Catégorie : 🧠 Réflexions

  • Un individu dans l’innovation

    Un individu dans l’innovation

    A l’heure où tout ce qui s’est construit sur le web impacte pleinement les entreprises (pour le meilleur souvent), et la société en général, je suis empli – plus que jamais – de doutes. Est-il encore permis de douter, tout en agissant ? Je l’espère !

    Si vous êtes certain, vous vous trompez certainement, parce que rien n’est digne de certitude ; et on devrait toujours laisser place à  quelque doute au sein de ce qu’on croit ; et on devrait être capable d’agir avec énergie, malgré ce doute. — Bertrand Russell

    Idéalisme et action intraprenariale

    J’ai la chance de faire un métier passionnant, centré sur l’innovation (donc sur la structuration de l’inconnu, la conduite du changement, et l’humain au sens large). Et j’ai la chance d’avoir une activité qui mêle les non-spécialistes aux spécialistes, et qui questionne la capacité à  faire (Refaire?).

    Etant idéaliste, j’ai une tendance naturelle à  voir le résultat escompté avant les embûches : je pense qu’il est possible d’imaginer, et de construire, une société où les humains puissent vivre librement, en sécurité, et rechercher comme ils l’entendent leur bonheur, en respectant ce même droit pour les autres. Je pense également qu’il possible d’imaginer, et de construire, des entreprises (des firmes) où il fait bon travailler, dans la joie, le respect et la transparence.

    Le propre de l’idéalisme, c’est d’être décalé du monde réel. L’idéaliste se construit dans l’espace qui sépare sa vision de la réalité. L’idéaliste non dogmatique se nourrit des difficultés (le sage aussi, mais sans en souffrir). Ma souffrance au quotidien (souffrance toute spirituelle) consiste à  mesurer l’écart entre ma visée, et ce qui est la réalité au quotidien. Je suis donc pour cela (et aussi un peu par choix/nécessité) enclin au doute. Et comme je pense qu’il est plus profitable de partager ses doutes que ses convictions, j’ai envie d’en partager quelques-uns.

    Les grandes entreprises sont-elles prêtes à  jouer le jeu de l’innovation ?

    Pour le vivre au quotidien, je crois que le vrai problème de l’innovation dans les grandes entreprises est l’articulation entre les activités de conception innovante et les celles de conception réglée (je ne parle pas comme chercheur, mais sur la base d’un retour d’expérience de terrain, donc non généralisable). Mettre en place des structures de conception réglée pour mener à  bien des exploits industriels, beaucoup d’entreprises l’ont fait, et savent très bien le faire. Mener à  bien des activités de conception innovante, beaucoup d’entreprises aussi l’ont fait. Mais articuler ces deux activités relativement différentes (dans leurs modes de raisonnements, dans leur pilotage, dans la manière de les évaluer), au sein d’une même structure, voilà  qui est plus complexe. Certaines entreprises ont montré des voies possibles : Apple, Google, Pixar, mais aussi 3M, Seb, et bien d’autres. Articuler ces deux types d’activités conduit à  faire se parler deux mondes :
    1° comment rendre appropriables par le monde de la conception réglée les sorties de l’activité de conception innovante ? L’exploration de la valeur (au sens plein du terme) parait être le chemin commun. En voyez-vous d’autres ?
    2° comment intégrer les contraintes de la conception réglée à  l’activité de conception innovante ?
    Pour l’une comme pour l’autre de ces questions, il parait évident que le plus simple est de mélanger des acteurs de ces deux mondes, et les faire travailler ensemble. Plus facile à  dire qu’à  faire. Les projets temps libres sont une vraie piste pour cela (sortir les gens de leurs missions au sein de la firme), et les « tiers-lieu » permettent de formaliser cette transversalité, et de favoriser un mélange réussi entre les métiers, avec une organisation différente de l’activité. Les grandes entreprises sont-elle prêtes pour ce jeu-là  ? J’en doute, tant les effets de la « corporate governance », mêlés à  ceux de la crise, tendent la situation interne.

    Une révolution, ça tourne…et ça revient !

