weil : l’ordre, la liberté, l’obéissance, la responsabilité, l’égalité, la hiérarchie, l’honneur, la châtiment, la liberté d’opinion, la sécurité, le risque, la propriété privée, la propriété collective, la vérité. Tous ces petits chapitres sont des bijoux. Sa seule faiblesse, mais c’est aussi le risque qu’elle prend, est de vouloir préciser le détail de ce que devrait être selon elle l’ordre juste des choses. Parfois elle tape juste, parfois non.
    Je ne peux que recommander très chaudement la lecture de ce livre atypique, écrit par un personnage atypique, jeune, incandescent.
    Je laisse la parole avec un exemple du style si particulier de Simone Weil, à  propos de l’égalité :

    L’égalité est un besoin vital de l’âme humaine. Elle consiste dans la reconnaissance publique, générale, effective, exprimée réellement par les institutions et les moeurs, que la même quantité de respect et d’égards est due à  tout être humain, parce que le respect est dû à  l’être humain comme tel et n’a pas de degrés.

  • Illibéralisme ?

    Illibéralisme ?

    Le dernier numéro de l’Incorrect est probablement le meilleur depuis le début. Il tape très fort en mettant l’accent sur ce qui se passe dans les pays de l’Est, et avec des interviews d’Eric Zemmour et Boualem Sansal. Et il m’a bousculé : dès l’édito de Jacques de Guillebon, La muselière, apparaît le mot illibéralisme. C’est un point de controverse récurrent avec mes amis de L’Incorrect : je suis le libéral de la bande, et ils n’entendent pas la liberté comme je l’entends.

    Bien sûr, il ne s’agit pas d’un tic de langage. Il s’agit d’un des thèmes mis en avant par Viktor Orban dans ses discours. Dire qu’il a théorisé l’illibéralisme, c’est tout de même un peu fort ; disons qu’il utilise le terme, et qu’il y a un mis un contenu. Le numéro du magazine m’a donc bousculé, énervé, et finalement m’a forcé à  réfléchir. Ce qui est le meilleur compliment que je puisse faire à  l’équipe de rédaction.

    Le libéralisme, bouc émissaire ?

    Raymond Boudon utilise également le terme illibéralisme pour désigner « cette théorie latente, souvent présente à  l’état semi-conscient, selon laquelle toute relation sociale conflictuelle serait un jeu à  somme nulle. Ce prisme d’analyse, très couramment utilisé, ignore qu’une possible coopération se cache derrière tout conflit […]». Rien à  voir, ou pas grand-chose avec ce dont il est question ici.

    Les opposants affichés au libéralisme font une sorte de gloubiboulga pour mettre sur le dos du libéralisme, tour à  tour : le consumérisme, la marchandisation du corps humain, l’abandon des frontières, Le libéralisme est devenu le bouc-émissaire idéologique par excellence.la perte d’identité. Et pourquoi pas la destruction de la planète, pendant qu’on y est ? Quelle boutade ! C’est la logique du bouc-émissaire, si bien décrite par René Girard : le libéralisme est devenu le bouc-émissaire idéologique par excellence. Comme l’avait bien décrit Christian Morel : quand il y a un problème, soit on cherche un coupable, le bouc émissaire, que l’on sacrifie pour exorciser le mal, soit on se comporte de manière rationnelle, et on cherche la manière de modifier nos modes de fonctionnements pour que le problème ne se pose pas à  nouveau dans quelques temps.

    Il est probablement commode de choisir le libéralisme comme bouc-émissaire. C’est surtout commode quand on vit dans une société dont le mode d’organisation, pacifique, ouvert, tolérant, libre, avec une égalité des citoyens devant la loi, doit à  peu près tout au libéralisme, et permet de dire à  peu près tout et n’importe quoi. Mais scier la branche sur laquelle on est assis n’a jamais constitué une manière adéquate de se comporter. Par ailleurs, choisir le libéralisme comme bouc-émissaire, c’est lui donner un caractère sacré, presque divin, qui n’est absolument pas juste intellectuellement. S’il y a une pensée rationnelle, peu idéologique, c’est bien le libéralisme. Sa vertu et sa cohérence doit probablement attiser des jalousies.

