Étiquette : Syndicats

  • Réforme de la fonction publique : sujet chaud !

    Dans les grands débats du mardi, sur BFM, Philippe Manière envisageait les réformes de la fonction publique accomplies dans les pays scandinaves, et notamment en Suède, et que Nicolas Sarkozy pourrait appliquer en France pour réduire les budgets de fonctionnement de l’Etat. Le débat était assez dépassionné, et pour cause les interlocuteurs n’étaient pas vraiment partie prenante, mais plutôt des analystes et des observateurs, suédois ou non. Il y avait dans cette discussion :

    Un relatif consensus s’est établi assez rapidement sur deux points :

    • la nécessité d’une grande transparence dans les finances de la fonction publique, préalable indispensable à  toute réforme juste, et appliquée de manière pédagogique
    • la nécessité de modifier le statut des fonctionnaires pour assouplir le fonctionnement et la qualité du service public, dans le souci de plus de justice (comment justifier que certains citoyens soient complètement protégés des contraintes économiques et d’efficacité responsable, tandis que d’autres les supportent quotidiennement?)

    Il y a avait un contraste assez frappant entre le ton assez tranquille avec lequel les invités tombaient d’accord sur ces sujets, alors même qu’ils sont (étaient?) systématiquement évités comme des tabous dans les médias français : les langues commencent à  se délier…!
    Pour preuve, lorsque le présentateur demande à  Falkehed de conclure en disant ce que selon lui Sarkozy peut faire pour mener à  bien ces réformes, la réponse tombe :

    N. Sarkozy devrait envoyer Philippe Séguin [Premier Président de la Cour des Comptes] faire les comptes des centrales syndicales, qui n’auraient plus qu’à  se taire, et les réformes passeraient en douceur !

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas de la langue de bois !

  • La bataille du service minimum aura-t-elle lieu ?

    Deux jours, deux interviews, deux phrases qui m’ont fait sursauter. J’ai entendu sur BFM hier après midi René Valladon, secrétaire confédéral de FO, et ce matin Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT. Bien sûr, la question du service minimum est rapidement tombée. Ce qui m’a fait sursauter, à  chaque fois, ce sont deux choses :

    • le niveau des réponses de ces représentants syndicaux
    • l’absence de réaction des journalistes face à  des contre-vérités énoncées devant eux

    Ce matin, Maryse Dumas nous a expliqué que « le service minimum est une atteinte au droit de grève ». Je comprends bien qu’il faut mettre le service minimum en place en faisant attention au droit de grève ; mais affirmer de manière aussi tranchée que les deux sont antinomiques, c’est un peu simpliste ! Et le droit des clients ? dans « service public », il y a « service » et « public ». Quel service public quand il n’y a plus de service ? La CGT doit se réunir dans les prochains jours pour envisager une « grève préventive »…
    Hier, René Valladon, intérrogé sur le même sujet, nous affirmait péremptoirement que « la première revendication des usagers, c’est d’être prévenu suffisamment longtemps à  l’avance [des grèves] » ! Là  encore, pas de réaction de la part du journaliste ! La première revendication des usagers (clients), ce n’est pas d’être prévenus à  l’avance, c’est d’avoir le service pour lequel ils ont payé ! Cette manière de parler à  la place des autres sans savoir ce qu’ils pensent (ou en feignant de ne pas le savoir) est assez insupportable ; en même temps, c’est normal pour un syndicaliste français en 2007 !
    Je ne m’amuse pas à  l’avance d’éventuels conflits dans les transports publics à  propos du service minimum : j’ai suffisamment galéré dans les grèves de métro pour vouloir les éviter à  ceux qui le prennent…Il me semble qu’il y a tout de même moyen de respecter les clients de ces services, tout en respectant le droit de grève. Ceux qui jouent le conflit ne doivent pas avoir le dernier mot. L’espoir ici est que les syndicalistes, visiblement insensibles à  l’intérêt général et assez peu intéréssés par un service public de qualité, ne soient pas suivis à  la SNCF et à  la RATP : ce qui n’est pas impossible vu le peu de gens qu’ils représentent !

    Evolution du taux de syndicalisation en France

    Légende : Evolution du taux de syndicalisation en France – de 1949 à  1993 inclus, estimation à  partir du nombre de cotisations syndicales (en déduisant les 20 % de cotisations correspondant aux salariés en retraite) [1] — de 1996 à  2004 inclus, estimation à  partir de l’Enquête Permanente sur les Conditions de Vie des Ménages de l’Insee.

