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  • La gauche et le capitalisme

    Retour sur un article de Michel Rocard, paru le 06 mars 2008. Sous couvert d’un discours convenable et ouvert, on peut y lire un discours proche des vieilles rengaines anti-capitalistes de la gauche. Retour sur quelques points clefs de cet article, pour en disséquer un peu l’idéologie sous-jacente, et/ou le public visé…
    (suite…)

  • Les galimatias du PS

    Le deuxième forum pour la rénovation du PS, au titre ambitieux (« Les socialistes et le marché ») a-t-il permis au PS de clarifier sa ligne idéologique ?Il semble bien que non, puisque Hollande y affirme reconnaitre l’économie de marché, mais vouloir combattre le libéralisme. C’est à  dire qu’il fait l’apologie de la principale source de création de richesse, mais en niant ses assisses philosophiques. L’économie de marché sans le capitalisme, et sans le libéralisme, ça s’appelle une économie planifiée, et – le passé le prouve – ça n’a jamais crée la moindre richesse. D’ailleurs, ça ne mérite pas vraiment le nom d’économie de marché.

    Rénovation du PS ?

    Voilà  ce que disait François Hollande, en clôture du deuxième forum de la rénovation du PS, à  la Cité des Sciences de la Villette à  Paris :

    S’il y a un aggiornamento à  faire, c’est que nous reconnaissons l’économie de marché, mais que nous avons un rapport critique au capitalisme et que nous combattons le libéralisme

    Il a également dit :

    Selon le numéro un du PS , l’économie de marché est « sans doute la forme la plus efficace pour produire de la richesse ». Mais, a-t-il ajouté, « nous ne la confondons pas avec le capitalisme (…) ou le libéralisme.

    Voilà  qui est heureux : trois termes riches comme cela, il serait dangereux de les confondre ! Mais voyons ce qu’ils veulent dire pour comprendre le sens du message du premier secrétaire du PS.

    Revoyons les bases

    Prenons François Hollande au mot, et suivons son raisonnement. Il reconnait que l’économie de marché est la forme la plus efficace pour produire des richesses. La définition donnée par le dictionnaire est la suivante :

    Economie de Marché
    ÉCON., ÉCON. POL. Économie de marché. Conception des relations commerciales fondée essentiellement sur l’équilibre des achats et des ventes, sur l’état de l’offre et la demande. Anton. économie dirigée, planifiée

    L’offre et la demande, c’est de laisser faire la régulation naturelle, par le biais des fluctuations des prix, entre l’offre et la demande. Ok. Qu’est-ce donc, maintenant que le capitalisme, et pourquoi faut-il un regard critique dessus (hormis le fait qu’il est toujours bon de garder son sens critique pour bien raisonner) ?
    CAPITALISME :

    • A.− Système économique caractérisé par la concentration de gros capitaux en vue de promouvoir la production et les échanges commerciaux.
    • B.− Système économique et social qui se caractérise par la propriété privée des moyens de production et d’échange et par la recherche du profit. Anton. socialisme, communisme.
    • − HIST. ÉCON. Capitalisme industriel (libéral ou de libre échange, concurrentiel). Mode de production basé sur la libre concurrence des entreprises.

    Il me semble relativement clair que le capitalisme est intrinsèquement relié au commerce, et à  l’activité humaine. Quelle économie de marché sans capitalisme ? Quel capitalisme sans économie de marché ? Les deux sont basés sur la reconnaissance de la liberté individuelle des acteurs, des droits de propriétés, et sur la capacité des humains à  s’adapter à  leur environnement en intégrant les informations qui sont à  leur disposition. L’économie de marché et le capitalisme émergent naturellement des activités humaines de commerce, pour peu qu’elles soient laissées libres d’évoluer. J’aimerais que François Hollande explicite ce qu’il entend par « nous ne confondons pas l’économie de marché avec le capitalisme ».

    Anti-libéralisme

    Pour comprendre ce que signifie « combattre le libéralisme », il faut également revenir à  la définition du libéralisme. Je l’avais déjà  rappelé ici, mais les rappels font toujours du bien, pour ceux – du moins – qui souhaitent parler une langue commune et partager, confronter leurs idées.
    Libéralisme :

    1. [Sur le plan moral] Attitude de respect à  l’égard de l’indépendance d’autrui, de tolérance à  l’égard de ses idées, de ses croyances, de ses actes.
    2. [Sur le plan politique ou socio-économique]
      1. Attitude ou doctrine favorable à  l’extension des libertés et en particulier à  celle de la liberté politique et de la liberté de pensée. En partic. Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l’autorité arbitraire d’un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats). Anton. autoritarisme
      2. Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l’intervention) de l’État dans l’entreprise, les échanges, le profit. Anton. dirigisme, étatisme, interventionnisme, planisme.