    Quelle est la fonction du bouc émissaire ? Celle d’expier les fautes pour le groupe, et de stopper la propagation de la violence. Ne sous-estimons pas les faits : le besoin et la recherche de bouc émissaire correspond à  une période sociale difficile, violente. Quelle est cette violence qui nécessite un bouc émissaire idéologique ? La vraie violence de la société d’abord, bien sûr. Les attentats. Le désarroi idéologique aussi, il me semble. Dans un époque où la vérité devient si difficile à  dire et à  discuter, où l’esprit rationnel et critique est si peu présent dans la société, il est probable que cette logique de victime expiatoire soit naturelle. Naturelle, mais dangereuse, car elle entretient une forme d’illusion de réglage des problèmes. On ne règle rien par la violence, et surtout pas dans la logique de bouc émissaire.

    Mais ça ne prend pas : intellectuellement, tout cela est du pipeau. Comment expliquer qu’il y a trop de libéralisme, dans un pays où l’état est omniprésent ? La libéralisme, c’est le respect de l’ordre spontané, la cattalaxie. La libéralisme, c’est la subsidiarité. Il n’y a pas grand chose dans la France de 2018 qui ressorte d’un excès de libéralisme.

    Est-on illibéral parce qu’on veut affirmer l’identité culturelle et historique de son pays ? Je ne crois pas, d’autant plus que notre identité culturelle est profondément occidentale et libérale.

    Les marxistes ont gagné ?

    Les marxistes ont réussi leur tour de force sémantique et idéologique : tout le monde, de l’extrême gauche à  l’extrême droite, rejette le libéralisme. La plupart du temps sans savoir ce que c’est. Mais la guerre idéologique est sur ce point, gagnée. Il est de bon ton, pour être audible, de cracher sur le libéralisme.

    Les vrais combats

    L’ennemi, on l’aura compris, n’est pas le libéralisme. Quel est-il ? Il y a, à  mon sens, deux choses qu’il s’agit de combattre, et qui ressortent d’un même trait, à  savoir une tendance à  l’excès : un excès d’ouverture à  des moeurs et éléments venant d’autres civilisations, et un excès dans l’expansion des droits à , qui est un trait de notre propre culture démocratique.

    Excès de tolérance

    Pour faire vite, par excès de tolérance à  la différence et dans une forme écoeurante de relativisme moral, nous avons laissé en France se développer des moeurs, et des modes de fonctionnement qui ne sont pas compatibles avec les valeurs occidentales. Les zones de non-droit, le communautarisme, la mise sous coupe réglée d’une partie de la communauté musulmane par les islamistes sont quelques exemples. Ces incompatibilités, ces différences, sont toujours au fond liées à  des différences de civilisations, donc de religion.
    En laissant se développer l’islam radical, par aveuglement anticlérical conduisant à  nier le fait religieux, on a provoqué un retour vers l’expression politique du fait religieux. Le christianisme doit-il s’engouffrer là -dedans ? Notre excès de tolérance nous a conduit à  tolérer des moeurs inacceptablesLes politiciens conservateurs, ou simplement amoureux de leur pays, doivent-ils nécessairement porter le drapeau d’une religion dans leurs combats politique ? Je ne le crois pas. Le christianisme, qui a inventé la laïcité, se perdrait dans ce jeu de dupes.
    C’est aux politiciens de lutter contre l’idéologie islamique, pas aux religieux. Ce faisant les catholiques et autres chrétiens tombent dans le piège redoutable d’accréditer l’idée selon laquelle l’islam serait une religion, au même titre que le christianisme. Ce qui est faux. Le christianisme est sécularisé. Le christianisme ne prône pas la guerre mais l’exemplarité, par la vertu. Sur les liens, entre politique, conservatisme et religions, je ne résiste pas à  citer un passage d’Hayek, grand philosophe, issu d’un article, « Why i am not conservative« , où il explique que le terme « libéral » a déjà  été tellement abîmé par la gauche qu’il hésite à  se dire encore « libéral ».
    Il y a cependant un aspect qui justifie de dire que le libéral occupe une position à  mi-chemin entre le socialiste et le conservateur: il est aussi éloigné du rationalisme brut du socialiste qui veut reconstruire toutes les institutions sociales selon un modèle prescrit par sa raison individuelle, que du mysticisme auquel le conservateur doit si souvent recourir. Ce que j’ai décrit comme la position libérale partage avec le conservatisme une méfiance envers la raison dans la mesure où le libéral est très conscient du fait que nous ne connaissons pas toutes les réponses, et qu’il n’est pas sûr que les réponses qu’il a sont certainement les bonnes ou même que nous pouvons trouver toutes les réponses. Il ne refuse pas non plus de demander de l’aide à  des institutions ou des habitudes non rationnelles qui ont fait leurs preuves. Le libéral se distingue du conservateur par sa volonté de faire face à  cette ignorance et d’admettre à  quel point nous savons peu de choses, sans revendiquer l’autorité de sources de connaissances surnaturelles là  où sa raison lui manque. Il faut bien admettre que, sous certains aspects, le libéral est fondamentalement un sceptique – mais avec suffisamment de modestie pour laisser les autres chercher leur bonheur à  leur manière et pour adhérer systématiquement à  cette tolérance qui est une caractéristique essentielle du libéralisme.

