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  • La belle mort de l’athéisme moderne

    La belle mort de l’athéisme moderne

    Le christianisme est vrai

    C’est un livre fascinant que « La belle mort de l’athéisme moderne » de Philippe Nemo. Il regroupe 7 articles que Philippe Nemo a cru bon de réunir en un recueil pour une raison simple, explicitée dans l’avant propos : « ils font l’hypothèse que le christianisme est vrai. »

    Depuis quelques deux siècles, un mélange de recherches intellectuelles sincères et de propagande avait voulu nous convaincre des erreurs et des fautes du christianisme et, ultimement, de son insignifiance, puisqu’il ne serait qu’une parmi les n religions que le monde a connues et connaît, partageant avec elles le statut d’une vaine illusion. Une politique délibérée avait même entrepris d’extirper complètement le christianisme de la société française et de faire en sorte que les nouvelles générations n’en entendent plus jamais parler. Or, il se trouve que ces recherches ont échoué et que cette propagande s’est épuisée. Il se trouve que l’athéisme moderne est mort de sa belle mort. Il n’a pas été tué, puisqu’au contraire le monde présent lui a donné et continue à  lui donner toutes les opportunités de plaider sa cause et d’offrir à  l’humanité de nouvelles raisons de vivre. Vain sursis…Si l’athéisme est mort c’est parce que, décidément, il n’a pas tenu ses promesses et n’a pas établi que l’homme est moins misérable sans Dieu qu’avec Dieu. (…) Naturellement, le fait que le christianisme soit vrai ne signifie pas que tout en lui soit vérité ni qu’il existe pas de vérité en dehors de lui. Ce qu’on soutient ici, c’est qu’il seul à  receler la vérité qui importe le plus à  la vie humaine. Certes, le christianisme peut et doit reformuler certains aspects de ses dogmes, et prendre quelque distance par rapport à  l’enveloppe anthropologique dans laquelle sont message a été jusqu’à  présent porté. Mais il excède cette enveloppe. Il est une doctrine essentiellement ouverte, pour la bonne raison qu’il n’est pas du tout une doctrine, fruit de l’intellect humain. Il est le sillage de la charité du Christ. (…) Les hommes touchés au coeur par la charité du Christ inventeront au christianisme un avenir que les hommes de dogme et d’antidogme ne peuvent anticiper.

    La charité est définie plus loin dans le livre par Nemo : « l’énergie spirituelle qui permet de s’atteler à  tous les chantiers susceptibles de diminuer l’emprise du mal sur le monde et les souffrances des hommes. »
    Beaucoup de choses passionnantes dans le livre, sur le Mal, sur la révolution éthique et eschatologique qu’a représenté le christianisme. L’éclairage du Livre de Job est superbe, et le passage sur la hiérarchie des transcendentaux également. J’ai retrouvé certains des thèmes développés par Philippe Nemo dans « Qu’est-ce que l’Occident?« . C’est de cela dont il s’agit, d’ailleurs : plus qu’une promotion du christianisme, c’est un appel à  la prolongation de celui-ci, par une ré-appropriation, une interprétation actualisée, permettant une transmission de son essence. Un travail sur l’identité de l’Occident chrétien. Un chapitre résonne avec le bel essai de Weiler (« L’Europe chrétienne ? » sur les racines chrétiennes de l’Europe : Nemo ne mâche pas ses mots et considère qu’en plus d’être une « erreur historique massive », le fait de ne pas mentionner les racines chrétiennes dans la Constitution européenne est une forme de « négationnisme » (« un révisionnisme antichrétien ») car cela revient à  « jeter un interdit sur l’identité d’une communauté, à  nier son âme et à  compromettre son avenir ». Je suis d’accord avec lui.

