Toute réflexion commence par la définition propre des concepts utilisés, non ?
RĂ©alitĂ© : ce qui existe indĂ©pendamment du sujet, ce qui n’est pas le produit de la pensĂ©e.
- Scientifique : connaissance reconnue comme juste, comme conforme à  son objet et possédant à  ce titre une valeur absolue, ultime
- Philosophie : norme, principe de rectitude, de sagesse considĂ©rĂ©(e) comme un idĂ©al dans l’ordre de la pensĂ©e ou de l’action
- Logique : conformité de la pensée ou de son expression avec son objet
La rĂ©alitĂ© contient la vĂ©ritĂ©, puisqu’elle englobe le monde entier, donc toutes les pensĂ©es que les humains peuvent avoir sur le monde.
Constater la diffĂ©rence entre vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ©, c’est le premier pas. On peut ensuite souligner ce qui diffĂ©rencie les deux, ou ce qui les rapproche. Ce qui diffĂ©rencie les deux, c’est le sujet qui pense ; c’est souligner le point de vue particulier â limitĂ© – sur l’universel. Souligner la diffĂ©rence, c’est donc souligner l’incomplĂ©tude de l’ĂȘtre humain, son manque d’aptitude Ă Â dire le rĂ©el.
Souligner ce qui les rapproche, c’est souligner la possibilitĂ© d’une description partagĂ©e du monde, indĂ©pendamment du sujet. La science aide Ă Â ce rapprochement. Le dialogue aide Ă Â ce rapprochement. Exprimer des points de vue diffĂ©rents, c’est dĂ©jĂ Â partager plus que le silence, et les rapprocher par le partage.
Vouloir systĂ©matiquement dissocier vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© est dangereux : c’est le jeu des relativistes. « Puisque chacun possĂšde sa part de vĂ©ritĂ©, alors aucune n’est vraie ». C’est oublier un peu vite que chacun peut penser faux. Toutes les vĂ©ritĂ©s individuelles ne sont pas forcĂ©ment Ă©quivalentes.
Il me semble que chacun doit faire l’effort de diminuer l’Ă©cart entre sa vĂ©ritĂ© (sa maniĂšre de penser le monde) et la rĂ©alitĂ© (le monde lui-mĂȘme). On peut le faire de deux maniĂšres, et les deux sont nĂ©cessaires : adapter l’image que l’on se fait du monde, et changer le monde en suivant notre volontĂ©. Il n’y a donc pas Ă Â choisir entre vĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© ; notre vĂ©ritĂ©, c’est notre volontĂ© d’agir, de changer les choses, et la rĂ©alitĂ© c’est l’espace de travail, qu’il faut savoir accepter.
Pour agir bien, il faut savoir accepter le seul terrain de jeu qui nous est donné.
Toute vérité est une route tracée à  travers la réalité.[Henri Bergson]