Étiquette : Réformes

  • Vivement le débat Sarkozy-Royal !

    Vivement ce soir ! Le débat Sarkozy-Royal est un évenement intéressant à  suivre, dans la mesure où il n’y avait pas eu de débat avant le second tour en 2002 (déni démocratique de Chirac). Espérons qu’il permettra à  tout le monde de conforter ou de modifier son choix, et aux indécis de se décider. Je pense que sur beaucoup de sujets, Sarkozy et Royal seront d’accords, au moins sur les grands principes.
    A côté des déclarations convenues sur l’Euro fort, et les parachutes dorés, un brin démagos, je pense que les quatres plus grosses différences sur lesquelles l’incohérence – ou du moins l’inconfort idéologique – de la position de Royal ressortira le plus seront les suivantes :

    • le travail : Royal s’obstine sur les 35 heures, quand Sarkozy veut en sortir ; Royal devra par ailleurs expliquer comment on augmente le coût du travail tout en diminuant le chômage
    • l’international : la position compliquée de Royal vis-à -vis des USA (notamment à  cause de son électorat d’extrême-gauche, alter-mondialiste et anti-Bush) devrait l’amener à  se positionner face à  un Sarkozy plus cohérent sur cette question. La Turquie pourrait être un point de désaccord profond entre les deux.
    • la fonction publique : Sarkozy propose de réduire le nombre de fonctionnaires pour participer à  la réduction de la dette et à  l’amélioration du service public. Là  aussi, le débat devrait être houleux : Royal, enchainée à  son électorat de gauche fortement ancré dans la fonction publique, dansera sur des charbons ardents
    • l’immigration : Royal devra défendre sa position droit-de-l-hommiste consistant à  adopter une posture généreuse, mais irresponsable (régularisation massive non contrôlée). Sarkozy qui a plus réfléchi sur la question devrait être plus à  l’aise, parce que décomplexé.

    Voyez-vous d’autres points majeurs de désaccord ? En tout cas, nous on sera en famille pour regarder le débat, avec une bonne bouteille de vin et une pizza ! Et vous ?

  • L’hà´pital en France : le désastre …

    Expérience

    A l’occasion de l’accouchement de ma femme, nous avons découvert le fonctionnement d’une des maternité les plus réputées de France : celle de Cochin/Port Royal. Autant le dire tout de suite, nous avons été attérés par :

    • le niveau de l’accueil pendant la grossesse (quasiment aucune information, gynécologue à  la limite du désagréable)
    • le niveau de qualité de l’environnement après l’accouchement, qui fluctuait entre médiocre et pitoyable (informations contradictoires, bruits, taille des chambres, ronde du personnel en fin de garde qui réveille tout le monde, non-assistance à  ma femme lors d’une baisse de tension, locaux délabrés) : comment se reposer après avoir accouché dans ces conditions stressantes ?

    Questions directes

    Cela pose tout de suite deux questions :

    • où est cette super maternité que tout le monde vante ? est-ce cela le « super hôpital » français, que des réformes viendrait mettre à  mal ?
    • pourquoi ne pas faire payer aux clients de l’hôpital le service qu’ils utilisent, pour améliorer celui-ci ? cela n’empêche pas d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, que je sache

    Réponse brutale ?

    Une voie me parait très efficace pour sortir de cet état désastreux : changer le statut des hôpitaux afin que chaque hôpital puisse être géré comme une entreprise autonome. Chaque client doit être rentable ; et les hôpitaux sont en concurrence les uns avec les autres…Bien sûr, une proposition ce style déclenche forcément des cris de chouettes « mais, c’est livrer la santé au marché ! » (comme si l’économie n’avait pas sa place dans la gestion des hôpitaux) ou « c’est exclure les pauvres et créer une santé à  deux vitesses » (comme si rendre les hôpitaux profitables excluaient d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, et comme si la santé en France n’était pas déjà  à  deux vitesses…).