    Il est toujours dangereux de parler de « changement de paradigme », de « révolution ». Notre point de vue est si temporellement défini que les effets de distorsion sont inévitables. Voilà  un doute de plus : je doute sincèrement du fait que nous soyons en plein changement de paradigme. Je crois que beaucoup de monde se gargarise avec ces grands mots, qui cachent facilement les petites lâchetés et la paresse intellectuelle. La bascule des produits vers les services, nouvelle ? Mais IBM l’a déjà  réalisée ! L’arrivée des Big Datas, nouvelle ? Mais Google s’est justement construite sur la structuration des informations, et sur leur utilisation appropriée ! Dans un cas comme dans l’autre, parler de révolution, c’est bien, mais cela masque surtout un manque de capacité à  intégrer ces exemples au jour le jour dans nos pratiques. Qu’en pensez-vous ? Sommes-nous réellement dans un « changement de paradigme » ?

    L’humain au centre de tout ça

    Voilà  qui nous ramène directement à  l’humain, et aux individus. Jusqu’à  preuve du contraire, une entreprise, un état, une nation, une communauté, ça ne parle pas, ça ne pense pas ; les individus oui. Les acteurs sont les individus. Et le fait que leurs actions et leurs pensées puissent être structurées par des facteurs externes n’y change pas grand-chose. Les acteurs sont les individus.
    Voilà  encore un doute qui me traverse au quotidien. Aucune idée n’avance seule ; les idées avancent parce que des porteurs y mettent leur énergie, leurs tripes parfois, et parce que cela rencontre un écho chez les autres. Qu’ils soient des acteurs à  fédérer, des clients à  combler ou à  titiller, des partenaires à  séduire (dans le bon sens du terme). Voilà  un autre doute qui m’anime, liée à  notre contexte français : les gens sont-ils prêts à  accepter une société plus ouverte, avec une place accrue de la société civile, avec une mise en avant plus forte de la responsabilité individuelle ? Je suis un ferme partisan d’une vraie subsidiarité : avant de prévoir des plans pharaoniques nécessitant un recours souvent brutal au financement des contribuables, il convient de balayer devant sa porte. En commençant à  la brique élémentaire, l’individu. Nous avons un penchant culturel à  toujours vouloir régler les problèmes par le haut, au lieu de commencer à  retrousser les manches au niveau local pour gérer nous-mêmes les choses. Le système (qu’il soit celui de l’entreprise, ou la société en général) ne peut se changer qu’au quotidien, avec un peu de courage, de liberté et de vérité. Cela implique une ambiance de confiance totale ; c’est ce qu’Ed Catmull -co-fondateur de Pixar- avait bien compris. La première règle formelle chez Pixar est : chacun est libre de s’adresser à  n’importe qui. Cette simple règle serait révolutionnaire si on l’appliquait dans beaucoup d’organisme. La confiance est une clé. La convivialité aussi. Le goût du débat, voire de la controverse, de l’argumentation font partie de tout cela. Un soldat au garde-à -vous est utile pour que l’armée soit opérationnelle ; est-ce une attitude bien utile dans une entreprise innovante ? Voilà  un ensemble de valeur dont j’entends souvent parler, mais qui demandent, pour être défendue au quotidien, pas mal d’efforts, et d’idéalisme. Qu’en pensez-vous? Ces doutes exprimés vous parlent-ils ? Vous paraissent-ils ridicules ? La section commentaire est là  pour en discuter !

  • Le paradoxe de la connaissance

    Le paradoxe de la connaissance

    C’est une pensée qui m’est restée, et très vive, depuis ma lecture des conférences de Karl Popper. C’est un paradoxe apparent seulement : plus j’apprends, plus j’augmente mes connaissances, et plus j’augmente le nombre de questions sans réponses qui s’ouvrent à  moi. L’étude nous enrichit, et augmente nos connaissances. Mais elle diminue en même temps la part relative de nos connaissances par rapport à  l’inconnu, ou à  la masse de problèmes irrésolus. Plus j’apprends, moins je sais – relativement. Ce n’est pas une pirouette, c’est la vérité.