    A nouveau, il serait très intéressant que François Hollande précise le sens de « combattre le libéralisme ». Est-ce être intolérant à  l’égard d’autrui ? Est-ce être opposé à  l’extension des libertés politiques et de la liberté de pensée ? Est-ce prôner l’autorité arbitraire d’un gouvernement ou d’un groupe de pression à  l’encontre des individus ? Non, bien sûr ! Dans sa bouche, il s’agit, conformément au dernier sens de la définition, de prôner l’intervention étatique, la planification centrale de l’économie. Il serait bon qu’il précise cela, et évite de pratiquer l’approximation de langage douteuse consistant à  montrer du doigt une pensée qui est un humanisme : Hollande n’est pas anti-libéral, il est seulement communiste. Qu’il le dise, alors ! Au lieu de continuer à  vouloir flatter l’extrême gauche dans un grand écart conceptuel que l’obscurité de sa phrase ne parvient pas à  dissimuler.

    Enfumage marxisant

    Pour illustrer tout cela, voici quelques paroles de Michel Rocard datant d’août 2005 (et dont je rappelle la source dans ce billet) :
    Il faut jeter à  la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à  la réalité. Nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante! Ils ont bien plus influencé et amendé leur société que nous-mêmes. En 1932, les sociaux-démocrates suédois, tout juste arrivés au pouvoir, ont organisé un congrès de crise en constatant que leur programme nationalisateur et dirigiste était inopérant. Nos amis allemands ont organisé leur congrès de Bad Godesberg parce que leurs militants échappés d’Allemagne communiste les ont convaincus du primat de la liberté sur l’économie administrée. Felipe Gonzalez, juste après la mort de Franco, a mis en jeu sa carrière pour convaincre ses camarades qu’une ligne pseudo-marxiste les conduirait à  l’échec. […] Comment peut-on être intelligent, participer à  des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique? Cela me sidère et me navre. Je vois évidemment d’où vient cette influence. Elle est liée au fétichisme marxiste et à  l’inculture économique française. On n’enseigne pas l’économie réelle à  nos enfants. Mais des enseignants adhèrent au fatras d’Attac… Il faut s’affirmer face à  ces simplismes et ne plus les subir.
    Pour finir, une dernière définition, qui permet de caractériser précisément la phrase de François Hollande :

    GALIMATIAS :

    Discours confus qui semble dire quelque chose mais ne signifie rien.

  • Distinction entre responsabilité et conviction

    Quelques temps avant l’élection présidentielle, Alain Boyer (professeur de philosophie politique à  l’université de Paris-IV – Sorbonne), avait écrit un excellent article dans le Figaro. Son titre ? « Si vous êtes vraiment de gauche, votez Sarkozy! ». Cet article est vraiment excellent, clair et concis à  la fois. Je ne peux que vous conseiller de le lire !
    Je reviens dessus simplement parce que la distinction qu’il fait dès le début entre « morale de conviction » et « morale de responsabilité » est essentielle, et me parle beaucoup. On retrouve partout, en politique comme au travail, cette ligne de scission entre convictions et responsabilités.
    Max Weber et Raymond Aron ont in­sisté sur deux atti­tudes possibles : la morale de la conviction, qui ne s’intéresse pas aux effets de l’ac­tion mais seulement à  ses intentions, et la morale de la responsabilité, qui cherche à  anticiper les conséquences d’une action avant d’arbitrer, parfois dans la douleur, en sa faveur. Cette morale n’a rien à  voir avec le « réalisme » amoral. Mais elle tient qu’il est immoral de poser au moraliste intègre sans s’interroger sur le bilan prévisible de ses actes. On peut opposer, comme le philosophe « républicain » Philip Pettit, le fait de vouloir « honorer » une valeur et celui de chercher à  la « promouvoir ». Seule cette atti­tude-ci est responsable.
    Il décrit ensuite, à  l’aide d’exemple concrets, la différence entre ces deux attitudes. Vraiment, il faut lire cet article magistral !
    Pour finir, la conclusion de l’article :
    Aujourd’hui, vu l’état du pays, il faut avoir le courage de pro­poser certaines réformes dites « libérales », incitatives, et ­né­gociées avec ceux qui, comme la CFDT, acceptent de ne plus considérer la politique en démocratie comme une guerre, un conflit à  somme nulle, mais comme une délibération commune suivie de compromis.
    Quiconque veut promouvoir les valeurs sociales devra en passer à  l’heure qu’il est par des réformes dites « libérales », conditions sine qua non de la sauvegarde des retraites et de la Sécurité Sociale. La justice doit prendre en compte les générations futures. Les hommes et les femmes politiques de progrès sont ceux qui ont cessé de prendre les électeurs pour des idiots économiques – cessant de faire comme s’il suffisait de « faire payer les riches », de s’endetter et de moins travailler – et se donnent les moyens de promouvoir réellement la liberté, l’égalité et la solidarité.
    Quant aux émotifs qui méprisent les « calculs » et la « rentabi­lité », rappelons cette phrase de l’économiste marxiste Charles Bettelheim, citée naguère par Michel Rocard : « Quand on cesse de compter, c’est la peine des hommes que l’on cesse de compter ». Même si l’on peut en critiquer certains aspects, seul le programme économique de Nicolas Sar­kozy, comme l’était celui, très proche, de François Bayrou, semble en mesure de promouvoir à  long terme les valeurs du progrès social, de la protection et de la liberté. La démarche d’hommes de gauche comme Christian Blanc et Eric Besson n’est donc pas une trahison de leurs valeurs. Français, encore une effort pour promouvoir les valeurs de gauche !