    Les 3 libéralismes

    Le chapitre 5 sur les rapports entre libéralisme et christianisme m’a passionné. C’est le texte d’une conférence donnée à  Turin, et que j’avais déjà  lue il y a longtemps (sans l’avoir plus remarquée que cela, car elle figurait parmi des textes très nombreux dans un livre en hommage à  Pascal Salin, « L’homme libre »). Comme quoi, il fait bon relire son Nemo, de temps en temps. L’auteur y montre à  quel point l’éthique du christianisme est au fondement et a accompagné tout le développement de la philosophie libérale (ce sont les 4 thèses développées par Nemo dans ce chapitre):

    1. c’est l’éthique biblique qui a apporté au monde la liberté ontologique fondamentale d’où découlent toutes les autres libertés ;
    2. le faillibilisme chrétien a joué un rôle-clef dans la genèse du libéralisme intellectuel et de la science moderne ;
    3. l’éthique chrétienne a joué un rôle non moins important dans genèse du libéralisme économique ;
    4. si christianisme et libéralisme semblent, à  certains égards, incompatibles et, à  d’autres égards, intimement liés, cette contradiction apparente est due à  ce qu’il y a plusieurs niveaux de libéralismes dont seuls les plus superficiels sont ou paraissent antichrétiens.

    Nemo distingue en fin de chapitre entre 3 niveaux de libéralisme, qu’il hiérarchise moralement par ordre croissant d’importance : la liberté pour elle-même, la liberté pour le progrès, la liberté pour la charité. C’est passionnant, stimulant, et il termine en citant Benjamin Constant, que je n’ai pas lu, et que je vais devoir lire.

    Questions

    Bref : un livre passionnant, riche et d’une grande densité. A lire sans modération. Le seul point qui m’interroge, c’est que si Nemo définit précisément la charité, ou l’âme, il ne définit jamais le terme « Dieu ». Cela rejoint les propos d’Adin Steinsaltz dans « Mots Simples » : si le mot Dieu n’est qu’une béquille pour l’intelligence humaine, n’est-ce pas aussi un des axes de travail du christianisme que de réformer et repenser, dans sa manière d’apporter son message, l’utilisation de ce terme équivoque qui brouille, je pense, la compréhension que l’on peut en avoir ? Qu’est-ce qu’une éthique qui prend comme point focal la volonté d’un être jamais défini ? Et si l’éthique nécessite un saut philosophique, un acte de foi, ne faudrait-il pas mieux expliciter cette foi, ce qui me semble possible sans passer par Dieu ?

  • Croyez-vous au progrès ?

    Croyez-vous au progrès ?

    J’ai découvert il y a peu que nous vivions, selon certains du moins, dans une époque post-moderne. Du nom du post-modernisme philosophique, qui est une philosophie critique, qui a déconstruit, et rejeté une forme d’occidentalisme des Lumières basé sur la raison et la technique. Fort bien.

    Se débarrasse-t-on facilement du progrès ?

    Mais cette manière de penser a contribué à  faire jeter à  une partie de la population le bébé avec l’eau du bain. L’eau du bain, c’est le dogmatisme, les superstitions, les modèles simplistes de l’humain et de la société. Mais le bébé, c’est la raison comme outil de la pensée, le progrès comme valeur collective donnant du sens, et la place de la vérité. Par ailleurs, personne ne peut me forcer à  me positionner sur cette question selon ces termes. Le choix devant lequel nous sommes placés n’est pas nécessairement entre une croyance béate et naïve dans un Progrès mythique d’une part, et d’autre part un monde désenchanté, vide de sens rationnel et de toute représentation objective. Le choix n’est pas entre la foi, et le désespoir. Entre la croyance et la raison. Nous y reviendrons.

    Rejet du progrès, problème d’identité

    Il y d’abord un paradoxe : en rejetant en partie la raison pour faire réapparaitre l’irrationnel comme élément constitutif du réel (fort bien), les post-modernes ont rejeté aussi cette foi dans le progrès qui est une des marques idéologique de l’occident judéo-chrétien. En pointant du doigt un excès de rationalité, ces auteurs en sont venus à  détruire et à  casser une valeur assez irrationnelle, et importante. Il y a là  des pensées problématique sur le plan de l’identité. Peut-on déconstruire sans cesser de croire ? Peut-on croire de manière raisonnable ? Déconstruire c’est bien, mais cela ne doit pas conduire à  oublier ce que le temps et les hommes ont assemblé. La notion de progrès (si l’on en exclue une composante naïve ou dogmatique) reste une valeur centrale en occident. Une valeur qui soude et qui unit. Qui transcende les différences. Qui donne du sens au niveau individuel comme collectif.
    Je regarde donc avec une certaine méfiance tout ce qui se revendique « post-moderne ». En général, cette posture consistant à  dénigrer la croyance dans un progrès possible n’est pas uniquement destructrice ou critique, elle masque souvent une croyance positive — elle — dans un autre ordre des choses, et donc un rejet du réel. Les critiques du progrès en tant qu’idéologie sont en général des gens qui pensent que le monde devrait être autrement que ce qu’il est. Ou des polylogistes qui s’ignorent. Cette tension vers un changement est partagée par les partisans du progrès, ce n’est donc pas cela qui est en cause. C’est bien le refus du réel qui est central. Le progressiste ou mélioriste pense qu’il faut travailler AVEC le monde tel qu’il est.

