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  • Libéralisme et constructivisme

    Retour sur les idées présentées au début de l’excellent bouquin de Pascal Salin « Libéralisme ». Où l’on apprend la différence entre libéralisme et constructivisme, et que notre société française est majoritairement sous le signe du constructivisme. Les sources idéologiques du constructivisme y sont détaillées avec clarté et vigueur : égalitarisme, absolutisme démocratique et scientisme. Je sais dès à  présent que ce livre sera très enrichissant, et j’ai envie de partager les réflexions qu’il m’inspire avec vous.

    Les livres et moi

    J’ai un problème avec les livres : j’adore ça ! J’ai toujours plus ou moins 2 ou 3 livres en cours simultanément. Selon la facilité de lecture, selon mes envies du moment, je passe de l’un à  l’autre. J’ai presque fini l’excellent bouquin « Les prêcheurs de l’Apocalypse » de Jean de Kervasdoué (CNAM). J’ai été stoppé net dans ma lecture parce qu’ai reçu ma commande de deux bouquins de Pascal Salin : « Libéralisme » et « Français, n’ayez pas peur du libéralisme« . Je n’ai pas pu résister, hier soir, et je me suis plongé avec délectation dans « Libéralisme ». C’est écrit clairement, c’est puissant, et je sens déjà  que ce livre sera marquant, intellectuellement parlant. Il y a des livres comme ça, qui prennent presqu’autant de valeur qu’une rencontre avec quelqu’un (et c’en est une d’ailleurs).
    Les quelques précisions que Pascal Salin donne dès le début sont très éclairantes, et je voudrais les partager avec vous (il y aura, je pense, plusieurs autres billets consacrés à  ce bouquin merveilleux). La distinction apportée par Alain Boyer entre morale de responsabilité et morale de conviction avait été super enrichissante, et bien plus structurante que la traditionnelle scission gauche/droite, dont le sens n’est pas net. Pascal Salin commence par distinguer le libéralisme et le constructivisme (c’est l’objet de cet article), et enchaine sur la distinction entre libéralisme « humaniste » et libéralisme « utilitariste » (ce sera l’objet d’un deuxième article). Cette distinction entre « individualisme ou libéralisme » et « constructivisme » a été proposée par Friedrich Hayek.

    Libéralisme et constructivisme

    Le libéralisme est fondée sur la liberté individuelle, et sur le droit qui garantie cette liberté individuelle à  tous. La société est, selon les vues libérales, libre d’évoluer au gré des initiatives des individus, et il n’est donc pas possible de la construire de toute pièce. En cela, le libéralisme et le constructivisme sont incompatibles : le constructivisme, en effet, consiste à  vouloir construire la société en fonction de valeurs et de la place qu’on veut donner à  telle ou telle catégorie de citoyens. Le libéral s’oppose à  cette vision parce que la seule entité raisonnable pour réfléchir est l’individu.
    […] le libéral est, selon les propres termes de Friedrich Hayek, celui qui « laisse faire le changement, même si on ne peut pas prévoir où il conduira ». Il implique, par conséquent, une confiance dans les capacités des personnes à  s’adapter continuellement à  des conditions changeantes et toujours imprévisibles.
    Pascal Salin, fort de cette distinction, explique qu’en France la quasi-totalité des hommes politiques (de droite comme de gauche) est constructiviste. Que l’on soit réformateur, ou conservateur, on peut être constructiviste. Dans un cas on veut changer le système, dans l’autre on veut le maintenir, et dans les deux cas il s’agit de vouloir construire la société.

    Sources du constructivisme

    Pascal Salin détaille les sources de la prégnance très forte du constructivisme en France :