    Il n’y a aucune raison pour que ce besoin signifie une absence de croyance religieuse de la part des libéraux. À la différence du rationalisme de la Révolution française, le libéralisme vrai n’a rien contre la religion, et je ne peux que déplorer l’anticléricalisme militant et essentiellement illibéral qui animait le libéralisme continental du XIXe siècle. Le fait que cela n’est pas essentiel dans le libéralisme est clairement démontré par ses ancêtres anglais, les Old Whigs, qui, au contraire, étaient bien trop étroitement liés à  une croyance religieuse particulière. Ici, ce qui distingue le libéral du conservateur, c’est que, aussi profondes que soient ses croyances spirituelles, il ne se considérera jamais comme ayant le droit de les imposer aux autres et que, pour lui, le spirituel et le temporel sont des sphères différentes qui ne doivent pas être confondues.
    Notre excès de tolérance nous a conduit à  tolérer des moeurs inacceptables, à  commencer par la place de la femme dans l’islam, et par le rejet de la liberté de croyance, et de la laïcité. Rien de tout cela n’est attribuable au libéralisme.

    Expansion infinie des « droits à  … »

    Pierre Manent en a très bien parlé dans son dernier ouvrage. Notre culture démocratique nous a conduit à  accroître sans cesse l’exigence de nouveaux droits, qui dépassent maintenant largement les droits naturels qui avaient été explicités par les différents textes des révolutions libérales. Cet excès, interne à  l’Occident, et non plus externe, doit évidemment être combattu avec force. Je crois que c’est une partie de la discussion. Les dérives eugénistes, GPA, et autres délires transhumanistes, n’ont pas tellement de rapport avec le libéralisme, mais plutôt avec un manque d’éducation, de barrières morales délimitant le bien et le mal. Pas grand-chose à  voir avec le libéralisme.

    Il est tout de même piquant que ces deux choses (excès de tolérance, extension infinie des droits), que je crois lire dans les critiques du libéralisme, soient des excès ; alors que le libéralisme est une philosophie qui justement a pensé les limites que l’on devait poser au pouvoir et à  la liberté pour que la société soit juste. Le libéralisme est une pensée de la modération et de la régulation ; lui attribuer des excès est tout de même bien paradoxal, voire franchement ridicule.

    Libéral-conservatisme

    Combattre ces deux excès – excès de tolérance à  la différence, et excès d’extension des droits – doit être notre combat. Et si la cible est une partie de nos élites, alors critiquons les pour de vraies raisons… les tenants d’une Europe qui nierait l’identité des peuples ne pèchent pas par libéralisme, ils pèchent par manque d’enracinement dans leur propre histoire. C’est probablement une forme d’universalisme un peu abstrait et niant les particularismes que l’on pourrait leur reprocher, certainement pas leur libéralisme.

    Illibéralisme ou conservatisme ?

    Le petit encart de Benoît Dumoulin (p 58) pose très bien le débat. En gros, l’illibéralisme n’est pas opposé aux valeurs fondamentales du libéralisme, mais est simplement la forme actuelle « la plus aboutie du conservatisme ». Et l’on retombe sur l’éternel problème de la droite, qui décidément ne veut pas comprendre qu’elle doit être capable de faire la synthèse entre libéralisme et conservatisme, non pas de continuer à  opposer les deux.

    Il n’y a, à  mon sens, aucune incohérence dans une position politique libérale-conservatrice. Continuer à  opposer les deux, c’est manquer ce qui permettrait d’unifier, justement, la droite. Et le grand paradoxe de ce numéro de l’incorrect, c’est que Chantal Delsol, toujours passionnante, et connue pour son positionnement libéral-conservateur, rentre dans ce credo « illibéral », au lieu de nous aider à  articuler les deux, et d’être ainsi la cheville ouvrière de l’union des droites.

