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  • Des convictions

    Des convictions

    J’ai eu une discussion très intéressante avec deux amis à  propos de cette citation de Nietzsche :

    Les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges.

    Friedrich Nietzsche (1844-1900)
    Philologue, philosophe, poète, pianiste et compositeur allemand.

    J’ai toujours aimé cette citation. Elle me parle, car je crois que la vérité est une quête indispensable, et parce que j’ai toujours regardé avec un peu de méfiance les gens qui mettent en avant leurs « convictions ». J’y reviendrai plus loin. Cette citation est puissante car elle apporte un distinguo très important pour comprendre ce que l’on appelle la vérité. Pourquoi le mensonge n’est pas un ennemi de la vérité ? Parce qu’en mentant, le menteur sait qu’il ment, qu’il déforme la vérité, qu’il ne décrit pas vraiment la réalité, et finalement il est donc dans le même cadre de référence que celui qui dit vrai. Ils ont la même notion du « vrai » : ils se réfèrent tous deux au réel. Tandis que celui qui fonctionne sur les convictions est dans un mode différent : il ne remet pas en cause ces convictions, et ne doute pas. Ou en tout cas, il peut, par conviction, ne pas voir une partie du réel. Ces deux modes de vérité portent un nom : vérité-correspondance et vérité-cohérence. J’avais découvert cette distinction dans Popper, et je la trouve essentielle.

    Vérité-correspondance et vérité-cohérence

    Dans le mode vérité-correspondance, le critère du vrai est l’adéquation, la correspondance, entre une proposition et le réel. C’est la posture de la science : je n’y reviens pas, j’avais fait un long article sur le sujet. L’adéquation avec le réel tranche, et nos propositions sont d’autant plus vraies qu’elles décrivent mieux la réalité.
    La vérité-cohérence, par opposition, a comme critère de vérité la cohérence logique des propositions ou des théories. C’est l’absence de contradiction interne d’une théorie ou d’une idée qui la rend vraie, et non son adéquation avec le réel.
    Etant scientifique de formation, j’avoue être clairement du côté de la vérité correspondance : aussi belle formellement et cohérente que puisse être une théorie, si elle ne décrit pas adéquatement le réel, elle est fausse. C’est une belle construction, mais fausse. J’essaye de ne pas caricaturer cependant : la recherche de cohérence et de non-contradiction logique est tout à  fait légitime et normale. Mais cela ne doit pas conduire à  nier le réel.

    Du coup, avec cet éclairage, la phrase de Nietzsche dit simplement que la vérité-correspondance, qui est le cadre de pensée du menteur comme de celui qui dit la vérité, est préférable à  la vérité-cohérence (cadre de celui qui a des convictions) dans la recherche de la vérité. Mais il est temps de préciser ce que l’on entend par conviction (on peut les remettre en cause), ou par croyance, ou même par dogmatisme : c’était un des sujets de notre discussion amicale.

    Convictions et doute

    Comme souvent, il est utile de revenir à  la définition des mots. Conviction a deux sens très différents – en plus du sens juridique qui en fait un synonyme de « preuve matérielle » :

    • Certitude de l’esprit fondée sur des preuves jugées suffisantes. Par métonymie : Opinions, idées, principes considérés comme fondamentaux.
    • Avec conviction : Avec sérieux, avec application, en croyant à  ce qu’on fait ou dit. Avec chaleur, enthousiasme.

    Etre convaincu, c’est donc être certain, d’une part, et d’autre part c’est aussi faire le choses avec énergie, enthousiasme, sérieux. Peut-on ne pas être dans la conviction, donc accessible au doute, tout en agissant avec conviction ? Cela me fait penser à  une autre citation, d’une grand défenseur de la vérité-correspondance :

    Si vous êtes certain, vous vous trompez certainement, parce que rien n’est digne de certitude ; et on devrait toujours laisser place à  quelque doute au sein de ce qu’on croit ; et on devrait être capable d’agir avec énergie, malgré ce doute.

    Bertrand Russell (1872-1970)
    Mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.

