Retour sur la grêve des taxis : le gouvernement a assuré hier aux taxis que la mesure de dérèglementation du secteur, proposée par la commission Attali, n’était pas à l’ordre du jour. Victoire, une fois de plus, de la logique de corporatisme, et des monopoles installés par la contrainte. L’intérêt général est déjà à la base une notion bien floue et arbitraire : quand on le sacrifie sur l’autel du corporatisme, il ne reste plus grand chose…
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Étiquette : Libéralisme
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A bas les monopoles !
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Monopoles légitimes et illégitimes
Retour sur quelques notions libérales, et distinction entre monopoles illégitimes (obtenus par la contrainte) et légitimes (obtenu par l’échange libre). Ce qui différencie un vrai monopole d’un monopole légitime, c’est l’interdiction – ou non – à des concurrents d’entrer sur le marché.
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Citation #58
Il est aisé de deviner le rôle que le gouvernement s’attribuera. Son premier soin sera de s’emparer de toutes ces caisses sous prétexte de les centraliser; et, pour colorer cette entreprise, il promettra de les grossir avec des ressources prises sur le contribuable. « Car, dira-t-il, n’est il pas bien naturel et bien juste que l’Etat contribue à une oeuvre si grande, si généreuse, si philanthropique, si humanitaire? »Première injustice : faire entrer de force dans la société, et par le côté des cotisations, des citoyens qui ne doivent pas concourir aux répartitions de secours. Ensuite, sous prétexte d’unité, de solidarité (que sais-je?), il s’avisera de fondre toutes les associations en seule soumise à un règlement uniforme. Mais, je le demande, que sera devenue la moralité de l’institution, quand la caisse sera alimentée par l’impôt; quand nul, si ce n’est quelques bureaucrates, n’aura intérêt à défendre le fond commun; quand, chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus se fera un plaisir de les favoriser; quand aura cessé toute surveillance mutuelle et que feindre une maladie ne sera autre chose que jouer un bon tour au Gouvernement? […]
Bientôt qu’arrivera-t-il ? Les ouvriers ne verront plus dans la caisse commune une propriété qu’il administrent, qu’ils alimentent, et dont les limites bornent leurs droits. Peu à peu, il s’accoutumeront à regarder le secours en cas de maladie et de chômage non comme provenant d’un fond limité préparé par leur propre prévoyance, mais comme une dette de la société. Ils n’admettront pas pour elle, l’impossibilité de payer et ne seront jamais contents des réparations. L’état se verra contraint de demander sans cesse des subventions au budget. Là , rencontrant l’opposition des commissions des Finances, il se trouvera engagé dans des difficultés inextricables. Les abus iront toujours croissants, comme c’est l’usage, jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. Mais alors on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population qui ne sait plus agir par elle même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet, même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice.
Frédéric Bastiat, 1850, à propos des caisses privées de l’époque
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4 axes pour réformer la France
Ce billet juste pour vous signaler un article intéressant à lire dans le Financial Times. Proposition de réformes libérales pour les pays du « noyau dur » européen (France, Italie et Allemagne) : libéraliser le marché du travail, réformer l’Etat, diminuer le poids fiscal et juridique qui freine l’entreprenariat et libéraliser l’Université. Tout un programme ! Mais utile et vivifiant à lire pour sortir du son de cloche habituel de nos médias français, où tout est souvent dans une optique « interventionniste », et où les gens, réformateurs ou conservateurs, pensent toujours en terme d’Etat. Et si les individus – vous – étaient les seuls vrais acteurs de la société ? Et si on leur redonnait leur liberté d’action ?
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Les galimatias du PS
Le deuxième forum pour la rénovation du PS, au titre ambitieux (« Les socialistes et le marché ») a-t-il permis au PS de clarifier sa ligne idéologique ?Il semble bien que non, puisque Hollande y affirme reconnaitre l’économie de marché, mais vouloir combattre le libéralisme. C’est à dire qu’il fait l’apologie de la principale source de création de richesse, mais en niant ses assisses philosophiques. L’économie de marché sans le capitalisme, et sans le libéralisme, ça s’appelle une économie planifiée, et – le passé le prouve – ça n’a jamais crée la moindre richesse. D’ailleurs, ça ne mérite pas vraiment le nom d’économie de marché.
Rénovation du PS ?
