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  • Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Tutoriel : acheter du Bitcoin

    Chose promise, chose due : aprĂšs mon article sur le livre « L’Ă©talon Bitcoin », j’avais dis que je ferai un billet pratico-pratique pour ceux qui veulent investir en Bitcoin. Le voici : un tutoriel pas-Ă -pas pour savoir comment acheter et dĂ©tenir de maniĂšre sĂ»re des Bitcoins.


    Warning : je ne suis pas conseiller financier, et cet article n’est en aucune maniĂšre un conseil en investissement ou financier. Ce que j’y Ă©cris ne sont que mes vues personnelles.
    Warning 2 : je mentionne dans le fil de l’article des services ou produits commerciaux. Ce billet n’est pas sponsorisĂ©, il retranscrit simplement de maniĂšre factuelle les choix que j’ai fait. Je mentionnerai au passage certains concurrents. A nouveau, cet article n’est pas un comparatif entre diffĂ©rentes solutions, mais le descriptif de mes choix, avec mes critĂšres.


    Je ne reviens pas ici sur ce qui pourrait vous motiver Ă  acheter des bitcoins, mais simplement sur la maniĂšre de le faire (une maniĂšre parmi d’autres). Cela regroupe un certain nombre de choses que je n’avais pas forcĂ©ment en tĂȘte au dĂ©but du processus, et que j’ai appris en me documentant et en apprenant.
    Mon premier conseil est gĂ©nĂ©ral : si vous n’avez pas envie de vous renseigner un tout petit peu sur ce qu’est le Bitcoin, sur son mode de fonctionnement, etc, alors ce n’est probablement pas une bonne idĂ©e de chercher Ă  en acheter. Pourquoi ? Parce que les infos que l’on trouve sur le Bitcoin sont souvent incomplĂštes, fausses, ou idĂ©ologiquement trĂšs biaisĂ©es (c’est le cas de la page Wikipedia qui raconte Ă  peu prĂšs n’importe quoi). Donc : comme toujours, pour ne pas se faire manipuler, il faut se renseigner et garder un esprit critique.
    Mon deuxiĂšme conseil, Ă©galement gĂ©nĂ©ral : je n’ai pour ma part investi dans Bitcoin qu’avec une logique de long-terme. Je n’ai aucune compĂ©tence pour savoir s’il est utile de faire du trading rapide avec Bitcoin. Je n’en ai pas le temps non plus d’ailleurs. Donc je ne parle pas de cela dans le billet. Je vois le Bitcoin comme une vague de fond qui va radicalement changer les choses, et je m’en veux de ne pas en avoir achetĂ© il y a 10 ans. Mieux vaut tard que jamais. Je ne vendrai qu’en cas de force majeure mes bitcoins.

    Rappel des bases

    J’ai rappelĂ© des Ă©lĂ©ments clĂ©s dans d’autres billets (« L’Ă©talon Bitcoin » et « Bitcoin : comprendre et investir« ) et vous trouverez plein de choses sur internet (par exemple sur la chaĂźne de JonBlack). Je redonne quelques Ă©lĂ©ments clefs en lien avec la dĂ©marche d’achat de Bitcoin.
    Le Bitcoin est une monnaie digitale pair-Ă -pair (sans autoritĂ© centrale), dont le fonctionnement a Ă©tĂ© posĂ© dĂšs le dĂ©part : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoins (les bitcoins sont divisables en 100 millions de sous-unitĂ©s, les satoshis). Toutes les opĂ©rations (crĂ©ation par les opĂ©rations de minage, transactions) sont inscrites dans un registre public, cryptĂ©, la fameuse blockchain (chaĂźne de blocs : parce qu’un nouveau bloc contenant les nouvelles informations y est ajoutĂ©, Ă  la suite des autres, toutes les 10 minutes). Tous les noeuds du rĂ©seau Bitcoin ont toutes les informations permettant de vĂ©rifier une transaction : la source possĂšde-t-elle bien les bitcoins ? Pas besoin de passer par une autoritĂ© centrale pour vĂ©rifier les transactions, ce sont les noeuds du rĂ©seau qui valident.
    PossĂ©der des bitcoins, concrĂštement, ça veut dire possĂ©der ses clĂ©s privĂ©es d’accĂšs Ă  un portefeuille (Wallet). Je ne rentre pas dans le dĂ©tail (vous pouvez lire cet article), mais la blockchain sĂ©curise les transactions avec une clef publique (qui permet d’avoir l’adresse oĂč envoyer l’argent), et une clef privĂ©e (gardĂ©e secrĂšte qui permet de valider les transactions). C’est beaucoup plus complexe que cela, et intĂ©ressant d’ailleurs, mais en gros ça suffit pour notre propos ici. Donc : possĂ©der des bitcoins, c’est avoir rĂ©alisĂ© une transaction dans laquelle quelqu’un va nous envoyer des bitcoins vers une adresse de « portefeuille digital ». Bien sĂ»r, en Ă©change de cela il voudra de l’argent ou un autre actif, et il ne validera la transaction qu’en Ă©tant garanti de l’Ă©change. La transaction verra votre portefeuille (Wallet) ĂȘtre crĂ©ditĂ© du montant correspondant, et vous ĂȘtes le seul Ă  pouvoir y accĂ©der (grĂące Ă  votre clef d’accĂšs). Les autres peuvent y accĂ©der pour y verser des Bitcoin, via la clef publique, mais vous ĂȘtes le seul Ă  pouvoir valider une transaction qui partirait de votre Wallet pour aller ailleurs.
    Cela permet de comprendre pourquoi il faut donc 1) acheter des bitcoins et 2) les mettre Ă  l’abri dans un Wallet.

