Étiquette : Economie

  • Ségolène Royal ou la régression du débat politique

    Donc, Ségolène Royal confirme : son projet politique comporte l’augmentation du Smic à  1500€. C’est une noble intention, certainement, qui anime le PS en proposant ce genre de choses : comment s’opposer à  l’augmentation des plus bas salaires ? il faudrait être un monstre moral, à  coup sûr, pour ne pas vouloir cela !
    Et pourtant, il m’avait semblé comprendre deux choses, au fil de mes lectures :

    • augmenter le smic, ça veut dire que c’est l’Etat qui décide de la manière dont les entreprises utilisent leur argent ; c’est une intervention de l’Etat dans ce qui devrait être un contrat entre l’employé et l’employeur…
    • augmenter le smic, c’est forcer les entreprises à  augmenter le salaire des employés les moins qualifiés : c’est donc augmenter le coût du travail non qualifié, dans l’absolu ET en relatif par rapport au travail qualifié

    Les effets pervers de ce genre de mesures sont connus (je reprends les arguments listés dans un article d’Yves de Kerdrel (« Coup de pouce au smic, coup de pied à  l’emploi » paru le 27 juin dernier) :

    1. en augmentant le coût du travail non qualifié, on écarte les gens non qualifiés du marché du travail (ils perdent en intérêt pour les entreprises)
    2. en augmentant le coût du travail en France, on fait perdre de la compétitivité à  nos entreprises
    3. en augmentant le smic, on augmente directement la proportion de personnes qui sont payées au smic : d’où l’expression de « smicardisation »…un nivellement par le bas en quelque sorte

    La conséquence de tout cela est donc d’augmenter indirectement le chômage !
    Personnellement, ça m’énerve !…si on sait que l’augmentation du Smic est néfaste à  l’emploi, comment peut-on promettre dans un même discours une baisse du chômage et une augmentation du Smic ? C’est ce qu’on appelle de la démagogie, et c’est le contraire de la politique. La politique, c’est l’art de gérer les conflits : en disant tout et son contraire, Ségolène Royal ne tranche pas. Ou plutôt si, mais sans le dire : le seul moyen de tenir ces deux promesses contradictoires, c’est qu’elles soient financées par les entreprises, qui devront payer plus cher leurs employés non-qualifiés. C’est faire endosser le coût de l’indispensable redistribution des richesses (rôle de l’Etat) par les entreprises, au lieu de répartir cet effort collectivement. Pourquoi ne pas laisser les entreprises et les employés négocier les contrats de travail, et laisser à  l’Etat son rôle de redistribution pour ceux dont les salaires ne donnent un pouvoir d’achat suffisant…?
    Il parait que les entreprises ont déjà  des charges supérieures à  la moyenne des pays européens : surprenante décision, alors, que d’augmenter le coût du travail…sauf si le but est de s’aligner sur les idées d’extrêmes gauche, et d’intégrer dans le discours comme dans les actes un ennemi commun : les entreprises et les patrons. Quelle régression dans le débat politique !

  • La vraie gauche française existe !

    Petit jeu : qui a dit ça ?
    Il faut jeter à  la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à  la réalité. Nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante! Ils ont bien plus influencé et amendé leur société que nous-mêmes. En 1932, les sociaux-démocrates suédois, tout juste arrivés au pouvoir, ont organisé un congrès de crise en constatant que leur programme nationalisateur et dirigiste était inopérant. Nos amis allemands ont organisé leur congrès de Bad Godesberg parce que leurs militants échappés d’Allemagne communiste les ont convaincus du primat de la liberté sur l’économie administrée. Felipe Gonzalez, juste après la mort de Franco, a mis en jeu sa carrière pour convaincre ses camarades qu’une ligne pseudo-marxiste les conduirait à  l’échec.
    et une autre pour la route :
    Comment peut-on être intelligent, participer à  des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique? Cela me sidère et me navre. Je vois évidemment d’où vient cette influence. Elle est liée au fétichisme marxiste et à  l’inculture économique française. On n’enseigne pas l’économie réelle à  nos enfants. Mais des enseignants adhèrent au fatras d’Attac… Il faut s’affirmer face à  ces simplismes et ne plus les subir.
    C’est Michel Rocard qui disait celà , dans une interview donnée au Nouvel Observateur, retrouvée sur Réformisme et Rénovation (R2).
    Quel dommage qu’un homme aux idées claires comme cela ne fasse partie du PS…La vraie gauche française, sociale-démocrate et débarrassée de ses démons extrême-gauchistes, existe : seul problème, elle n’est pas au PS !

  • Inégalités et richesses : synonymes ?

    J’ai écouté l’autre jour à  la radio un débat qui était complètement faussé (sur BFM, très bonne radio par ailleurs) , simplement du fait que tous les participants utilisaient le mot « inégalité » comme synonyme de « pauvreté ». Créer de l’inégalité équivalait implicitement dans leur discussion à  créer de la pauvreté ? Rien n’est moins sûr, pourtant…
    Tout cela m’a fait repenser à  un passage de l’excellent « La guerre des deux France », où Jacques Marseille compare les progressions de niveau de vie aux USA et en France sur une période de 20 ans, ainsi que les progressions des inégalités. La conclusion est simple :

    • le niveau de vie est plus fort et progresse plus vite aux USA
    • les inégalités sont plus fortes aux USA qu’en France entre les plus riches et les plus pauvres

    La question — centrale, à  mon avis – que pose ensuite J. Marseille est la suivante :

    Vaut-il mieux vivre plus riche dans une société plus inégalitaire, ou plus pauvre dans une société plus égalitaire ?

    Cela force à  s’interroger sur le type de société que l’on veut construire, et sur ce qu’il est possible de faire. L’inégalité est-elle moins souhaitable que la pauvreté ? La richesse est-elle moins souhaitable que l’égalité ? Peut-on créer en même temps de la richesse et de l’égalité ?
    C’est toute la question des rôles respectifs de l’économie et de la politique qui se joue sur ces questions…on ne peut pas en tout cas pas les régler d’un trait de plume, en assimilant « inégalité » et « pauvreté ».
    Si vous voulez plus de chiffres, allez faire un tour sur ces deux liens :