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  • Interview d’Alain Boyer : onzieme et derniere partie !

    Suite et fin de l’interview d’Alain Boyer, professeur de philosophie politique à  la Sorbonne. Après les deux précédentes parties consacrées à  Karl Popper, la dernière partie est consacrée aux réformes entreprises dans le domaine de l’enseignement supérieur. Aux blocages, et aux voies de progrès…évoqués en septembre 2007, ça a déjà  changé depuis. Vous pouvez retrouver toutes les parties de l’interview dans le sommaire ! …Bonne lecture !

    J’avais essayé d’orienter quelques questions sur l’enseignement, pour finir, j’aimerais bien revenir sur ce qui se passe, concrètement en France, sur ce que le gouvernement est en train d’essayer de mettre en place. Puisque tu fait partie de l’Université, on a parlé d’autonomie des universités, de sélection à  l’entrée (ce n’est plus d’actualité) qu’en penses tu ?

    Moi je suis évidemment favorable à  ce qui a été décidé. à‡a faisait longtemps que les universitaires demandaient ce genre de réformes. Plus d’autonomie, plus de liberté de choix des programmes, que tout ne remonte pas nécessairement au ministère, que les universités puisse nouer des contrats sans forcément demander l’autorisation à  Papa l’Etat, des contrats régionaux, avec les entreprises,que les présidents d’université aient plus de pouvoir pour être plus efficaces. Alors le problème, c’est la sélection et puis les droits d’inscription.

    C’est les deux qui ont été laissés plus ou moins en stand-by cet été…
    Oui. Je pense qu’il serait bon d’augmenter les droits d’inscription pour financer les universités, à  condition évidemment de fournir un système de prêts et de bourses. Pour conserver une égalité. Mais qu’un fils d’avocat international qui gagne des millions d’euros, suive ses études pour 100 euros par an, c’est absurde !
    Surtout quand sait le manque de moyens à  l’université…

    Oui c’est terrible ! Je n’ai pas de bureau par exemple à  la Sorbonne. J’ai évidemment pas de secretaire pour moi, alors que dans de nombreux pays, un professeur d’université a un assistant payé, qui travaille pour et avec lui, qui fait des recherches, etc…

    Donc là  ça va plutôt dans le bon sens ?

    à‡a va plutôt dans le bon sens, le problème c’est que depuis l’affaire Devaquet en 1986 c’est presque intouchable, l’idée de droits d’inscription et de sélection. Alors, la sélection à  l’entrée, je la trouverais normale parce que les jeunes de 18 ans sont souvent mal conseillés, souvent mal orientés (sinon désorientés) — il y a par ailleurs en France un préjugé contre les études de technicien, qui sont pourtant tout aussi « nobles » que des études de fonctionnaires ou de prof – donc beaucoup de gens se retrouvent dans des fillières sans débouchés, en plus ils ne sont pas assez bons, alors il ratent leurs examens. On a quand même 5 fois plus d’étudiants en psychologie en France que la moyenne européenne. On n’a pas des millions de psychologues à  former!

    Oui des défauts d’orientation..

    C’est délicat, parce que je ne peux pas scier la branche sur laquelle je suis assis, en disant que la philo par exemple — où il n’y a pas beaucoup de débouchés – ….

    Il peut peut-être y avoir un peu moins d’étudiants…?

    Oui un peu moins et qui pariticipent au financement, sauf les plus pauvres, évidemment ! …

    Et alors est-ce que tu es optimiste ? Parce que le sentiment que j’ai eu — je suis impatient, et j’avais le sentiment que c’était le moment pour que beaucoup de choses changent — le sentiment que des sujets importants étaient laissés de côté pour ne pas justement faire un « Devaquet ». Est-ce que tu es quand même optimiste ?