    Acheter des bitcoins

    Pour acheter des bitcoins, le plus simple est de s’inscrire sur une plateforme d’Ă©change (Exchange). En crĂ©ant un compte sur une telle plateforme, vous pourrez y verser des euros, et avec cet argent acheter des Bitcoins moyennant une petite commission (et vous pourrez aussi y acheter d’autres cryptomonnaies, nous y reviendrons). J’ai choisi pour ma part d’utiliser Coinbase, mais il en existe plein d’autres bien sĂ»r (Binance, eToro, Kraken). Vous imaginez bien qu’avec les montants en jeu (marchĂ© du bitcoin Ă  l’heure oĂč j’Ă©cris ces lignes : 1274 Milliards d’Euros), il y a quelques personnes intĂ©ressĂ©es pour apporter des services aux utilisateurs du Bitcoin. J’ai choisi Coinbase car c’Ă©tait une des deux plus importantes, et parce que son patron Brian Armstrong, s’Ă©tait fait remarquer en expliquant que les activistes woke ou cinglĂ©s du climat n’avaient rien Ă  faire dans sa boite, qui est lĂ  pour servir ses clients et pas faire de la propagande. Bon il ne l’a pas dit comme cela, mais j’ai aimĂ© son courage.
    CrĂ©er son compte est trĂšs simple sur ces plateformes qui ont aussi des apps smartphones bien sĂ»r. Cela implique Ă©galement, puisque cela revient Ă  crĂ©er Ă  un compte bancaire, une dĂ©claration aux autoritĂ©s fiscales. CatĂ©gorie « DĂ©claration de compte d’actifs Ă  l’Ă©tranger« .
    Une fois cette Ă©tape franchie, vous aurez un compte en ligne, sur lequel vous pourrez verser des euros, et acheter des bitcoins… ou d’autres cryptomonnaies.

    Remarques sur les « autres » cryptomonnaies

    J’avais, au tout dĂ©but, achetĂ© du bitcoin, et puis un peu d’Ethereum, et puis un peu de Solana, et puis deux trois autres crypto en petites quantitĂ©s. Partant du principe qu’il Ă©tait de bon sens de diversifier son portefeuille. J’avais en gros 80% de BTC et 20% du reste. J’ai changĂ© d’avis. AprĂšs avoir lu pas mal sur le sujet, je pense comme Ă  peu prĂšs tous ceux qui ont lu sur le sujet sĂ©rieusement : Bitcoin est une invention extraordinaire, et les autres crypto (appelĂ©es AltCoins) sont dans une de ces catĂ©gories :

    • des copies arrivĂ©es bien aprĂšs (donc sans grosse capitalisation et probablement sans avenir, la copie Ă©tant moins intĂ©ressante et robuste que l’originale)
    • des services adossĂ©s Ă  des cryptomonnaies sans intĂ©rĂȘts, qui probablement ne nĂ©cessitent pas d’utiliser de blockchain puisqu’ils ne sont pas rĂ©ellement dĂ©centralisĂ©s
    • soit carrĂ©ment des projets plus ou moins fumeux uniquement lĂ  parce que les milliards de monnaie d’Etats (ou monnaies FIAT) injectĂ©s dans l’Ă©conomie servent aussi et toujours Ă  financer des projets trĂšs risquĂ©s qui n’auraient pas Ă©tĂ© financĂ©s sans cette monnaie facile. C’est la mĂȘme chose dans le monde des Startups…

    Je suis donc devenu un « bitcoin only ». Comme je le rĂ©pĂšte, tous ceux qui bossent le sujet. Les meilleurs projets dans le monde des « cryptos » ou des « tokens » sont Ă  mon avis des services (comme Coinbase) qui permettront de faciliter l’usage du Bitcoin, mais sans la complexitĂ© et la lourdeur de la blockchain (qui dans le cas du bitcoin se justifie car c’est la technologie qui permet de garantir la dĂ©centralisation – transaction sans tiers de confiance).

    Sécuriser ses bitcoins

    Pourquoi faut-il sĂ©curiser ses bitcoins ? Parce que quelle que soit la confiance que l’on place dans les Exchanges, ils ont Ă©tĂ© victimes, Ă  plusieurs reprises, de hacking (au passage Le Bitcoin, non). Or, si vos bitcoins sont sur l’exchange, vos clefs aussi. Donc, selon la gravitĂ© du hacking – peu probable restons rĂ©alistes – vous pourriez perdre vos bitcoins. La plupart des plateformes d’Ă©changes, dĂ©sormais, dĂ©tiennent vos bitcoins & vos clefs en dehors du rĂ©seau, ce qui limite beaucoup les risques.
    Bref : il est donc plus sĂ»r de faire comme les exchanges, c’est-Ă -dire mettre ses bitcoins hors du rĂ©seau, dans un wallet (portefeuille). Il en existe en ligne (Coinbase en propose un par exemple), et hors-ligne (hardware ou papier). J’ai optĂ© pour cette derniĂšre option et j’ai choisi le wallet hardware Trezor (on peut citer aussi Ledger, ou Coldcard). Tous mes satochis / bitcoins sont donc hors-ligne. Personne ne peut me les voler. Coinbase m’a servi Ă  acheter des bitcoins, mon Trezor me sert Ă  les stocker. Comme je suis dans une logique de long-terme je n’ai pas besoin qu’ils soient utilisables tout de suite en ligne. La sĂ©curitĂ© est doublĂ©e : une phrase de 20 mots clefs gardĂ©e Ă  part, permet de rĂ©cupĂ©rer ses clefs au cas oĂč le hardware physique serait endommagĂ©.

    Et vous, comment gĂ©rez-vous vos cryptomonnaies ? Etes-vous Bitcoin only ou avez fait des choix diffĂ©rents ? Vos retours m’intĂ©ressent.

  • L’Ă©talon Bitcoin

    L’Ă©talon Bitcoin

    Qu’est-ce qu’une monnaie ? A quoi ça sert ? Quelles sont les caractĂ©ristiques d’une bonne ou d’une mauvaise monnaie ? C’est Ă  ces questions que Saifedean Ammous rĂ©pond dans « L’Ă©talon Bitcoin », avant de prĂ©senter le Bitcoin qui est probablement une monnaie presque parfaite.


