Voilà la fin du texte de Bastiat sur l’Etat :
Citoyens, dans tous les temps deux systèmes politiques ont été en présence, et tous les deux peuvent se soutenir par de bonnes raisons. Selon l’un, l’État doit beaucoup faire, mais aussi il doit beaucoup prendre. D’après l’autre, sa double action doit se faire peu sentir. Entre ces deux systèmes il faut opter. Mais quant au troisième système, participant des deux autres, et qui consiste à tout exiger de l’État sans lui rien donner, il est chimérique, absurde, puéril, contradictoire, dangereux. Ceux qui le mettent en avant, pour se donner le plaisir d’accuser tous les gouvernements d’impuissance et les exposer ainsi à vos coups, ceux-là vous flattent et vous trompent, ou du moins ils se trompent eux-mêmes.
Quant à nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité.
Étiquette : Raison
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Frédéric Bastiat contre la démagogie !
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A bas la polémique, et vive la controverse !
Pendant la campagne présidentielle, Yves de Kerdrel (éditorialiste du Figaro et intervenant quotidien sur BFM) et Laurent Mauduit (ex-journaliste économique du Monde et essayiste) croisent le fer, cordialement mais sans concessions. Cela s’intitule « La controverse Kerdrel – Mauduit« . C’est un nom très bien choisi, et qui décrit bien le contenu de ces articles :
CONTROVERSE :
Discussion argumentée, contestation sur une opinion, un problème, un phénomène ou un fait; p. méton. ensemble des éléments divergents ou contradictoires du débat.Je suis allé voir la définition de la polémique pour saisir la nuance :
POLÉMIQUE :
Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.).La nuance se situe donc dans la violence et la passion : la controverse est au dialogue ce que la polémique est à la dispute.
Deux sujets ont déjà été abordés : « Pour ou contre l’ISF et les droits de successions » et « Patrons ‘voyous’ et chefs d’entreprises« . A suivre donc, pour ceux qui veulent élever un peu le niveau du débat, avec de vrais arguments raisonnables de part et d’autre. -
Concurrence et rationnalité
La concurrence n’est pas seulement la seule méthode que nous connaissions pour profiter des connaissances et des talents que peuvent avoir les autres, mais elle est aussi la méthode par laquelle nous avons été amenés à acquérir les connaissances et les talents que nous-mêmes possédons. C’est là ce que ne comprennent pas les gens qui disent que le plaidoyer pour la concurrence repose sur une hypothèse du comportement rationnel de ceux qui y participent. Or le comportement rationnel n’est pas une prémisse de la théorie économique, bien qu’on présente souvent la chose ainsi. La thèse fondamentale de la théorie est au contraire que la concurrence est ce qui oblige les gens à agir rationnellement pour pouvoir subsister.
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Citation #9
Si tu veux te soumettre toutes choses, soumets-toi à la raison.
Sénèque -
Equilibrer la tolérance : une nécessité !
Commençons – comme d’habitude – par une définition :
Tolérance :
- Fait de tolérer quelque chose, d’admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce que l’on aurait le pouvoir d’interdire, le droit d’empêcher.
- État d’esprit de quelqu’un ouvert à autrui et admettant des manières de penser et d’agir différentes des siennes.
et par une citation :
Tolérer, c’est accepter ce qu’on pourrait condamner, c’est laisser faire ce qu’on pourrait empêcher ou combattre. C’est donc renoncer à une part de son pouvoir, de sa force, de sa colère. […] La tolérance ne vaut que contre soi, et pour autrui. Il n’y a pas de tolérance quand on n’a rien à perdre. […] Tolérer, c’est prendre sur soi. […]
André Comte-sponville (1952 – ) Philosophe françaisLa tolérance n’est pas une valeur positive en soi ; c’est — comme pour beaucoup de choses — une valeur pour laquelle le juste équilibre est à chercher. Trop et trop peu sont synonymes d’aspects négatifs.
Pas assez de tolérance, c’est ce qu’on appelle le sectarisme ou l’intégrisme.Tolérance. C’est arriver à penser : « Bien que je croie avoir raison, et que la vérité existe, je ne ferai rien pour vous l’imposer »
Albert Memmi (1920 – 2020), écrivain et essayiste tunisien, Extrait d’ Exercice du bonheur
Les excès des religions de tous poils illustrent bien l’intolérance.
Mais, Trop de tolérance, c’est ce qu’on appelle le laxisme, ou la complaisance :Sous prétexte de tolérance, on devient complaisant.
Marie-France Hirigoyen (1949 – ) psychiatre et psychothérapeute familiale française.
Il est important dans nos sociétés ouvertes, qui ont fait l’effort pendant longtemps, et c’est un grand bienfait, de conquérir la tolérance pour pouvoir vivre en paix, de ne pas s’enfoncer dans l’excès qui est l’inverse de l’intolérance, à savoir la complaisance.
Toute tolérance devient à la longue un droit acquis.
Georges Clémenceau (1841 – 1929) homme d’Etat français, extrait d’Au soir de la pensée
Tout ce qui vient empêcher l’ouverture, tout ce qui veut voir disparaître la tolérance, on doit le combattre, et ne pas le tolérer. Il est important de tolérer ce qui est tolérable, et d’être intolérant avec ce qui ne l’est pas. Qu’est ce qui ne l’est pas ? la violence physique et psychologique faite à l’enfance n’est pas tolérable. La violation flagrante de liberté individuelle n’est pas tolérable. Le racisme n’est pas tolérable. D’une manière générale, et sans tomber dans le légalisme, toutes les entorses faites aux règles de vie communes (le Droit) sont intolérables.Soyons assez intelligent pour reconnaître l’intolérable, afin de continuer à vivre dans une société tolérante !