    Il faut construire aussi

    Je me place dans une logique où il est au moins aussi important, dans le domaine de la pensée, de déconstruire que de construire. Je crois, d’une manière ou d’une autre, au progrès, à  l’amélioration possible du monde par l’être humain. Il me semble que c’est une croyance pacifique et humaniste, et je pense qu’elle ne doit pas être présentée comme une foi naïve ou ridicule. Pas plus, pas moins, que toute autre croyance en un quelconque Dieu, ou dans autre chose. Comme toutes les croyances, elle présente des limites. Comme toute croyance, elle donne de la force d’action. Si la question doit être entre la foi et le nihilisme, alors j’ai choisi mon camp et les post-modernes ont tort.

    La réponse est oui. Mais quelle était la question ? [Woddy Allen]

    Mais ce serait restreindre le champ de la pensée que de devoir faire un choix. Ce serait accepter la logique de conflit et de rejet que l’on peut lire dans ces controverses philosophiques. Elles mettent à  nu une incapacité à  embrasser en même temps des points de vue contraire, des positions différentes.

    Construire est une activité naturelle de l’esprit humain : toutes nos représentations sont des constructions, d’une manière ou d’une autre. Elles donnent une capacité d’action, et présentent le risque de masquer le réel. Tout modèle, toute représentation, est une simplification du réel et présente ce risque, et cet avantage : faciliter l’action, manquer en partie le réel – mais peut-on penser le réel sans utiliser de représentation, et donc sans le simplifier ?

    Marier sens du progrès et transmission

    C’est aussi pour cela que la déconstruction est indispensable : fruit du doute et de l’esprit critique, la déconstruction détricote nos représentations, les questionne, et nous force à  nous confronter au réel, à  la réalité des choses factuelles, sans le filtre de nos constructions, ou en proposant des pistes de représentations différentes. Outil indispensable pour rester proche de la réalité, et pour faire évoluer les représentations. Le risque lié à  la déconstruction est de rester dans cette posture et de ne plus construire, de ne plus assembler. Or, il est important de savoir retisser si l’on veut avancer, individuellement comme collectivement. Par ailleurs, ce que l’on a déconstruit a été tissé par d’autres, pour des raisons qu’il convient au moins de comprendre, à  défaut de les partager toutes. Assumer un héritage, des croyances partagées, me semble être une forme d’humilité intellectuelle. C’est assez facile de casser, de manière radicale, toutes les représentations. Mais il faut encore en proposer d’autres à  la place : elles seront nécessairement le prolongement de représentations existantes. L’humilité est donc de rigueur.

    Croire au progrès, cela ne signifie pas croire qu’un progrès a déjà  eu lieu. Sinon ce ne serait pas une croyance. [Franz Kafka]

    Bref : repenser le sens du progrès, individuel comme collectif, me parait être une tâche importante de la pensée occidentale. Il nous faut, je pense, adopter une pensée évolutionniste qui permet d’éviter les deux écueils : le radicalisme de la table rase, et le conservatisme figé. Connaissez-vous des auteurs qui ont pensé ce thème et qui ont essayé de l’actualiser ?