    La solution d’un problème engendre toujours de nouveaux problèmes, irrésolus. Lesquels sont d’autant plus intéressants qu’était plus difficile le problème initial et plus audacieuse la solution que l’on a cherché à  lui donner. Plus nous en apprenons sur le monde, plus nous approfondissons nos connaissances, et plus est lucide, éclairant et fermement circonscrit le savoir que nous avons de ce que nous ne savons pas, le savoir que nous avons de notre ignorance. [Karl Popper]

  • Le fond et la forme

    Le fond et la forme

    Il y a quelques semaines, j’ai vu passer une vidéo qui appelait à  signer une pétition (pour le Pacte pour la Justice). La vidéo est poignante, puisque l’on y entend un père raconter la mort de son fils, agressé par une bande de voyous et tués à  coups de couteau (vous pouvez aussi voir la conférence de presse donnée récemment par l’IPJ et Joël Censier, le père de la vidéo). A l’origine de cette vidéo et de cette pétition, l’Institut pour la Justice.

    J’ai signé cette pétition, et j’ai fait suivre sur Facebook. Un copain m’a invité à  lire la réaction de Maître Eolas : Attention manip : le « pacte 2012 » de « l’Institut pour la Justice ». J’ai été un peu interloqué à  la lecture de l’article de l’avocat-blogueur.

    D’un côté, il est probable – c’est le domaine de compétence d’Eolas, et je lui laisse – que les avis portés contre la justice dans la vidéo sont faits à  l’emporte-pièce, et critiquables. Est-ce que pour autant le fond est condamnable ?

    Il me parait important de distinguer la forme du fond.

    La forme, ce sont les artifices rhétoriques, l’argumentation sans fin. Le fond, c’est d’analyser le sens de l’action de l’IPJ. Or, dès le début maitre Eolas condamne le sens de cette action. Dès lors, rien n’aura plus de valeur à  ses yeux puisque l’IPJ est classé dans la catégorie des faux-instituts manipulateurs.

    La forme, c’est le jeu sur l’émotion pour faire bouger des lignes, la manipulation. Le fond, c’est une action pour augmenter le nombre de places de prison, et limiter la récidive. Notons au passage que l’on peut très bien voir la vidéo, prendre du recul car on est conscient que l’on joue sur nos sentiments, et néanmoins signer la pétition, parce que l’on juge que cela fera bouger les choses dans le bon sens. C’est mon cas. Commencer par se montrer comme le démonteur de la manipulation, c’est considérer que la plupart de ceux qui ont vu la vidéo n’ont pas cette capacité de prise de recul.

    La forme, c’est la distinction faite par la justice sur le niveau de responsabilité des différents participants à  l’agression. Le fond, c’est de juger des actes comme il se doit. Maitre Eolas, qui a le Droit pour lui, explique que ceux qui n’ont pas porté de coups de couteau ne sont juridiquement pas considérés comme des meurtriers.

    Notez que Joël Censier s’obstine à  parler au pluriel des meurtriers alors qu’il a été depuis longtemps établi que Samson G. a seul porté les coups mortels.

    Cela me parait moralement discutable. La justice est là  pour faire appliquer la loi, c’est une chose, mais cette loi (ou cet ensemble de lois, de réglementations et de jurisprudence) est là  pour faire respecter un certain nombre de règles de juste conduite. Considérer qu’une bande d’agresseurs, en s’attaquant à  une personne seule, n’est pas en train de mettre en place une dynamique de meurtre, me parait tout à  fait discutable, voire choquant. On est responsable de ce qu’on dit, et de ce qu’on laisse dire. On est responsable de ce que l’on fait, et de ce qu’on laisse faire. Je comprends donc M. Censier quand il appelle ceux ont participé à  l’agresssion sans porter de coups de couteau des « meurtriers » ; et je crois qu’il a raison. C’est bien tout le sens de cette pétition, il me semble : ne pas fermer les yeux sur des actes qui sont inacceptables. Il est inacceptable de tolérer des agressions de ce type, quels qu’en soient les auteurs, quelles qu’en soient les victimes. Les actes commis sont grave, et ils méritent une sanction lourde.

