Besoin, effort, satisfaction: voilà l’homme, au point de vue économique.
Nous avons vu que les deux termes extrêmes étaient essentiellement intransmissibles, car ils s’accomplissent dans la sensation, ils sont la sensation même, qui est tout ce qu’il y a de plus personnel au monde, aussi bien celle qui précède l’effort et le détermine, que celle qui le suit et en est la récompense.
C’est donc l’Effort qui s’échange, et cela ne peut être autrement, puisque échange implique activité, et que l’Effort seul manifeste notre principe actif. Nous ne pouvons souffrir ou jouir les uns pour les autres, encore que nous soyons sensibles aux peines et aux plaisirs d’autrui. Mais nous pouvons nous entr’aider, travailler les uns pour les autres, nous rendre des services réciproques, mettre nos facultés, ou ce qui en provient, au service d’autrui, à charge de revanche. C’est la société. Les causes, les effets, les lois de ces échanges constituent l’économie politique et sociale.
Frédéric Bastiat
Étiquette : Economie
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Echanges d’efforts, services et économie
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La Loi, la démocratie et ses limites…
Le malaise des sociétés démocratiques vient de ce que les mots ont perdu leur sens. A l’origine, en démocratie, les pouvoirs de l’État, contrairement à ce qui se passe en monarchie, étaient limités par la Constitution et par la coutume. Mais nous avons glissé progressivement dans la démocratie illimitée : un gouvernement peut désormais tout faire sous prétexte qu’il est majoritaire. La majorité a remplacé la Loi. La Loi elle-même a perdu son sens: principe universel au départ, elle n’est plus aujourd’hui qu’une règle changeante destinée à servir des intérêts particuliers.
La démocratie s’est pervertie parce que nous avons confondu idéal démocratique et tyrannie de la majorité. Parce que nous croyons dans les idéaux de base de la démocratie: le suffrage universel et la suprématie du droit, nous nous sentons obligés de défendre des institutions particulières qui passent, à tort, pour leur seule traduction concrète.
Seul le système capitaliste permet la démocratie. Lorsque le régime est dominé par une doctrine collectiviste, la démocratie finit inévitablement par se détruire elle-même. Le planisme mène à la dictature parce que la dictature est l’instrument le plus efficace de coercition et de réalisation forcée d’un idéal et qu’à ce titre elle est indispensable à une société planifiée. Le conflit entre planisme et démocratie surgit simplement du fait que cette dernière est un obstacle à la suppression de la liberté requise par la direction de l’activité économique. Mais dans la mesure où la démocratie cesse d’être une garantie de la liberté individuelle, il se peut qu’elle persiste sous une forme quelconque sous un régime totalitaire. Une véritable « dictature du prolétariat », même démocratique de forme, au jour où elle entreprendrait la direction centralisée de l’économie, détruirait probablement la liberté individuelle aussi complètement que le ferait n’importe quelle autocratie.
La règle de loi limite la compétence de la législation: elle la réduit, d’une part, aux règles générales des lois formelles, et s’oppose, d’autre part, à toute législation orientée d’après les intérêts d’une certaine catégorie de gens. La règle de loi implique la condition de n’employer le pouvoir coercitif de l’État que dans des circonstances définies d’avance par la loi; et exactement de la façon prévue. Tout amendement particulier enfreint la règle de loi. Quiconque conteste ce fait admet la légitimité des pouvoirs que les dictateurs ont obtenus par des moyens constitutionnels en Allemagne, Italie et en Russie.Friedrich VON HAYEK -
Discours de Michel Godet au 2ème Congrès National d’Alternative Libérale
Au Bataclan, à Paris, le 4 février dernier s’est tenu le 2ème Congrès National d’Alternative Libérale.
Les vidéos des différentes interventions sont en ligne sur leur site. Je vous recommande vivement celle de Michel Godet : pleine de bon sens, de données factuelles et sans langue de bois. Le courage du bon sens, quoi…(c’est le titre de son dernier livre)
La video, c’est là ! A voir absolument…!
