
Les gens qui se battent pour la libre entreprise ne défendent pas les intérêts de ceux qui se trouvent aujourd’hui être riches.
Ludwig Von Mises (1881-1973)
économiste autrichien, puis américain.
Les gens qui se battent pour la libre entreprise ne défendent pas les intérêts de ceux qui se trouvent aujourd’hui être riches.
Ludwig Von Mises (1881-1973)
économiste autrichien, puis américain.
Lorsque l’on discute au Café du Commerce, la discussion finit souvent sur une comparaison des USA (ou du Royaume-Uni) et de la France. Et lorsque l’on avance l’argument consistant à dire que les USA sont plus riches que nous, on se voit rétorquer quasi-invariablement l’argument massue : « ils sont plus riches globalement, mais ce sont les riches qui en profitent ! les inégalités là -bas sont énormes ! Ils ont plus de pauvres au final que nous. Quel super système qu’un système qui produit plein de richesses et plein de pauvres ! ». A cela il n’y a qu’une réponse : aller regarder les chiffres et la réalité…
Une première mise en garde consiste à rappeler qu’inégalité n’est pas synonyme de pauvreté. Une deuxième étape dans la réflexion consiste à préciser que si les inégalités peuvent être choquantes, elles ne sont pas vécues, pensées et compensées de la même manière dans toutes les sociétés.
Pour ne pas tout confondre, il est également utile d’aller regarder les comparaisons chiffrées, et d’en retenir les conclusions.
Une étude très complète se trouve sur le site de Daniel Martin : j’en rappelle ici les principales conclusions :
En définitive, à niveau de vie comparable, les taux de pauvreté américain, 12.5 %, et français, 11.7 %, sont très voisins. Dans ce domaine aussi, la vérité des chiffres dément les allégations de nos concitoyens antiaméricains qui essaient de nous faire croire que les Américains sont bien plus malheureux que nous. Rappelons-nous que :
- Le taux de chômage français fin 2006 est de 8.8 %, alors qu’il est de 4.4 % aux Etats-Unis selon le Department of Labor (ministère du travail des Etats-Unis), statistique téléchargée le 30/11/2006 de la page d’accueil http://www.bls.gov/
- Le niveau de vie moyen est 50 % plus élevé aux Etats-Unis qu’en France.
- La France reprend l’avantage en matière d’inégalités de revenu disponible, avec un indice de Gini de 0.268 contre environ 0.466 aux Etats-Unis (où les impôts ne changent pas beaucoup cet indice).
Pour bien comprendre pourquoi, malgré ces chiffres éloquents, on entend souvent parler d’une proportion inquiétante de pauvres aux USA, il est bon d’aller lire l’excellent article de Christophe Vincent, « Le seuil de pauvreté, un indicateur qui n’indique rien. » Il faut vraiment lire cet article court, simple à comprendre et direct. Il y redéfinit deux notions importantes : le salaire médian, et le seuil de pauvreté.
Christophe Vincent montre ensuite, à l’aide d’un exemple limpide, comment le seuil de pauvreté ne permet ni de refléter la réalité de la pauvreté, ni de comparer deux pays. L’exemple est très simple : on considère deux populations, avec deux répartitions de revenus. Extrait :
Supposons qu’aux États-Unis, 30% des habitants aient un revenu compris entre 200 et 300 KF, que 20% aient un revenu compris entre 300 et 600 KF, et que les 50% restants aient un revenu encore supérieur. Le revenu médian pour la population des États-Unis serait alors de 600 KF ( 50% gagnent plus, 50% gagnent moins ). Le « seuil de pauvreté » serait donc de 300 KF (la moitié du revenu médian). Trente pour cent des habitants des États-Unis vivraient en dessous du « seuil de pauvreté »! Mais avec un revenu compris entre 200 et 300 KF, pourrait-on vraiment dire que les États-Unis comptent 30% de pauvres?
Supposons maintenant qu’en France, 50% des habitants aient un revenu compris entre 50 et 100 KF, les autres 50% ayant un revenu supérieur. Le revenu médian français serait donc de 100 KF. Le « seuil de pauvreté » serait de 50 KF. Personne en France ne vivrait donc en dessous de ce fameux « seuil de pauvreté »! Pourrait-on dire pour autant que la France ne comporte que des gens riches?
Avec ces deux exemples, on voit déjà bien que ce prétendu seuil de pauvreté ne reflète absolument pas la réalité de la pauvreté.
Mais en plus, il ne permet absolument aucune comparaison entre les différents pays, le « seuil de pauvreté » de chacun n’étant pas le même. Dans notre exemple, pourrait-on sérieusement soutenir que la situation des Français est plus enviable que celle des Américains?
