Année : 2009

  • Aggrégateur humain

    Aggrégateur humain

    La première fois que je suis allé à  la République des blogs (une réunion de blogueurs politiques qui se tient chaque mois dans un bar), j’ai rencontré un des blogueurs « historiques », donc influent, Laurent Gloaguen. Il m’avait confié qu’il était un aggrégateur humain.

    J’avais pris sa remarque comme une boutade pour souligner l’importance de lire beaucoup, et d’être capable de relayer les informations. Je n’avais pas compris la profondeur de cette définition. Pour bloguer vraiment, il faut lire beaucoup, et l’aggrégateur de flux RSS devient rapidement un outil indispensable. Et sans un tri très sélectif, on finit par « lire » plus d’un centaine de blogs, de flux de sites, et on est submergé par le flot d’informations.

    Si l’on est organisé, on parvient à  gérer ce flot gigantesque, et à  en tirer des extraits, des liens, que l’on propose à  ses lecteurs. On devient, finalement, éditeur plutôt qu’auteur, aggrégateur humain plutôt que blogueur, relais d’information plutôt que producteur de contenu. On ne lit plus vraiment ce qu’on lit : on le survole, on l’appréhende en fonction de notre besoin uniquement, on n’est plus ouvert à  la pensée de l’autre.

    Et on perd, à  mon sens, en devenant éditeur, une part importante du plaisir. Certes, il est passionnant de penser le design, les articles, les réseaux, les plugins, les liens, les citations. Mais le vrai plaisir, la vraie motivation – en ce qui me concerne – tient avant tout au plaisir de penser, d’avoir une idée, et de me poser tranquillement devant mon clavier pour la formaliser. C’est ce plaisir – ce travail – que l’on perd peu à  peu de vue quand on est un aggrégateur humain. Le plaisir de penser le texte avant de l’écrire, le plaisir de peaufiner l’idée tout au long d’une journée. Imaginer quelle image pourrait l’accompagner, et en exprimer l’essence.

    Bien sûr, entre aggrégateur humain et penseur (deux extrêmes que je n’ai aucunement la prétention d’atteindre), il convient de garder un juste milieu. C’est peut-être l’intérêt de conserver plusieurs supports, plusieurs blogs, pour pouvoir jouer plusieurs jeux à  la fois.

    J’ai été très heureux d’écrire ce petit texte.

  • Pour être à  l’heure, soyez en avance

    Pour être à  l’heure, soyez en avance

    Avez-vous remarqué que certaines personnes ne savent pas être à  l’heure ? J’en ai encore eu un exemple récemment. J’ai eu la chance de faire partie d’un groupe de réflexion dans mon entreprise, et nous devions présenter les résultats de nos travaux en comité de direction. Devant toute une floppée de directeurs. C’est le genre d’occasion pour lequel on souhaite être à  l’heure. Seulement voilà  : une des membres de notre groupe était systématiquement en retard à  nos réunions. Rien de grave, tant qu’on est entre nous.

    Au final, tout s’est bien passé. Car nous avions convenu de nous retrouver une demi-heure plus tôt pour faire une répétition. Je crois que le côté sécurisant de cette répèt’ était bien plus lié au fait que, de la sorte, nous étions sûrs que cette jeune femme serait à  l’heure pour le « grand show ». Et pas du tout au fait de répéter juste avant : nous étions déjà  prêts.

    Elle est arrivé avec dix minutes de retard à  la répétition, bien sûr ! Pour cela, elle est fiable. Mais nous l’avions sous la main, et à  moins qu’elle ne se sauve avant la présentation, nous étions sûrs qu’elle serait à  l’heure. C’est un exemple de gestion collective, si l’on veut voir le côté positif des choses.

    Fait-elle exprès d’être en retard ? A-t-elle un emploi du temps tellement chargé qu’il ne lui est plus possible d’être à  l’heure ? Non, bien sûr ! Elle n’a simplement pas compris que pour être à  l’heure, il faut être en avance. Ce n’est pas un paradoxe, loin de là . Comment être sûr d’être à  l’heure, si on ne prend pas la marge suffisante pour inclure les imprévus ? Comment croire qu’on sera à  l’heure si l’on vise d’arriver à  l’heure juste ? Il n’y a que trois manières d’arriver à  un rendez-vous : en avance, pile à  l’heure, et en retard. Comme le « pile à  l’heure » dure 1 seconde, il me parait ambitieux de choisir ce résultat. C’est ce que n’ont pas compris les gens qui arrivent toujours en retard. Leur compréhension du temps est défaillante. Il ne reste, pour les autres, que le choix entre « avance » et « retard ». Choix facile à  faire, non ?

    Il faut bien sûr s’appliquer à  arriver avec une avance raisonnable. Certains diront que c’est du temps perdu ; et moi je crois que le temps perdu, c’est celui que l’on fait perdre aux autres.

    Soyez en avance, pour être à  l’heure.