  • Interview d’Alain Boyer : dixième et avant-dernière partie

    Suite de la partie de l’interview consacrée à  Karl Popper. On continue à  y parler de mots en « isme » (nihilisme, relativisme, essentialisme, déclinisme, marxisme), du sens de l’histoire, d’écologie, de science, de la possibilité de changer et d’évoluer. Et du commerce qui est décidemment mal compris en France. Passionnant ! C’est l’avant-dernière partie de cette interview. Vous pouvez retrouver toutes les parties de l’interview dans le sommaire ! …Bonne lecture !

    C’est passionnant ! En préparant l’interview, j’avais également vu qu’il était souvent cité comme un philosophe qui dénonçait le relativisme, et le nihilisme. Est-ce que tu penses que c’est un combat qui est toujours d’actualité ?
    Ah oui ! Il a une théorie là -dessus que je trouve assez intéressante, c’est de dire que le dogmatisme en philosophie et en politique, souvent conduit à  des déceptions. Même le rationalisme dogmatique ! Le dogmatisme en philosophie et en politique, souvent conduit à  des déceptions. Même le rationalisme dogmatique !Quand on est un rationaliste dogmatique, qu’on a une espèce de vision hyper rationnelle de la société idéale, que l’on va pouvoir imposer, à  ce moment là  ça conduit à  des catastrophes. Et le rationaliste déçu va renoncer à  la raison. Et à  la Vérité, et va devenir un nihiliste et un irrationaliste. C’est pour ça qu’il faut avoir un rationalisme critique, et autocritique. Qui lui sait que nous sommes faillibles, que nous nous trompons, que nous n’avons pas la possession d’une vérité, d’une maîtrise totale.
    Popper était d’ailleurs assez écologiste. Le slogan de Descartes, mais qui vient en fait de Bacon, « se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » c’est la bête noire des écologistes. « se rendre comme maitre et possesseur de la nature » du Discours de la méthode (les écologistes disent : se rendre « protecteurs » de la nature) et Popper considérait que c’était une hubris (une démesure), on ne sera jamais maître et possesseur de la nature (qu’on ne saura jamais maîtriser que très partiellement), mais simplement — comme il n’est pas rationaliste dogmatique — il ne tombe pas dans l’irrationalisme qui consiste à  dire : il faut abandonner la pensée scientifique !
    Au contraire, il pensait que les problèmes écologiques, ce serait grâce à  la science et à  la technique elles-mêmes, qu’on résoudrait les problèmes des conséquences inattendues … de la technique. Il me semble, à  l’heure actuelle, il ne faut surtout pas abandonner la science, c’est grâce à  de nouvelles techniques que l’on pourra – peut-être — sauver la planète. Il fait aussi une critique de l’historicisme, qui est la théorie qui donne un sens prédéterminé à  l’histoire — le marxisme, le christianisme dogmatique, le « déclinisme », etc. — il y a sens, nous sommes dominés par un sens pré-déterminé. Pour lui, non ! le sens de l’histoire, c’est nous qui le donnons. Rien ne nous dit que dans 50 ans il n’y aura pas une catastrophe. Rien ne nous dit qu’il y en aura une. Il faut tout faire pour qu’il n’y en ait pas, mais rien n’est écrit à  l’avance.
    En ce sens c’est un philosophe très humain, très proche. Ce qu’il dit là  est applicable au niveau individuel : le sens c’est ce que moi j’y met, il n’y a pas de destin.
    Oui. C’est pour ça qu’il a critiqué l’essentialisme. C’est à  dire de croire que par exemple nous serions définis par une essence dès notre naissance. Né catholique, je reste catholique. Non ! Dans une société ouverte (qui n’est pas un société d’atomes, d’individus séparés !!!!), dans une société ou il y a beaucoup d’interactions, d’échanges, ceux qui pensent que nous sommes des sociétés purement égoïstes, qu’ils regardent le moyen âge…! Notre société a des défauts, mais il y a aussi des gens qui donnent beaucoup de temps pour les ONG, etc. . Je trouve que la société est pas si égoïste que ça. Enfin bref, lui, ce qu’il pensait, c’est qu’on appartient toujours plus ou moins à  des groupes, mais la société ouverte, c’est le fait qu’on peut toujours divorcer. On n’est pas obligé de rester. Et c’est là , d’ailleurs, où il y a un problème avec l’Islam, si on revient à  ça, c’est qu’il interdit l’apostasie, comme le faisait le christianisme médiéval.
