Hier, je me suis rendu au pot de départ à la retraite d’un vieux collègues et ami. C’était un très chouette moment de partage, de souvenirs, et de retrouvailles.
Je suis retourné pour l’occasion sur mon ancien lieu de travail, à Guyancourt, où j’ai passé une bonne dizaine d’année, de 2003 à 2015. Retourner en voiture là-bas, redécouvrir le bâtiment, les lieux fréquentés à l’époque, le Lab que j’avais contribué à mettre en place, et – bien sûr – revoir d’anciens collègues, tout cela m’a rendu un peu mélancolique. Un étrange sentiment m’a étreint toute la journée, lié à une sorte de télescopage d’époques : revenir là où a commencé ma vie professionnelle dans le privé, vingt-deux ans plus tard, a créé une sorte de repli du temps et de l’espace sur lui-même. Le bâtiment n’a presque pas changé, mais les gens, l’organisation, tout le reste, oui. Les visages des collègues perdus de vue il y a plus de 10 ans pour certains, toujours les mêmes, mais marqués par le temps qui passe, étaient à la fois une source de joie, et de compassion. Les visages ne mentent pas : le temps, mais aussi les évènements y laissent des marques visibles, sinon lisibles, et le choc est assez intense.
Heureusement, les échanges, le très beau discours de départ de mon ami (profond, sincère et riche en partage), et la chaleur humaine, palpable, de gens qui s’apprécient et ont construit des choses ensemble, ont coloré cette journée d’une joie réelle qui a nuancé cette mélancolie. Mais la mélancolie déclenchée par le voyage aller, en voiture, cette remontée dans le temps, a absorbé d’une traite cette joie, et s’en est nourrie. Le temps ne plaisante pas vraiment. Peut-être ce mélange de tristesse et de joie est ce que les portugais appellent la saudade ?
Mélancolie : Sentiment d’une tristesse vague et douce, dans laquelle on se complaît, et qui favorise la rêverie désenchantée et la méditation.
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Mélancolie
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Paradis perdu
Avez-vous déjà fait un rêve merveilleux ? Vous savez, ce genre de rêve où vous baignez dans une sensation de plénitude totale, où les désirs se mêlent à la joie, et à la jouissance ? Il est surprenant que le cerveau endormi soit capable de produire une telle plénitude, un telle sensation de perfection. Cette sensation d’ailleurs, nous trompe et nous fait croire que le bonheur est un état, alors qu’il est un mouvement et un équilibre. Et ce rêve merveilleux a une fin.
Mais bêtement, même en orage
Les routes vont vers des pays,
bientôt le sien fit un barrage
à l’horizon de ma folie.Georges Brassens
Lorsque le réveil sonne, on ne sait plus où l’on est. Le manque est immédiat. C’est terrible, de quitter le paradis…
On ressent alors un mélange de bonheur – tout notre être résonne encore de cet accord bienfaisant – et de frustration -. Ce mélange, n’est-ce pas aussi ce que l’on ressent lorsque l’on est mélancolique ? Le concept du paradis, je pense, illustre en partie cette sensation de mélancolie. On donnerait cher pour retrouver ce lieu de « luxe, de calme et de volupté ». Mais essayer de rattraper un rêve, c’est comme vouloir retenir le sable qui vous coule entre les doigts.L’Eden est un rêve érotique évanoui. Et que l’on ne retrouvera sûrement jamais.