Étiquette : Volonté

  • Sarkozy : cible des égoistes mal informés !

    Hier, sur TF1, jai trouvé Nicolas Sarkozy très convaincant, détendu et pointu dans ses réponses. Passons sur le niveau des journalistes qui naviguait (PPDA) entre pitoyable et médiocre. Sarkozy connait les dossiers, et – à  mon avis – fera ce qu’il faut pour diriger la France vers le plein emploi ; ce qui est un premier pas vers beaucoup de choses. Il fait montre de fermeté et de volonté dans son discours comme dans ses actes. Un profond sens de la justice sociale l’anime à  l’évidence. Et on voudrait lui interdire de parler de Jaurès !
    Nous verrons ce soir comment se débrouillera Ségolène Royal. Je ne suis pas certain qu’elle soit aussi digne que Sarkozy de parler de Jaurès…!
    Ce midi, nous avons eu une discussion enflammée avec mes collègues à  propos de Sarkozy, et du « modèle de société » qu’il propose. J’ai été assez surpris de voir que parmi mes collègues, qui sont tous pourtant des gens intelligents, éduqués et relativement cultivés, tous se positionnent comme étant anti-Sarkozy primaires. En discutant je me suis rendu compte de 2 ou 3 choses assez dérangeantes :

    • Sous-information : la plupart des gens n’ont jamais lu aucun des programmes des candidats : leur seul source d’information sont les bribes obtenues directement par les extraits de discours des candidats, ou indirectement par les commentaires journalistiques et/ou des opposants. On peut donc souligner un réel manque d’informations factuelles : les gens ne vont pas chercher l’information. Cela vient de leur mode de fonctionnement, et c’est le deuxième point
    • Mode de fonctionnement religieux : la plupart des gens veulent pouvoir adhérer complètement à  un candidat : le moindre point de désaccord avec Sarkozy (ou autre) suffit à  le classer dans une catégorie négative. Ils cherchent un(e) messie bien plus qu’un(e) président(e) ! Comment pourrait-on être d’accord sur tous les points avec une candidat ? Je voterai au second tour pour Sarkozy, mais ça ne veut pas dire que je suis d’accord avec tout ce qu’il dit ou propose ! Ce veut dire que, dans les grandes lignes, je trouve que ses propositions vont dans le bon sens pour régler les problèmes, seront sources de plus de justice, et que j’approuve son approche pragmatique.
    • Egoïsme et pauvre sens de la justice : les gens éduqués, qui ne s’en tirent finalement pas si mal dans le système actuel, sont d’un égoïsme inconscient et assez brutal : c’est facile de voter pour l’immobilisme quand on tire les marrons du feu ! Je ne retrouve pas chez eux un sens très développé du bien commun, et du souci des plus démunis ! Ils ont réussi à  se donner bonne conscience avec leur « système de protection sociale » qui encourage la fraude et la spoliation, sans se rendre compte qu’une partie de la société, soumise aux contraintes économiques de la mondialisation, trime dure pour qu’une autre, soumise à  aucune contrainte économique, parte à  la retraite à  55 ans ! Bonne conscience aussi quand on stigmatise la « lepenisation des esprits » et de Sarkozy, sans se rendre compte que certains des problèmes jusqu’à  alors uniquement abordés par Le Pen sont des vrais problèmes – immigration et identité nationale – cruciaux et sources de conflits durables. Les banlieues s’embrasent, des cités sont prise en otage par la violence de bande de casseurs en mal de sensation, mais tout va bien, le modèle social est bon et juste. Dormez, citoyens ! Les bons sentiments y sont pour beaucoup, je l’espère (ne pas montrer du doigt une catégorie de la population par peur d’être taxé de « raciste »), mais j’ai bien peur qu’il n’y ait dans tout cela plus d’égoïsme et d’aveuglement que de bons sentiments. C’est Sarkozy qui a fait perdre des voies à  Le Pen, pas la gauche ! C’est Sarkozy qui a fait que la campagne a passionné les gens, et que la participation a été forte : il est force de proposition et de changement.