Pour finir, une petite citation sur les rapports entre religion et tolérance, qui fait tout de même penser à l’Islam :Une religion qui peut tolérer les autres ne songe guère à sa propagation.
Montesquieu (1689 – 1755) penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières
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Raison et Croyance
Comment éviter le pire ?
La montée en puissance de l’islam, comme l’indolence résignée des nihilistes, ne présagent rien de bon pour l’avenir de l’humanité. Pour qui est attaché à la raison et au doute, pour qui a peur de l’aveuglement des convictions et des croyances, et de la violence qui en résulte, cette situation est difficilement tenable. S’il n’y avait pas le danger, je pourrais me contenter du doute. Je vis assez bien avec. On peut facilement douter de tout, mais difficilement croire en n’importe quoi.
Mais la force est du côté de ceux qui croient. La force est du côté de celui qui s’abîme dans l’absolu. Celui qui se perd et s’oublie, est capable de tout. Du pire bien souvent. Comment éviter le pire ?Doute et Foi
Le doute est le point de départ de la philosophie : la réflexion commence avec la mise en question. La croyance est le point de départ de la foi : l’abandon dans quelque chose de plus grand que nous, la confiance absolue dans la vérité d’un objet inconnu. Comment marier le doute — indispensable pour qui aime la vérité — avec les croyances — indispensables pour qui veut espérer, aimer et vivre ? Comment croire sans abandonner la vérité, comment penser sans perdre espoir ? Comment, pour celui qui pratique le doute, prendre exemple sur ceux qui croient et prendre cette force ?
Acte de croyance et objets de croyances
Le seul moyen de ne pas abandonner la vérité, c’est de conserver le doute sur ce qui est incertain, et d’admettre ce qui est sûr. En se laissant la marge de manoeuvre pour en douter, au besoin. Le doute aura toujours la raison pour lui.
Croire en quelque chose. Il y a là un acte (croire), et un objet (quelque chose). La force du croyant, c’est dans l’acte de croire qu’il la puise, pas dans l’objet de la croyance, ni dans la véracité de cet objet. Il faut donc garder ce qui donne la force (l’acte), et forger des objets de croyances moins excessifs que ceux qui ne croient en rien, ou en Dieu.Nihilistes et Religieux
Ceux qui pensent ne croire en rien se mentent à eux-mêmes et affichent seulement un manque de lucidité sur leur fonctionnement. C’est un « non » lancé à la cantonade, de même que la Foi est un « oui » lancé au monde. Quoi qu’il en soit, « Rien » (pour les nihilistes) ou « Tout/Dieu » (pour les religieux) sont des objets de croyances hors de la portée de la raison. Proposons donc cet exercice à la raison : identifier ses croyances, les expliciter pour les forger et les partager, et garder l’acte de croire pour celles que la raison aura validées. Nous pourrons alors — avec un risque moindre — nous abandonner raisonnablement dans une croyance, non nocive. Les grands thèmes de la philosophie sont d’ailleurs résumés à cela : les concepts pour lesquels l’éclairage de la science n’a pas suffit à tout résoudre, et qui impliquent toujours, pour avancer, un mariage de raison et de croyance.
Mes croyances
Je propose ici quatre croyances que j’ai, et dans lesquels je peux puiser une certaine force, quand le doute se calme. Ce n’est pas exhaustif, c’est valable maintenant et pour moi, et discutable, bien sûr (doute oblige).
Deux croyances individuelles, et deux croyances collectives.Amour et Liberté
Au niveau individuel, je crois à l’existence de l’amour et de la liberté. Ce sont deux choses dont l’existence même peut être mise en doute, mais dans lesquelles je crois, et qui me sont indispensables. Je pense que l’amour vécu et partagé peut apporter du bonheur. L’acte d’aimer est la quintessence de la croyance. Dieu est amour, parait-il. L’amour c’est le don et la confiance, aussi.
Je pense que la liberté individuelle, vécue et assumée, peut apporter du bonheur. Toujours accorder à l’autre une part de liberté n’est pas si facile, mais tellement profitable pour tout le monde quand on le pratique. Tellement indispensable, que ce soit en pensée ou en acte. C’est garder à chaque être humain sa dignité. Il est important de savoir ce que l’on aime, qui l’on aime, et où notre liberté nous porte.Progrès et Vérité
Au niveau collectif, je crois à l’existence du progrès et de la vérité. Ce sont deux choses dont l’existence même peut être mise en doute, mais dans lesquelles je crois, et qui me sont indispensables. La vérité est le lieu d’échange de l’intellect (comme les sens sont les lieux d’échanges des corps), et le progrès est ce but commun regroupant tous les humains de bonne volonté. La croyance dans le progrès est la croyance dans la possibilité d’un progrès : non pas que tout ira forcément mieux demain qu’aujourd’hui, mais qu’avec beaucoup d’efforts, de chance et de bonne volonté, les choses peuvent aller mieux demain qu’aujourd’hui, que le pire n’est jamais sûr. Toujours identifier ce qui fait régresser ou progresser l’humanité, et choisir le progrès à long terme est souvent une bonne politique. En tout cas, refuser ce qui fait clairement régresser.
Suite …
Bien d’autres croyances existent, dans ma tête comme dans la vôtre. Je disais plus haut que tout cela était discutable, et heureusement : on en discute ?