Suite et fin de la partie de l’interview consacrĂ©e Ă Â l’Islam. Alain Boyer revient ici aux sources philosophiques du judaĂŻsme, du christianisme et de l’islam. L’exposĂ© est plus long, mais prĂ©cise bien les diffĂ©rences existant entre ces trois courants de pensĂ©e. Et la difficultĂ© intrinsĂšque pour une religion comme l’islam, dans laquelle le texte est sacrĂ©, Ă Â s’adapter Ă Â une sociĂ©tĂ© ouverte.
{suite de la partie précédente}
A. Boyer : […] Le judaĂŻsme Ă©tait fondamentalement une religion « pour les Juifs », c’est Ă Â dire un alliance particuliĂšre d’un peuple particulier avec le Dieu crĂ©ateur de tous les hommes. DĂ©jĂ Â il y a une petite difficultĂ©, que certains Juifs croyants rĂ©futent en s’appuyant sur le fait qu’on a mal interprĂ©tĂ© la Bible, mais il y a quand mĂȘme l’idĂ©e de « peuple Ă©lu ». Elu, ça veut dire « choisi » en latin (on dit « mon Ă©lu(e) », pour dire « mon aimĂ©(e) »). Donc le peuple Ă©lu, c’est le peuple prĂ©fĂ©rĂ©, les autres peuples Ă©tant restĂ©s dans le polythĂ©isme. Mais le judaĂŻsme, comme tu le sais, n’est pas prosĂ©lyte â sauf juste avant JC â fondamentalement, les Juifs veulent rester entre eux. C’est une forme de communautarisme religieux. Encore fois, je n’ai rien contre, si ils veulent ĂȘtre entre eux, mais ils n’ont pas l’intention de convertir le monde entier Ă Â leur religion.
Si on en revient au Christianisme, fondĂ© par JĂ©sus, bien sĂ»r, Dieu pour les chrĂ©tiens, un homme admirable pour les autres (dont je suis, puisque j’ai perdu la foi catholique, j’ai oubliĂ© de le dire tout Ă Â l’heure, mais c’est important : en Mai 68 en devenant marxiste, je devenais athĂ©e, c’Ă©tait consĂ©quent, Dieu Ă©tait l’image du pĂšre, et je n’ai jamais retrouvĂ© cette foi. Parfois je regrette de ne plus l’avoir parce que c’est bien utile, quand on y croit, pour se consoler des deuils successifs), donc le christianisme, fondĂ© par JĂ©sus, mais qui n’a rien Ă©crit (comme Socrate) a Ă©tĂ© fondĂ© du point de vue scripturaire par saint Paul, qui est comme je le dis souvent Ă Â mes Ă©tudiants le seul ĂȘtre humain Ă Â ma connaissance a avoir Ă©tĂ© Ă Â la fois rabbin juif, Ă©duquĂ© en grec (la langue dans laquelle il Ă©crivit), citoyen romain et chrĂ©tien ! Le seul homme a avoir ces 4 « qualitĂ©s ». Et c’est lui le premier fondateur du christianisme comme « nouvelle religion ». Les EpĂźtres de Paul prĂ©cĂšdent les Evangiles. C’est une histoire de conversion, parce qu’il a commencĂ© par martyriser les chrĂ©tiens, c’est racontĂ© par son disciple Luc, dans les Actes de apĂŽtres. Deux phrases importantes : une dans l’Evangile, lorsque les Pharisiens, un des groupes qui, sous l’occupation romaine, (coloniale, impĂ©rialiste) ont dĂ©cidĂ©, non pas de collaborer, mais de ne pas se rĂ©volter contre les Romains, Ă Â partir du moment oĂč ceux-ci acceptaient que la religion (la chose la plus importante) juive puisse ĂȘtre pratiquĂ©e, en particulier dans le Temple. C’Ă©taient des gens trĂšs pieux, dont JĂ©sus critique la pratique de certains (pas tous !), car ils lui semblaient pratiquer la Thora seulement de maniĂšre « extĂ©rieure », hypocritement. C’est le courant pharisien qui a donnĂ© le judaĂŻsme aprĂšs la destruction du Temple dâHĂ©rode Ă Â JĂ©rusalem (dont il ne reste que le fameux « Mur des Lamentations », enjeu politique actuel considĂ©rable !) par les Romains (Titus, pourtant amoureux de la Juive BĂ©rĂ©nice..) , en 70.