    La forme, c’est le jeu des acteurs qui défendent leurs points de vue : l’IPJ son action pour augmenter les places de prison, Maître Eolas qui se pose en défenseur du système existant. Le fond, c’est la prise de recul et les arguments. Le fond, c’est Eolas qui analyse et évalue la qualité du discours de la vidéo, et qui propose des arguments pour l’évaluer. Le fond, c’est l’IPJ qui oeuvre politiquement, et non pas juridiquement. Et le fond, c’est que le combat politique n’a pas besoin que de vérité pour avancer, mais aussi de force (c’est pour cette raison exactement que je suis un peu en retrait des jeux politiques).

    Ce qui compte à  mes yeux, c’est le fond. Que vise l’IPJ ? Si ce qu’il vise est juste, alors j’accepte ce genre de pétitions. C’est aussi simple, et compliqué, que cela. Ce que Maître Eolas nous explique, c’est qu’il ne veut pas plus de places de prison (j’imagine, puisqu’il ne parle presque pas du fond dans son article). Pour ma part, et pour l’IPJ (je précise que je ne suis pas adhérent de l’IPJ), il en faut plus. Voilà  le vrai débat : que faisons-nous, collectivement, pour éviter les multi-récidives ? Comment fait-on, concrètement, pour éviter que des personnes dangereuses puissent nuire encore et encore ? Je n’ai pas beaucoup d’autres pistes que la mise à  l’écart (la prison) pour le court-terme, et l’éducation et l’amour (dans la famille) pour le long-terme.

    Qu’a donc dans sa besace maitre Eolas qui lui permette de balayer d’un revers de manche le combat de l’IPJ ? Cela n’est pas visible dans son article – par ailleurs remarquable – de juriste. Car le fond de l’action de l’IPJ est politique, pas juridique.

    PS : la forme, c’est aussi de mettre des liens vers les sites / blogs de ceux dont on parle. Maître Eolas n’a pas mis de liens vers la vidéo ou la pétition. Le fond, c’est qu’il méprise totalement l’IPJ, et cela se sent.

  • Peut-on se changer ?

    Peut-on se changer ?

    J’ai animé pendant 5 ans un blog politique, Expression Libre. J’ai décidé récemment, faute de temps et d’énergie, de le fermer. Pour ne pas complètement écraser cette période, j’ai commandé l’impression papier des billets que j’avais publié. Un peu égocentrique, certes, mais intéressant quand même.

    J’ai tout d’abord apprécié la qualité de l’impression et de la reliure des ouvrages réçus (commandés sur Lulu.com). C’est quelque chose quand même, de tenir un ouvrage papier, et de réaliser concrètement la quantité de travail fourni.

    Ensuite, je me suis replongé par curiosité dans les premiers billets du blog, c’est-à -dire dans le début du livre. Et j’ai été frappé tout de suite par une chose : après tout ce temps passé à  réfléchir, à  lire, à  écrire, à  discuter, à  argumenter, je me sens très proche, idéologiquement, de celui qui écrivait les premiers billets sur le blog. Quoi : tout ce travail pour ne pas changer ? Tout ce chemin, pour être aussi prêt du point de départ ?

    C’est un sentiment complexe que j’éprouve depuis.

    D’un côté, je me dis qu’il est finalement très difficile de se changer soi-même, même s’il y a eu des changements (à  commencer par un changement de métier issu directement de mon activité de blogueur). Comme si une certaine conformation de l’esprit prévalait sur les éléments qu’on peut lui apporter, et sur les efforts qu’on lui fait faire. Plus d’inné que d’acquis ? Tout se joue avant six ans ? Je n’en sais rien. Est-ce simplement la continuité dans le sentiment de moi-même que je constate, ou l’inertie réelle à  se décaler soi-même ?

    D’un autre côté, cela m’évoque un tronc d’arbre, avec l’aubier (la partie vivante) et le duramen (la partie morte). Le duramen peut être plus important en volume que l’aubier, c’est quand même la partie vivante qui importe, mais qui se construit en s’appuyant sur la partie morte. C’est donc une question de valeur : le peu qui a changé pendant ces 5 ans a quand même beaucoup de valeurs à  mes yeux. Les rencontres, ce que j’ai appris, tout cela compte plus que ce que ça a changé en moi. La dynamique est là , et cela fait partie aussi de la joie que j’ai eue à  bloguer sur Expression Libre.