    La tolérance et les droits naturels sont au coeur de la pensée libérale. Il suffit pour cela de relire cette très belle phrase du préambule de la Déclaration d’indépendance américaine :

    Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.

    C’est l’excès de tolérance dont nous avons collectivement fait preuve qui fait du libéralisme une cible. Mais ni la tolérance, ni la liberté, ne doivent devenir nos ennemis. Ce sont de belles choses. Battons-nous contre ce qui n’est pas tolérable (y compris la tolérance à  l’intolérable), et n’unissons pas nos cris à  ceux qui ne visent qu’une forme ou une autre d’asservissement.

    Il appartient aux intellectuels de droite ou de gauche, de France et de Navarre, d’articuler tout cela et de penser les tensions et les paradoxes : l’universel et le particulier, la tolérance et l’identité, la liberté et l’égalité.

    L’illibéralisme n’est pas le bon outil conceptuel. Qu’Orban soit un allié potentiel pour réinventer une Europe qui assume son identité, c’est une chose. Cela ne fait pas de l’illibéralisme, mot niant la liberté, un idéal intéressant.

  • Mots simples

    Mots simples

    Le livre d’Adin Steinsaltz, rabbin et traducteur du Talmud, porte très bien son nom, Mots simples. Chaque chapitre de son livre aborde un mot « simple », car d’usage courant, mais qui bien sûr contient une grande richesse de signification : Amour, Bien, Jalousie, etc. J’ai trouvé ce livre très agréable à  lire, intéressant, et finalement assez hors-norme. L’humilité et la simplicité du propos équilibrent à  merveille l’ambition qu’il y a à  vouloir traiter de tous ces sujets dans un seul livre. J’aime le ton de Steinsaltz, visiblement esprit très rationnel et scientifique. Son point de vue sur ces sujets est toujours intéressant. Vraiment un beau petit livre. 

    A propos de Dieu

    Le dernier chapitre, consacré à  Dieu, m’a confirmé deux choses que je pensais, plus ou moins confusément. Il me donne des mots simples pour le dire. 

    • La première, c’est que le judaïsme semble bien être une religion « sans Dieu » : Steinsaltz présente Dieu comme « l’intégralité de toute existence ». Cela me rappelle le fameux « Dieu ou la Nature » de Spinoza. Dans ce sens Dieu n’est qu’un mot limite pour dire notre incapacité à  embrasser le « Tout ». Steinsaltz explique bien que l’anthropomorphisation de Dieu n’est qu’une béquille pour réussir à  entrer en relation émotionnelle avec cet impensable. C’est du coup une question, il me semble, pour les croyants : comment interpréter tous les passages de la Bible où Dieu intervient comme un « personnage »? Au final, Steinsaltz avance l’idée que Dieu est aussi une croyance et une émotion innée en nous. Je trouve que tout cela est une manière d’expliquer, dans les termes qui seraient les miens, que Dieu n’a pas de volonté.  
    • la seconde, c’est que Steinsaltz met des mots très justes sur ce qu’est la croyance en Dieu, et qui me parlent car je crois que cela résume bien ce qui distingue un croyant d’un non-croyant. Je lui laisse le mot de la fin.

    Dieu et le sens


    La croyance en D-ieu peut être naïve et puérile ou bien raffinée et élaborée. Les images que nous nous en faisons peuvent être absurdes ou philosophiquement abouties. Cependant, cette croyance, une fois débarrassée de tout verbiage, se résume ainsi : l’existence a un sens. Certains pensent, probablement à  tort, qu’ils le connaissent, alors que d’autres se contentent d’y réfléchir. Tout ce que nous vivons apparaît comme un ensemble décousu. Le fait que nous nous efforcions de relier entre elles ces différentes particules d’information repose sur notre foi, a priori, qu’il existe bien une certaine connexion. 
    Adin Steinsaltz, Mots Simples

  • Un fauteuil sur la Seine

    Un fauteuil sur la Seine

    Lors de sa réception à  l’Académie Française, au fauteuil numéro 29, Amin Maalouf, écrivain franco-libanais, avait fait comme c’est la coutume, un discours en hommage à  son prédécesseur, Claude Levi-Strauss. Il avait été frustré dans son exercice, car il aurait voulu rendre hommage aussi, à  deux autres occupants de ce fauteuil, Joseph Michaud, et Ernest Renan. Mais c’était trop complexe, car il y avait déjà  beaucoup à  dire sur Levi-Strauss.