    • Egalitarisme :
      Il existe en effet deux notions différentes de l’égalité, l’égalité des droits et l’égalité des résultats. La première inspirait la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 («Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits», phrase qui était cependant immédiatement suivie d’une autre dont l’inspiration était plus collectiviste : « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune») ; mais c’est la seconde notion qui est devenue dominante et elle est d’ailleurs formellement affirmée dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui reconnaît toutes sortes de «droits à » (droit au travail, à  la Sécurité sociale, etc.). La première notion est manifestement libérale et individualiste, puisqu’elle consiste à  reconnaître l’égale dignité de chacun, mais à  le laisser libre de développer son propre destin à  partir du moment où ses droits sont déterminés et respectés. La seconde est un pur produit du constructivisme, puisqu’elle consiste à  penser que l’on peut interférer avec les résultats de l’action humaine et imposer une répartition des richesses conforme au modèle décidé par les détenteurs du pouvoir, en donnant a priori à  chacun des droits sur l’activité d’autrui.
      Ce faisant, on crée, au nom de l’égalitarisme, de nouvelles inégalités, par exemple celles qui existent entre ceux qui vivent de leurs propres efforts et ceux qui profitent de la contrainte organisée ; ou encore entre ceux qui ont accès au pouvoir politique, instrument supposé de l’égalitarisme, et ceux qui en sont écartés.
    • Absolutisme démocratique :
      Le caractère démocratique d’un pays ou d’une institution quelconque est devenu le critère d’évaluation prioritaire. […]
      L’extension de cet absolutisme démocratique va évidemment de pair avec une méfiance très grande à  l’égard des solutions de marché et c’est pourquoi on s’achemine bien souvent vers la recherche de solutions de type collectiviste où la négociation et le «dialogue », par l’intermédiaire de représentants démocratiquement élus, sont censés conduire à  un consensus. C’est l’illusion de la convergence des intérêts, non pas entre les individus – ce que seul le marché permet de réaliser – mais entre les groupes organisés.
      Le résultat de cette conception de la vie sociale est évidemment le corporatisme qui, étrangement, a conduit la France d’aujourd’hui à  ressembler à  la France de l’Ancien Régime. Cette ressemblance n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard. Elle est seulement le résultat d’une conception de la vie sociale où la source de tout pouvoir réside non pas dans les individus, mais dans la sphère politique. De ce point de vue, il importe relativement peu que le pouvoir politique soit de nature monarchique ou démocratique. Aucun pouvoir en effet n’a les moyens d’organiser la cohérence des besoins individuels, il ne peut qu’agir grossièrement en plaçant les individus dans des catégories, professionnelles, religieuses, ou sociales, en prétendant reconnaître l’existence d’intérêts catégoriels et en organisant centralement leur coexistence. Comme nous le verrons constamment, l’État crée des abstractions collectives – par exemple les intérêts catégoriels -, il prétend qu’ils existent par nature et qu’il est évidemment le seul à  pouvoir les organiser de manière à  assurer la cohésion sociale, puisqu’il s’agit d’«intérêts collectifs».
      Cette conception collectiviste de la société conduit naturellement à  la politisation de la vie quotidienne. Tout est le résultat des luttes pour le pouvoir, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation ou de l’activité entrepreneuriale. Mais parce qu’elle ignore les besoins individuels, aussi bien que les informations individuelles, cette conception, loin de conduire à  l’harmonie, est source de frustrations et d’envies insatiables. Lorsque les choix quotidiens de votre vie sont essentiellement effectués par d’autres que vous, même si ceux qui décident sont censés être vos représentants, vous devez soit subir leurs décisions, soit vous lancer dans un combat épuisant et inégal pour essayer d’exprimer et de faire comprendre la réalité de vos besoins.
    • Scientisme ou illusion du savoir :
      Le constructivisme repose sur un formidable orgueil intellectuel : pour vouloir modeler la société à  sa guise, il faut évidemment supposer à  la fois que l’on connaît les objectifs de ses membres – comme si l’infinie diversité de ces objectifs individuels pouvait faire l’objet d’un processus réducteur de synthèse globale – mais aussi que l’on connaît les meilleurs moyens d’y arriver, c’est-à -dire que l’on a une connaissance parfaite des processus d’interactions complexes qui composent une société. […]
      Tous ces constructivistes veulent plier la réalité à  leurs désirs, par des moyens nécessairement illusoires, puisqu’ils n’ont pas la connaissance, mais seulement la prétention de la connaissance. Aussi, pour poursuivre leurs desseins, mobilisent-ils toutes les théories-alibis de notre époque, toutes celles qui semblent parer leurs actes d’une couverture scientifique.
      En réalité, cette approche est non pas scientifique, mais scientiste, c’est-à -dire qu’elle prend l’apparence habituelle de la science, par exemple son caractère mathématique, mais elle ne répond pas à  ses exigences méthodologiques fondamentales.

    Voilà . Pour un début de livre, je trouve ça passionnant, clair, lucide et raisonnable. Pour ceux que ça intéresse, le texte du début du livre (celui qui distingue Libéralisme et constructivisme) est disponible intégralement sur Catallaxia. Dire que je vous conseille d’aller le lire est un euphémisme. En conclusion, la fin du chapitre :
    Comme le disait, je crois, Julien Freund, le libéral se doit d’être tolérant avec les hommes et intolérant avec les idées, en ce sens qu’on ne peut pas admettre qu’une idée et son contraire soient également et simultanément vrais, mais les hommes sont tous également dignes de respect. En France, c’est le contraire qui prévaut sur la scène politique : on est intolérant avec les hommes et tolérant avec les idées.

  • Un an !

    Un an !

    Un an ! Cela fait un an que j’ai commencé l’aventure du blog. Pour fêter ça, j’ai parcouru les 6 premiers billets que j’ai écris (au mois d’octobre 2006). En vous remerciant, vous, les lecteurs, d’avoir participé par le biais de vos commentaires, tout au long de l’année qui vient de passer !
    (suite…)

  • Bonnes Vacances !

    Bonnes Vacances !