    Et vous ? pensez-vous que le service minimum soit nécessaire pour la qualité du service public, ou pensez-vous que c’est une atteinte au droit de grève ?

  • Citation #20

    Des dizaines d’années avant l’apparition des premiers partis communistes et même des premiers théoriciens socialistes, ce sont les libéraux du XIXe siècle qui ont posée, avant tout le monde, ce que l’on appelait alors la ”question sociale » et qui y ont répondu en élaborant plusieurs des lois fondatrices du droit social moderne. C’est le libéral François Guizot, ministre du roi Louis-Philippe qui, en 1841, fit voter la première loi destinée à  limiter le travail des enfants dans les usines. C’est Frédéric Bastiat, cet économiste de génie que l’on qualifierait aujourd’hui d’ultralibéral forcené ou effréné, c’est lui qui, en 1849, député à  l’Assemblée législative intervint, le premier dans notre histoire, pour énoncer et demander que l’on reconnaisse le principe du droit de grève. C’est le libéral Émile Ollivier qui, en 1864, convainquit l’empereur Napoléon III d’abolir le délit de coalition, ouvrant ainsi la voir au syndicalisme futur. C’est le libéral Pierre Waldeck-Rousseau qui, en 1884 (…) fit voter la loi attribuant aux syndicats la personnalité civile.
    Jean-François Revel La Grande parade, p. 48-49
  • La voie du milieu

    La voie du milieu

    Il faut saluer les différents syndicats de salariés et les organisations patronales d’avoir, à  l’initiative de Laurence Parisot, réussi à  se mettre ensemble autour d’une table pour dresser un état des lieux communs.
    J’ai été surpris en écoutant la radio ce matin de voir le peu d’enthousiasme qu’a soulevé cette avancée, pourtant importante, dans la qualité du dialogue. J’en déduis que les journalistes sont déçus : le dialogue constructif est moins vendeur que le conflit ouvert et les petites phrases assassines. On entend à  longueur d’année les mêmes critiquer le manque de dialogue et le conflit fermé, et lorsque de la discussion concrète se met en place, les commentaires sont tièdes. Il faut saluer l’énergie de tous ceux qui, malgré cette tiédeur et cet immobilisme, parviennent à  réunir tout le monde autour d’une table. Saluons Laurence Parisot pour son travail.
    Les médias ont tort de ne pas saluer l’évènement ; je vois pourtant au moins 5 avantages à  la tenue de ces discussions :

    1. le dialogue et l’élaboration d’un état des lieux partagé sont des étapes nécessaires de la résolution des problèmes, et vont faire avancer les choses immanquablement. Comment résoudre un problème quand on ne l’a pas au préalable posé ?
    2. cela va permettre de sortir des clichés habituels décrivant les organisations patronales commes des dirigeants égoistes et perchés dans leur tour d’ivoire, et les syndicats comme des organisations passéistes et arc-boutées sur l’immobilisme. Même si les clichés recouvrent une part de la vérité, ils ne rendent pas justice à  tous ceux qui veulent faire avancer les choses de manière pragmatique.
    3. l’état des lieux partagé devrait faire l’objet d’une publication à  la fin du premier trimestre de l’année 2007, c’est à  dire avant les présidentielles. On peut voir là  une occasion supplémentaire pour que les candidats se prononcent sur ces sujets importants, voire cruciaux, sur la base d’un constat relativement objectif.
    4. cela permet de voir qui veut jouer la carte du dialogue et qui ne veut pas la jouer. La CGT a réussi à  se mettre à  part en annonçant ne pas savoir si elle va participer aux groupes de travail qui vont se mettre en place. On ne peut que lui conseiller de revenir rapidement discuter à  cette table : sans quoi le cliché qu’on veut bien lui coller finira par être une réalité évidente pour tout le monde
    5. il était temps que les discussions reprennent entre les partenaires sociaux : c’est le seul moyen pour que l’état providence ne décide pas à  leur place de ce qu’il convient de mettre en place. Gageons que les principaux acteurs concernés du monde professionnel seront plus à  même de trouver des solutions intelligentes et efficaces pour faire évoluer les choses qu’une Martine Aubry ou qu’un Dominique de Villepin !

    Saluons donc les quatre des cinq syndicats de salariés (CFDT, CFTC, FO et CFE-CGC) et les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA) qui ont accepté de travailler ensemble sur les contrats de travail, la sécurisation des parcours professionnels et la remise à  plat de l’assurance chômage. Et espèrons que la CGT va comprendre que la voie du progrès social, c’est le dialogue plus que le conflit.