    Alors, bien sûr, personne ne peut vivre sans convictions. Il est relativement aisé de douter de tout, philosophiquement, mais pour vivre il faut s’appuyer des connaissances stables et sûres. Je sais qu’en lâchant un verre, il tombe (toujours) et se casse au sol (presque toujours). Je n’ai pas besoin de douter de cela, et c’est même recommandé de ne pas douter de cela. Mais nos convictions ne sont pas toutes liées à  des énoncés sur le réel : certaines de nos convictions sont des convictions morales (dans telle ou telle situation, il faut agir comme ceci, ou comme cela), ou des convictions politiques (pour atteindre tel objectif, il faut organiser – ou pas – les choses comme cela). Dans ces domaines, les connaissances sont souvent moins évidentes. Mais la phrase de Russell le dit bien : pas besoin que les convictions soient sûres et certaines pour agir avec conviction. Le tout est de savoir en débattre, en douter quand il le faut (quand le réel nous force à  le faire). Pour cela, il faut accepter que la confrontation au réel est plus importante que nos convictions, ou que leur cohérence, ou que l’adéquation de nos émotions avec ces convictions. L’adéquation au réel tranche, c’est ce que dit la phrase de Nietzsche.

    En politique

    Il n’est pas possible de conclure cette petite réflexion sans parler – puisque le mot « conviction » y est central – de la distinction apportée par Weber entre éthique de conviction et éthique de responsabilité. L’article wikipedia sur le Savant et le Politique résume assez bien la chose :
    Weber distingue deux éthiques de l’action politique, l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité : ceux qui agissent selon une éthique de conviction sont certains d’eux-mêmes et agissent doctrinalement (…) alors que l’éthique de responsabilité repose sur l’acceptation de répondre aux conséquences de ses actes ; si l’éthique de conviction est nécessaire, elle produit dans le parti un appauvrissement intellectuel au profit de la discipline de parti.
    Pour en savoir plus, vous pouvez écouter, par exemple, Michel Onfray en parler sur France Culture. J’avais fait un article sur les différents types d’éthiques en politique, qui apporte d’autres éléments. C’est un sujet complexe : il est bien sûr stérile de croire que ces archétypes existent seuls. Il faut bien sûr agir au nom d’un certain nombre de principes, de convictions, mais il faut également bien sûr assumer les conséquences de ses actes. C’est un point de tension dans ma pensée : je suis libéral, et le libéralisme est une éthique de conviction, procédurale. Le libéralisme est une pensée qui est adossé à  un système de règles, justes, valable pour tous, et qui accepte que la société évolue librement, de manière spontanée, sur ces règles. Force est de constater que sur certains sujets, l’évolution spontanée ne conduit pas toujours au bon endroit. Que l’on pense à  la PMA, et à  la GPA : une éthique de responsabilité doit conduire à  restreindre la liberté sur certains sujets pour éviter ces dérives. Mais c’est aussi une éthique de conviction, puisqu’elle s’adosse à  la conviction qu’on ne peut pas « marchandiser » les humains, louer le ventre des femmes, acheter des bébés.
    Et d’un autre côté, raisonner uniquement à  partir des conséquences prévisibles de nos actes est aussi parfois une impasse, car il existe de multiples conséquences imprévisibles – et souvent positives – des actes humains dans une société libre.

    Qu’est-ce qu’une bonne conviction ?

    En conclusion, je dirai qu’il faut avoir des convictions, et qu’il faut être capable de les regarder comme un physicien considère les théories scientifiques : si le réel vient les chahuter, il faut être capable de les remettre en question. Elles n’en sortiront pas annulées, mais transformées, améliorées dans leur adéquation avec le réel. Qu’est-ce qu’une bonne conviction ? Une conviction dont l’horizon est la vérité-correspondance. Non pas celle qui résonne en boucle avec moi-même, ou qui s’insère dans un système cohérent, mais une conviction qui est un principe d’action juste respectant la dignité humaine et la raison, et en même temps les phénomènes et lois naturels qui sont à  l’oeuvre dans la réalité. Il y a encore à  creuser sur ce sujet (de mon côté). Passionnant. Merci les amis pour les discussions enrichissantes, stimulantes, dérangeantes.