    Le titre de l’excellent livre de Saifedean Ammous, Ă©conomiste de l’Ecole Autrichienne (dont je me revendique philosophiquement), est un peu trompeur : J’utilise dans mes articles des liens vers des pages Wikipedia : faites attention Ă  la qualitĂ© des informations que vous pouvez y trouver, notamment celles ayant des rĂ©sonnances politiques.c’est d’abord et avant tout un ouvrage passionnant sur la monnaie, et l’histoire des monnaies. Bien sĂ»r, en filigrane, il y a le Bitcoin, mais c’est seulement dans les tous derniers chapitres que l’auteur le traite Ă  part entiĂšre, et pour montrer sur quels points spĂ©cifiques le Bitcoin est une rĂ©ponse Ă  des problĂ©matiques concrĂštes des monnaies Ă  l’Ăšre du numĂ©rique et des Banques centrales. Ce livre, je le prĂ©cise, sorti en 2018, est devenu un classique sur la monnaie et Bitcoin. Il Ă©tait recommandĂ© par Philippe Herlin dans son excellent « Bitcoin : comprendre et investir« , et Ă©galement par Jon Black dont je suis l’excellente chaĂźne Youtube. Sauf mention contraire, les citations dans cet article sont tirĂ©es du livre.

    Qu’est-ce qu’une monnaie ?

    J’avais beaucoup apprĂ©ciĂ© la lecture de l’ouvrage de Pascal Salin « La vĂ©ritĂ© sur la monnaie », dont j’ai pu rĂ©viser, grĂące Ă  « L’Ă©talon Bitcoin » un certain nombre d’Ă©lĂ©ments. Je trouve extrĂȘmement important de comprendre ce qu’est une monnaie, et je synthĂ©tise ici les points clefs pour en garder trace, et les partager avec vous, chers lecteurs.

    Moyen d’Ă©change

    Les Ă©changes directs ne sont pas toujours simples entre humains : il faut pour qu’ils soient possible une quadruple coĂŻncidence difficile Ă  rĂ©aliser dans la pratique (de besoins, de temps, d’Ă©chelle, de lieux). Si j’ai des carottes Ă  Ă©changer contre du bois, il faut qu’au moment (temps) oĂč j’ai besoin de bois, j’ai en au mĂȘme endroit que moi (lieux), quelqu’un qui a du bois et besoin de carottes (besoins), et que j’ai suffisamment de carottes pour avoir du bois (Ă©chelle). Une monnaie est d’abord et avant tout un bien qui rĂ©sous ce problĂšme : un intermĂ©diaire qui sert de moyen d’Ă©changes. Un tel bien, s’il est suffisamment acceptĂ© comme moyen d’Ă©changes, permet Ă  chacun de ne plus se prĂ©occuper de trouver ceux qui ont, au bon moment, les bons biens Ă  Ă©changer contre le sien. Ce premier aspect de la monnaie est essentiel, car il est consubstantiel Ă  la possibilitĂ© de la division du travail. Sans monnaie, je suis presque obligĂ© de moi-mĂȘme disposer d’un peu de bois, sous peine de ne jamais rencontrer cette quadruple coĂŻncidence. Avec une monnaie, je sais que je peux me concentrer sur mes carottes, les Ă©changer contre le bien qui sert de monnaie, et que grĂące Ă  cette monnaie je pourrais facilement me procurer du bois (et toutes les autres choses dont je pourrais avoir besoin).
    C’est la fonction par excellence de la monnaie que d’ĂȘtre un mĂ©dium d’Ă©change – en d’autres termes, c’est un bien acquis non pour ĂȘtre consommĂ© (un bien de consommation), non pour ĂȘtre employĂ© pour la production d’autres biens (un investissement ou un capital), mais en prioritĂ© pour ĂȘtre Ă©changĂ© contre d’autres biens.

    Réserve de valeur

    Tous types d’objets ou de bien peuvent servir de monnaie : il y a eu dans l’histoire de l’humanitĂ© des monnaies en coquillage, en pierre, en sel, en animaux, en mĂ©taux prĂ©cieux, en papier monnaie, etc… Il est important que cette monnaie soit facilement Ă©changeable ou vendable (liquide), et qu’elle le soit de maniĂšre durable dans le temps. Il faut donc Ă©viter des monnaies qui pourraient pourrir dans le temps (soit parce qu’elles sont organiques, soit parce qu’elles seraient soumises Ă  diffĂ©rentes formes de dĂ©tĂ©rioration – corrosion, Ă©rosion, etc..). Mais cette intĂ©gritĂ© physique ne suffit pas.
    Pour qu’un bien garde sa valeur, il est aussi nĂ©cessaire que la disponibilitĂ© de ce bien ne s’accroisse pas considĂ©rablement pendant la pĂ©riode oĂč il est dĂ©tenu par son propriĂ©taire. Il y a une caractĂ©ristique commune aux diffĂ©rentes formes de monnaie Ă  travers l’histoire qui est l’existence d’une mĂ©canisme restreignant la production de nouvelles unitĂ©s du bien servant de monnaie afin de maintenir la valeur des unitĂ©s existantes. La difficultĂ© relative de production de nouvelles unitĂ©s monĂ©taires dĂ©termine la duretĂ© d’une monnaie. Une monnaie dont la production est difficile Ă  accroitre est qualifiĂ©e de monnaie dure alors que la monnaie facile est celle dont la production en grande quantitĂ© est Ă©lastique.
    Cette duretĂ© peut se mesurer assez facilement en faisant le rapport de deux choses : le stock (quantitĂ© totale existante de cette monnaie) et le flux (la production supplĂ©mentaire qui sera faite au cours de la prochaine pĂ©riode). Plus ce ratio stock/flux est Ă©levĂ©, plus nous avons affaire une monnaie dure. Saifedean Ammous insiste sur le fait que dans l’histoire des monnaies, les biens qui ont durĂ© le plus comme monnaie, sont les plus durs, c’est-Ă -dire les monnaies dotĂ©es de mĂ©canismes de protection contre la production facile. Un autre aspect : tout changement dans les conditions de production d’une monnaie particuliĂšre peut complĂštement renverser sa valeur. L’exemple historique des monnaies de pierre des Ăźles Yap vaut le coup d’ĂȘtre dĂ©couvert (l’auteur le dĂ©crit de maniĂšre dĂ©taillĂ©e sous l’angle purement monĂ©taire).