Ce sont des gens qui comme JĂ©sus croyaient Ă Â la vie aprĂšs la mort, et ce contrairement aux SaducĂ©ens, les grands prĂȘtres du Temps, mais qui se demandaient ce qu’Ă©tait ce rabbin, ce docteur de la foi appelĂ© JĂ©sus. Les pharisiens viennent dire Ă Â JĂ©sus, est-ce que tu es sur notre position, ou est-ce que tu es un zĂ©lote ? Les zĂ©lotes c’Ă©taient ceux qui proposaient la rĂ©volte armĂ©e. Certains historiens Ă©mettent l’hypothĂšse que Juda Ă©tait un zĂ©lote, voire un sicaire, et au fond pensait qu’il fallait passer Ă Â la lutte armĂ©e, et que le sacrifice de JĂ©sus Ă©tait quelque chose qui allait provoquer le soulĂšvement. Le soulĂšvement a eu lieu puisque JĂ©sus est mort en 30 aprĂšs JC (nĂ© .. en 3 avant JC ! ), et la rĂ©volte a eu lieu 40 ans aprĂšs, en 69-70, mais sans rapport avec la crucifixion de JĂ©sus. Les pharisiens veulent le piĂ©ger, en demandant Ă Â JĂ©sus : « Est-ce qu’il faut payer l’impĂŽt ? »
La question de l’impĂŽt est toujours une question centrale, philosophiquement, politiquement, et Ă©conomiquement. DĂšs qu’il y a Etat, il y a impĂŽt. Et dĂšs qu’il y a colonisation, il y a impĂŽt. Faut-il payer le tribut Ă Â Rome ? La dĂ©sobĂ©issance civile, c’est d’abord refuser de payer l’impĂŽt. Quand on n’est pas d’accord, et qu’on ne veut pas se rĂ©volter militairement. Mais c’est dĂ©jĂ Â une forme de rĂ©volte, puisque si on ne paye l’impĂŽt, les Romains vont venir nous mettre en prison. On Ă©tait sous TibĂšre, le premier tyran romain. L’envoyĂ© de TibĂšre, câĂ©tait Ponce Pilate, c’Ă©tait une domination trĂšs forte, mais ils laissaient la religion tranquille. Alors les Pharisiens demandent : « Faut-il payer l’impĂŽt ? » et ils montrent Ă Â JĂ©sus une piĂšce de monnaie, oĂč il Ă©tait Ă©crit « CĂ©sar » (le nom de tous les empereurs). JĂ©sus prend la piĂšce et dit « qu’est ce qu’il y a sur cette piĂšce de monnaie? » : c’est l’image de « CĂ©sar » (LâEmpereur Romain, lâEtat incarnĂ© et quasi divinisĂ©..) . Et il leur rend la piĂšce en disant cette phrase cĂ©lĂšbrissime :  » Il faut rendre Ă Â CĂ©sar, ce qui est Ă Â CĂ©sar, et Ă Â Dieu ce qui est Ă Â Dieu ». L’Ă©vangile dit que les pharisiens sont repartis en se demandant ce qu’il avait bien voulu dire⊠Mais c’est une phrase qui a eu Ă©normĂ©ment de consĂ©quences politico-philosophiques. Ce qui est Ă Â Dieu est plus important que ce qui est Ă Â CĂ©sar (la religion est au-dessus de tout). Mais en mĂȘme temps, sĂ©paration du politique et du religieux.. C’est Ă Â dire pas de rĂ©volte contre les Romains, et dualitĂ© des autoritĂ©s. Mais dualitĂ© hiĂ©rarchisĂ©e, Dieu est au-dessus de CĂ©sar, mĂȘme sâil faut quand mĂȘme obĂ©ir Ă Â CĂ©sar. La solution sera la conversion pacifique de lâEmpire, a urique du martyr, et qui aura lieu avec la conversion de lâEmpereur Constantin, trois siĂšcles aprĂšs ou presque, et qui est lâĂ©vĂšnement le plus important de lâhistoire de lâEurope ! Et le propos de JĂ©sus est corroborĂ© dans lâEpitre de Paul au Romains (« épĂźtre », c’est une lettre, il Ă©crivait aux chrĂ©tiens de Rome), 13 ligne 1 ; Paul devenu chrĂ©tien, car converti sur le chemin de Damas, oĂč JĂ©sus lui Ă©tait apparu et lui avait dit « Pourquoi me fais-tu du mal? » puisqu’il faisait partie des gens qui martyrisaient les premiers chrĂ©tiens, en tant que rabbin juif orthodoxe. Converti, donc, il annonce « la bonne nouvelle » (« évangile » en Grec), Claude Ă©tait l’empereur Ă Â ce moment , mais Paul finira martyrisĂ© par NĂ©ron, comme Pierre (lui, sur le mont Vatican), saint Paul dit donc « toute autoritĂ© vient de Dieu » (« Omnis potestas a Deo »). Cette phrase aura une importance considĂ©rable.