    Et vous ? Que vous inspire cette phrase de Nietzsche ?

  • Faut-il autoriser la construction de nouvelles mosquées ?

    Une association musulmane est entrée de force dans la mairie de Torcy, pour « négocier » avec le maire de la commune l’obtention d’un terrain pour construire une mosquée. Visiblement, il s’agit d’un peu plus qu’une mosquée, mais bon.
    C’est l’éternel débat : au nom de la liberté, doit-on permettre à  tous de pratiquer leur culte, ou doit-on différencier les religions entre elles et reconnaitre un caractère « sectaire » à  l’Islam ?
    Je n’ai pas de réponse définitive à  cette question. Mais, comme je l’avais déjà  exprimé ici, on ne peut pas comprendre la réalité, les rapports de forces à  l’oeuvre, si on ne connait pas cette réalité. Si on s’accroche à  des principes (justes et bons, je suis le premier à  en convenir), sans vouloir différencier ceux qui aspirent à  vivre dans une société ouverte et libre, et ceux qui veulent imposer des règles de vie incompatibles avec ces mêmes principes, on risque bien de scier la branche sur laquelle on est assis.
    Alors, pour ceux qui veulent savoir ce qu’est l’Islam, voilà  une liste fort utile (sinon, vous pouvez continuer à  lire ce blog):
    Se renseigner sur l’Islam :

    Et pour tous, un petit test vous permettant de donner votre avis :
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  • 70 ans de travaux forcés !

    Le fait de permettre aux gens de travailler jusqu’à  70 ans est-il une chance pour la liberté de travailler, ou une menace pour les salariés, un coin mis en place pour repousser l’âge légal de la retraite à  70 ans ? On retrouve sur ce sujet bien des clivages, et un PS égal à  lui-même : gravement à côté de la plaque…
    (suite…)