    Unité de compte

    Un autre aspect fondamental de la monnaie est le fait de pouvoir servir d’unitĂ© de compte. Le fait qu’un bien soit diffusĂ© largement et utilisĂ© comme moyen d’Ă©change rend possible d’exprimer les prix de tous les autres biens dans cette unitĂ© de compte. Cet Ă©lĂ©ment est fondamental parce qu’il permet l’existence d’un systĂšme de prix, facilitant Ă©normĂ©ment les calculs Ă©conomiques variĂ©s, et la circulation de l’information. L’existence de prix, en effet, permet Ă  de nombreux acteurs Ă©conomiques de se coordonner sans avoir besoin de communiquer entre eux. La variation d’un prix d’une matiĂšre premiĂšre permet Ă  ceux qui l’utilisent d’ajuster en consĂ©quence leur activitĂ© sans avoir besoin d’aller se renseigner sur le dĂ©tail des variations des conditions de production de cette matiĂšre premiĂšre. C’est un des fondamentaux de l’efficacitĂ© d’un marchĂ© libre avec un systĂšme de prix : il permet une coordination spontanĂ©e, dĂ©centralisĂ©e, de nombreux acteurs de maniĂšre particuliĂšrement efficace, en permettant la circulation de l’information, et l’auto-rĂ©gulation des activitĂ©s des acteurs entre eux sur la base de ces informations. C’est pour cette raison que la fixation arbitraire des prix, toujours, dĂ©truit la libertĂ© et nuit Ă  l’efficacitĂ© collective des Ă©changes. Hayek avait expliquĂ© tout cela dans un article fameux de 1945 « The use of knowledge in Society« .

    VoilĂ  des Ă©lĂ©ment importants de connaissances sur ce qu’est une monnaie, c’est-Ă -dire ces billets de banques, ces euros, que nous utilisons tous les jours de multiples fois. Moyen d’Ă©change, rĂ©serve de valeur, unitĂ© de compte, voilĂ  les 3 caractĂ©ristiques majeures d’une monnaie, qui peut ĂȘtre plus ou moins dure (solide).

    La place des Etats dans l’appauvrissement du monde

    L’histoire des monnaies que dresse ensuite l’auteur pourrait tenir en quelques principes, illustrĂ©s par nombreux exemples concrets historiques, documentĂ©s et vĂ©rifiables :

    • Toute personne qui a la capacitĂ© Ă  crĂ©er de la monnaie ne pourra pas rĂ©sister longtemps Ă  le faire. Quand il le fait, il s’enrichit au dĂ©triment de tous ceux qui en dĂ©tenaient avant (il créé de toute piĂšce une richesse pour lui, en faisant perdre de la valeur Ă  la monnaie que tous les autres utilisent)
    • Toutes les pĂ©riodes fastes de dĂ©veloppement Ă©conomique ont coĂŻncidĂ©e avec des monnaies dures (le Florin, le Ducat, l’Ă©talon-or)
    • La main mise par les Etats sur les monnaies, et l’uniformisation de leur gestion de l’inflation, conduit Ă  des monnaies de mauvaise qualitĂ©, qui appauvrissent les gens Ă  chaque nouvelle inflation de la masse monĂ©taire, et encourage ainsi des comportements orientĂ©s sur la consommation immĂ©diate et d’endettement plutĂŽt que sur l’Ă©pargne et le pari sur le futur. Si je n’ai pas d’assurance que mon Ă©pargne en euro vaudra encore quelque chose dans 5 ou 10 ans, j’ai intĂ©rĂȘt Ă  emprunter ou Ă  dĂ©penser cette monnaie de mauvaise qualitĂ© rapidement. Ces emprunts et ces dĂ©penses, contrairement Ă  l’Ă©pargne et Ă  l’investissement, limitent l’Ă©nergie que nous mettons Ă  amĂ©liorer les moyens de production.
    • L’utilisation d’une mauvaise monnaie permet aux politiciens d’emprunter pour financer tout un tas de projets fumeux, sans avoir Ă  faire peser ces choix sur les citoyens directement (ce qui serait le cas s’ils passaient par l’impĂŽt). Mais ce n’est qu’une maniĂšre de diffĂ©rer le poids : la dette s’accumule, les projets destructeurs de valeur aussi, les bulles d’investissements qui existent uniquement parce que de grandes quantitĂ© d’argent sont rĂ©guliĂšrement créés de toute piĂšce et injectĂ©es dans l’Ă©conomie. Dans tous les secteurs, on trouve des activitĂ©s dont la seule raison d’ĂȘtre est qu’elles ont pu ĂȘtre créées avec cet argent facile.