    Je pense qu’il y a quelque chose, psychologiquement qui s’est débloqué. Il y a un verrou qui a sauté. Et j’espère que les organisations étudiantes seront raisonnables, et je pense d’ailleurs, L’UNEF en particulier, et ne vont pas faire comme c’est vraiment la tradition française, dès que le gouvernement fait un réforme on va dans la ue. C’est aberrant ! On ne peut plus rien faire…d’ailleurs, Sarkozy et Pécresse sont arrivés avec quelques milliards. Il y a quand même de l’argent là  pour la recherche. Pour terminer, je dirais que je suis quand même un peu inquiet parce que je pense que les effets positifs des débloquages psychologiques dont je parlais tout à  l’heure, n’auront peut-être lieu que dans 4 ou 5 ans. Pour la croissance en particulier. Or on n’a pas beaucoup de marges de manoeuvres, question budget. On est dans le rouge ! Alors c’est très bien si la recherche a plus d’argent, si la police et la justice ont plus d’argent, si les prisons sont enfin réformées, parce que c’est un enfer, c’est même bien si on diminue les impôts des riches entrepreneurs parce qu’ils vont revenir. Je ne suis pas pro-riche, loin de là , mais enfin si on les taxe trop, ils partent. On ne va pas mettre un mur de Berlin pour les empêcher. Il faut les faire revenir, les inciter. Mais tout ça, ça fait des dépenses. Les recettes, ça va être un tout petit peu la baisse du nombre de fonctionnaires…un tout petit peu !

    Oui, qui a déjà  été revu à  la baisse…

    Donc bon, on va voir si le talent du Président va pouvoir résister à  ce problème de trouver de l’argent, un problème tout bête de gestion. Sans augmenter la pression fiscale.

    C’est effectivement le point critique

    Ce qui me semble très bien c’est de diminuer les taxes sur les heures supplémentaires, et les taxes sur les emprunts. à‡a ça incite effectivement à  innover et à  embaucher. à‡a peut enclencher un dynamique positive. Mais bon je garde une petite inquiétude. Je reste prudent.

    C’est un conclusion qui me semble aller assez bien avec ta manière de penser : on jugera sur pièce, de manière objective et pas dogmatique. On verra ce qui se passe.

    Oui. simplement je voudrais dire qu’il a été élu démocratiquement. La démocratie, ça repose sur le fait que pendant la période (5 ans) où un gouvernement a été élu, et sauf s’il dépasse des limites morales inacceptables, il faut le laisser faire son boulot. Il faut le critiquer au Parlement, il faut éventuellement le critiquer par des manifs, etc., mais il ne faut pas le bloquer. à‡a, c’est la société bloquée, pas la société ouverte.

    Merci beaucoup à  toi.

    Merci à  toi !

    Voilà . La publication de cette interview est terminée. Je voudrais à  nouveau remercier Alain Boyer d’avoir accepté de me recevoir, et de répondre patiemment à  mes questions. C’est un peu étrange de terminer cette publication, j’aimais bien me replonger, au rythme de parution des articles, dans le souvenir de cette rencontre passionnante. J’espère que vous avez pris du plaisir à  la lire, et j’espère pouvoir vous en proposer de nouvelles au cours de cette année…
    Vous pouvez retrouver toutes les parties de l’interview dans le sommaire !

  • Interview de Sabine Herold

    Sabine HeroldAprès l’interview d’Aurélien Véron, j’ai le plaisir de vous présenter l’interview de Sabine Herold, candidate pour être présidente d’Alternative Libérale. Elle a gentiment accepté de répondre à  mes questions (par écrit), et je publie donc cette interview inédite en espérant qu’elle vous intéressera. Il est à  noter qu’Aurélien Véron et Sabine Herold sont les porteurs des deux listes en concurrence pour la présidence d’AL.

    (suite…)