Le christianisme est donc fondĂ© sur cette espĂšce de tension terrible, mais fĂ©conde, avec l’idĂ©e d’une sĂ©paration des autoritĂ©s, mais en mĂȘme temps qu’il faut obĂ©ir aux autoritĂ©s politiques, quelles qu’elles soient, sauf si elles empĂȘchent le culte chrĂ©tien, quâon continuera Ă Â faire, mĂȘme dans les « catacombes ». Mais il vaut mieux obĂ©ir Ă Â Dieu, en cas de conflit. C’est ce que Spinoza appellera le problĂšme thĂ©ologico-politique. Mais cette phrase de JĂ©sus (« rendre Ă Â cĂ©sar ce qui est Ă Â cĂ©sar, et Ă Â dieu ce qui est Ă Â dieu ») ouvre la voie Ă Â l’idĂ©e d’une sĂ©paration possible du politique et du religieux. Mais Pierre a aussi dit « il vaut mieux obĂ©ir Ă Â Dieu quâaux hommes », phrase sur la quelle sâappuieront les Protestants au 16e siĂšcle, aprĂšs lâhorrible massacre de la Saint BathĂ©lĂ©my (1572), pour justifier le « tyrannicide ».
L’Islam, de l’autre cĂŽtĂ©, refuse plusieurs thĂšses du christianisme : d’abord l’idĂ©e de l’incarnation. si on me demande si je suis chrĂ©tien, je rĂ©ponds « ça veut dire quoi ĂȘtre chrĂ©tien ? ». Jâadmire la morale Ă©vangĂ©lique (pas tout) ! Mais, « ĂȘtre chrĂ©tien », ça veut dire que Dieu s’est incarnĂ©, en JĂ©sus. JĂ©sus est Dieu, et il est ressuscitĂ©. On rajoute le Saint-Esprit, ça fait trois personnes en une seule nature. C’est le dogme chrĂ©tien : Sainte-TrinitĂ©. Cette idĂ©e, l’islam la refuse et fait de JĂ©sus l’avant-dernier prophĂšte. Les Juifs disent, quant Ă Â eux, que JĂ©sus est un faux-prophĂšte. L’islam reconnait que le christianisme fait partie des Ă©critures saintes. Abraham, Marie sont trĂšs importants dans l’Islam. Alors que pour les juifs, Abraham oui ! mais pas JĂ©sus ni sa mĂšre ! (Il y a une plaisanterie juive lĂ Â -dessus, qu’un ami (juif) m’a racontĂ©e : comment on est sĂ»r que Marie Ă©tait juive ? parce qu’elle prenait son fils pour un dieu ! C’est une blague sĂ©pharadeâŠ) L’islam abandonne l’idĂ©e de la nature divine de JĂ©sus, revient Ă Â la circoncision (ce qu’avaient aboli Paul, Pierre et Jacques). La circoncision doit ĂȘtre celle du coeur (en hĂ©breux, circoncision c’est le mĂȘme mot que alliance, berith, c’est le signe de lâalliance d’Abraham avec son Dieu). L’islam est proche du judaĂŻsme au point de vue doctrinal. MonothĂ©iste. Mais ils retiennent du christianisme l’idĂ©e que la religion doit ĂȘtre universalisĂ©e. Ce que les juifs ne voulaient pas. Mais les musulmans n’ont pas à  « rendre Ă Â cĂ©sar ce qui est Ă Â cĂ©sar , et Ă Â dieu ce qui est Ă Â dieu ». Ce qui fait que l’idĂ©al coranique, c’est l’oumma (communautĂ©), rĂ©gie par la charia (droit) qui n’est pas toute abbĂ©rante (il y a des choses trĂšs bien dans la charia, l’idĂ©e de justice socialeâŠ) mais qui est quand mĂȘme du 7Ăšme siĂšcle ! Lapidation des femmes adultĂšres ! (refusĂ©e par JĂ©sus dans un des plus beaux passages de lâEvangileâŠ)