  • Citation #99

    Eloge de la concurrence

    Dans un monde où la libéralisation des échanges est devenue une réalité, la réflexion sur le rôle de la concurrence s’est imposée comme une préoccupation majeure de notre époque. Ses avantages sont certes généralement reconnus, mais elle est également souvent critiquée. Devant les craintes que ferait naître une concurrence « excessive », on demande alors de la limiter, de la « réguler » (c’est-à -dire en fait de la réglementer). Certes, on peut comprendre certaines de ces craintes, car la concurrence n’est pas toujours facile à  vivre et, tout au moins si on en est le bénéficiaire, on préférerait parfois pouvoir développer ses activités à  l’abri de toute concurrence. Mais il faut bien évaluer la portée de ces appels à  la modération de la compétition. En effet, la concurrence prévaut sur un marché dans la mesure où tous les producteurs sont libres de proposer leurs produits et où, par ailleurs, tous les consommateurs sont libres de les acheter (ou de les refuser). Accepter la concurrence, c’est donc accepter la liberté d’agir ; limiter la concurrence, c’est limiter la liberté. C’est la raison pour laquelle, je pense que, par principe, « la concurrence est toujours bonne » : elle consiste, pour chacun, à  exercer sa liberté dans le respect de la liberté d’autrui.
    Dans un article récent des « Echos » (22 avril 2008), Angus Sibley me reproche cette position, qu’il trouve excessive, et il va même jusqu’à  dire que « la pagaille bancaire est une conséquence de la méchante philosophie des ultralibéraux » qui « prône la concurrence désentravée et féroce ». Il affirme que « les bonnes choses de ce monde deviennent nocives en excès », ce qui le conduit à  faire un parallèle entre la concurrence et les hormones thyroïdes dans le corps humain. Mais comparaison n’est pas raison. Ce parallèle ne nous apprend rien sur ce qu’est la concurrence et sur son rôle. […]
    Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale. Le respect de la liberté d’entrer sur un marché, pour un producteur comme pour un consommateur, est un principe absolu de nature morale.Or un principe n’admet pas de compromis, il ne peut pas être plus ou moins valable. S’il est évident que la consommation de nourriture ou d’hormones thyroïdes ne doit pas être excessive, cela n’implique en rien qu’il faille imposer des limites à  un principe tel que celui de la liberté d’agir. Encore faut-il bien comprendre de quoi l’on parle. Lorsqu’on dit que la liberté d’agir ne doit pas rencontrer de limites, cela signifie qu’on ne doit pas limiter par la contrainte l’exercice de cette liberté. Mais il est par ailleurs évident que ce dernier rencontre une limite naturelle : la liberté d’agir d’un individu ne doit pas porter atteinte à  la liberté d’agir des autres.
    Il est aujourd’hui à  la mode de réclamer une « régulation » de la concurrence, à  cause de ses excès supposés et de la responsabilité qu’on lui attribue, à  tort, dans l’instabilité économique et financière. Or il serait tout d’abord plus correct de parler de « réglementation » que de « régulation », car c’est bien cela que l’on invoque en fait. Mais c’est oublier que la meilleure régulation est assurée, précisément, par la liberté et la concurrence, c’est-à -dire un système où les individus adaptent continuellement leurs décisions à  celles des autres. Bien sûr, le résultat de ces processus d’interdépendance n’est jamais parfait, car les êtres humains ne sont pas parfaits et ils ne possèdent pas la connaissance absolue. C’est pourquoi il ne faut pas comparer les résultats du fonctionnement d’un système Il est absurde de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur libertéde libre concurrence à  ceux, supposés, d’un système idéal qui ne peut pas exister, où l’instabilité n’existerait pas et où l’information serait éternellement parfaite.
    Mais, de manière similaire, les « réglementeurs » – et non les « régulateurs » – auxquels on fait appel n’ont pas non plus la connaissance absolue. Il est même certain que les détenteurs du pouvoir de contrainte légale et réglementaire n’ont qu’une information infiniment petite par rapport à  celle qui est continuellement créée par des millions d’individus. Comment peut-on manquer de logique au point de prétendre que des hommes libres risquent d’abuser de leur liberté et de supposer par ailleurs que ces autres hommes chargés de les contrôler ne risquent absolument pas d’abuser de leur propre liberté ? Pourtant, cette dernière ne comporte aucune limite naturelle, puisqu’elle est en fait une liberté sans principe, sans régulation, la liberté de contraindre autrui ! Il est donc absurde – mais aussi immoral – de vouloir confier à  quelques personnes la tâche d’imposer aux autres de manière arbitraire des limites à  l’exercice de leur liberté. Oui, cela est certain, il n’y a rien de mieux que la concurrence et la liberté d’agir.
    Pascal Salin, Eloge la concurrence, Les Echos (30/04/2008)

  • Radical ou Dogmatique ? Cohérent !

    C’est un sujet difficile, mais qui me tient à  coeur. Dans beaucoup de discussions avec des gens intelligents, si vous vous accrochez un peu trop à  un principe, ils finissent par vous cataloguer comme étant un « idéologue », un « radical », voire un « dogmatique ». Ceux là  bien sûr, se pensent comme des pragmatiques (ils le sont d’ailleurs). J’ai longtemps pensé que le pragmatisme était la seule manière intelligente de raisonner. Mais ça n’est pas si simple.
    (suite…)

  • Subsidiarité

    Retour sur le principe de subsidiarité, souvent invoqué et source de pas mal de confusion. Les sociaux-démocrates le font partir d’en haut, et le confondent avec la décentralisation (le niveau le plus haut dans l’organisation de la société délègue une partie de ses pouvoirs), tandis que les libéraux le font partir de l’individu, et y voient le seul moyen de structurer la loi pour garantir la liberté individuelle. Pour les libéraux, la subsidiarité, c’est le principe selon lequel les individus délèguent une partie du pouvoir sur un organe collectif (public ou non).