    Nous verrons le résultat du second tour : et nous verrons surtout Sarkozy à  l’action une fois élu ! s’il passe…

  • L’idéal comme guide d’action

    L’idéal comme guide d’action

    La définition de l’idéal montre deux utilisations possibles que l’on peut en faire :

    IDEAL :
    Ce que l’on conçoit comme conforme à  la perfection et que l’on donne comme but ou comme norme à  sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit.

    Toute la nuance réside dans le ou (que j’ai mis en gras). Utilisé comme un mètre-étalon (la norme), et c’est la meilleure manière d’être malheureux : c’est le pessimisme; utilisé comme un but, c’est la voie de l’action et du bonheur : c’est l’optimisme.
    Sur le constat, un optimiste et un pessimiste peuvent être d’accord : le monde est injuste, dur, cruel, tragique, plein de menaces, mais aussi beau, riche de la nature et des hommes, plein de promesses.
    Nous sommes tous un peu pessimistes et optimistes :

    Le pessimisme de la connaissance n’empêche pas l’optimisme de la volonté.
    Antonio Gramsci

    Mais la connaissance du monde doit inclure ce qu’il y a de bien dedans, et ce qui pourrait en naître de positif…

    Pourquoi ce qui est beau ne devrait-il pas être vrai ? Quel pessimisme dans ces simples mots !
    Mark Fisher

    J’ai l’impression que dans le pessimisme, il y a comme une manière de partir de l’idéal et d’aller vers le monde réel : quelle déception ! Dans l’attitude optimiste, au contraire, le point de départ est le monde réel et on utilise l’idéal comme un but, une visée : quel guide efficace pour l’action !
    Alors soyons lucides sur l’état du monde (en ne laissant pas de côté la beauté, l’amour, la sincérité, l’échange qui font aussi partie du monde), et utilisons l’idéal non pas pour broyer du noir, mais pour regarder ensemble dans la même direction.

    Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté.
    Winston Churchill

  • Faut-il avoir de l’ambition ?

    A force d’entendre les commentateurs critiquer Sarkozy pour son ambition, et comme cela rejoint des critiques que l’on entend couramment au sein de ma boite concernant tel ou tel cadre dirigeant, je me suis posé la question du sens du mot « ambition ».

    En effet, le français est une langue comportant peu de mots, et il n’est pas rare qu’un mot comporte plusieurs acceptions de sens relativement différents. J’avais lu cette phrase, je ne sais plus où, que « le français avait longtemps été la langue de la diplomatie justement pour cette raison : une langue avec peu de mots permet de trouver plus facilement une formulation un peu ambiguë qui convient aux deux parties ». Le français n’est plus la langue diplomatique depuis le Traité de Versailles (1919), mais il n’a pas tellement évolué depuis, que cet état de fait soit devenu faux.

    Pour le nombre de mots, j’ai trouvé dans les articles de wikipédia (celui sur le français et celui sur l’anglais) et sur le site de l’Académie Française qu’en gros le français comporte 100.000 mots (Trésor de la Langue Française), pour 500.000 mots en anglais (Oxford English Dictionnary).

    Je suis donc allé faire un tour sur l’excellent dico Lexilogos, et voilà  la définition pour le mot « ambition » :

    Ambition :

    1. Recherche immodérée de la domination et des honneurs.
    2. Désir d’accomplir, de réaliser une grande chose, en y engageant sa fierté, son honneur.

    Ce qui est clair en lisant ces deux définitions, c’est qu’elles n’ont pas du tout le même sens : autant la première décrit quelque chose de négatif (recherche immodérée de la domination, c’est tout de même bien la description du connard, ça), autant la seconde décrit quelque chose qui peut être très positifComment s’étonner que les Français entretiennent avec l’ambition (et la réussite, qui peut être le résultat de l’ambition) des rapports ambiguës ? Le mot lui-même est pour le moins ambivalent…
    Pour conclure, il faut bien préciser de quoi l’on parle lorsqu’on dit d’un homme politique, ou d’un dirigeant, ou de n’importe qui d’ailleurs, qu’il est animé par une énorme ambition…Si avoir de l’ambition au premier sens du mot est inquiétant, ne pas en avoir au second sens du mot l’est tout autant !

