Sur un grand fleuve tel que l’Amazone, ou le Mississipi, comment appeleriez-vous un gars sur un canoë qui rame à contre-courant, en espérant remonter le fleuve ? Un fou, ou un idiot. Il ne vous viendrait pas à l’esprit de saluer son courage. Vous pourriez même, par compassion, lui conseiller d’orienter son esquif dans le sens du courant, et puis de naviguer à droite à gauche en utilisant la force du flux.
Comment appeleriez-vous ceux qui veulent stopper le parcours de la flamme olympique ? Des fous, ou des idiots ?
C’est la force du symbole, vous répondront-ils, convaincus. « En stoppant la flamme, on montre au monde entier que l’on condamne l’action chinoise au Tibet ». Comme si cette ridicule et pitoyable posture avait une quelconque chance de changer ce qui se passe au Tibet. Comme si un boycott des Jeux avait une quelconque chance de se produire. Vouloir systématiquement mettre du politique partout, c’est ramer à contre-courant.
La Chine change, bien plus vite que la France. Empêcher le commerce avec la Chine est la position de ceux qui rament dans le mauvais sensVoilà la réalité. Elle a obtenu les Jeux Olympiques. Voilà la réalité. Les Jeux Olympiques sont une affaire de sport, et de commerce. Le commerce change la Chine bien plus durablement et solidement que toutes les actions dénuées de sens de ceux qui veulent se battre contre un flamme, en dénonçant des atteintes – réelles – aux droits de l’homme. Empêcher le commerce avec la Chine : c’est la position de ceux qui rament dans le mauvais sens, et qui n’ont décidement pas compris ce qu’est le commerce. Ce que je crois, c’est que la machine commerciale des Jeux sera profitable aux Chinois, que les journalistes présents en Chine seront profitables à l’éclosion – même restreinte – d’une part de vérité, et que tout cela va dans le bon sens. Les Jeux n’ont rien à voir avec le Tibet. Voilà la réalité.
Edit : visiblement, Le Chafouin n’est pas de mon avis. Monsieur Pingouin non plus, d’ailleurs. Authueil a, quand à lui, parfaitement exprimé le sentiment que je voulais dire.
Étiquette : Réalité
-
Le fleuve et la flamme
-
La société des autruches
Les polémiques stériles sur le choix des mots utilisés par les membres du gouvernement sont exaspérantes. Les faits sont là : il y a trop de fonctionnaires en France. Et Sarkozy prend de gros risques en ne tenant pas ses promesses de campagne. Le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique n’est pas une affaire de mots bien choisis, c’est une affaire de courage politique et respect des engagements. Ne tombons pas dans le piège des journalistes et des syndicats qui préfèrent jouer sur les mots plutôt que décrire et comprendre la réalité concrète.
(suite…) -
Citation #40
L’utopie appuyée par l’idéologie n’est astreinte à aucune obligation de résultats. Sa seule fonction est de permettre à ses adeptes de condamner ce qui existe au nom de ce qui n’existe pas.
Jean-François Revel (1924-2006)
Journaliste et essayiste français.
-
Le modèle : un outil indispensable !
Les sciences utilisent un outil de pensée nommé modèle. Qu’est-ce qu’un modèle ? Un modèle est une vue simplifiée du monde : selon la simplicité du modèle, son utilisation diffèrera. Le modèle est le lien entre théorie et pratique. A nous de savoir construire, modifier, échanger des modèles pour savoir penser notre vie, et vivre notre pensée.
(suite…) -
Eloge de l’acceptation
Accepter : voilà un mot qui est souvent accompagné d’une image négative, parce qu’on le confond avec la résignation, ou la tolérance. Les sens sont pourtant différents : tolérer, c’est laisser faire des choses que l’on a le pouvoir d’empêcher ; et se résigner, c’est considérer que l’on aucun moyen d’action. Accepter, au contraire, c’est simplement prendre le monde tel qu’il est. Quel autre choix avons-nous ? Refuser le monde tel qu’il est, c’est ouvrir la porte à tous les délires, à tous les idéaux plus ou moins foireux. Ceux qui ne raisonnent que sur le monde tel qu’il devrait être (à leur yeux, forcément) prennent deux risques majeurs : oublier le point de départ de l’action (qui est le monde tel qu’il est), et se retrouver seul (le monde rêvé n’est pas unique).
Accepter, ce n’est donc ni se résigner, ni tout tolérer. C’est juste considérer les choses telles qu’elles sont, et c’est le seul préalable connu à l’action. La démarche scientifique en est la preuve. Quel action est possible, si ce n’est à partir du réel ?
Le monde est rempli de choses qui nous heurtent, nous choquent, et qui peuvent paraitre inacceptables. Il faut bien pourtant accepter l’exitence du mal, de la souffrance pour pouvoir se battre contre. Comment pourrait-on se battre contre quelque chose qui n’existe pas ? Ce n’est pas en niant la souffrance qu’on la diminue : c’est d’abord en l’acceptant (en acceptant son existence), puis en cherchant des moyens concrets de la diminuer. Ce n’est pas parce que quelque chose est difficile qu’il faut l’éviter. Au contraire.
Il faut accepter le monde. Et le fait que beaucoup de choses soient dures à accepter dit bien qu’il s’agit d’un effort, d’un travail. Je ne suis pas sûr qu’on puisse tout accepter ; mais nous devons faire autant que possible cet effort indispensable. C’est le seul chemin. Ceux qui le refusent prennent un autre chemin, dangereux, qui commence dans la conviction et finit dans le fanatisme, ou la maladie mentale. Le monde est notre seul lieu commun, il nous relie les uns aux autres parce que nous le partageons. Son équivalent abstrait n’est pas l’idéal, mais la raison.
Accepter, c’est donc le début de la sagesse. Il n’existe qu’un monde, et c’est celui dans lequel nous vivons. C’est à partir de cette réalité qu’il faut construire, et pas à côté. J’aurais même tendance à penser que prise dans ce sens, l’acceptation, c’est la sagesse même. -
Citation #26
Au lieu de nous interroger, interrogeons les choses.
Emile Durkheim