    J’ai reçu ma dernière commande : « L’homme Libre« , un livre d’hommage à  Pascal Salin. Et, bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de commencer à  dévorer quelques chapitres. Dont un, clair et néanmoins fouillé11. Il y revient notamment sur les racines étymologiques, historiques, et philosophiques du concept, en particulier sur sa proximité avec des textes du pape Pie XII, et avec le concept de personnalismecher à  Koz, de Jean-Philippe Feldman2, traitant du principe de subsidiarité : « Subsidiarité et libéralisme ». Son article montre bien comment ce principe a été utilisé aussi bien par les sociaux-démocrates, que par les conservateurs ou les libéraux.
    Il rappelle les distinctions et les nuances qu’il faut apporter à  la définition du concept32. J’avais déjà  fait suivre ici une tribune de Feldman sur le droit et la législation, pour éviter que cela ne devienne un fourre-tout. La subsidiarité comporte deux dimensions, et doit partir de l’individu pour être une notion pleinement libérale.

    Subsidiarité : deux dimensions

    3. distinctions que l’article de Wikipedia sur la subsidiarité ne fait pas du tout
    Ce qu’il rappelait déjà  dans une conférence sur la constitution européenne :

    Pour un libéral, la subsidiarité a deux dimensions. La première, trop souvent oubliée, est la dimension horizontale : la subsidiarité c’est ce qui fait le partage entre la sphère de la puissance publique et la société civile. La deuxième, qui n’est qu’annexe, c’est la subsidiarité verticale : au sein de la puissance publique les décisions doivent être prises au plus près de l’individu.

    La subsidiarité doit partir de l’individu

    La subsidiarité doit partir de l’individu, comme le rappelle Jacques de Guénin :
    L’homme libre et responsable, nous l’avons vu, cherche à  s’associer à  d’autres personnes pour satisfaire des objectifs qui dépassent ses seules capacités. Il fait ainsi partie de groupes, comme sa paroisse, son quartier, ou sa commune. Ces groupements peuvent à  leur tour s’associer pour accomplir des objectifs encore plus ambitieux. Mais les groupes d’ordre supérieur ne doivent pas retirer aux groupes d’ordre inférieur (dont le plus petit est l’individu), ce que ces derniers peuvent accomplir eux-mêmes : c’est le fameux principe de subsidiarité. Pour le libéral, l’État lui-même devrait être une association d’ordre supérieur à  laquelle les associations d’ordre inférieur, telles que les communes, délégueraient certains pouvoirs et certains moyens, selon le principe de subsidiarité. Mais nous vivons depuis toujours dans un schéma strictement inverse où l’État dispose de tous les pouvoirs et ne consent à  déléguer quelques petits espaces de liberté aux citoyens que lorsque ceux-ci le lui arrachent.
    Mathieu Laine et Jean-Philippe Feldman avait également insisté sur le caractère remontant de la subsidiarité dans un texte traitant du rejet de la constitution européenne paru sur le Québécois Libre :
    Pour les libéraux, une constitution devrait tout d’abord avoir pour objet non pas tant d’agencer les pouvoirs que de limiter le Pouvoir. Synthèse ambiguë, la Constitution européenne encourage à  l’inverse l’augmentation et la centralisation des pouvoirs. Au-delà  des domaines de compétence exclusive de l’Union européenne, la liste des domaines de compétence partagée avec les États membres est en effet impressionnante : marché intérieur, environnement, protection des consommateurs, transports, etc. Les principes de subsidiarité et de proportionnalité sont certes consacrés, mais au lieu d’être remontante, au lieu de partir de l’individu pour remonter jusqu’à  l’Union européenne, la subsidiarité, concept fondamentalement libéral, est ici descendante.
    C’est toujours le même principe mis en avant par les libéraux : l’individu – les individus – doivent être le départ et la fin de tout système politique, sous peine de bafouer la liberté individuelle. Chose immorale, même sous des prétextes constructivistes prétendument « sociaux ». J’y souscris pleinement : et vous ?