Les résultats sont tombés hier soir : conformes aux prévisions. La ruine du PS se confirme, la perte de vitesse du FN également, et toute l’intelligence stratégique de Bayrou porte ses fruits : il a réussi à couler le centre en quelques années. Visiblement, la majorité UMP à l’assemblée se confirme, et Sarkozy/Fillon devraient pouvoir mener leur politique avec un fort soutien de l’assemblée, donc des français (n’oublions pas que l’assemblée des députés représente le peuple français).
Un mot sur le pitoyable PS : ils n’ont toujours pas compris leur défaite, et toujours pas réussis à se remettre en question. On imagine qu’ils le feront après le deuxième tour, pensant que continuer sans changer leur permettra de sauver les meubles ! Calcul presque touchant dans sa naïveté, s’il n’était inquiétant sur le fond. Ils ne cessent de répeter qu’il faut une opposition forte (ce qui est vrai dans le principe) sans se rendre compte que pour avoir une opposition forte, il faut que les français votent pour elle, et donc qu’elle ait réussi à les convaincre, ce qui n’est manifestement pas le cas aujoud’hui.
La logique est respectée : ceux qui veulent vraiment changer les choses de manière pragmatique obtiennent le pouvoir à l’assemblée.
Blog
-
Premier tour des législatives : logique et rassurant !
-
Citation #28
J’ai pris un cours de lecture rapide et j’ai pu lire « Guerre et Paix » en vingt minutes. Ca parle de la Russie.
Woody Allen -
On ne connait bien les gens que dans l’action
Avez-vous remarqué comme on connait bien les gens lorsque l’on travaille avec eux ? La personnalité s’exprime beaucoup dans l’action : que ce soit dans des projets communs personnels, dans le travail en équipe, le fait de faire des choses ensemble crée des liens forts et permet d’avoir une bonne connaissance de la personnalité des gens. On peut tricher sur ce qu’on dit, on peut tricher sur ce qu’on est ou prétend être, mais on ne peut pas tricher sur ce que l’on fait ou pas, et la manière dont le fait.
-
Organisation du travail : communication et definition des roles
Organiser le travail d’un grand nombre de personnes implique d’optimiser deux aspects essentiels du travail en équipe : la communication et la définition des rôles ou missions de chacun. Des règles simples permettent de faire travailler efficacement les gens ensemble ; elles sont toutefois difficiles à mettre en oeuvre, parce que des freins culturels peuvent bloquer leur application. La franchise, l’acceptation de l’erreur, et la reconnaissance du mérite sont des aspects pas toujours suffisamment intégrés dans la culture française.
(suite…) -
Bayrou : mort politique annoncée…!
Les prévisions de nombre sièges à l’Assemblée Nationale pour le MoDem sont catastrophiques. Certains – dont Bayrou – crient que le système n’est pas bon, puisqu’un candidat qui a eu 18,5 % de voix au 1er tour des présidentielles se retrouvera avec quelques sièges seulement au parlement. Argument factice : son bon score n’est que le reflet du fait qu’une partie de la population ne s’est reconnu ni dans Sarkozy, ni dans Royal. Un score de circonstance, sans adhésion, et purement orchestré par des médias – malheureusement – complaisants avec le politiquement correct.
Bayrou dénonce un système, crie au loup en évoquant la « concentration des pouvoirs ». Pourquoi ne propose-t-il pas des solutions politiques à la place ? Son programme était plus proche de celui de Sarkozy que de celui du PS : et pourtant il s’est positionné comme un candidat de centre gauche (certainement poussé à droite par l’UMP de Sarkozy qui a récupéré une bonne partie de l’électorat centriste). Après avoir refusé de rentrer dans l’UMP, après refusé de se positionner pour le second tour, après avoir crée dans l’urgence un parti politique mort-né au nom presque comique (MoDem, pourquoi pas ADSL ou Internet?), après avoir passé plus de temps à faire des calculs purement électoraux qu’à définir une politique originale et moderne, on retrouve Bayrou là où il s’est lui-même mis : à deux pas de sa mort politique. Il répète à l’envie que son combat c’est le « pluralisme ». Drôle de manière de promouvoir le pluralisme que d’obtenir 4 ou 5 sièges à l’assemblée nationale ! -
Distinction entre responsabilité et conviction
Quelques temps avant l’élection présidentielle, Alain Boyer (professeur de philosophie politique à l’université de Paris-IV – Sorbonne), avait écrit un excellent article dans le Figaro. Son titre ? « Si vous êtes vraiment de gauche, votez Sarkozy! ». Cet article est vraiment excellent, clair et concis à la fois. Je ne peux que vous conseiller de le lire !
Je reviens dessus simplement parce que la distinction qu’il fait dès le début entre « morale de conviction » et « morale de responsabilité » est essentielle, et me parle beaucoup. On retrouve partout, en politique comme au travail, cette ligne de scission entre convictions et responsabilités.
Max Weber et Raymond Aron ont insisté sur deux attitudes possibles : la morale de la conviction, qui ne s’intéresse pas aux effets de l’action mais seulement à ses intentions, et la morale de la responsabilité, qui cherche à anticiper les conséquences d’une action avant d’arbitrer, parfois dans la douleur, en sa faveur. Cette morale n’a rien à voir avec le « réalisme » amoral. Mais elle tient qu’il est immoral de poser au moraliste intègre sans s’interroger sur le bilan prévisible de ses actes. On peut opposer, comme le philosophe « républicain » Philip Pettit, le fait de vouloir « honorer » une valeur et celui de chercher à la « promouvoir ». Seule cette attitude-ci est responsable.
Il décrit ensuite, à l’aide d’exemple concrets, la différence entre ces deux attitudes. Vraiment, il faut lire cet article magistral !
Pour finir, la conclusion de l’article :
Aujourd’hui, vu l’état du pays, il faut avoir le courage de proposer certaines réformes dites « libérales », incitatives, et négociées avec ceux qui, comme la CFDT, acceptent de ne plus considérer la politique en démocratie comme une guerre, un conflit à somme nulle, mais comme une délibération commune suivie de compromis.
Quiconque veut promouvoir les valeurs sociales devra en passer à l’heure qu’il est par des réformes dites « libérales », conditions sine qua non de la sauvegarde des retraites et de la Sécurité Sociale. La justice doit prendre en compte les générations futures. Les hommes et les femmes politiques de progrès sont ceux qui ont cessé de prendre les électeurs pour des idiots économiques – cessant de faire comme s’il suffisait de « faire payer les riches », de s’endetter et de moins travailler – et se donnent les moyens de promouvoir réellement la liberté, l’égalité et la solidarité.
Quant aux émotifs qui méprisent les « calculs » et la « rentabilité », rappelons cette phrase de l’économiste marxiste Charles Bettelheim, citée naguère par Michel Rocard : « Quand on cesse de compter, c’est la peine des hommes que l’on cesse de compter ». Même si l’on peut en critiquer certains aspects, seul le programme économique de Nicolas Sarkozy, comme l’était celui, très proche, de François Bayrou, semble en mesure de promouvoir à long terme les valeurs du progrès social, de la protection et de la liberté. La démarche d’hommes de gauche comme Christian Blanc et Eric Besson n’est donc pas une trahison de leurs valeurs. Français, encore une effort pour promouvoir les valeurs de gauche !