Mois : septembre 2021

  • Citation #137

    La pire des souffrances est celle de ne plus pouvoir aimer.

    Fiodor Dostoïevski (1821 – 1881) écrivain russe

  • Bitcoin : comprendre et investir

    Bitcoin : comprendre et investir

    Philippe Herlin, économiste spécialisé en finance et en cryptomonnaies, vient de sortir chez Eyrolles un très bon guide pratique des cryptomonnaies. J’ai eu la chance de côtoyer l’auteur lorsque j’animais le réseau de blogs libéraux-conservateurs LHC. Tous deux alignés sur l’école autrichienne d’économie, nous avions à  l’époque tenté de fédérer les blogueurs « de droite ». Nous continuons de nous recroiser de temps à  autre dans des évènements politiques.

    Cryptomonnaies et finance décentralisée

    J’ai commencé à  m’intéresser aux cryptomonnaies cet été. Fatigué de constater que l’argent que je mets sur des livrets à  la banque ne rapporte rien, je me suis dit que certainement il serait intéressant de tester un peu ces cryptomonnaies, et leurs usages. J’avais dans le cadre de mon boulot, un aperçu assez détaillé de la blockchain, de sa philosophie (j’avais découvert le fascinant projet Ethereum et la startup ).
    Pour les néophytes comme moi, le livre d’Herlin est super : pratique, relativement simple à  comprendre, il va droit au but, et permet un survol assez global des cryptomonnaies, bitcoins, tokens, et autre plateforme DeFi. Un peu technique par moment, il est reste tout à  fait clair. Il est très utile : je me demandais si au-delà  du simple placement spéculatif, les cryptomonnaies présentaient d’autres intérêts, et j’ai découvert grâce au livre tout un univers déjà  avancé de services financiers. A lire, donc pour tous ceux qui veulent découvrir cet univers.

    Bitcoin : une monnaie dure, sans Etat

    L’histoire du bitcoin est assez fascinante. Au-delà  des aspect très techniques (passionnants eux-aussi), il s’agit de l’histoire de la création d’une monnaie (moyen de transaction) pair-à -pair sans autorité centrale, et à  stock fixe. Basée sur une technologie blockchain, les bases de données enregistrant les transactions sont cryptées, et recopiées sur des ordinateurs multiples du réseau. Il devient ainsi impossible de falsifier des opérations (en truquant un registre), puisque toutes les autres copies du registre montreront la fraude. Par ailleurs, dès sa création, le stock de Bitcoins a été fixé à  21 millions, sans possibilité d’en créer de nouveaux. On est proche du stock d’or, mais en plus « dur » en terme de ratio stock / flux (on peut extraire – difficilement – de nouvelles – petites – quantités d’or, mais on ne peut pas créer de nouveaux Bitcoins). En plein dans la filiation de l’école autrichienne, c’est donc une monnaie à  l’abri (presque) des agissements des hommes de l’Etat, ou des banques centrales, et donc des manipulations arbitraires de sa valeur. D’où sa solidité et sa montée en puissance, notamment dans les pays où les monnaies sont très volatiles, et/ou les systèmes bancaires sont absents ou défaillants. Ainsi, 30% des nigérians, par exemple, ont déjà  utilisé des cryptomonnaies. Nous aurions tout intérêt, collectivement, à  faire progresser l’usage de Bitcoin pour le rendre plus viable, et moins susceptible de se faire récupérer/descendre par les Etats.

    Livre pratique et synthétique

    Je vous recommande vivement ce livre, très riche en ressources, liens et références. Et très pédagogique. Il se termine sur des conseils d’investissements, et sur les outils, ce que je cherchais. Passionnant univers que ces cryptomonnaies, et passionnante progression depuis les débuts en 2008-2009. A ce jour, plus de 500 milliards de dollars sont capitalisés en Bitcoins ! A nous de jouer, pour retrouver, en partie, une souveraineté monétaire individuelle.