    Je ne reviens pas trop en dĂ©tail sur les exemples historiques que cite l’auteur. Il y a en de nombreux. Selon lui, l’abandon de l’Ă©talon or Ă  peu prĂšs au moment de la premiĂšre guerre mondiale a Ă©tĂ© une des causes des problĂšmes rencontrĂ©s par l’Occident depuis cette Ă©poque. Et toujours pas rĂ©solu, car l’inflation de la masse monĂ©taire est devenue une sorte de rĂšgle de fonctionnement des monnaies Ă©tatiques, que nous sommes obligĂ©s d’utiliser. Von Mises avait rĂ©sumĂ© cela (citĂ© dans le livre) :
    Les gouvernements pensent que … quand il y a le choix entre un impĂŽt impopulaire et une dĂ©pense trĂšs populaire, ils ont une solution – la voie vers l’inflation. Ceci illustre le problĂšme nĂ© de l’abandon de l’Ă©talon-or.
    Ludwig Von Mises, extrait d’une confĂ©rence

    Le cas de Keynes

    On peut se demander pourquoi, sachant tout cela, nous continuons Ă  accepter ce genre de politique. Un des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse, passionnant, est qu’une partie des Ă©conomistes, politiciens, Ă©lites, sont biberonnĂ© avec la pensĂ©e de Keynes, chantre de l’intervention Ă©tatique dans l’Ă©conomie, enseignĂ© dans toutes les universitĂ©s. Cette pensĂ©e Ă©conomique, Saifedean Ammour le montre citations et raisonnements Ă  l’appui, est complĂštement fausse sur pleins de points (mais continue pourtant Ă  ĂȘtre enseignĂ©e). Elle repose sur l’idĂ©e, jamais dĂ©montrĂ©e ou argumentĂ©e par Keynes, que l’activitĂ© Ă©conomique est d’autant meilleure que les Etats s’endettent. Et donc, il est lĂ©gitime qu’ils aient la main sur la monnaie et en crĂ©ent beaucoup pour s’endetter. C’est bien sĂ»r le contraire que l’on constate. Mais, c’est ce qu’une partie des gens apprennent en cours. Par ailleurs, l’auteur montre qui Ă©tait Keynes, fils d’une famille richissime famille, nĂ© avec une cuillĂšre en or dans la bouche, pĂ©dophile, partisan d’un eugĂ©nisme et d’un totalitarisme soft assumĂ©.

    Le Bitcoin comme monnaie parfaite ?

    Le Bitcoin s’inscrit trĂšs exactement dans cette histoire des monnaies, Ă  l’Ăšre du numĂ©rique. C’Ă©tait la question de son gĂ©nial inventeur dont seul le pseudonyme est connu (Satoshi Nakamoto) : « comment crĂ©er une monnaie numĂ©rique liquide pair-Ă -pair ? ». Il a construit, avec d’autres, et depuis avec une armĂ©e de dĂ©veloppeurs, une rĂ©ponse aux vƓux exprimĂ©s par Hayek en 1984 (citĂ© dans le livre):
    Je ne crois pas que nous aurons Ă  nouveau une bonne monnaie avant que nous ne reprenions la chose des mains du gouvernement. Autrement dit, nous ne pouvons pas le reprendre d’une maniĂšre violente des mains du gouvernement, tout ce que nous pouvons faire, c’est introduire d’une façon rusĂ©e et par un moyen dĂ©tournĂ© quelque chose qu’ils ne peuvent pas arrĂȘter.
    J’ai passĂ© dĂ©jĂ  quelques dizaines d’heures Ă  Ă©tudier le Bitcoin, et il faut reconnaĂźtre que c’est une invention gĂ©niale. En voici quelques Ă©lĂ©ments clefs, bien sĂ»r beaucoup plus approfondis dans le livre, dont je ne peux que recommander chaudement la lecture (que vous ayez envie ou non d’investir dans du Bitcoin, car c’est un excellent ouvrage d’Ă©conomie monĂ©taire et d’histoire de la monnaie).

    • Stock limitĂ© : le code mis en place pour le bitcoin a posĂ© cela dĂšs le dĂ©but : il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoin (chaque bitcoin est divisĂ© en 100 millions de satoshis). Depuis l’apparition du bitcoin, en 2009, le nombre de bitcoin en circulation augmente, de moins en moins vite, et se terminera vers 2140. Cela fait du bitcoin la monnaie la plus dure qui soit : un accroissement de sa valeur ne peut pas entraĂźner un accroissement de son offre.
    • Sans intermĂ©diaire : le fonctionnement du Bitcoin est basĂ© sur un rĂ©seau de nƓuds (logiciel installĂ© sur un ordinateur pour faire vite) qui dĂ©tiennent tous une copie, mise Ă  jour en temps rĂ©el, de toutes les transactions bitcoin depuis le dĂ©but. Ce registre particulier, cryptĂ© (reposant sur une blockchain, dont c’est selon l’auteur la seule application concrĂšte), sert Ă  vĂ©rifier Ă  chaque transaction la possibilitĂ© de celle ci. Celui qui envoie des bitcoins Ă  un autre a-t-il rĂ©ellement en sa possession ces bitcoins ? Le fonctionnement du bitcoin est gĂ©nial sur ce point : il est trĂšs coĂ»teux pour les mineurs (des nƓuds particuliers du rĂ©seau) de gĂ©nĂ©rer de nouveaux bitcoins, ou de gĂ©nĂ©rer une transaction dans le registre, et il est trĂšs facile pour le rĂ©seau de vĂ©rifier la validitĂ© des transactions et des nouveaux bitcoins. Du coup, il y a un mĂ©canisme Ă©conomique gĂ©nial qui rend trĂšs difficile – impossible – la fraude. Pas besoin d’une autoritĂ© centrale, ou d’un tiers, pour valider les opĂ©rations : le rĂ©seau de nƓuds sert Ă  cela.
    • Premier vrai transfert numĂ©rique : comme l’explique trĂšs bien l’auteur, « Bitcoin est le premier exemple d’objet numĂ©rique dont le transfert met fin Ă  sa dĂ©tention par l’expĂ©diteur. Nakamoto a inventĂ© la raretĂ© numĂ©rique
    • Ultra-robuste : depuis son apparition, il y a eu pas mal de tentatives de hackers, ou simplement de gens qui pensaient pouvoir amĂ©liorer le bitcoin, pour modifier le code bitcoin. Toutes ces tentatives, dĂ©crites dans le livre, ont Ă©chouĂ©es car le fonctionnement en rĂ©seau rend quasi-impossible le fait de faire Ă©voluer le code, et par ailleurs trĂšs peu rentable Ă©conomiquement. Il faudrait des moyens colossaux pour rĂ©ussir Ă  contrĂŽler la moitiĂ© des nƓuds du rĂ©seau, et l’opĂ©ration, si elle rĂ©ussissait, conduirait Ă  une perte importante de la valeur du Bitcoin, donc rendrait cette opĂ©ration encore moins rentable.