    Avantages d’un peu de libéralisme … intelligent

    Détaillons un peu les avantages d’un système un peu plus libéral :

    1. amélioration sensible de la qualité du service (public) rendu : c’est le but même. Pour rendre un service correct, il faut avoir les moyens de le financer, et un mode de fonctionnement dont le but est de l’améliorer ! C’est le seul moyen pour replacer le patient au coeur des préoccupations de l’hôpital.
    2. diminution des coûts indirect liés à  ce service : si le client paye directement l’hôpital, il n’y plus besoin d’utiliser des fonctionnaires pour collecter les impôts liés à  la santé, ni pour redistribuer cet argent
    3. meilleure justice globale du système : au lieu d’aider tout le monde mal pour un service médiocre, on pourra aider ceux qui en ont besoin, bien, et pour un service de qualité ! Nous avons payé, alors même que nous avons un niveau de vie comfortable, la même chose à  l’hôpital qu’une personne seule qui touche le Smic ! Où est la justice ?
    4. Payer mieux le personnel hospitalier : si l’hôpital redevient rentable, le personnel sera mieux payé, mieux formé, et aura plus de perspectives d’évolution

    Mon père, qui connait bien le milieu hospitalier, m’a expliqué à  cette occasion que l’hôpital n’est pas organisé pour les patients, mais pour le corps médical ! Peut-être un peu provocateur, mais cela correspond à  ce qu’on y a vu : quand vous venez de réussir endormir votre bébé, qu’il est 1h du matin, que vous avez accouchée la veille, et qu’une infirmière débarque dans la chambre en réveillant tout le monde pour demander si le bébé a mangé, il y a tout de même lieu de se demander si sa préoccupation principale est le repos de la mère, la nourriture du bébé ou la fin du tour de garde de l’infirmière avec l’esprit tranquille !
    Il y a du boulot, mais c’est possible : il suffirait (quels sont les freins à  celà  ?) de rendre chaque hôpital autonome financièrement, et responsable de ses résultats. Si chaque patient est un client qui paye, il sera en droit d’être exigeant quant au service rendu, non ?

    Quelques constats de J. Marseille

    Dans son excellent – et flippant – livre « Le grand gaspillage« , Jacques Marseille donne quelques exemples et explications du dysfonctionnement de l’hôpital, dans le chapitre « Le gaspillage de l’Etat médecin ». En très gros résumé (il faut lire ce livre absolument!) :

    • la France dépense 10% de son PIB dans la santé, contre 8% en moyenne dans les autres pays de l’UE. La France a donc le meilleur système de santé ? non : une étude comparative avec le Danemark, la Suède, l’Allemagne et la Grande-Bretagne montre, sur un panel relativement large de pathologie fréquentes, que la France est la moins bien dotée…les principales raisons sont :
      • surconsommation de médicaments
      • nombre élévé d’actes chirurgicaux
    • le système de santé français, malgré ce que peuvent en dire les farouches défenseurs de l’immobilisme, est injuste et répartit mal son effort selon les classes sociales et selon les régions : que ce soit pour la mortalité, ou pour l’accès aux soins il y a de très fortes inégalités dans le système français (pour une dépense donnée, l’ouvrier a quatre fois moins recours à  un spécialiste que le cadre sup)
    • le système français favorise, par sa non distinction, les comportements à  risques : le fumeur alcoolique qui roule bourré le soir paye la même chose que la mère de famille sage qui mène une vie rangée et peu risquée

    Il faut lire ce livre, qui détaille tous les audits réalisés sur le système de santé (Cour des Comptes et Inspection générale des affaires Sociales), et donne beaucoup de chiffres choquants, symptomatiques du gaspillage organisé qu’est le système de santé public en France. Un exemple, 56 administratif pour 100 lits sur les grands hopitaux parisiens, et pourtant – dixit la Cour des Comptes, parlant de l’Assistance Publique – Hopitaux de Paris – l’AP-HP:

    …gestion peu rigoureuse sans clarté comptable, marchés publics illégaux, budget d’exploitation gonflé artificiellement de plusieurs milliards, gestion stratégique absente, fragilité périlleuse…