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A bas la polémique, et vive la controverse !
Pendant la campagne présidentielle, Yves de Kerdrel (éditorialiste du Figaro et intervenant quotidien sur BFM) et Laurent Mauduit (ex-journaliste économique du Monde et essayiste) croisent le fer, cordialement mais sans concessions. Cela s’intitule « La controverse Kerdrel – Mauduit« . C’est un nom très bien choisi, et qui décrit bien le contenu de ces articles :
CONTROVERSE :
Discussion argumentée, contestation sur une opinion, un problème, un phénomène ou un fait; p. méton. ensemble des éléments divergents ou contradictoires du débat.Je suis allé voir la définition de la polémique pour saisir la nuance :
POLÉMIQUE :
Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.).La nuance se situe donc dans la violence et la passion : la controverse est au dialogue ce que la polémique est à la dispute.
Deux sujets ont déjà été abordés : « Pour ou contre l’ISF et les droits de successions » et « Patrons ‘voyous’ et chefs d’entreprises« . A suivre donc, pour ceux qui veulent élever un peu le niveau du débat, avec de vrais arguments raisonnables de part et d’autre. -
Concurrence et rationnalité
La concurrence n’est pas seulement la seule méthode que nous connaissions pour profiter des connaissances et des talents que peuvent avoir les autres, mais elle est aussi la méthode par laquelle nous avons été amenés à acquérir les connaissances et les talents que nous-mêmes possédons. C’est là ce que ne comprennent pas les gens qui disent que le plaidoyer pour la concurrence repose sur une hypothèse du comportement rationnel de ceux qui y participent. Or le comportement rationnel n’est pas une prémisse de la théorie économique, bien qu’on présente souvent la chose ainsi. La thèse fondamentale de la théorie est au contraire que la concurrence est ce qui oblige les gens à agir rationnellement pour pouvoir subsister.
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Toute l’économie en une page !
Voilà ce que j’ai trouvé sur l’excellent site de « L’ami du laissez-faire » (site crée par Patrick Madrolle, qui tient aussi un blog), une récapitulation très synthétique (et néanmoins assez complète) des lois économiques…ça ne fait jamais de mal de se cultiver un peu — ou de se rafraîchir la mémoire – …et puis, pour ceux qui veulent attaquer le soi-disant « dogme », il est important de le formuler préalablement à la discussion, non ?
Je cite donc Patrick Madrolle, parce qu’il n’y a rien à rajouter…:Milton Friedman, prix Nobel d’économie, a eu l’occasion de dire :
Ce qui est extraordinaire avec la science économique, c’est que toutes ses lois tiennent réellement en une page, mais leur simplicité n’a jamais été acceptée par la plupart des gens.
L’économiste américain Mark Skousen a relevé le défi. Le texte ci-dessous a été publié par la revue du F.E.E. (Foundation for Economic Education, New York), Freeman, Janvier 1997. Et ce texte a été traduit par Jacques Garello, président de l’ALEPS, Association pour la liberté économique et le progrès social, pour La Nouvelle Lettre, numéro du 15 février 1997.
Voilà donc la liste:
- Intérêt personnel : Personne ne dépense l’argent des autres avec autant de soin que le sien propre.
- Croissance économique : La clé de l’élévation du niveau de vie est de développer l’épargne, la formation de capital, l’éducation et la technologie.
- Commerce : Lors de tout échange volontaire, quand ils disposent d’une information précise, l’acheteur et le vendeur sont tous les deux gagnants ; de ce fait, une augmentation du commerce entre individus, entre groupes ou entre pays est profitable aux deux parties.
- Concurrence : Étant donné la réalité universelle des ressources limitées et des demandes illimitées, la concurrence existe dans toutes les sociétés et ne peut pas être abolie par décret gouvernemental.