Voilà ce que disait François Hollande, en clôture du deuxième forum de la rénovation du PS, à la Cité des Sciences de la Villette à Paris :
S’il y a un aggiornamento à faire, c’est que nous reconnaissons l’économie de marché, mais que nous avons un rapport critique au capitalisme et que nous combattons le libéralisme
Il a également dit :
Selon le numéro un du PS , l’économie de marché est « sans doute la forme la plus efficace pour produire de la richesse ». Mais, a-t-il ajouté, « nous ne la confondons pas avec le capitalisme (…) ou le libéralisme.
Voilà qui est heureux : trois termes riches comme cela, il serait dangereux de les confondre ! Mais voyons ce qu’ils veulent dire pour comprendre le sens du message du premier secrétaire du PS.
Revoyons les bases
Prenons François Hollande au mot, et suivons son raisonnement. Il reconnait que l’économie de marché est la forme la plus efficace pour produire des richesses. La définition donnée par le dictionnaire est la suivante :
Economie de Marché
ÉCON., ÉCON. POL. Économie de marché. Conception des relations commerciales fondée essentiellement sur l’équilibre des achats et des ventes, sur l’état de l’offre et la demande. Anton. économie dirigée, planifiéeL’offre et la demande, c’est de laisser faire la régulation naturelle, par le biais des fluctuations des prix, entre l’offre et la demande. Ok. Qu’est-ce donc, maintenant que le capitalisme, et pourquoi faut-il un regard critique dessus (hormis le fait qu’il est toujours bon de garder son sens critique pour bien raisonner) ?
CAPITALISME :- A.− Système économique caractérisé par la concentration de gros capitaux en vue de promouvoir la production et les échanges commerciaux.
- B.− Système économique et social qui se caractérise par la propriété privée des moyens de production et d’échange et par la recherche du profit. Anton. socialisme, communisme.
- − HIST. ÉCON. Capitalisme industriel (libéral ou de libre échange, concurrentiel). Mode de production basé sur la libre concurrence des entreprises.
Il me semble relativement clair que le capitalisme est intrinsèquement relié au commerce, et à l’activité humaine. Quelle économie de marché sans capitalisme ? Quel capitalisme sans économie de marché ? Les deux sont basés sur la reconnaissance de la liberté individuelle des acteurs, des droits de propriétés, et sur la capacité des humains à s’adapter à leur environnement en intégrant les informations qui sont à leur disposition. L’économie de marché et le capitalisme émergent naturellement des activités humaines de commerce, pour peu qu’elles soient laissées libres d’évoluer. J’aimerais que François Hollande explicite ce qu’il entend par « nous ne confondons pas l’économie de marché avec le capitalisme ».
Anti-libéralisme
Pour comprendre ce que signifie « combattre le libéralisme », il faut également revenir à la définition du libéralisme. Je l’avais déjà rappelé ici, mais les rappels font toujours du bien, pour ceux – du moins – qui souhaitent parler une langue commune et partager, confronter leurs idées.
Libéralisme :- [Sur le plan moral] Attitude de respect à l’égard de l’indépendance d’autrui, de tolérance à l’égard de ses idées, de ses croyances, de ses actes.
- [Sur le plan politique ou socio-économique]
- Attitude ou doctrine favorable à l’extension des libertés et en particulier à celle de la liberté politique et de la liberté de pensée. En partic. Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l’autorité arbitraire d’un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats). Anton. autoritarisme
- Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l’intervention) de l’État dans l’entreprise, les échanges, le profit. Anton. dirigisme, étatisme, interventionnisme, planisme.
A nouveau, il serait très intéressant que François Hollande précise le sens de « combattre le libéralisme ». Est-ce être intolérant à l’égard d’autrui ? Est-ce être opposé à l’extension des libertés politiques et de la liberté de pensée ? Est-ce prôner l’autorité arbitraire d’un gouvernement ou d’un groupe de pression à l’encontre des individus ? Non, bien sûr ! Dans sa bouche, il s’agit, conformément au dernier sens de la définition, de prôner l’intervention étatique, la planification centrale de l’économie. Il serait bon qu’il précise cela, et évite de pratiquer l’approximation de langage douteuse consistant à montrer du doigt une pensée qui est un humanisme : Hollande n’est pas anti-libéral, il est seulement communiste. Qu’il le dise, alors ! Au lieu de continuer à vouloir flatter l’extrême gauche dans un grand écart conceptuel que l’obscurité de sa phrase ne parvient pas à dissimuler.