Ce seuil de pauvreté est donc un très mauvais indicateur. On ne peut en tirer aucune conclusion valable. C’est un indicateur… qui n’indique rien du tout. Il ne permet pas de dire si les 19% d’Américains considérés comme pauvres sont réellement pauvres. Il ne permet pas de dire s’il y a trois fois plus de pauvres aux États-Unis qu’en France (ce dont je doute).
Ce « seuil de pauvreté » n’a en fait qu’un seul intérêt: c’est un bon épouvantail. Les adversaires du libéralisme de mauvaise foi n’ont donc sans doute pas fini de l’agiter.
Que dire de plus ? Maintenant, si au détour d’une conversation quelqu’un dénonce le système américain à cause de son injustice (rendez-vous compte : 19% de pauvres, ma bonne dame!), vous pourrez lui dire que ce n’est pas si simple, ou mieux, l’envoyer ici pour lire cet article ! ;)
L’argent est préférable à la pauvreté, ne serait-ce que pour des raisons financières.
Woody Allen
Je ne m’étais pas trop tenu au courant pendant ce long week-end sur la polémique liée aux vacances de Sarkozy, près de Malte, sur un yacht appartenant à Vincent Bolloré. Mais comme Pap’ m’a donné son avis là -dessus dans un mail, je met un billet pour permettre à ceux qui le veulent de donner leur avis sur cette question (Pap’, je compte sur toi pour expliquer en commentaire ton point de vue, parce que je ne suis pas d’accord avec toi !). Sarkozy a déjà expliqué qu’il était hors de question qu’il s’explique plus longtemps là -dessus.
Deux approches se confrontent : je liste ci-dessous des arguments qui me semblent recevables (pour et contre, en gros)…A vous de donner votre avis et participer à la discussion !
Des arguments que l’on doit retrouver dans la bouche de ceux qui critiquent ce choix de vacances…
…et des arguments que l’on doit retrouver dans la bouche de ceux qui approuvent, ou s’en tapent, de ce choix de vacances :
Ma position là -dessus est claire : je m’en fous complètement et très sincèrement du lieu de vacances de Nicolas Sarkozy, à partir du moment où c’est son argent qu’il dépense ! Et je pense que les critiques portant sur le fait que le Yacht appartient à Bolloré sont infondées. A force de critiquer systématiquement les relations existantes (et nécessaires) entre politique et secteur privé, on finit par cacher les choses, et à rendre suspect toute forme de relation. Ce qui est condamnable, ce sont les abus de pouvoir, le copinage caractérisé. Oui au lobbying, oui à l’établissement de règles claires et strictes pour éviter les erreurs commises dans le passé, mais non à l’hypocrisie : c’est normal et inévitable que les politiciens connaissent bien les grands patrons des médias, de l’industrie et de la finance. Ce qui est critiquable et anormal, c’est s’ils en abusent !
Pour résumer ma pensée : je n’aurais pas fait comme Sarkozy, mais ça ne me choque pas qu’il fasse ça ! c’est du domaine de la liberté individuelle, non ?
Et vous, que pensez-vous de ces vacances luxueuses de notre nouveau président ? Etes-vous choqués ? Approuvez-vous sa conduite ? vous-en foutez vous complètement ?
J’ai écouté l’autre jour à la radio un débat qui était complètement faussé (sur BFM, très bonne radio par ailleurs) , simplement du fait que tous les participants utilisaient le mot « inégalité » comme synonyme de « pauvreté ». Créer de l’inégalité équivalait implicitement dans leur discussion à créer de la pauvreté ? Rien n’est moins sûr, pourtant…
Tout cela m’a fait repenser à un passage de l’excellent « La guerre des deux France », où Jacques Marseille compare les progressions de niveau de vie aux USA et en France sur une période de 20 ans, ainsi que les progressions des inégalités. La conclusion est simple :
La question — centrale, à mon avis – que pose ensuite J. Marseille est la suivante :
Vaut-il mieux vivre plus riche dans une société plus inégalitaire, ou plus pauvre dans une société plus égalitaire ?
Cela force à s’interroger sur le type de société que l’on veut construire, et sur ce qu’il est possible de faire. L’inégalité est-elle moins souhaitable que la pauvreté ? La richesse est-elle moins souhaitable que l’égalité ? Peut-on créer en même temps de la richesse et de l’égalité ?
C’est toute la question des rôles respectifs de l’économie et de la politique qui se joue sur ces questions…on ne peut pas en tout cas pas les régler d’un trait de plume, en assimilant « inégalité » et « pauvreté ».
Si vous voulez plus de chiffres, allez faire un tour sur ces deux liens :