……………………………………………………………………….
A : je dois avouer que j’étais content de voir que Juppé s’est fait sortir, même s’il semble compétent. Il a un air de dédain et de supériorité assez énervant…ils ont perdu le plus compétent !
B : euh…compétent ok, mais il y en a d’autres, des personnes compétentes tout de même, dans le gouvernement !
A : ah bon ? qui ?
B : eh bien, Bertrand, Fillon sont compétents, je trouve. Kouchner et Hirsch sont compétents, non ?
A : mouais…ils ne doivent pas être à l’aise Kouchner et Hirsch, avec leurs convictions. C’est incroyable, j’ai entendu Jouyet (secrétaire d’état aux affaires européennes, ex-proche de Hollande) à la radio, il était devenu plus à droite que les gens de l’UMP, comment on peut changer de convictions comme cela ?
B : tu crois que leurs convictions sont si éloignées que cela, au PS et à l’UMP ? il veulent la même chose, ce sont les moyens pour y arriver qui font débat !
A : non, tu ne peux pas dire ça ! ils ne veulent pas la même chose ! leurs programmes n’ont rien à voir ! Ce ne sont pas les mêmes programmes, tout de même ! Le coup des heures supp’ non rémunérées, la TVA sociale, ce sont bien des politiques de droite, et on sait bien ce que ça va faire !
B : ah bon ? qu’est ce que ça va faire ?
A : c’est un cadeau aux plus favorisés !
B : mais, moi, il me semble bien que j’ai lu des articles d’économistes qui pensaient que c’était une bonne chose l’augmentation de la TVA !
A : où tu l’as lu ? dans le Figaro ?
B : oui, mais …
A : c’est toujours pareil ! dans le Figaro, c’est toujours le même son de cloche ! C’est la voix de l’UMP !
B : pas d’accord. Les gens qui écrivent une tribune sont libres de leurs propos, tout de même…! que ce soit au Figaro, dans Libération ou dans le Monde, non ?
A : mais non ! ceux qui écrivent dans Libération sont de gauche, et ceux qui écrivent au Figaro sont de droite, c’est bien connu !
B : ah bon, ok. Tu as raison ! bravo. Et que fais tu des gens qui écrivent dans tous ces journaux alternativement ? ils sont à la fois soutien du PS et de l’UMP, alors ?
…………………………………………………………………………………………………………..
B : revenons sur la TVA : à côté des économistes et politiciens qui vont essayer de convaincre dans un sens où dans l’autre, on a tout de même l’exemple de l’Allemagne qui montre que c’est possible !
A : mais ça n’a rien à voir ! L’Allemagne n’a rien à voir avec la France…! C’est toujours les mêmes arguments ! si tu augmentes la TVA, tu vas forcément diminuer la consommation, donc la croissance.
B : L’exemple Allemand montre l’inverse. L’Allemagne n’est peut être pas la France, mais les consommateurs allemands ne sont tout de même pas si différents des consommateurs français, et la structure de la société n’est pas non plus si différente…Quand même : la TVA sociale, son but c’est de faire basculer une partie de la fiscalité du travail et de l’investissement sur la consommation, en partant du principe qu’on ne peut pas faire fuire la consommation, tandis qu’on peut faire fuire l’investissement. Et les résultats sont là : ceux qui prédisaient une baisse de la consommation en Allemagne ont eu tort ! la consommation n’a pas chuté, et le résultat c’est qu’on a assisté à un renforcement de la croissance en Allemange, et donc à une hausse globale du niveau de vie, pour faire vite….
A : oui, alors ça, justement c’est pas sûr non plus, qu’une augmentation de croissance profite à tout le monde !
B : inégalement, c’est sûr, mais à tout le monde, c’est sûr aussi, non ?
A : enfin, ce qui est sûr c’est que ceux qui montrent du doigt le gouvernement pour la TVA sont des cons : c’était écrit dans le programme, ce n’est pas une surprise ! Il suffit de savoir lire entre les lignes !
B : on est bien d’accord ! et même pas entre les lignes…!
A : c’est pour ça que je n’ai pas voté pour Sarkozy, pour ce genre de cadeaux aux plus riches…!
B : on verra, non ? on ne peut pas juger des résultats d’une politique avant qu’elle ait été mise en oeuvre, si ?
A : mais si ! on sait ce que ça va faire, cette politique ! enfin !
B : tout n’est pas à court terme ! C’est dans 6 mois, 1 an, 2 ans qu’on verra les fruits de cette politique : c’est le jeu de la démocratie. Si au bout de 5 ans on n’est pas d’accord, ou pas satisfait avec les résultats, on sanctionnera par le vote !
A : mouais….mais ce sera peut-être trop tard ! On ne pourra peut-être plus faire machine arrière…
B : mais moi, je pense qu’ils vont faire du vrai boulot, et c’est maintenant que ça commence : les élections sont terminées, ils ont une vrai majorité, on va voir ce qu’ils font…Ayons l’ouverture d’esprit de juger d’après les résultats, et pas sur des procès d’intentions !
A : je doute…
B : enfin, quand même, on voit bien le changement par rapport à Chirac : on sent bien qu’il y un esprit, une volonté d’action, de résultats, qui n’ont rien à voir avec l’autre c……
A : il y a surtout une différence dans la communication, dans le marketing…
B : Allons ! dès à présent, on voit bien que, justement, ce n’est pas du marketing. Chirac n’aurait pas parlé de TVA sociale avant le second tour, il se serait touché le zizi en parlant de diversité, de fracture sociale et autres sujets éminements polémiques…peu importe, nous verrons ce qu’ils vont faire, et comment ils vont le faire : c’est pour ça qu’ils sont là !
