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  • Confabulation

    Confabulation

    J’ai appris ce mot en lisant l’excellent livre de Thibaut Giraud (alias Monsieur Phi) sur les LLM (Large Language Models). Le livre « La parole aux machines » est remarquable et fera l’objet bientôt d’une recension détaillée ici.
    En décrivant la manière dont les premières versions des LLM hallucinaient (ça arrive encore mais nettement moins), il précise :
    Le terme n’est peut-être pas le mieux choisi pour désigner ce phénomène parce que celui-ci n’a qu’un rapport assez vague avec des hallucinations au sens psychologique : on ne prétend pas que ChatGPT perçoit faussement l’existence d’oeufs de vache. Il serait plus juste de parler de faubulation pour ce type de discours, c’est-à-dire la présentation d’éléments fictifs comme factuels. On pourrait aussi rapprocher ce phénomène de la confabulation qui consiste, pour l’être humain, dans le fait d’ajouter involontairement des éléments imaginaires afin de compenser des lacunes dans ce que la mémoire nous présente. Presque tous nos souvenirs sont le mélange d’éléments réels et confabulés que nous avons le plus grand mal à distinguer (…).
    Cela résonne avec certaines de mes réflexions sur les récits et les faits, et comme j’aime les mots je suis allé chercher la définition de ces deux mots.
    Fabulation :
    A.− Organisation des faits constituant le fond d’une œuvre littéraire.
    B.− Récit imaginaire.

    Et le deuxième, qui semble être un anglicisme, ou peut-être simplement plus rare ou récent (absent du TLFI), décrit, dans un registre plutôt pathologique, un « trouble de la mémoire qui consiste à produire des souvenirs fabriqués, déformés ou mal interprétés sur soi-même ou sur le monde ». Le terme est donc particulièrement bien choisi pour décrire ces fameuses « hallucinations » des LLM.
    En conclusion, il faut aussi mentionner le troisième larron de la bande, basé sur la racine « fable » (emprunté au latin « fabula », désignant des « propos, paroles ») : affabulation, dont je ne connaissais pas du tout le sens précis (uniquement le dernier sens, par extension, qui est déjà loin du sens initial).
    Affabulation subst. fem :
    A.− Rare, vx. Morale énoncée au début ou plus généralement à la fin d’une fable, d’un apologue.
    – P. ext. Moralité tirée d’un événement symbolique.
    B.− RHÉT. Organisation méthodique d’un sujet en « fable », c’est-à-dire en intrigue d’une pièce de théâtre, en trame d’un récit imaginaire.
    − Au plur. Œuvres d’imagination organisées en « fable ».
    − P. ext. Succession des épisodes d’un rêve.

    Je suis content d’avoir un mot pour décrire ce phénomène que j’ai expérimenté souvent : la confabulation.