- Coopération : Puisque la plupart des individus ne sont pas autosuffisants, et que presque toutes les ressources naturelles doivent être transformées pour devenir utilisables, les individus – travailleurs, propriétaires, capitalistes et entrepreneurs – doivent travailler ensemble dans le but de produire des biens et services de valeur.
- Division du travail et avantage comparatif : Les différences de talents, d’intelligence, de savoir et de propriété conduisent à la spécialisation et à un avantage comparatif détenu par chaque individu, entreprise ou pays.
- Dispersion du savoir: L’information sur le comportement du marché est si diverse et omniprésente qu’elle ne peut être saisie ni calculée par une autorité centrale.
- Perte et profit : Le profit et la perte sont des mécanismes du marché qui indiquent ce qui doit être ou ne pas être produit dans le long terme.
- Coût d’opportunité : Étant donné les contraintes de temps et de ressources, il faut toujours faire des arbitrages. Vouloir faire quelque chose demande de renoncer à d’autres que l’on aurait aimé faire aussi. Le prix payé pour s’engager dans une activité est égal au coût des activités auxquelles on a renoncé.
- Théorie des prix : Les prix sont déterminés par l’estimation subjective des acheteurs (demande) et des vendeurs (offre), et non par un quelconque coût de production objectif ; plus le prix est élevé, moins les quantités achetées seront grandes et plus les quantités offertes seront importantes.
- Causalité : À chaque cause correspond un effet. Les actions des individus, des entreprises ou des gouvernements ont un impact sur les autres acteurs de l’économie, impact qui peut être prédit, bien que le niveau de prédictibilité dépende de la complexité des actions engagées.
- Incertitude : Il existe toujours une dose de risque et d’incertitude sur l’avenir, car les gens effectuent des réévaluations, tirent des leçons de leurs erreurs et changent d’avis, ce qui rend délicate toute prédiction sur leurs comportements à venir.
- Économie du travail : L’augmentation des salaires sur le long terme ne peut être réalisée que par une plus grande productivité, c’est-à -dire par davantage d’investissements en capital pour chaque travailleur ; le chômage chronique est une conséquence de l’action du gouvernement qui fixe les taux de salaire au-dessus du niveau d’équilibre du marché.
- Contrôles du gouvernement : Les contrôles des prix, des salaires ou des loyers peuvent bénéficier à certains individus ou groupes, mais pas à la société dans son ensemble ; en fin de compte, ces contrôles créent de la pénurie, du marché noir et une détérioration de la qualité et des services. Les repas gratuits, ça n’existe pas.
- Monnaie : Des tentatives délibérées pour déprécier la monnaie nationale, ou baisser artificiellement les taux d’intérêt, ou encore pour s’engager dans des politiques d’argent facile conduisent inévitablement à l’inflation, à des cycles prospérité/récession et aux crises économiques. C’est le marché, et non l’État, qui devrait régler la monnaie et le crédit.
- Finances publiques : Dans toutes les entreprises publiques, et afin de maintenir un haut niveau d’efficacité et une bonne gestion, les principes du marché doivent être adoptés chaque fois que cela est possible:
- le gouvernement devrait essayer de se cantonner à ce que les entreprises privées ne peuvent pas faire ; il ne doit pas s’engager dans des affaires que le secteur privé gère mieux que lui.
- le gouvernement devrait fonctionner selon ses moyens.
- l’analyse coût/avantage: les bénéfices marginaux doivent être supérieurs aux coûts marginaux.
- le principe de commutativité: ceux qui bénéficient d’un service devraient payer pour ce service.
Il y a tout de même matière à réfléchir là -dessus, non ? Et se poser quelques questions sur l’idéologie ambiante : ces lois sont des lois d’économie positive (ce qui est de l’ordre du savoir scientifique) et non pas normative (ce qu’on décide en connaissant l’économie positive, et en y rajoutant nos valeurs morales et politiques)…Merci à nos politiques de ne pas en oublier la moitié en court de route…!