    Faire d’une frustration un éloge

    Il a transformé sa frustration en un magnifique petit livre, simple, facile à  lire, passionnant : Un fauteuil sur la Seine. Il a simplement décidé d’écrire un petit chapitre sur chacun des occupants du fauteuil 29 de l’Académie, depuis sa création (vous pouvez découvrir la liste sur la page wikipedia de l’essai). J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. On y découvre l’histoire de cette belle institution (d’abord une histoire d’amitié entre de jeunes gens épris de beaux-arts, de ballades et de repas partagés, avant d’être récupérée/protégée par Richelieu). On y découvre aussi des auteurs complètement inconnus, oubliés, et d’autres au contraire qui font partie de la « grande » histoire. Le format permet en une série de 18 petits portraits très humbles et très fidèles, de parcourir, en accéléré, l’histoire de France de 1634 à  nos jours. Vraiment un régal. L’écriture est précise, fluide, et le propos emprunt d’une grande passion pour l’histoire et la vie de ces hommes dont Amin Maalouf est devenu, directement et indirectement, le successeur.

    J’avais bien aimé Le premier siècle après Béatrice, un des romans de Maalouf, étrange et inquiet. J’avoue avoir adoré ce « Fauteuil sur la Seine ». Et cela m’a permis de relire une partie du texte qu’il avait écrit sur le thème du doute (Eloge du doute), dont une phrase figure en bonne place dans ma collection personnelle de citations :

    Le doute, chez moi, n’est pas une absence de croyance, c’est un mode de croyance.

    Amin Maalouf
  • Hérétiques et Orthodoxie

    Hérétiques et Orthodoxie

    Je ne remercierai jamais assez Jacques de Guillebon, ami et néanmoins rédac’ chef de l’excellent magazine L’incorrect, de m’avoir conseillé, lors d’une de nos soirées arrosées, la lecture de Gilbert Keith Chesterton. C’est un auteur extraordinaire que je viens de découvrir ! Les deux livres phares de Chesterton sont « Hérétiques » (1905), et « Orthodoxie » (1908). Ils forment un tout, et viennent d’être réédités, et très bien traduits, aux éditions Flammarion, dans la collection Climats.

    Auteur incroyable

    Chesterton a un style incroyable, vif, plein de bon sens et d’humour, très corrosif, et nourrissant en permanence sa réflexion de paradoxes apparents. Son premier recueil, « Hérétiques », est une succession de petits chapitres où il critique un certain nombres d’auteurs de son époque : R. Kipling, H.G. Wells, G.B. Shaw. Il les loue en même temps pour leurs qualités, et reconnait une grande cohérence dans leur pensée. Mais, justement, il pense que leur manière de penser le monde est fausse. Et il explique pourquoi. D’une manière générale, Chesterton (et je suis d’accord à  100% avec lui là -dessus) pense que notre « vision du monde » importe. Que la manière de concevoir le monde structure beaucoup de choses, et peut faire aller dans de bien mauvaises directions. Chesterton a entretenu de nombreuses controverses, par écrit, avec d’autres auteurs (dont G.B. Shaw), et je trouve cela très inspirant, et utile.

    « Orthodoxie » pour expliquer « Hérétiques »