    Le bitcoin, pour finir, est tout Ă  fait fascinant. C’est le fruit d’une idĂ©e de gĂ©nie, puis d’une communautĂ© de dĂ©veloppeurs qui ont amĂ©liorĂ© le code, patiemment, de maniĂšre trĂšs conservative (c’est trĂšs bien dĂ©crit dans l’ouvrage). La valeur du bitcoin, qui n’est plus Ă  prouver, repose sur ses caractĂ©ristiques de conception, et sur ces nombreuses petites Ă©volutions faites par la suite. Il Ă©volue selon des rĂšgles catallactiques dĂ©sormais. C’est un exemple de ce que le philosophe Ferguson appelle « le produit de l’action humaine et non une conception humaine ».
    Un dernier point qui est surprenant, pour illustrer les propos prĂ©cĂ©dents, est la Loi de puissance que semble suivre le cours du bitcoin. Sur six ou sept ordres de grandeur de prix, l’Ă©volution temporelle du bitcoin suit (avec bien sĂ»r beaucoup de fluctuations et de volatilitĂ©) une loi de progression simple qui semble traduire, de mon point de vue, la duretĂ© de cette monnaie. A date 25 juillet 2024, voici la photo du bitcoin :

    • Nombre de bitcoins en circulation : 19 730 450
    • Valeur d’un bitcoin en Euros : 59 000

    Je ferai prochainement un billet pratico-pratique sur la maniĂšre d’acheter et sĂ©curiser des bitcoins.

  • L’erreur est humaine

    L’erreur est humaine

    Vincent Berthet, docteur en sciences cognitives, signe avec « L’erreur est humaine » un ouvrage clair et synthĂ©tique, assez complet, sur la rationalitĂ© humaine et ses limites. C’est une bonne introduction au domaine des sciences cognitives, par le prisme de l’économie comportementale. Il y partage un certain nombre de clefs de comprĂ©hension du cerveau humain, et recense notamment une bonne partie des biais cognitifs qui rendent notre rationalitĂ© tout à  fait discutable, du moins limitĂ©e. Si le sujet des biais vous intĂ©resse, je vous recommande aussi mon modeste article sur deux biais complexes : historicisme & polylogisme.

    L’erreur est humaine : Biais, heuristiques et … statistiques

    Les exemples, prĂ©cis, clairs et nombreux permettent une lecture facile et une vraie plongĂ©e dans l’univers de ces biais, des heuristiques et des statistiques mal interprĂ©tĂ©es par notre cerveau. J’ai Ă©tĂ© content d’y trouver un passage sur les statistiques « Bayesienne« , et je crois qu’il serait bon que chacun intĂšgre ces notions. Je ferai un post sur le sujet. S’appuyant sur les travaux de Kahneman (systĂšme 1 / systĂšme 2), j’ai Ă©tĂ© surpris de pas trouver de rĂ©fĂ©rence aux travaux d’Olivier HoudĂ©, qui a pourtant Ă©largi cette approche, et qui l’a vulgarisĂ©e dans un excellent Que Sais-je ? « Le raisonnement« .
    Loin de condamner la rationalitĂ©, ce concept de « rationalitĂ© limitĂ©e » permet de replacer nos capacitĂ©s cognitives dans une perspective Ă©volutionniste. Si ces biais et raccourcis mentaux existent, c’est qu’ils ont une fonction adaptative, et qu’ils permettent dans un certain nombre de situations complexes, d’ĂȘtre efficaces. L’auteur revient donc sur des cas concrets oĂč l’intuition et les heuristiques sont plus efficaces – donc plus rationnelles – que l’analyse complĂšte — souvent impossible – de la situation.

    Quelques limites

    L’ouvrage aurait gagnĂ© en profondeur avec une mise en perspective philosophique et morale : montrer les limites Ă©thiques à  l’utilisation des nudges (techniques d’utilisation des biais cognitifs pour orienter le comportement) par les pouvoirs publics ou les entreprises, pour finalement les recommander en conclusion est un peu court. Vincent Berthet en parle ici en vidĂ©o, si vous voulez en savoir plus.
    De mĂȘme, une vraie rĂ©flexion sur le sens de la rationalitĂ© aurait permis de mieux Ă©clairer la discussion : que pourrait bien signifier que l’humain soit non rationnel ? Etre rationnel ne signifie pas ĂȘtre infaillible, mais capable de penser son rapport au rĂ©el (y compris à  ses propres limites). MalgrĂ© ces quelques manques, l’ouvrage reste trĂšs utile. L’erreur est humaine, certes, mais mieux comprendre nos biais et limites permet de mieux penser. Et ainsi de ne pas persĂ©vĂ©rer dans l’erreur.

    Errare humanum est, perseverare diabolicum.

    NB : cette recension a d’abord Ă©tĂ© publiĂ© dans le magazine L’incorrect. Je les remercie de leur confiance.