Ă âĄa date un peuâŠ
Ă âĄa date un peu, quand mĂȘme ! Mais il n’y a pas cette possibilitĂ© d’ouverture que donnait la phrase de JĂ©sus. C’est un problĂšme. Le second problĂšme, qui est important, c’est que, aussi bien pour les juifs que pour les chrĂ©tiens, les textes sacrĂ©s sont sacrĂ©s (ce sont des « auctoritates »), mais ce sont quand mĂȘme des oeuvres d’hommes (Ă Â part les 10 commandements dictĂ©s Ă Â MoĂŻse par YavhĂ© sur le mont SinaĂŻ), tout le reste c’est l’oeuvre d’hommes. La Bible est Ă©crite par des hommes. D’une certaine maniĂšre, ça peut ĂȘtre discutĂ©. Ă âĄa a Ă©tĂ© Ă©crit par des hommes, Ă Â une certaine Ă©poque. La doctrine musulmane consiste Ă Â dire que le Coran est « incréé », comme âŠJĂ©sus-Christ (= Messie) pour les ChrĂ©tiens. Il a le mĂȘme statut que Dieu. Absolument intouchable. Evidemment interprĂ©table, tout est interprĂ©table, c’est ce qu’on appelle l’hermĂ©neutique, ça a Ă©tĂ© inventĂ© pour l’interprĂ©tation de la Bible (Schleiermacher). Mais il y a quelque chose de beaucoup plus, je ne veux pas ĂȘtre insultant, de plus rigide dans l’adhĂ©sion au Coran. C’est Dieu. C’est Dieu lui-mĂȘme qui prononce ces mots ! Puisqu’on sait en plus que Mahomet Ă©tait illettrĂ©. Ce n’est pas lui qui parle, il n’est que le transmetteur. Il y a Mahomet qui parle, et on rapporte aussi ses propres propos humains (les hadiths), mais le Coran c’est Dieu ! Comme c’est Dieu, tout est absolument vrai ! on ne touche pas une virgule !
Ca, ça pose un problĂšme, parce qu’il y a une sourate, la sourate 4 sur les femmes, qui contient un certain nombre de choses qui sont un progrĂšs par rapport Ă Â ce qu’Ă©taient les pratiques des nomades arabes Ă Â l’Ă©poque prĂ©-islamique. On ne peut avoir que 4 femmes, avant c’Ă©tait autant qu’on voulait. Mais Mahomet prĂ©cise qu’on peut avoir aussi des maitresses. Il en avait lui-mĂȘme 9. C’Ă©tait un homme qui âŠaimait les femmes, et le sexe, contrairement Ă Â JĂ©sus (dâaprĂšs les textes). Il a deux caractĂ©ristiques, Mahomet, qui le distingue des autres fondateurs de religions comme MoĂŻse ou Bouddha ou JĂ©sus : c’est un homme qui aime les femmes, mais quâil ne les rends pas Ă©gales en droit aux hommes,et surtout c’est un chef militaire, un conquĂ©rant. Historiquement, Ă©tant donnĂ© cette foi universelle, l’islam a fourni une idĂ©ologie pour conquĂ©rir un empire mondial ! En un siĂšcle, les Arabes sont arrivĂ©s Ă Â Poitiers ! A partir de la Mecque, en un siĂšcle ! Et de l’autre cĂŽtĂ© jusqu’en Chine et en Inde. Donc, potentiellement, le monde doit ĂȘtre musulman, pour son bien, son salut.
C’est ce que j’avais cru comprendre, qu’il y avait la distinction entre l’umma, le monde musulman, et le reste du monde qui est Ă Â laisser en paix si on ne peut pas faire autrement, soit Ă Â conquĂ©rir.