    Suite à  ce premier recueil, véritablement pamphlétaire, plusieurs critiques lui ont adressé le reproche d’être certes un très bon polémiste, et un bon destructeur des positions des autres, mais que sa position à  lui n’était pas explicite. C’est le sujet du deuxième livre, « Orthodoxie », que de tenter d’expliquer sa position. Je suis en plein milieu, et je me régale. Il commence par expliquer que ça ne sera pas un système philosophique, mais plutôt une autobiographie débraillée. Et il démarre en expliquant qu’il se considère comme une navigateur qui serait partit découvrir l’Inde, et qui aurait découvert … l’Angleterre ! Je laisse comme toujours le mot de la fin à  l’auteur, en citant un (long) passage de l’introduction pour donner aussi une idée de son style (mais vraiment, vraiment, lisez Chesterton!) :
    Mais j’ai une raison particulière de faire allusion au yachtman qui découvrit l’Angleterre. Car je suis cet homme à  bord d’un yacht. J’ai découvert l’Angleterre. Je ne vois pas comment ce livre pourrait ne pas avoir un caractère égotiste. Et je ne vois pas comment (à  la vérité) il pourrait ne pas être ennuyeux. Le manque d’intérêt m’affranchira toutefois du reproche que je déplore le plus, celui d’être désinvolte. […] C’est une chose que de raconter une entrevue avec une gorgone ou un griffon, une créature qui n’existe pas. C’en est une autre de découvrir que le rhinocéros existe bel et bien et de réjouir de constater qu’il a l’air d’un animal qui n’existerait pas. On recherche la vérité, mais il se peut que l’on poursuivre d’instinct les vérités les plus extraordinaires. Je dédie ce livre, avec mes sentiments les plus chaleureux, à  tous les braves gens qui détestent ce que j’écris, et le considèrent (à  juste titre, pour autant que je le sache) comme une piètre facétie ou une unique et exténuante plaisanterie. Car si ce livre est une plaisanterie, c’est une plaisanterie qui me vise. Je suis l’homme qui a eu la suprême audace de découvrir ce qui avait déjà  été découvert. S’il est un élément de farce dans les pages qui suivent, la farce est à  mes dépens, car ce livre raconte comment j’ai cru être le premier homme à  fouler le sol de Brighton avant de m’apercevoir que j’étais le dernier à  le faire. Il raconte les aventures dignes d’un éléphant à  la poursuite de l’évidence. Personne ne trouver mon cas plus risible que je ne le trouve moi-même ; aucun lecteur ne peut m’accuser ici de chercher à  le ridiculiser : c’est moi qui suis la risée de cette histoire, et aucun rebelle ne me chassera de mon trône. J’avoue librement toutes les ambitions idiotes de la fin du XIXe siècle. Comme tous les autres petits garçons solennels, j’ai essayé d’être en avance sur mon époque. Comme eux, j’ai taché d’avoir quelques dix minutes d’avance sur la vérité. Et je me suis rendu compte que j’étais en retard de dix-huit cents ans.
    En proclamant mes vérités, j’ai forcé ma voix avec une douloureuse exagération juvénile. Et j’ai été puni de la manière la plus appropriée et la plus drôle : tout en conservant mes vérités, j’ai découvert non pas qu’elles n’étaient pas vraies, mais simplement qu’elles n’étaient pas les miennes. Alors que je me croyais seul, je me trouvais en réalité dans une position ridicule puisque j’étais soutenu par toute la chrétienté. Il se peut, le Ciel me pardonne, que j’aie tenté d’être original, mais je ne suis parvenu qu’à  concevoir, en solitaire, une modeste copie des traditions existantes de la religion civilisée. Le yachtman croyait être le premier à  découvrir l’Angleterre ; j’ai cru être le premier à  découvrir l’Europe. Je me suis évertué à  créer ma propre hérésie, jusqu’à  ce que je me rende compte, en y appliquant les dernières touches, que c’était l’orthodoxie.
    Il est possible que le récit de cet heureux fiasco divertisse quelque lecteur. Il se pourrait qu’un ami ou un ennemi s’amuse en lisant comment la vérité d’une légende disparue ou l’imposture d’une philosophie majeure m’a peu à  peu appris ce que j’aurais pu apprendre dans mon catéchisme, si je l’avais jamais appris. Il peut être, ou ne pas être, assez amusant de lire comment j’ai finalement trouvé dans un club anarchiste ou dans un temple babylonien ce que j’aurais pu trouver dans l’église paroissiale la plus proche. Si quelqu’un a envie d’apprendre comment les fleurs des champs, les réflexions entendues dans un omnibus, les vicissitudes de la politique ou les souffrances de la jeunesse se sont assimilés dans un certain ordre pour produire une certaine adhésion à  l’orthodoxie chrétienne, cet homme-là  peut éventuellement lire ce livre. Mais il y a en toute chose une répartition raisonnable du travail. J’ai écrit le livre et rien au monde ne saurait m’inciter à  le lire.

  • Vérité & Science

    Vérité & Science

    On transmet essentiellement la passion de la vérité, et sa quête. [Chantal Delsol, dans Un personnage d’aventure].