    D’une manière générale, ça rejoint la vieille problématique du « changement » et du « permanent ». Qu’est-ce qui reste constant dans le changement ? Le mouvement et le changement n’ont de sens qu’au regard de quelque chose qui ne change pas. Pour ceux qui seraient curieux (ou pour des lecteurs nostalgiques au point de vouloir commander ces livres) :

  • Changer de point de vue pour prendre du recul

    Changer de point de vue pour prendre du recul

    Dans l’entreprise où je travaille, je dois régulièrement envoyer des mails à  70000 personnes en interne. Autant vous dire que les premières fois, quelques gouttes de sueurs ont coulées le long de mes tempes au moment d’appuyer sur le bouton « envoyer » ! J’ai dû relire une bonne dizaine de fois le mail pour traquer la moindre faute, la moindre erreur de lien. C’est un vrai stress, une vraie responsabilité.

    Et puis, bien sûr, vient la phase où l’on se rend compte qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’être dans un tel état de stress pour envoyer un simple mail. En se mettant à  la place des autres, c’est-à -dire de ceux qui vont recevoir ce mail, les choses prennent une tout autre perspective. Chacun des destinataires ne reçoit qu’un mail : ce n’est donc pas 70000 mails que j’envoie, c’est 1 mail à  chaque personne. Et qu’est-ce qu’un mail après tout, dans le flot quotidien ? Une broutille ! Mon objectif doit être de réussir à  rendre le contenu de ce mail attractif, incitatif, stimulant. La peur de la coquille ne fait que me détourner du vrai but à  atteindre.

    Et le simple fait de se mettre à  la place des autres, de changer de point de vue, fait prendre du recul. Je ne considère plus l’action d’envoyer 70000 mails, ou en recevoir un seul. Je regarde d’au-dessus ces deux situations bien différentes, et cela suffit à  faire prendre du recul. La prise de recul détache des émotions, et permet de mieux cerner le sens de l’action.

    Pour prendre du recul, il suffit de changer de point de vue.

  • Une fleur cueillie

    Une fleur cueillie

    Une de mes filles, la plus jeune, s’est réveillée plus tôt que d’habitude l’autre jour.

    Du coup, nous l’avons prise avec nous dans notre lit. Cette petite fille de 2 ans, couchée avec nous, pleine encore de sommeil, c’était un bonheur. Elle me faisait une petite caresse sur le nez dans le noir, et restait tranquillement allongée.

    J’ai réalisé à  nouveau à  quel point ces moments sont merveilleux, à  quel point j’ai de la chance d’avoir une famille, et des enfants. Et à  quel point les enfants, clairement, donnent un sens à  la vie. Il est sûr que je dois faire tout mon possible pour que mes enfants puissent être heureux. Cela implique d’être heureux soi-même, bien sûr, et de les aider à  se construire et peu à  peu à  s’émanciper. Å’uvrer aussi pour un monde meilleur, à  tous les niveaux. Dans la joie, et en leur donnant tout l’amour du monde. Chaque enfant mérite tout l’amour du monde ; je crois qu’en fin de compte, tout le Mal vient du manque d’amour. C’est en quoi le message de Jésus est universel, en tout cas en quoi il me touche profondément.

    Et ce sens là , formidable, il faut être capable d’y intégrer aussi un peu de raison. Tout ce bonheur, toute cette douceur et toute cette joie, peuvent disparaitre du jour au lendemain. Personne n’est à  l’abri. Je ne peux même pas imaginer ce que cela signifierait en termes de douleur, de chagrin et de désespoir ; mais je sais que c’est aussi une part de la vérité. Il est possible de la fuir, au point de l’oublier. Je ne suis pas sûr que cela soit souhaitable. J’ai choisi de mettre du sens dans quelque chose de fragile. Comment pourrait-il en être autrement, d’ailleurs ? Ce qui est beau, et bon, est souvent fragile et difficile.

    Le bonheur n’est pas un but qu’on poursuit âprement, c’est une fleur que l’on cueille sur la route du devoir. John Stuart Mill