Absolument ! cela dit, alors qu’on Ă©tait dans la pĂ©riode la plus noire du moyen Ăąge occidental. Culturellement, il n’y avait plus que les couvents, c’Ă©tait le moyen Ăąge le moins cultivĂ© (Ă Â part la parenthĂšse de Charlemagne), les musulmans ont dĂ©veloppĂ© Ă Â Bagdad, ou Ă Â Cordoue, des civilisations extrĂȘmement raffinĂ©es, Ă©voluĂ©es. A partir du 12Ăšme siĂšcle, je n’ai pas d’explication, c’est l’inverse qui s’est passĂ©. L’Europe a pris son envol, profitant d’ailleurs de la science arabe, inspirĂ©e surtout des Grecs. Mais aussi, les chiffres, que les Arabes avaient pris chez les Indiens, notamment le zĂ©ro Les grammairiens indiens avaient inventĂ© un signe pour dĂ©crire l’absence de phonĂšme, c’est Ă Â dire avaient inventĂ© le 0., que les Grecs nâavaient pas, pour des raisons philosophiques profondes. LâUn est avant tout, le rien, le « zĂ©ro », nâest pas.
Oui, on dit « szifr » en arabe, qui a donné « chiffres »
Oui. Donc les Arabes avaient importĂ© et fait progresser la culture grecque. Il y a eu de trĂšs grands philosophes, Avicenne, AvĂ©rroĂšs. Mais tout ça s’est arrĂ©tĂ© au 13Ăšme sicĂšle. Alors qu’au 13Ăšme siĂšcle, l’occident commence la renaissance, la science, l’art, les rĂ©publiques reviennent, les idĂ©aux de libertĂ©, la bourgeoisie commerçante. Le monde arabo-musulman, lui n’a pas bougĂ©. Il y avait une lutte entre les philosophes Ă©clairĂ©s, pour aller vite, et les thĂ©ologiens dogmatiques, qui lâont emportĂ©. Et depuis, rienâŠ.
Pour un observateur non Ă©rudit, on a l’impression que c’est ce qui manque, en ce moment, cette prise de distance par rapport au texte, et que c’est ce qui remettrait cette culture en mouvement ?
Oui, simplement elle est nĂ©cessaire, mais elle est plus difficile ! Etre chrĂ©tien, c’est croire Ă Â la divinitĂ© du Christ, ĂȘtre musulman, c’est croire Ă Â la divinitĂ© du Coran. Du texte. C’est difficile d’ĂȘtre musulman, et de dire, « bon, la sourate 4 sur les femmes, c’est liĂ© Ă Â l’Ă©poque, mais ce n’est plus valable maintenant ». Qu’il faille trois femmes pour le tĂ©moignage d’un homme, c’est dans le Coran. Et le Coran, c’est Dieu. Et Dieu est Ă©ternel et absolument vĂ©ridique.
De lĂ Â , effectivement, viennent beaucoup des difficultĂ©s d’adaptation Ă Â une sociĂ©tĂ© ouverte et dĂ©mocratique.
Exactement. « SociĂ©tĂ© ouverte » c’est une expression de Popper.
Justement, on va peut-ĂȘtre passer Ă Â Popper. En tout cas merci beaucoup pour ces Ă©lĂ©ments historiques et philosophiques, que je ne connaissais pas bien du tout, et âŠ
Mais je ne veux pas ĂȘtre catĂ©gorisĂ© comme anti-musulman. Simplement, si j’Ă©tais musulman, avec des convictions dĂ©mocratiques et libĂ©rales, j’aurais un problĂšme.
Oui clairement, l’Islam Ă Â un problĂšme avec la dĂ©mocratie
Il faut qu’ils le rĂšglent.
Oui, et je trouve que pour ça il faut qu’on entende des gens qui se revendiquent comme musulmans, dĂ©solĂ© je sors un peu de l’interview, et qui en mĂȘme temps prĂŽnent une distance par rapport aux textes. Certains le font, y compris dans des pays oĂč l’islam est la rĂšgle, avec beaucoup de courage, mais ça reste rare, je trouveâŠ
Le problĂšme, c’est que pour les fanatiques, parfois dirigeants religieux, les musulmans dont tu parles, et qui existent, en Inde, en Egypte, en Iran, en AlgĂ©rie, sont pour les fanatiques dogmatiques les pires ennemis. Parce que ce sont des traitres. Ce n’est pas l’adversaire chrĂ©tien. C’est le traitre interne. Alors lui, couic !
Justement, dans les pays dĂ©mocratiques, c’est notre rĂŽle d’aider cette prise de parole, et de la favoriserâŠ.?
Oui tout Ă Â fait.
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