Enfumage marxisant
Pour illustrer tout cela, voici quelques paroles de Michel Rocard datant d’août 2005 (et dont je rappelle la source dans ce billet) :
Il faut jeter à la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à la réalité. Nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante! Ils ont bien plus influencé et amendé leur société que nous-mêmes. En 1932, les sociaux-démocrates suédois, tout juste arrivés au pouvoir, ont organisé un congrès de crise en constatant que leur programme nationalisateur et dirigiste était inopérant. Nos amis allemands ont organisé leur congrès de Bad Godesberg parce que leurs militants échappés d’Allemagne communiste les ont convaincus du primat de la liberté sur l’économie administrée. Felipe Gonzalez, juste après la mort de Franco, a mis en jeu sa carrière pour convaincre ses camarades qu’une ligne pseudo-marxiste les conduirait à l’échec. […] Comment peut-on être intelligent, participer à des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique? Cela me sidère et me navre. Je vois évidemment d’où vient cette influence. Elle est liée au fétichisme marxiste et à l’inculture économique française. On n’enseigne pas l’économie réelle à nos enfants. Mais des enseignants adhèrent au fatras d’Attac… Il faut s’affirmer face à ces simplismes et ne plus les subir.
Pour finir, une dernière définition, qui permet de caractériser précisément la phrase de François Hollande :GALIMATIAS :
Discours confus qui semble dire quelque chose mais ne signifie rien.
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L’approximation au service de l’anti-capitalisme
Précision sur le sens de deux mots bien distincts (régulation, et réglementation) que l’on trouve souvent utilisés comme synonymes, alors même que leurs sens sont très différents. Et comme toujours, cette assimilation grossière sert une cause évidente : critiquer le fonctionnement des marchés concurrentiels, et faire l’apologie de l’Etat – présenté comme seul régulateur possible -.
Contexte : la reversibilité dans le domaine du marche de l’électricite
Dans un débat à la radio, à propos de la mise en place de la réversibilité dans le domaine de l’énergie, j’ai été – encore – surpris par une approximation sémantique. Pour information, la réversibilité est le fait de pouvoir choisir librement, pour le consommateur, parmi les différents fournisseurs d’électricité, c’est à dire choisir entre les prix réglementés d’EDF, ou les prix du marché des concurrents.
Dans ce débat, les opposants / intervenants utilisaient indifféremment les mots « déréglementation » et « dérégulation ». Ceci me semble être une confusion à noter, et qui doit être combattue. Vous me direz, et vous aurez raison, que j’attache beaucoup d’importance aux mots. C’est simplement que je ne connais pas d’autres moyens d’exprimer ma pensée, et que toute approximation sémantique est le symptôme d’un glissement de sens. Et donc d’une pensée floue, dans le meilleur des cas, ou manipulatrice, dans le pire des cas.
Definitions
Voilà les donc les définitions de ces deux mots : régulation, et réglementation. Il est à noter que l’emploi en français de « dérégulation » est un anglicisme, car « déréglementation » se dit en anglais « deregulation« .
- Régulation : Mécanisme de contrôle faisant intervenir des rétroactions correctrices à l’intérieur d’un système (physique, biologique, social), et assurant l’équilibre de ce système chaque fois que sa stabilité est momentanément perturbée par des causes internes ou externes.
- Réglementation :Fait de réglementer, d’assujettir quelque chose ou quelqu’un à un règlement; résultat de cette action.
Il apparait donc que la déréglementation – ce dont il s’agit ici – consiste à supprimer les différentes contraintes qui encadrent le marché, en l’occurrence celui de l’électricité. Et la dérégulation consisterait à faire perdre l’équilibre à un système par la suppression des mécanismes de contrôle.
L’idée qui apparait naturellement, en assimilant les deux termes, est que la suppression de la réglementation sur un marché est équivalente à le déstabiliser, et à lui faire perdre ses mécanismes de contrôle et d’autorégulation. C’est une idée purement anti-capitaliste et anti-libérale. Cela sous-entend que la régulation d’un marché ne s’obtient que par la réglementation. C’est méconnaitre l’extraordinaire force d’autorégulation des marchés, par le jeu de la concurrence et de la liberté d’action. Un peu de rigueur sémantique, à ce niveau, permettrait d’éviter ces idées implicites qui faussent le débat.