    Pendant ce temps les internes bossent 60h par semaine, payé 1500€ !
    Après avoir listé et passé en revue les gaspillages et les fraudes, J. Marseille conclue (c’est moi qui met en gras):

    Autant dire qu’il n’exite aucune contradiction entre la volonté de diminuer les gaspillages et celle d’assurer la santé et la solidarité des Français. Mais, dans ce système à  guichet ouvert qu’est devenue la « Sécu », trop d’intérêts poussent à  l’augmentation de la dépense : les présidents des conseils d’administration des hôpitaux, qui sont les maires de leurs communes, soucieux, à  ce titre, de maintenir l’emploi et de satisfaire lerus électeurs ; les directeurs d’hôpitaux qui s’opposent à  la fermeture des établissements vétustes ou inutiles (le dixième d’entre eux) qu’ils dirigent ; le patronat, soucieux du devenir des cliniques privées et de l’avenir des industries pharmaceutiques ; les médecins qui confondent trop souvent contrôle des dépenses et atteint à  l’éthique médicale; les syndicats de salariés, majoritaires aux conseils d’administration de la CNAMTS et qui y placent leurs permanents, multipliant les stages de formation dont nous avons vus au chapitre précédent à  quoi ils servaient réellement […les milliards collectés pour la formation professionelle servent largement à  financer les organisations syndicales…]. « Médecine à  deux vitesses », « rationnement », « tiers payant inflationniste », « défense des personnels de santé », autant de formules creuses et incantatoires qui masquent l’alliance contre-nature des syndicats de salariés et des médecins libéraux pour s’opposer à  un réel débat démocratique, celui qui porterait sur la nécessité de garantir le droit aux soins tout en contrôlant l’usage des prélèvements qui pèsent sur les assurés et les contribuables.

  • Propositions de réformes pour l’école : à  lire !

    Dans une lettre ouverte sur l’injustice scolaire, et cosignée par plusieurs associations (tendance école libre), Anne Coffinier et Marc Gaucherand proposent – après avoir dressé un bref état des lieux catastrophique de l’école en France – des réformes pleines de bon sens pour améliorer le fonctionnement de l’école en France. Je pense qu’elle valent le coup d’être lues. D’abord parce qu’elle montrent des pistes de progrès intéressantes, et d’autres part parce qu’elles montrent, indirectement, que tous ces points ne sont pas encore d’actualité. A discuter pendant les débats pré-présidentielles, ou est-ce là  un sujet trop important pour que les candidats prennent le risque de s’y aventurer ?
    Selon les auteurs, il faut donc que l’Etat accepte de :

    • Promouvoir l’initiative des professeurs
    • Reconnaître leur entière liberté pédagogique, pour qu’ils puissent s’adapter aux réalités et innover
    • Les évaluer non sur leur docilité à  appliquer les instructions pédagogiques mais sur les progrès des élèves
    • Les laisser libres de choisir leur établissement
    • Re­connaître l’autonomie de gestion des établissements
    • Reconnaître la li­berté du directeur de l’école à  constituer et « manager » librement son corps enseignant, sous le contrôle de son conseil d’administration, afin de garantir l’indispensable cohérence de la communauté éducative
    • Financer tous les établissements au prorata des élèves qui y sont librement inscrits ;
    • Responsabiliser les familles
    • Permettre à  chaque famille de choisir l’école de ses enfants au sein de l’ensemble des écoles publiques ou privées existantes, afin de favoriser son implication dans l’établissement et le parcours scolaire
    • Adapter le financement pour que les choix soient finan­cièrement équivalents
    • Diversifier l’offre scolaire
    • Encourager les partenariats entre établissements scolaires et collectivités locales, entreprises ou instituts de recherche, pour permettre le développement d’établissements à  forte identité aussi diversifiés que possible, qui constitueront autant d’atouts cultu­rels et économiques pour leur région
    • Supprimer le monopole de la collation des grades par l’État et reconnaître la diversité des diplômes et des formations
    • Favoriser l’ouverture de nouveaux établissements, là  où le besoin s’en fait sentir, grâce à  un financement assoupli
    • Défiscaliser les investissements au profit des écoles
    • N’envisager le maintien ou la fermeture d’écoles qu’en fonction des résultats

    Voilà  à  mon sens de bon conseils, emprunts de trois qualités qui manquent souvent à  l’Etat lorsqu’il devient gestionnaire : la souplesse, la culture du résultat, et l’amour de la liberté individuelle.