  • Sarkozy l'anti-liberal

    J’ai entendu ce matin que le gouvernement et Sarkozy veulent peser sur la politique de l’emploi du groupe Alcatel-Lucent. Cela me désole. Non pas parce que les propositions qu’ils vont faire seront bonnes ou mauvaises. Mais simplement parce que ce n’est pas de leur responsabilité de décider de la stratégie des entreprises privées. Le conseil d’administration est responsable, devant les actionnaires, du choix du dirigeant à  qui il confie les rênes de la boite. Ce dirigeant (Patricia Russo) est responsable devant le conseil d’administration des résultats du groupe.
    Sarkozy, ou Lagarde, ne sont responsables en rien de la stratégie d’Alcatel-Lucent. Ils n’ont aucune légitimité pour décider si telle ou telle décision est légitime ou pas. C’est leur intervention dans ces affaires qui est illégitime. Encore une fois, ce n’est pas les décisions qu’ils vont prendre (ou pas) qui me choquent, ce sont le fait qu’ils s’autorisent à  en prendre. En entretenant l’idée – si conforme à  l’imaginaire collectif français – d’une mondialisation menaçante, d’un système économique nécessitant une intervention étatique pour limiter la casse.
    C’est la position anti-libérale par excellence. Démagogie à  la veille des municipales ?
    Sarkozy ferait mieux, plutôt que d’essayer de sauver les emplois industriels d’Alcatel sur le sol français, de se mettre en phase avec Eric Besson, qui reprend – enfin ! – cette idée chère aux pays nordiques que ce sont les hommes qu’il faut protéger, et pas les emplois (source : Radio BFM, Emission de Stéphane Soumier, le 27.02.08) Dire qu’il faut « protéger » (de qui ? de quoi ?) est une position critiquable en soi, mais comprendre les règles économiques de bases, et les intégrer dans les propositions politiques me parait être une bonne chose. Des emplois sont détruits et crées chaque jour, par million dans le monde. La régulation de ce phénomène, c’est l’économie, le fonctionnement normal du marché. La protection à  mettre oeuvre – si protection il faut – est bien la protection et la sécurisation des personnes, pas des emplois.

  • L'invention de la decennie !

    Une suggestion de travail de recherche : développer un capteur miniature de thiols (les thiols sont des alcools dont l’atome d’oxygène du groupement hydroxyle est remplacé par un atome de soufre). Les thiols sont aussi connus sous le nom de mercaptans (molécules littéralement qui peuvent « capter le mercure »).
    Le but de cette recherche serait de développer et intégrer les éléments suivants :

    • une centrale d’acquisition équipée d’une borne Wifi, et reliée (par un moyen ou un autre) aux différents organes médiatiques (journaux, radios, blogs, sites, etc…)
    • un capteur miniaturisé de faible poids, qui pourrait émettre en Wifi à  chaque détection de thiols

    Le dispositif miniaturisé serait accroché à  la ceinture de notre président, avec son accord bien entendu. Une variante de cette invention est envisageable en remplaçant la détection de thiols par un capteur de pression. Plus facile à  construire, mais plus délicat à  mettre en oeuvre…
    Si un mécène ou un pôle de compétitivité pouvait financer une telle étude, il rendrait un fier service aux médias français. En effet, les thiols sont les éléments soufrés responsables de l’odeur des pets : un tel dispositif permettrait à  tous les journalistes d’être instantanément au courant lorsque Sarkozy pète ! Beaucoup de temps et d’énergie de gagnés, sans changement de ligne éditoriale à  prévoir.

  • A chaud

    Xavier BertandVoilà  mon petit compte-rendu personnel, à  chaud, du débat télévisé qui avait lieu le jeudi 14/02. Beaucoup de temps perdu à  disséquer la vie privée de Sarkozy, à  aider les journalistes à  se gratter le nombril, niveau peu élevé. Bertrand et Dati semblent plus intelligent que le PS, mais est-ce une suprise ? Bayrou est mort. Et le libéralisme, le capitalisme ne sont pas près d’être le cadre de pensée des français…
    (suite…)

  • Interview d’Alain Boyer : quatrième partie

    Nous avons vu la dernière fois l’analyse d’Alain Boyer sur la position idéologique du PS, et celle de Sarkozy. Suite de l’interview aujourd’hui, centrée sur le fameux article qu’Alain Boyer avait publié (dans le Figaro) entre les deux tours de la présidentielle pour soutenir Sarkozy. Historique de l’article, réactions, et quelques mots sur l’université. Si vous prenez cette série d’articles en cours de route, je vous conseille de commencer par le début, ça facilitera votre lecture.

    Pour toutes ces raisons, je vois bien pourquoi, avant la campagne, tu avais appelé dans ton article a voter pour Sarkozy ! Cet article, tu l’avais soumis d’abord au Monde, qui l’avait refusé. Quelles raisons t’avaient-ils donné ?