  • Histoire de France

    Histoire de France

    Prophète, mais pas que…

    Si vous aimez l’histoire, et l’histoire de France, alors il faut vous précipiter sur l’Histoire de France de Jacques Bainville. Il est souvent présenté comme celui qui avait « prophétisé », en 1920, la seconde guerre mondiale, par des considérations tout à  fait justes sur l’histoire croisée de la France et de l’Allemagne, et sur le Traité de Versailles (Les conséquences politiques de la paix). Je ne goute guère les « prophéties ». Encensées quand elles ont été justes, on oublie rapidement de parler de toutes celles que ne se sont avérées être que des foutaises. Il est normal de louer la pertinence de l’analyse de Bainville, mais je trouve qu’il mérite aussi d’être salué comme un historien exceptionnel, et une très belle plume.

    Histoire de France synthétique

    Bainville le dit très bien dans l’avant-propos (à  lire pour lui-même) de son Histoire de France :

    Nous n’avons pas tenté une oeuvre originale : on peut éclaircir l’histoire, on ne la renouvelle pas. Nous n’avons pas non plus soutenu de thèse. Nous nous sommes efforcé de montrer comment les choses s’étaient produites, quelles conséquences en étaient résultées, pourquoi, à  tel moment, telle décision avait été prise plutôt que telle autre. Ce qu’on découvre, au bout de cette analyse, c’est qu’il n’est pas facile de conduire les peuples, qu’il n’est pas facile non plus de fonder et de conserver un État comme l’État français, et l’on en garde, en définitive, beaucoup d’indulgence pour les gouvernements.

    Peut-être ce sentiment est-il la garantie de notre impartialité. Mais comment serions-nous de parti pris puisque notre objet est de présenter dans leur enchaînement les événements de notre histoire ? Nous ne pouvons la juger que par ses résultats. Et, comparant notre condition à  celle de nos ancêtres, nous sommes amenés à  nous dire que le peuple français doit s’estimer heureux quand il vit dans la paix et dans l’ordre, quand il n’est pas envahi et ravagé, quand il échappe aux guerres de destruction et à  ces guerres civiles, non moins redoutables, qui, au cours des siècles, ne l’ont pas épargné.

    Cette conception de l’histoire est simple. C’est celle du bon sens. Pourquoi juger la vie d’un pays d’après d’autres règles que celle d’une famille ? On peut écrire l’histoire à  bien des points de vue. Il nous semble que l’accord général peut s’établir sur celui-là .

    Les éléments d’un tel livre se trouvent partout. On demandera seulement s’il est possible, en cinq cents pages, de raconter, d’une manière à  peu près complète, deux mille ans d’histoire de France. Nous répondons hardiment : oui. La tâche de l’historien consiste essentiellement à  abréger. S’il n’abrégeait pas, — et la remarque n’est pas nouvelle, — il faudrait autant de temps pour raconter l’histoire qu’elle en a mis à  se faire. Toutefois chaque génération a une tendance naturelle à  donner plus d’importance à  la période contemporaine qu’aux temps plus reculés. C’est la preuve que de grandes quantités de souvenirs tombent en route. Au bout de quatre ou cinq cents ans, on commence à  ne plus guère apercevoir que les sommets et il semble que les années aient coulé jadis beaucoup plus vite que naguère. Nous avons tâché de maintenir une juste proportion entre les époques, et, pour la plus récente, puisque cette histoire va jusqu’à  nos jours, de dégager les grandes lignes que l’avenir, peut-être, retiendra.

    Et il réussit cet effort de manière magistrale. Les chapitres sont courts, denses, et le fil de la narration est simple à  suivre. Il s’agit vraiment d’une histoire de France, et non d’une histoire des évènements en France. Bainville raconte l’histoire de la nation française, de la royauté bien sûr, mais de l’Etat aussi, des frontières. Cette vision « narrative » de l’histoire de France me parle beaucoup, et j’aurais aimé découvrir Bainville au Lycée, car cela m’aurait certainement donné plus de goût pour l’histoire. Il est bon de préciser que cet effort de synthèse repose sur une très grande érudition : il est clair que Bainville a beaucoup lu, et chacun des chapitres montre une vue très globale du sujet. Les jeux d’alliance entre les grands d’Europe, au fil du temps et des circonstances, sont remarquablement décrits, et certains mécanismes politiques récurrents aussi. Le lien permanent entre géographie et politique, par exemple est un des fils conducteurs du livre. Il s’agit, pour le dire simplement, d’un grand classique d’histoire, mais aussi de géopolitique. A mettre en bonne place dans la bibliothèque de tout honnête Homme.