  • Bitcoin : comprendre et investir

    Bitcoin : comprendre et investir

    Philippe Herlin, Ă©conomiste spĂ©cialisĂ© en finance et en cryptomonnaies, vient de sortir chez Eyrolles un trĂšs bon guide pratique des cryptomonnaies. J’ai eu la chance de cĂŽtoyer l’auteur lorsque j’animais le rĂ©seau de blogs libĂ©raux-conservateurs LHC. Tous deux alignĂ©s sur l’Ă©cole autrichienne d’Ă©conomie, nous avions à  l’Ă©poque tentĂ© de fĂ©dĂ©rer les blogueurs « de droite ». Nous continuons de nous recroiser de temps à  autre dans des Ă©vĂšnements politiques.

    Cryptomonnaies et finance décentralisée

    J’ai commencĂ© à  m’intĂ©resser aux cryptomonnaies cet Ă©tĂ©. FatiguĂ© de constater que l’argent que je mets sur des livrets à  la banque ne rapporte rien, je me suis dit que certainement il serait intĂ©ressant de tester un peu ces cryptomonnaies, et leurs usages. J’avais dans le cadre de mon boulot, un aperçu assez dĂ©taillĂ© de la blockchain, de sa philosophie (j’avais dĂ©couvert le fascinant projet Ethereum et la startup ).
    Pour les nĂ©ophytes comme moi, le livre d’Herlin est super : pratique, relativement simple à  comprendre, il va droit au but, et permet un survol assez global des cryptomonnaies, bitcoins, tokens, et autre plateforme DeFi. Un peu technique par moment, il est reste tout à  fait clair. Il est trĂšs utile : je me demandais si au-delà  du simple placement spĂ©culatif, les cryptomonnaies prĂ©sentaient d’autres intĂ©rĂȘts, et j’ai dĂ©couvert grĂące au livre tout un univers dĂ©jà  avancĂ© de services financiers. A lire, donc pour tous ceux qui veulent dĂ©couvrir cet univers.

    Bitcoin : une monnaie dure, sans Etat

    L’histoire du bitcoin est assez fascinante. Au-delà  des aspect trĂšs techniques (passionnants eux-aussi), il s’agit de l’histoire de la crĂ©ation d’une monnaie (moyen de transaction) pair-à -pair sans autoritĂ© centrale, et à  stock fixe. BasĂ©e sur une technologie blockchain, les bases de donnĂ©es enregistrant les transactions sont cryptĂ©es, et recopiĂ©es sur des ordinateurs multiples du rĂ©seau. Il devient ainsi impossible de falsifier des opĂ©rations (en truquant un registre), puisque toutes les autres copies du registre montreront la fraude. Par ailleurs, dĂšs sa crĂ©ation, le stock de Bitcoins a Ă©tĂ© fixĂ© à  21 millions, sans possibilitĂ© d’en crĂ©er de nouveaux. On est proche du stock d’or, mais en plus « dur » en terme de ratio stock / flux (on peut extraire – difficilement – de nouvelles – petites – quantitĂ©s d’or, mais on ne peut pas crĂ©er de nouveaux Bitcoins). En plein dans la filiation de l’Ă©cole autrichienne, c’est donc une monnaie à  l’abri (presque) des agissements des hommes de l’Etat, ou des banques centrales, et donc des manipulations arbitraires de sa valeur. D’oĂč sa soliditĂ© et sa montĂ©e en puissance, notamment dans les pays oĂč les monnaies sont trĂšs volatiles, et/ou les systĂšmes bancaires sont absents ou dĂ©faillants. Ainsi, 30% des nigĂ©rians, par exemple, ont dĂ©jà  utilisĂ© des cryptomonnaies. Nous aurions tout intĂ©rĂȘt, collectivement, à  faire progresser l’usage de Bitcoin pour le rendre plus viable, et moins susceptible de se faire rĂ©cupĂ©rer/descendre par les Etats.

    Livre pratique et synthétique

    Je vous recommande vivement ce livre, trĂšs riche en ressources, liens et rĂ©fĂ©rences. Et trĂšs pĂ©dagogique. Il se termine sur des conseils d’investissements, et sur les outils, ce que je cherchais. Passionnant univers que ces cryptomonnaies, et passionnante progression depuis les dĂ©buts en 2008-2009. A ce jour, plus de 500 milliards de dollars sont capitalisĂ©s en Bitcoins ! A nous de jouer, pour retrouver, en partie, une souverainetĂ© monĂ©taire individuelle.

  • Faut-il supprimer les subventions aux mĂ©dias ?

    Faut-il supprimer les subventions aux médias ?

    Notez bien que la question n’est pas : trouvez-vous indispensable qu’il y ait des mĂ©dias ? Personne, je crois, ne doute de l’utilitĂ© de pouvoir s’informer librement. Pas de mĂ©dias, pas de libertĂ© d’informer ou de s’informer, ça veut dire dictature. Et pour pouvoir s’informer librement, il faut disposer d’un grand choix et d’une diversitĂ© de sources. C’est ce qu’on appelle le pluralisme. Si tous les mĂ©dias racontent exactement la mĂȘme chose, alors c’est qu’ils ne parlent plus du rĂ©el, et on retourne sur la dictature (c’est le journal du parti). Le rĂ©el, et c’est ce sur quoi les gens veulent avoir des informations, s’apprĂ©hende au travers de filtres cognitifs, et avec des points de vue particuliers. Il n’y a pas d’information objective.
    Non : la question posĂ©e ici est de savoir s’il est une bonne ou une mauvaise chose, pour que les mĂ©dias fassent bien leur travail, de leur donner des subventions. J’ai listĂ© ici des arguments pour ou contre (listes non-exhaustives, que vous pouvez complĂ©ter et discuter en commentaire), et un petit test vous permettra de rĂ©pondre oui ou non à  cette question rĂ©currente.