    Aucune. Une lettre impersonnelle disant que l’article était intéressant, mais que les contraintes de la rédaction, etc…Ce qui m’a amusé, parce que ,en 1969, le Monde avait publié un tableau des groupuscules d’extrême gauche en trois groupes : maoistes, trotskistes, anarchistes. Tous les groupes dont j’ai parlé tout à  l’heure, ils les avaient répartis un peu partout. Ils avaient mis l’International situationniste (l’IS …) avec les anars, et puis SouB avec les trotskistes (ils avaient mis également Spartacus parmi les trotskistes). Alors j’avais pris ma plume d’élève de 3ème, et j’avais écrit au rédacteur en chef du service politique du Monde qui ensuite devenu directeur du cabinet de Mauroy, pour leur dire qu’il fallait 4 catégories. Et tout étonné, 8 jours après j’ai reçu une lettre de lui : « Monsieur, vous avez tout à  fait raison… ». La différence est flagrante ; 30 ans après, j’écris en tant que professeur de philosophie politique et cette fois on me répond de manière presque anonyme. Cet article, pourtant à  l’époque, n’avait aucune conclusion politique. Il disait simplement qu’il il fallait des réformes dites « libérales ». Je disais que, tout en ayant des valeurs, des convictions, il est nécessaire d’avoir une morale de la responsabilité. Ce que tu avais rappelé sur ton blog. Essayer de savoir ce que seront les conséquences probables de mon action, et pas seulement se dire « j’ai bien agi, si ça se passe mal, c’est de la faute du monde ou de la société ».

    La morale de la responsabilité, c’est le contraire d’une citation latine « Fiat Justicia, pereat Mundus », et qui veut dire : »qu’advienne la justice, le monde dût-il en périr. » à‡a c’est la morale de la conviction absolue. Et c’est terrible. Non, il faut maintenir le monde en existence, l’améliorer, mais surtout pas le sacrifier au nom de valeurs pures. Il faut avoir des valeurs, mais que ces valeurs soient des sortes de contrôle, si tu vois ce que je veux dire…

    Des garde-fous ?

    Oui, des gardes-fous pour ne pas tomber dans l’immoralisme politique. Mais en même temps, la responsabilité : si je fais les 35 heures, qu’est-ce que ça va donner ? si je garde la retraite à  60 ans, comment financer les retraites dans 20 ans ? ça c’est la morale de la responsabilité, et c’est ce que je voulais dire à  tous les politiques. Je pense que DSK, par exemple, aurait été d’accord. J’avais auparavant envoyé mon article (sans l’appel à  voter Sarko !) à  Michel Rocard, qui m’avait dit qu’il était d’accord. Donc le Monde a refusé cet article pour des raisons que j’ignore.

    Ensuite tu as fait la démarche de le soumettre au Figaro ? entre les deux tours ?