  • Motivations internes


    Voici une superbe présentation de Daniel Pink, trouvée sur PresentationZen.

    Il y est question de management, de bâtons, de carottes, et de motivation. Le propos de Daniel Pink, servi par son talent d’orateur, est simple : la science nous apprend des choses qui ne sont pas appliquées dans le monde de l’entreprise.

    Des expériences simples prouvent que les récompenses n’améliorent le rendement des personnes que pour des travaux assez mécaniques et simples. Pour des tâches plus évoluées, faisant intervenir l’imagination, la créativité, les récompenses ont tendance à rendre moins efficaces, car elles focalisent l’esprit, là où il aurait besoin de s’ouvrir.

    Le management doit donc prendre en compte ces faits, et mettre l’accent sur les motivations internes des gens, que Daniel Pink décrit comme étant bien décrites par 3 facteurs :

    • Autonomie : le besoin de diriger nos propres vies
    • Maîtrise : le besoin de s’améliorer dans quelque chose qui compte
    • Utilité : l’aspiration à faire des choses qui s’inscrivent dans quelque chose qui nous dépasse

    Dans les faits, ça donne quoi ? Ca donne les employés de Google qui peuvent passer 20% de leur temps à travailler sur ce qu’ils veulent. 50% des nouveaux produits qui sortent de chez Google sont imaginés pendant ces 20% là. Instructif, non ? Allez ! Assez parlé : jetez-vous sur cette très belle présentation, très vivante, très claire et très stimulante.

  • Dépotoir à  pensées

    Dépotoir à  pensées

    Qu’est-ce qu’un blog, sinon un espace où l’on peut déposer ses idées, se les extirper de la tête pour la libérer ?

    J’ai toujours bien aimé ce symbole : celui de Dumbledore, dans Harry Potter, qui, à  l’aide de sa baguette magique, extrait des idées ou des souvenirs de sa tempe et les dépose dans son « pensieve » pour y revenir plus tard. Ce serait passionnant, de pouvoir retrouver plusieurs années plus tard la pensée d’un moment, et la comparer avec ce qu’elle est devenue dans notre cerveau qui triture, qui déforme, qui reconstruit, qui vit en un mot.

    C’est cela, un blog. Des traces que l’on peut laisser, et dans lesquelles on peut se replonger. Non pas pour alimenter une vaine nostalgie, ou une compulsive auto-contemplation, mais simplement pour mesurer le changement, l’évolution.

  • Cerveau droit

    Cerveau droit

    J’ai passé une heure, ou plus, à  dessiner un petit banc, qui était dans le jardin, pendant nos vacances en Bretagne.. Et je me suis retrouvé dans cet état si agréable, propre au dessin et à  d’autres activités manuelles, cet état où le cerveau droit prend complètement le contrôle de nos actes. Plus un seul mot ne vient « perturber » l’action, et le geste seul est ressenti. Si vous ne connaissez pas, je vous recommande. C’est une source de calme et de sérénité incroyable. Vraiment.

    J’ai pu mettre des mots sur cet état « particulier » en lisant l’excellent livre « Dessiner avec son cerveau droit« , de Betty Edwards. C’est une prof de dessin qui est célèbre pour sa méthode d’apprentissage du dessin, et plus précisément d’apprentissage du juste regard.

    La compétence globale pour dessiner quelque chose que l’on voit (une personne, un objet ou un paysage) exige seulement cinq compétences de base entièrement basées sur la perception et non une quelconque capacité à  dessiner : – la perception des bords. – la perception des espaces – la perception des rapports – la perception des lumières et des ombres – la perception du tout.

    Betty Edwards

    Le principe est simple : pour dessiner, il « suffit » de reproduire ce que l’on voit. Et pour reproduire ce que l’on voit, le meilleur moyen est de simplement regarder, sans interpréter Pour reproduire ce que l’on voit, le meilleur moyen est de simplement regarder sans interpréter la réalité, et sans la verbaliserla réalité, et sans la verbaliser (c’est ce que fait l’hémisphère gauche). Laisser le cerveau droit prendre la main, c’est laisser l’oeil suivre les courbes, observer les croisements, percevoir les volumes, sans les déformer pour les faire coller avec des notions abstraites, et non observées. Ne dessiner que ce que l’on voit. Cela demande de la pratique, bien sûr. Mais c’est tellement puissant que ça vaut bien le coup de le faire.

    Un exercice simple dans le livre pourra vous convaincre du bien-fondé de la méthode. Il s’agit de recopier le portrait de Stravinsky par Picasso sur une feuille. D’abord, en le tenant à  l’endroit. Puis, dans un second temps, en le tenant à  l’envers et en s’efforçant de juste suivre les lignes, et de les reproduire sans chercher à  savoir s’il s’agit d’un trait de la main, ou du visage, ou de la manche. La comparaison entre les deux dessins est sans appel : celui réalisé en mode « cerveau droit » (en tenant l’original à  l’envers) est nettement plus fidèle. Essayez !

    Image en grand format (pour impression).