    Donc l’apostat, celui qui abandonne la foi, est condamné à  mort. à‡a c’est fondamentalement contraire à  la société ouverte. On a le droit de divorcer.
    On peut changer…
    On peut changer d’appartenance, et on n’est pas défini par une seule appartenance. Je peux à  la fois être de gauche, puis changer, mais aussi amateur de rugby, de musique classique, avoir des amis, etc. . Je ne suis pas défini par une seule appartenance. Je peux me sentir plus proche d’un démocrate chinois que d’un français nazi !!!
    Je rebondis juste pour repasser un peu sur les histoires de politique française. Quant tu parles de Popper, on voit que c’est quelqu’un de fondamentalement raisonnable, d’ouvert et qui avait une grande culture — y compris scientifique -. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de débats, en France, qui sont faussés par le fait qu’on manque de culture philosophique, et surtout économique.
    Ah oui. La France est totalement arriérée de ce point de vue là .
    J’ai fait un an d’économie, en classe de seconde, un survol. Mais les connaissances d’économie objectives ne sont pas diffusées dans la population…
    Mais c’est lié à  ce qu’on disait tout à  l’heure de la France qui a cette tradition, depuis la Révolution de considérer les conflits comme des guerres. En théorie des jeux on appelle ça des conflits à  somme nulle (une partie d’échec : l’un gagne l’autre perd). Alors, qu’on peut considérer qu’une société libérale, ouverte, est une société qui accepte le conflit non violent, mais ces conflits peuvent être résolus par un compromis, où tous les deux gagnent ! C’est à  dire un jeu à  somme positive. Tandis que la lutte des classes, idée marxiste fondamentale, c’est sur le mode de la guerre.
    Sur cette idée là , philosophiquement, il y a une incompréhension complète de ce qu’est le commerce. Le commerce, fondamentalement est quelque chose qui n’est pas à  somme nulle !
    Tout à  fait. J’ai fait un cours, et je vais le refaire cette année, sur « commerce et moralité ». On peut opposer un texte de Montaigne qui dit que dans l’échange il y a toujours un perdant et un gagnant. En revanche, il y a un texte de Montesquieu, deux siècles plus tard, – deux bordelais — chapitre 20 de l’Esprit des lois fait l’éloge du « doux commerce ». Et c’est Montesquieu qui pose cette idée, après d’autres, que le commerce est une alternative à  la guerre. Parce que si j’échange, dans un commerce – équitable, bien sûr – j’ai intérêt à  ce que l’autre survive. J’ai pas intérêt à  le tuer. Il a de la laine, j’ai du tissu : si je le tue je n’aurai pas de laine. Donc le commerce, normalement, est un jeu à  somme positive.
    à‡a rejoint la vision qu’en a Bastiat, que j’ai découvert il n’y a pas longtemps, cette vision que le commerce n’est pas la guerre !
    Oui c’est une grande idée libérale ! La France paradoxalement a oublié sa grande tradition libérale aussi importante que la tradition anglaise. Ce sont la France et l’Angleterre qui ont fondé le libéralisme. Il y a eu une marxisation de l’intelligentsia française.En Angleterre John Locke, David Hume, Adam Smith, John Stuart Mill, et en France, on a oublié notre importante tradition libérale, Montesquieu, Turgot (grand ministre), Benjamin Constant, Tocqueville penseur libéral un peu particulier, Jean-Baptiste Say, Bastiat, Walras, Cournot. On a beaucoup de penseurs libéraux qu’on a un peu oubliés (à  part des gens comme Raymond Aron, proche de Popper). Il y a eu une marxisation de l’intelligentsia française. Cela a fait qu’on a considéré tous ces libéraux comme des idéologues. La définition marxiste de l’idéologie, « soutenir un pouvoir arbitraire, fondé sur la domination, transformer des idées (visant à  asseoir la domination) en réalité objective ». Pour Marx, ce sont des idéologues puisqu’il transforment une idéologie en réalité objective, pour tromper les classes dominées.
    A suivre !

    Retrouvez les autres parties de l’interview dans le sommaire !