    Pas exactement. Dans la foulée, un an avant sa parution, je l’ai envoyé au Figaro, juste après le refus (immédiat) du Monde, et le journaliste du Figaro, tous les mois, m’écrivait « je n’ai pas encore pu le faire publier, etc. etc.. ». J’ai donc fini par abandonner l’espoir d’être publié. Et puis, le journaliste a changé, c’est tout à  fait contingent comme histoire, et deux autres journalistes ont repris cette page « débats opinions », et c’est eux qui, un jeudi matin m’ont téléphoné, entre les deux tours : « On prend votre article, si vous rajoutez la conséquence logique qui est : votez Sarkozy. » Comme je m’apprêtais à  voter Sarkozy, c’était logique, mais j’ai malgré tout hésité, mais ils m’ont donné une demi-heure. Je n’ai pas hésité longuement, puisque après tout c’était ce que je pensais. Je l’avais dit à  tous mes amis, que je voterai Sarkozy et pas Ségolène. C’aurait été DSK, j’aurais attendu les débats, et j’aurais jugé « sur pièce ». Mais là , il m’apparaissait franchement que Ségolène n’avait pas de cohérence idéologique et politique. J’essaye, ce qui normalement est une qualité que doit avoir tout philosophe, d’être conséquent. C’est Kant qui disait ça, c’est trivial en un sens, conséquent avec soi-même. Quand on a une idée, il faut la poursuivre et en tirer les conséquences logiques. Et la conséquence logique, c’était d’appeler à  voter Sarkozy, puisque Bayrou avait un programme qui correspondait un peu à  ma vision, mais qu’il n’était pas au deuxième tour. Je le citais d’ailleurs dans l’article. Le programme économique de Bayrou a été fait en partie par quelqu’un que je connaissais depuis la fin des années 70, dans les milieux rocardiens : Jean Perlevade. Qui était rocardo-mauroiste, puis conseiller de Mauroy. Il a été également patron du Crédit Lyonnais. C’est quelqu’un qui connaît l’entreprise, et l’économie. Et les coups durs. Donc Perlevade avait concocté, avec d’autres, le programme économique de Bayrou qui était plus libéral que celui de Sarkozy ! Il proposait tout simplement d’interdire le déficit budgétaire, ce qui est d’ailleurs, me semble-t-il, excessif. Ce qui m’a fasciné dans cette campagne, c’est de voir que la politique vraiment politicienne l’a emporté contre le débat d’idées, parce que cette idée d’alliance Ségolène-Bayrou entre les deux tours, avec leur sorte de tango, était idéologiquement inconsistante. Puisque le programme de Bayrou était plus libéral que celui de Sarkozy…

    Avec le peu de recul que j’ai, je le vois comme ça : face à  la solidité et à  la cohérence du programme de Sarkozy, ceux qui restent essayent de s’associer pour récupérer les miettes, sans cohérence idéologique.

    Oui c’est ça, et ça n’a pas marché d’ailleurs. Les électeurs n’y ont pas cru. Et donc voilà  pourquoi j’ai publié cet article ; j’ai réfléchi une demi-heure, et j’ai rajouté le titre et la conclusion.

    Je reviens ce sur que tu avais dit sur le blog : tu disais t’être fait des ennemis en te positionnant pour Sarkozy ?

    J’exagère. Disons qu’un certain nombre d’amis ne me parlent plus, ou plus comme avant, ou avec une certaine distance. Pas d’ennemis, donc, mais une forme d’éloignement, de déception de la part de gens qui doivent penser : « oh là  là  lui aussi !  » comme si j’allais à  la soupe, alors que je ne demande aucun poste. J’en serais d’ailleurs bien incapable…. Je ne sais qu’enseigner la philo, avec mon style personnel, et qu’écrire dans ce domaine.

    Et parmi les universitaires ? j’ai une vision, certainement déformée, d’une université assez ancrée à  gauche, et de manière plutôt dogmatique. Comment a été perçue cette prise de position dans ton environnement à  l’Université, parmi tes collègues ?

    Cela a quand même évolué depuis 20 ans. A l’Université, l’opposition frontale entre la bonne gauche qui a toutes les qualités, et la mauvaise droite qui a tous les défauts, bien des gens se rendent compte que c’est quand même plus compliqué. Les universitaires, il y en a qui sont socialistes, d’autres centristes, d’autres proches de l’UMP, et on arrive à  travailler ensemble pour transmettre, chacun à  sa manière, les « fondamentaux » nécessaires. Même si elle en train de connaitre un petit renouveau, la pensée marxiste révolutionnaire a quand même largement disparu. Mais la sensibilité « de gauche », à  laquelle je me sens toujours attaché (la justice sociale), est assez dominante, mais de manière plus ouverte. Quand j’ai fait mes études à  la Sorbonne, on savait que tel ou tel Prof était communiste, trotskiste ou « mao » ou « de droite ». Maintenant c’est plutôt plus modéré. Et c’est un bienfait pour la liberté et la démocratie. Le pluralisme, le débat, le refus de la violence et de l’intimidation, la compréhension de la nécessité des réformes (par définition discutables, mais que l’autorité démocratiquement élue a le droit et le devoir de faire passer) sont en train, je l’espère, de faire des progrès.

    Retrouvez les autres parties de l’interview dans le sommaire !