    Pour les subventions

    • L’activitĂ© mĂ©diatique d’information, consistant à  informer, analyser, enquĂȘter, recouper est beaucoup moins rentable que la diffusion de films ou d’Ă©missions de jeux. Sans soutien, une partie de l’offre d’information disparaitrait et on perdrait en pluralisme
    • Face aux gĂ©ants des autres pays (amĂ©ricains notamment), il convient de soutenir de maniĂšre intelligente la production et les activitĂ©s mĂ©diatiques françaises, notamment théùtre et cinĂ©ma. C’est la fameuse exception culturelle. La « culture » n’est pas un bien comme un autre.
    • En ne subventionnant pas la presse et les mĂ©dias, ils seront à  la merci de grands groupes capitalistes, qui pourront faire pression en fonction de leurs intĂ©rĂȘts sur les « bonnes » et les « mauvaises » informations

    Contre les subventions

    • Les subventions maintiennent sous perfusion des mĂ©dias sans aucun lectorat, ou spectateurs. L’argent pris pour les soutenir est de l’argent qui n’est plus disponible pour d’autres activitĂ©s (y compris la crĂ©ation d’autres mĂ©dias, plus rentables). Un mĂ©dia qui rĂ©ussit, c’est un mĂ©dia qui sait trouver des clients, dans un milieu concurrentiel, et ĂȘtre rentable. Au nom de quoi serait-ce une entreprise pas comme les autres ? Par ailleurs, les subventions sont accordĂ©es de maniĂšre plus ou moins arbitraires aux diffĂ©rents mĂ©dias
    • Il y a plein de mĂ©tiers diffĂ©rents dans le monde des mĂ©dias (crĂ©ation, production, diffusion, etc.) : Aucun de ces secteurs d’activitĂ© ne fait parti des fonctions rĂ©galiennes de l’Etat.La culture, l’information, dans un pays libre, n’a rien à  faire dans le giron de l’Etat. C’est dans les dictatures, justement, que ces activitĂ©s sont liĂ©es à  l’Etat
    • S’il fallait soutenir un secteur avec des subventions parce qu’y rĂ©ussir est difficile, alors il faudrait soutenir l’ensemble des secteurs, ce qui implique des subventions dans toutes les activitĂ©s, avec une armĂ©e de fonctionnaires pour gĂ©rer tout cela au moins mal.

    Petit sondage

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  • Innovation pour les nuls #6 – Business model ?

    Innovation pour les nuls #6 – Business model ?

    Dans le monde de l’innovation, il est courant d’entendre parler de Business Models, ou de modĂšles d’affaires. C’est un outil trĂšs utile pour concevoir, dĂ©crire et clarifier les activitĂ©s au sein des entreprises. Ce court article vous propose de dĂ©couvrir ce qu’est un Business Model, quelques outils et canevas utiles pour les reprĂ©senter, et une classification des grands types de modĂšles d’affaires.

    Qui dit modùle, dit 
 modùle

    Un modĂšle, c’est toujours une simplification de la rĂ©alitĂ©. Le modĂšle d’affaire simplifie les activitĂ©s des entreprises en les dĂ©crivant comme l’articulation entre 4 types d’élĂ©ments (dĂ©crits ci-aprĂšs et illustrĂ© par le diagramme). J’ai pris cette dĂ©finition dans l’excellent livre de Clayton Christensen (« The Innovator’s prescription ») qui donne une bonne vision des disruptions en cours et à  venir dans le monde de la santĂ©. C’est un outil indispensable pour rĂ©flĂ©chir à  l’innovation.

    • Proposition de valeur (value proposition) : tout commence par une proposition de valeur, c’est-à -dire un service ou un produit qui aide le client à  faire mieux, plus facilement, plus Ă©conomiquement ce qu’il cherche à  faire (le job-to-done)
    • Ressources : tout ce qu’il va ĂȘtre nĂ©cessaire de mobiliser — personnes, technologies, produits, marques, etc.. – pour rendre effective et dĂ©livrer la proposition de valeur.
    • Processus : toutes les bonnes maniĂšres de travailler ensemble, qui incorporent les apprentissages
    • Profit formula : l’équation Ă©conomique du business ; actifs, coĂ»ts de structures, et les marges opĂ©rationnelles. Sans marges, la proposition de valeur ne peut ĂȘtre durablement dĂ©livrĂ©e.

    Représentations & canevas

    Il existe plusieurs façons de reprĂ©senter un modĂšle d’affaire (ou Business model). Les plus connues sont certainement :

    • le Business model canevas (celui d’Osterwalder), qui dĂ©taille autour de la proposition de valeur d’une part les activitĂ©s, ressources et partenaires nĂ©cessaires pour la dĂ©livrer, et d’autre part les canaux de distribution et les diffĂ©rents segments de clients à  qui l’on souhaite apporter ce service/cette valeur. Vous pouvez le trouver ici.
    • le Lean canvas, qui est plus orientĂ© sur les projets dĂ©butants, et qui sert à  bien formuler le problĂšme que l’on veut rĂ©soudre (avant de rĂ©flĂ©chir à  la solution). Il est trĂšs utile, et la lecture des bouquins de son inventeur aussi (Ash Maurya). L’approche dĂ©veloppĂ©e par l’auteur est trĂšs orientĂ©e « fact based » : le canvas sert à  poser ses hypothĂšses, et à  aller tester les plus risquĂ©es d’abord. Lean Canvas

    Typologie de modùle d’affaires

    Pour finir, des chercheurs — citĂ©s par Christensen dans son livre —, Oystein Fjeldstad et Charles Stabell, ont proposĂ© une typologie de BM trĂšs diffĂ©rents. Les grands types de Business Models, en quelque sorte. Ils en distinguent 3 sortes, qui se trouvent dans le tableau ci-dessous. Je laisse les noms en anglais pour ne pas risquer de contre-sens.

    Bien sĂ»r, il n’est pas rare que des institutions ou des organisations mĂ©langent plusieurs de ces modĂšles archĂ©typaux. Et vous ? Quel est votre modĂšle d’affaire ? Est-il pur ? Est-il hybride ?

    Pour aller plus loin (plus sûrement et plus lentement) :

    >> Lire les autres articles de la série <<