    Je fais mienne cette belle phrase. La recherche de la vérité, sa quête, est un élément essentiel de notre vie, et de ce qu’on transmet à  nos enfants. Puisque cet élément est central, il convient de ne pas rester dans le flou, et de préciser ce qu’est la vérité, sa nature, et d’identifier les moyens d’accès à  cette vérité.

    Passons par la science

    Ce modeste billet ne prétendra pas faire le tour de cette question, mais simplement partager avec vous quelques éléments que je trouve structurants. Je suis scientifique, et je crois que ce que la science nous a appris de la vérité est très utile. Ne pas s’en servir dans d’autres domaines, y compris dans ceux où la notion de vérité n’a pas exactement le même sens, serait une erreur. Faisons donc, pour comprendre la vérité, un petit détour par la Science et la connaissance.
    J’ai récemment planché devant des doctorants de l’Ecole des Mines. J’avais été challengé pour venir présenter mon travail, bien sûr, mais aussi les rapports que j’avais pu entretenir avec la connaissance, en thèse, en recherche, en R&D, mais aussi dans mes activités actuelles de conception innovante. Et j’ai fait l’exercice avec beaucoup de plaisir : identifier en quoi notre rapport à  la connaissance a pu évoluer est un exercice passionnant. Dans ce cadre, j’ai tenté d’apporter ma « vision » de la science, et j’ai identifié 4 points qui me paraissent fondamentaux et qui sont structurants pour la science et la démarche scientifique.

    • un postulat : le postulat de base de la science, c’est que le réel existe. Cela parait bête, mais c’est plus important qu’il n’y parait. Ce postulat est fondamental : il existe une réalité, un tout, qui est du coup un objet d’étude possible. Le mot de « une » réalité est important aussi. Le concept d’une réalité unique, conduit à  une logique d’unification qui en science a donné des résultats impressionnants.
    • un mystère : un des mystères les plus forts se trouve à  la base de la démarche scientifique. Le réel est modélisable. Einstein avait bien exprimé ce mystère : « Ce qui est incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible. » Oui : on parvient assez bien à  décrire les phénomènes physiques avec des modèles, avec des équations, et on parvient à  comprendre ces phénomènes. Ce n’était pas obligé. Mais c’est le cas. Le monde n’est peut-être pas rationnel, mais la raison permet de très bien le comprendre.
    • une démarche : la démarche scientifique est une démarche d’aller-retour entre ces modèles théoriques, et ce réel qu’ils prétendent décrire. « Rien de plus pratique qu’une bonne théorie », disait Kurt Lewin. La démarche est de confronter les modèles avec la réalité et voir où ils fonctionnent, et où ils ne fonctionnent pas.
    • une posture : dans le continuité de la démarche du point précédent, il y a une posture qui va à  l’encontre de nos modes de fonctionnement et qui est celle de la science. C’est le réel qui tranche. Dans les allers-retours modèles/expérience, c’est le réel, ce sont les faits qui ont raison. Nos modèles sont par définition faux en partie ; ils sont donc aussi en concurrence les uns avec les autres pour expliquer au mieux la réalité.

    La science est donc une démarche, adossée à  un postulat et à  un mystère, et dont la rigueur est garantie par une posture particulière.

    Il me semble que ce qui est requis est un sain équilibre entre deux tendances: celle qui nous pousse à  scruter de manière inlassablement sceptique toutes les hypothèses qui nous sont soumises et celle qui nous invite à  garder une grande ouverture aux idées nouvelles. Si vous n’êtes que sceptique, aucune idée nouvelle ne parvient jusqu’à  vous; vous n’apprenez jamais quoi que ce soit de nouveau; vous devenez une détestable personne convaincue que la sottise règne sur le monde — et, bien entendu, bien des faits sont là  pour vous donner raison. D’un autre côté, si vous êtes ouvert jusqu’à  la crédulité et n’avez pas même une once de scepticisme en vous, alors vous n’êtes même plus capable de distinguer entre les idées utiles et celles qui n’ont aucun intérêt. Si toutes les idées ont la même validité, vous êtes perdu: car alors, aucune idée n’a plus de valeur. Carl Sagan

    Deux autres éléments sont importants pour la réflexion sur la vérité. Comment le savoir progresse-t-il, et quel rapport entretient-il avec l’inconnu ?