A : oui, nous verrons.
………………………………………………………………………………………………………………..
C’était la discussion d’hier midi (dans les grandes lignes) entre un collègue (A) et moi (B).
Étiquette : Convictions
-
Discussion de Café du Commerce
-
Distinction entre responsabilité et conviction
Quelques temps avant l’élection présidentielle, Alain Boyer (professeur de philosophie politique à l’université de Paris-IV – Sorbonne), avait écrit un excellent article dans le Figaro. Son titre ? « Si vous êtes vraiment de gauche, votez Sarkozy! ». Cet article est vraiment excellent, clair et concis à la fois. Je ne peux que vous conseiller de le lire !
Je reviens dessus simplement parce que la distinction qu’il fait dès le début entre « morale de conviction » et « morale de responsabilité » est essentielle, et me parle beaucoup. On retrouve partout, en politique comme au travail, cette ligne de scission entre convictions et responsabilités.
Max Weber et Raymond Aron ont insisté sur deux attitudes possibles : la morale de la conviction, qui ne s’intéresse pas aux effets de l’action mais seulement à ses intentions, et la morale de la responsabilité, qui cherche à anticiper les conséquences d’une action avant d’arbitrer, parfois dans la douleur, en sa faveur. Cette morale n’a rien à voir avec le « réalisme » amoral. Mais elle tient qu’il est immoral de poser au moraliste intègre sans s’interroger sur le bilan prévisible de ses actes. On peut opposer, comme le philosophe « républicain » Philip Pettit, le fait de vouloir « honorer » une valeur et celui de chercher à la « promouvoir ». Seule cette attitude-ci est responsable.
Il décrit ensuite, à l’aide d’exemple concrets, la différence entre ces deux attitudes. Vraiment, il faut lire cet article magistral !
Pour finir, la conclusion de l’article :
Aujourd’hui, vu l’état du pays, il faut avoir le courage de proposer certaines réformes dites « libérales », incitatives, et négociées avec ceux qui, comme la CFDT, acceptent de ne plus considérer la politique en démocratie comme une guerre, un conflit à somme nulle, mais comme une délibération commune suivie de compromis.
Quiconque veut promouvoir les valeurs sociales devra en passer à l’heure qu’il est par des réformes dites « libérales », conditions sine qua non de la sauvegarde des retraites et de la Sécurité Sociale. La justice doit prendre en compte les générations futures. Les hommes et les femmes politiques de progrès sont ceux qui ont cessé de prendre les électeurs pour des idiots économiques – cessant de faire comme s’il suffisait de « faire payer les riches », de s’endetter et de moins travailler – et se donnent les moyens de promouvoir réellement la liberté, l’égalité et la solidarité.
Quant aux émotifs qui méprisent les « calculs » et la « rentabilité », rappelons cette phrase de l’économiste marxiste Charles Bettelheim, citée naguère par Michel Rocard : « Quand on cesse de compter, c’est la peine des hommes que l’on cesse de compter ». Même si l’on peut en critiquer certains aspects, seul le programme économique de Nicolas Sarkozy, comme l’était celui, très proche, de François Bayrou, semble en mesure de promouvoir à long terme les valeurs du progrès social, de la protection et de la liberté. La démarche d’hommes de gauche comme Christian Blanc et Eric Besson n’est donc pas une trahison de leurs valeurs. Français, encore une effort pour promouvoir les valeurs de gauche ! -
Citation #23
Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir.
Henri Poincaré -
Citation #15
Toutes les personnes sont respectables, mais aucune croyance n’est respectable.Alain
-
Citation #14
Penser, c’est inventer sans croire.
-
Le courage du bon sens !
Sur les conseils de l’excellent Yves de Kerdrel, éditorialiste au Figaro et chroniqueur sur BFM , j’ai acheté le livre « Le courage du bon sens », de Michel Godet.
Je l’ai commencé hier, et je n’ai lu que cinquante pages…mais quelle claque ! Il FAUT absolument lire ce libre, plein de bon sens, de parler vrai, et de propositions pour améliorer les choses avec pragmatisme. C’est le livre d’un homme libre, indigné face à l’injustice et face aux conneries organisées et non reconnue. Le livre commence très fort, sans tabou, sur la dette publique, et sur les 35h : les responsables politiques de gauche que l’auteur à côtoyé reconnaissent, « en privé », que c’était une erreur de vouloir appliquer partout et pour tous une règle allant de surcroît dans le mauvais sens : pour se partager le travail, il faut déjà en créer ! Pourquoi seulement « en privé » : est-ce si grave de reconnaître une erreur ?
L’auteur explique que le libéralisme n’est ni de droite, ni de gauche, et surtout pas incompatible avec un sens social : c’est d’ailleurs la position de Tony Blair, ou Gerhard Schrà¶der …ça fait du bien de l’entendre ! la gauche française ferait bien de s’en inspirer, au lieu de montrer du doigt le profit.
Tous les sujets importants de notre société y sont abordés, sous l’angle du bon sens et de la réflexion factuelle. Ce qui place l’auteur, et il s’en réclame d’ailleurs, dans le camp des francs-tireurs non dogmatiques tels que Jacques Marseille, François de Closet, ou Pascal Bruckner. J’ajouterai à cette liste Yvan Rioufol qui est souvent assez décapant.
C’est la réalité factuelle qui est injuste et révoltante, pas le fait de la dire !