  • Les nécessaires réformes, ou la réalité en face

    Dans un article paru dans Le Monde le 22/10/2006, Eric le Boucher écrivait un article très intéressant et très direct intitulé « Adaptation obligatoire » (texte intégral trouvé sur FulcanelliPolitik). Sa réflexion écarte d’emblée les extrêmes (gauche et droite), ce qui semble toujours un préalable utile.
    Cet article part du constat fait par un professeur d’Harvard (Philippe Aghion) dans le cadre d’un think tank belge (BRUEGEL) : en très gros résumé, la raison pour laquelle l’Europe voit son PIB progresser nettement moins vite que celui des Etats-unis — par exemple – est le fait que les pays de la zone EU (dont la France) n’ont pas intégré les réalités suivantes dans leur fonctionnement :

    1. L’innovation est le moteur de la croissance, il faut donc booster les dépenses de R&D et de recherche. Mais il faut également mettre l’accent sur les voies indirectes de l’innovation, c’est-à -dire créer les conditions micro et macro-économiques de la croissance (favoriser la création d’entreprise et la concurrence, l’éducation, l’efficacité du marché du travail, le développement financier et conduire des politiques fiscales cohérentes)
    2. Les politiques de R&D et de réformes structurelles doivent être mise en cohérence
    3. Des politiques d’accompagnement des réformes doivent être menées pour aider les secteurs qui participent moins à  la croissance par l’innovation, et aider les acteurs de ces secteurs à  se reconvertir
    4. Une priorisation des réformes est indispensable en évaluant le ratio (participation à  la croissance)/(coût social) de chaque réforme, afin de savoir quelles sont les priorités, et quelles sont les réformes à  mener conjointement

    La France ne s’est pas adaptée à  ces changements profonds de culture, et de mode de fonctionnement. Elle pratique l’imitation, au lieu d’innover pour de bon.
    Fort de ce constat, Eric Le Boucher liste les recommandations faites aux futurs candidats à  la présidentielle par trois hommes politiques de droite, du centre et de gauche (Baverez, Camdessus et Attali), en ne conservant que la partie des recommandations que l’on retrouve chez les trois auteurs. Il faut — selon ces trois auteurs, donc – que les hommes et femmes politiques :

    1. Fassent la pédagogie de cet ordre neuf.
    2. Décident d’un investissement d’ampleur nationale pour entrer  » hardiment » (Camdessus) dans la croissance par l’innovation. Il n’est que temps de mettre le paquet sur l’université et sur la recherche-développement publique et surtout privée. Un zéro de plus aux budgets doit être le slogan et l’efficacité mesurable, la règle
    3. Combattent les rentes (notamment celles accrochées à  l’Etat) pour favoriser la création. « Créer, attirer et retenir une classe créative », résume Jacques Attali. « Lever tous les obstacles au dynamisme entrepreneurial », écrit Camdessus. « Stopper l’hémorragie des talents », dit Baverez.
    4. Incitent à  travailler plus, ce qui est la seule solution pour rétablir une société équitable. « Un Français produit 35 % de moins qu’un Américain durant sa vie active », calcule Attali, voilà  la source première de l’appauvrissement relatif.

    Cela confirme bien, à  mon avis, le statut particulier de l’élection présidentielle à  venir : la question n’est pas tellement de savoir quels sont les programmes, ni qui va les défendre. La question est de savoir si celui — ou celle — qui sera élu(e) aura le courage politique de mettre en oeuvre les réformes objectivement nécessaires. Pour moi la réponse est assez évidente : Sarkozy est le seul capable de faire cela ; il parait en tout cas faire sienne – sans tabou – la devise suivante, si importante dans le travail comme dans la vie pour mener le changement à  bien :

    Faire ce qu’on dit, dire ce qu’on fait.