  • Volonté et devoir d’être heureux

    Faut-il cacher le bonheur ?

    Il y a tellement de malheur dans le monde, que le simple fait de ne pas l’être pourrait passer pour quelque chose d’étrange, voire de suspect. Ca rejoint le fameux proverbe, tiré d’un Fable :

    Pour vivre heureux, vivons caché.

    [Jean-Pierre Florian]

    Cacher le bonheur, quand le malheur s’étale à longueur de journée sous nos yeux ? Autant interdire la beauté, et faire taire la joie.
    Ce serait presque avoir honte d’être heureux.

    L’univers est une énorme injustice. Le bonheur a toujours été une injustice.

    [Jules Romains]

    Mais si les gens heureux ne parlent pas de leur bonheur, s’ils ne le disent pas, qui parlera du bonheur ? L’intérêt d’un discours ne se mesure pas à la quantité de malheur de son propriétaire, mais à la justesse du propos.

    Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible.

    [Albert Jacquard]

    Le bonheur est donc, d’un première manière, relié au devoir. Qui sera heureux, si ce n’est les gens qui ont eu la chance pouvoir l’être ?

    Qu’est-ce que le bonheur ?

    C’est bien beau de dire qu’il faut être heureux, mais encore faut-il savoir ce qu’est le bonheur !
    Qu’est ce que le bonheur ? Chacun est libre de le rechercher où il veut, dans la mesure où il n’impose rien à ses voisins.

    Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît

    Proverbe Français

    J’ai déjà donné ici ma définition du bonheur, en tout cas une qui me plait, et surtout qui correspond à mon caractère et à mes envies. Le bonheur est quelque chose de dynamique, lié à des projets renouvelés, plus qu’un état…Il est donc relié aussi à la volonté. Quel projet, quelle action sans volonté ?

    Bonheur et volonté

    Le bonheur est attaché à l’action et à la volonté de deux manières un peu différentes :

    L’homme n’est heureux que de vouloir et d’inventer.

    [Alain]

    et

    Il n’y a qu’une route vers le bonheur c’est de renoncer aux choses qui ne dépendent pas de notre volonté

    [Epictète]

    Loin de l’image figée du bonheur, notre culture nous renvoie plutôt l’image d’un bonheur qui est le fruit du devoir et de la volonté. Le bonheur n’est donc pas un but :

    Le bonheur n’est pas un but qu’on poursuit âprement, c’est une fleur que l’on cueille sur la route du devoir.

    [John Stuart Mill]

    Leçon de vie par un philosophe

    Sur un tel sujet, il faut laisser le mot de la fin au maître, qui a dit l’essentiel là-dessus dans le superbe recueil « Propos sur le bonheur ». La notion de volonté, comme celle de devoir, y sont reliées au bonheur, bien sûr. C’est un texte profond et simple que j’aime beaucoup, et que je trouve, à chaque relecture, d’une vérité terriblement émouvante.

    Devoir d’être heureux
    Il n’est pas difficile d’être malheureux ou mécontent; il suffit de s’asseoir, comme fait un prince qui attend qu’on l’amuse […]
    Il est toujours difficile d’être heureux; c’est un combat contre beaucoup d’événements et contre beaucoup d’hommes; il se peut que l’on y soit vaincu; il y a sans doute des événements insurmontables et des malheurs plus forts que l’apprenti stoïcien; mais c’est le devoir le plus clair peut-être de ne point se dire vaincu avant d’avoir lutté de toutes ses forces. Et surtout, ce qui me paraît évident, c’est qu’il est impossible que l’on soit heureux si l’on ne veut pas l’être; il faut donc vouloir son bonheur et le faire.
    Ce que l’on n’a point assez dit, c’est que c’est un devoir aussi envers les autres que d’être heureux. On dit bien qu’il n’y a d’aimé que celui qui est heureux; mais on oublie que cette récompense est juste et méritée; car le malheur, l’ennui et le désespoir sont dans l’air que nous respirons tous; aussi nous devons reconnaissance et couronne d’athlète à ceux qui digèrent les miasmes, et purifient en quelque sorte la commune vie par leur énergique exemple. Aussi n’y a-t-il rien de plus profond dans l’amour que le serment d’être heureux. Quoi de plus difficile à surmonter que l’ennui, la tristesse ou le malheur de ceux que l’on aime? Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j’entends celui que l’on conquiert pour soi, est l’offrande la plus belle et la plus généreuse.