    Progrès des connaissances

    La connaissance scientifique ne se construit pas uniquement par ajout régulier de nouvelles connaissances. Bien sûr, nous ajoutons peu à  peu des connaissances. Mais ces faits, ces connaissances s’insèrent dans des macros-modèles, des paradigmes. Il y a dans l’histoire des sciences des moments de rupture, des changements de paradigmes. Thomas Kuhn en a parlé, et je retiens cette petite phrase pour illustrer mon propos, qui dit cela et montre aussi l’aspect collectif de la science :

    […] une nouvelle théorie, quelque particulier que soit son champ d’application, est rarement ou n’est jamais un simple accroissement de ce que l’on connaissait déjà . Son assimilation exige la reconstruction de la théorie antérieure et la réévaluation de faits antérieurs, processus intrinsèquement révolutionnaire qui est rarement réalisé par un seul homme et jamais du jour au lendemain.
    Thomas Kuhn

    Rapport à  l’inconnu

    Le processus de recherche de la vérité, et de construction du savoir, n’est pas une restriction des choses inconnues. Comme Popper l’a très bien dit :

    La solution d’un problème engendre toujours de nouveaux problèmes, irrésolus. […] Plus nous en apprenons sur le monde, plus nous approfondissons nos connaissances, et plus est lucide, éclairant et fermement circonscrit le savoir que nous avons de ce que nous ne savons pas, le savoir que nous avons de notre ignorance.

    L’inconnu, le nombre de choses inconnues, augmente. Plus nous en savons, plus nous accroissons le nombre de problèmes formulables, sans réponses pour le moment.
    Ce qui a fait écrire à  Levi-Strauss :

    Le savant n’est pas l’homme qui fournit de vraies réponses ; c’est celui qui pose les vraies questions.

    Claude Levi-Strauss (1908 – 2009) anthropologue et ethnologue français.

    L’inconnu n’est pas l’ennemi de la science, le mystère non plus. La science aide à  définir la limite entre le connu et l’inconnu. La science distingue et pose la frontière, ce qui est logique car la science est rationnelle par définition.

    Et la vérité dans tout ça ?

    Alors ? Qu’est que ces éléments nous apprennent sur la vérité, et sur notre rapport à  la vérité… ? J’en retiens deux choses, que je trouve applicable aussi bien en sciences, que dans les champs politiques et moraux. Ces deux choses sont deux facettes du pluralisme critique.

    • La première, c’est que la vérité ultime n’existe pas. La Vérité n’est pas un objet défini accessible. C’est un processus de construction des connaissances, qui accroît en même temps le nombre de choses inconnues. La vérité, c’est une exigence permanente. La vérité absolue n’existe pas, certes, mais la vérité existe tout de même et l’exemple de la science montre qu’il est possible de s’en approcher. C’est une idée indispensable. Sans l’idée de vérité, il n’y a que du relativisme, et du nihilisme.
    • La deuxième, et dans la continuité de la première, c’est qu’il faut accorder une grande place à  la confrontation des idées, des théories, et une capacité collective à  écarter les moins bonnes théories, les moins bonnes idées. Je crois que cela est vrai aussi bien en science, que dans le domaine politique. Il faut un pluralisme critique. Le pluralisme critique est l’attitude qui consiste, à  considérer, contre le dogmatisme, qu’il est impossible de détenir la vérité absolue ; mais à  considérer aussi, contre le scepticisme, qu’il est possible de rectifier ses erreurs et donc de s’approcher de la vérité. Plusieurs théories peuvent être en concurrence mais celles qui sont réfutées par l’expériences sont clairement fausses.

    Sur ce thème, il faut citer bien sûr Popper, qui s’en était fait un ardent défenseur :

    Le pluralisme critique est la position selon laquelle, dans l’intérêt de la recherche de la vérité, toute théorie — et plus il y a de théories, mieux c’est — doit avoir accès à  la concurrence entre les théories. Cette concurrence consiste en la controverse rationnelle entre les théories et en leur élimination critique. [Karl Popper]

    Et sur ce thème de la vérité, je laisse le mot de la fin à  un fin scientifique et épistémologue, Gaston Bachelard, qui rappelle que la vérité est aussi un outil pour la spiritualité :

    Il vient un temps où l’esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit. Alors l’instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s’arrête.

    Gaston Bachelard (1884 – 1962) philosophe français des sciences, de la poésie, de l’éducation et du temps.