  • Vers un parti social-démocrate français ?

    Grosse participation et chute des extrêmes

    La participation a été plus forte que jamais, les extrêmes ont été plus bas que jamais : vive la démocratie ! Voilà  les résultats définitifs :

    1. Sarkozy : 31,1%
    2. Royal : 25,8%
    3. Bayrou : 18,5%
    4. Le Pen : 10,5%
    5. Besancenot : 4,1%
    6. Villiers : 2,2%
    7. Buffet : 1,9%
    8. Voynet : 1,6%
    9. Laguiller : 1,3%
    10. Nihous : 1,1%
    11. Bovet :1,3%
    12. Schivardi : 0,3%

    Victoire de Sarkozy au second tour ?

    Faisons l’addition bêtement : la moitié des électeurs de Bayrou vont à  Sarkozy, et l’autre à  Royal ; répartissons ensuite les extrêmes et petits partis sur leur allié « naturel ». On obtient le score suivant pour le second tour :
    Sarkozy : 54,1%
    Royal : 45,5%
    Bien sûr, des calculs savants montreront certainement un écart plus réduit…mais l’essentiel, c’est que, pour l’instant Sarkozy est en tête, et que Royal doit refaire son retard. Je doute qu’elle y parvienne. En effet, hier, lors de la soirée télévisée (je regardais TF1), j’ai été surpris par ces deux faits surprenants :

    • l’absence des lieutenants de Royal, et le niveau très bas de ceux qui étaient présents ; J’ai vu Fillon, Bertrand, Borloo, tous très bons…côté Royal, je n’ai vu que Hollande et Fabius (l’homme à  la veste bi-face) : où étaient les Drey, les Montebourg ? L’équipe me semble beaucoup plus solide du côté de Sarkozy
    • L’incroyable problème de diction de Royal : c’est extraodinaire de voir la différence entre Bayrou et Sarkozy, qui semblent penser ce qu’ils disent et y mettre de la sincérité et de la conviction, et Royal, qui parle comme un robot, et semble ne pas même comprendre ce qu’elle dit (je sais que ce n’est pas le cas, mais quelle extraodinairement mauvaise communicatrice !)

    Vers un parti social-démocrate ?

    En plus de cette impression de nullité du PS, l’intervention de Cavada (UDF) a consisté à  dire que la force politique de l’UDF était « démocratique » et « sociale », en insistant sur ces deux mots. De là  à  dire que certains pensent à  la création d’un nouveau parti de gauche, social-démocrate (comme toutes les gauches européennes), à  partir de l’UDF et des transfuges PS intelligents (Kouchner, Rocard et autres), il n’y a qu’un a pas, que j’aimerais bien voir franchi. Cela permettrait de laisser les restes du PS croupir avec leur copains d’extrême gauche, tous plus pitoyables les uns que les autres, et redonner au bipartisme toute sa force : la droite française a fait son renouveau avec Sarkozy, à  quand celui de la gauche ?

  • La vraie gauche française existe !

    Petit jeu : qui a dit ça ?
    Il faut jeter à  la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à  la réalité. Nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante! Ils ont bien plus influencé et amendé leur société que nous-mêmes. En 1932, les sociaux-démocrates suédois, tout juste arrivés au pouvoir, ont organisé un congrès de crise en constatant que leur programme nationalisateur et dirigiste était inopérant. Nos amis allemands ont organisé leur congrès de Bad Godesberg parce que leurs militants échappés d’Allemagne communiste les ont convaincus du primat de la liberté sur l’économie administrée. Felipe Gonzalez, juste après la mort de Franco, a mis en jeu sa carrière pour convaincre ses camarades qu’une ligne pseudo-marxiste les conduirait à  l’échec.
    et une autre pour la route :
    Comment peut-on être intelligent, participer à  des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique? Cela me sidère et me navre. Je vois évidemment d’où vient cette influence. Elle est liée au fétichisme marxiste et à  l’inculture économique française. On n’enseigne pas l’économie réelle à  nos enfants. Mais des enseignants adhèrent au fatras d’Attac… Il faut s’affirmer face à  ces simplismes et ne plus les subir.
    C’est Michel Rocard qui disait celà , dans une interview donnée au Nouvel Observateur, retrouvée sur Réformisme et Rénovation (R2).
    Quel dommage qu’un homme aux idées claires comme cela ne fasse partie du PS…La vraie gauche française, sociale-démocrate et débarrassée de ses démons extrême-gauchistes, existe : seul problème, elle n’est pas au PS !