Étiquette : Commerce

  • Citation #74

    Nous répétons encore que nous n’avons jamais demandé une réforme brusque et instantanée; nous désirons qu’elle s’opère avec le moins de dommage possible, en tenant compte de tous les intérêts. Sachons une fois où nous allons, et nous verrons ensuite s’il convient d’aller vite ou lentement.
    Partisans de l’affranchissement du commerce, si le sentiment de justice entre pour quelque chose dans vos convictions, levez courageusement le drapeau du Libre-Échange. Ne cherchez pas de détours; n’essayez pas de surprendre nos adversaires. Ne cherchez point un succès partiel et éphémère par d’inconséquentes transactions. — Ne vous privez pas de tout ce qu’il y de force dans un principe, qui trouvera tôt ou tard le chemin des intelligences et des coeurs. On vous dira que le pays repousse les abstractions, les généralités, qu’il veut de l’actuel et du positif, qu’il reste sourd à  toute idée qui ne s’exprime pas en chiffres. Ne vous rendez pas complice de cette calomnie. La France se passionne pour le principes et aime à  les propager. C’est le privilège de sa langue, de sa littérature et de son génie.
    La lassitude même dont elle donne au monde le triste spectacle en est la preuve; car si elle se montre fatiguée des luttes de parti, c’est qu’elle sent bien qu’il n’y a rien derrière que des noms propres. Plutôt que de renoncer aux idées générales, on la verrait s’engouer des systèmes les plus bizarres. N’espérez pas qu’elle se réveille pour une modification accidentelle du tarif. L’aliment qu’il faut à  son activité, c’est un principe qui renferme en lui-même tout ce qui, depuis des siècles, a fait battre son coeur. La liberté du commerce, les libres relations des peuples, la libre circulation des choses, des hommes et des idées, la libre disposition pour chacun du fruit de son travail, l’égalité de tous devant la loi, l’extinction des animosités nationales, la paix des nations assurée par leur mutuelle solidarité, toutes les réformes financières rendues possibles et faciles par la paix, les affaires humaines arrachées aux dangereuses mains de la diplomatie, la fusion des idées et par conséquent l’ascendant progressif de l’idée démocratique, voilà  ce qui passionnera notre patrie, voilà  ce qui est compris dans ce mot: Libre-Échange; et il ne faut point être surpris si son apparition excite tant de clameurs. Ce fut le sort du libre examen et de toutes les autres libertés dont il tire sa populaire origine.
    Ce n’est pas que nous soyons assez fanatiques pour voir dans cette question la solution de tous les problèmes sociaux et politiques. Mais on ne peut nier que la libre communication des peuples ne favorise le mouvement de l’humanité vers le bien-être, l’égalité et la concorde; et s’il est vrai que chaque peuple ait sa mission et chaque génération sa tâche, la preuve que l’affranchissement de l’échange est bien l’oeuvre dévolue à  nos jours, c’est que c’est la seule où les hommes de tous les partis trouvent un terrain neutre et peuvent travailler de concert. Gardons-nous donc de compromettre ce principe par des transactions inintelligentes, par le puéril attrait d’un succès partiel et prématuré. Vit-on jamais le système des expédients réaliser dans le monde quelque chose de grand ?

    Frédéric Bastiat, Le libre-échangeéconomiste, homme politique et penseur libéral français
  • Le fleuve et la flamme

    Sur un grand fleuve tel que l’Amazone, ou le Mississipi, comment appeleriez-vous un gars sur un canoë qui rame à  contre-courant, en espérant remonter le fleuve ? Un fou, ou un idiot. Il ne vous viendrait pas à  l’esprit de saluer son courage. Vous pourriez même, par compassion, lui conseiller d’orienter son esquif dans le sens du courant, et puis de naviguer à  droite à  gauche en utilisant la force du flux.
    Comment appeleriez-vous ceux qui veulent stopper le parcours de la flamme olympique ? Des fous, ou des idiots ?
    C’est la force du symbole, vous répondront-ils, convaincus. « En stoppant la flamme, on montre au monde entier que l’on condamne l’action chinoise au Tibet ». Comme si cette ridicule et pitoyable posture avait une quelconque chance de changer ce qui se passe au Tibet. Comme si un boycott des Jeux avait une quelconque chance de se produire. Vouloir systématiquement mettre du politique partout, c’est ramer à  contre-courant.
    La Chine change, bien plus vite que la France. Empêcher le commerce avec la Chine est la position de ceux qui rament dans le mauvais sensVoilà  la réalité. Elle a obtenu les Jeux Olympiques. Voilà  la réalité. Les Jeux Olympiques sont une affaire de sport, et de commerce. Le commerce change la Chine bien plus durablement et solidement que toutes les actions dénuées de sens de ceux qui veulent se battre contre un flamme, en dénonçant des atteintes – réelles – aux droits de l’homme. Empêcher le commerce avec la Chine : c’est la position de ceux qui rament dans le mauvais sens, et qui n’ont décidement pas compris ce qu’est le commerce. Ce que je crois, c’est que la machine commerciale des Jeux sera profitable aux Chinois, que les journalistes présents en Chine seront profitables à  l’éclosion – même restreinte – d’une part de vérité, et que tout cela va dans le bon sens. Les Jeux n’ont rien à  voir avec le Tibet. Voilà  la réalité.
    Edit : visiblement, Le Chafouin n’est pas de mon avis. Monsieur Pingouin non plus, d’ailleurs. Authueil a, quand à  lui, parfaitement exprimé le sentiment que je voulais dire.