    Cher lecteur (chère lectrice),
    Je te souhaite, si tu as la chance d’avoir des vacances, de pouvoir passer du temps avec ceux que tu aimes. De prendre le temps d’en perdre avec eux. J’espère que tu pourras souffler un peu et profiter du vrai bonheur des vacances : changer de rythme, et retrouver la possibilité de contempler les choses plutôt que d’agir. Si la tension de l’action est utile, plaisante et nécessaire, la contemplation comporte quelques caractéristiques également jouissives, et indispensables : calme, douceur, joie. La contemplation est la source de l’émerveillement, sans lequel l’amour du monde est difficile. Il faut conserver intacte notre capacité à  nous émerveiller du monde. De sa complexité, comme de sa simplicité.
    Je te souhaite, cher lecteur, de pouvoir te retrouver sous un marronnier ou sous un tilleul, à  écouter le bruit du vent dans les feuilles se marier avec le bourdonnement chaud de l’été. Regarder les nuages, et imaginer les gens qui voyagent dans l’avion que l’on voit passer, tout là -haut. Je te souhaite de pouvoir passer des heures avec ta famille, avec tes amis. Rire. Profiter du temps qui passe autrement, et qui ne passe plus à  force d’être dedans, à  force d’être dans le présent. Profiter des heures bleues sombres et roses qui, en été, précèdent la nuit.
    Profites de tout cela et de plein d’autres choses…!
    Bonnes vacances !

  • Bonnes Vacances !

    Cher lecteur (chère lectrice),
    Je te souhaite, si tu as la chance d’avoir des vacances, de pouvoir passer du temps avec ceux que tu aimes. De prendre le temps d’en perdre avec eux. J’espère que tu pourras souffler un peu et profiter du vrai bonheur des vacances : changer de rythme, et retrouver la possibilité de contempler les choses plutôt que d’agir. Si la tension de l’action est utile, plaisante et nécessaire, la contemplation comporte quelques caractéristiques également jouissives, et indispensables : calme, douceur, joie. La contemplation est la source de l’émerveillement, sans lequel l’amour du monde est difficile. Il faut conserver intacte notre capacité à  nous émerveiller du monde. De sa complexité, comme de sa simplicité.
    Je te souhaite, cher lecteur, de pouvoir te retrouver sous un marronnier ou sous un tilleul, à  écouter le bruit du vent dans les feuilles se marier avec le bourdonnement chaud de l’été. Regarder les nuages, et imaginer les gens qui voyagent dans l’avion que l’on voit passer, tout là -haut. Je te souhaite de pouvoir passer des heures avec ta famille, avec tes amis. Rire. Profiter du temps qui passe autrement, et qui ne passe plus à  force d’être dedans, à  force d’être dans le présent. Profiter des heures bleues sombres et roses qui, en été, précèdent la nuit.
    Profites de tout cela et de plein d’autres choses…!
    Bonnes vacances !

  • Le vent du changement…

    Après avoir reçu le compte-rendu du conseil des ministres, après avoir lu des extraits de l’intervention de Sarkozy auprès des députés UMP, et après avoir vu son interview sur TF1, j’ai eu le sentiment qu’enfin les choses vont bouger !
    Ce que je retiens de cette journée énorme, c’est avant tout deux choses :

    • L’extraodinaire force d’action et de volonté de Sarkozy ne faiblit pas : ce qu’il a dit, il va tout faire pour le mettre en oeuvre. Loin du politiquement correct, il est simplement dans l’action. Quel changement dans le discours, dans la manière de faire ! Certains voudront y voir un superprésident, qui prend toute la place (j’ai déjà  entendu des commentaires à  la radio allant dans ce sens) : cela ne sera que le reflet de leur immobilisme ! En effet, il faut quelqu’un avec une formidable volonté et une énorme énergie pour sortir de 20 ans d’immobilisme !
    • Enfin une approche globale de la réforme ! C’est la seule possible ! comment, en effet, peut-on vouloir changer d’abord le fonctionnement de la Police, sans changer aussi celui de la Justice, et donc également réformer le fonctionnement des prisons ? Comment peut-on vouloir changer le fonctionnement de l’école sans changer aussi les autres filières (apprentissage, université) ? Une société est un ensemble, et les réformes ne peuvent être menées qu’en parallèle : leur réussite dépend de ça ! Une réforme menée seule sans rien changer par ailleurs est vouée à  l’échec. Sarkozy et Fillon semblent avoir compris cela, et vouloir l’appliquer. Quel changement à  nouveau, dans la méthode, et dans l’efficacité qui va en découler !

    Alors voilà , j’étais content hier soir : content et soulagé de voir que Sarkozy va tout faire pour tenir parole, et porter le vent du changement dans tous les secteurs de la société française. De manière pragmatique, mais à  nouveau, c’est la seule manière intelligente de réformer…
    J’ai noté que dans son discours deux choses importantes : son sens de la justice sociale et du sort des plus démunis, et son sens de l’intérêt général, expression qu’on n’avait pas vu depuis longtemps, ni dans les discours ni dans les faits…! Ceux qui sont pour le changement soutiendront à  coup sûr Sarkozy ; c’est déjà  ce qu’ils ont fait dans les urnes…

  • Citation #29

    Le plaisir de lire une oeuvre au piano n’est nullement sensible dans les premières leçons ; il faut savoir s’ennuyer d’abord. C’est pourquoi vous ne pouvez faire goûter à  l’enfant les sciences et les arts comme on goûte les fruits confits. L’homme se forme par la peine ; ses vrais plaisirs, il doit les gagner, il doit les mériter. Il doit donner avant de recevoir. C’est la loi.
    Alain