    Alain, septembre 1923.

  • Vérité ou réalité : faut-il choisir ?

    Toute réflexion commence par la définition propre des concepts utilisés, non ?

    Réalité : ce qui existe indépendamment du sujet, ce qui n’est pas le produit de la pensée.

    Vérité :

    1. Scientifique : connaissance reconnue comme juste, comme conforme à  son objet et possédant à  ce titre une valeur absolue, ultime
    2. Philosophie : norme, principe de rectitude, de sagesse considéré(e) comme un idéal dans l’ordre de la pensée ou de l’action
    3. Logique : conformité de la pensée ou de son expression avec son objet

    La réalité contient la vérité, puisqu’elle englobe le monde entier, donc toutes les pensées que les humains peuvent avoir sur le monde.
    Constater la différence entre vérité et réalité, c’est le premier pas. On peut ensuite souligner ce qui différencie les deux, ou ce qui les rapproche. Ce qui différencie les deux, c’est le sujet qui pense ; c’est souligner le point de vue particulier — limité – sur l’universel. Souligner la différence, c’est donc souligner l’incomplétude de l’être humain, son manque d’aptitude à  dire le réel.
    Souligner ce qui les rapproche, c’est souligner la possibilité d’une description partagée du monde, indépendamment du sujet. La science aide à  ce rapprochement. Le dialogue aide à  ce rapprochement. Exprimer des points de vue différents, c’est déjà  partager plus que le silence, et les rapprocher par le partage.
    Vouloir systématiquement dissocier vérité et réalité est dangereux : c’est le jeu des relativistes. « Puisque chacun possède sa part de vérité, alors aucune n’est vraie ». C’est oublier un peu vite que chacun peut penser faux. Toutes les vérités individuelles ne sont pas forcément équivalentes.
    Il me semble que chacun doit faire l’effort de diminuer l’écart entre sa vérité (sa manière de penser le monde) et la réalité (le monde lui-même). On peut le faire de deux manières, et les deux sont nécessaires : adapter l’image que l’on se fait du monde, et changer le monde en suivant notre volonté. Il n’y a donc pas à  choisir entre vérité et réalité ; notre vérité, c’est notre volonté d’agir, de changer les choses, et la réalité c’est l’espace de travail, qu’il faut savoir accepter.
    Pour agir bien, il faut savoir accepter le seul terrain de jeu qui nous est donné.

    Toute vérité est une route tracée à  travers la réalité.[Henri Bergson]

  • Vouloir être libre !

    Vouloir être libre !

    La liberté est un mouvement plus qu’un état. Une quantité, plus qu’une qualité. On est plus ou moins libre. Ce qui importe donc, c’est de savoir ce qui libère et ce qui enferme. Ce qui ouvre et ce qui gène.
    Si être libre c’est faire ce qu’on veut (ou penser ce qu’on veut), on peut interpréter la liberté dans les deux sens : il y a un effort pour écarter de ce qui gêne la volonté, et un effort sur la volonté elle-même pour apprendre à  désirer des choses faisables. Celui qui désire l’inaccessible est voué à  l’aliénation.

    La liberté, ce n’est pas pouvoir ce que l’on veut, c’est vouloir ce que l’on peut.

    Jean-Paul Sartre (1905 – 1980) écrivain et philosophe français

    Pour vouloir ce que l’on peut, il faut savoir évaluer proprement ce que l’on peut, et à  ne pas vouloir des choses impossibles : la vérité libère. Et les convictions enferment.
    Apprendre à  ne pas vouloir des choses impossibles, ça s’appelle exactement la volonté.
    La volonté libère. L’idéalisme enferme.