
Jean-François Revel La Grande parade, p. 48-49
Au Bataclan, à Paris, le 4 février dernier s’est tenu le 2ème Congrès National d’Alternative Libérale.
Les vidéos des différentes interventions sont en ligne sur leur site. Je vous recommande vivement celle de Michel Godet : pleine de bon sens, de données factuelles et sans langue de bois. Le courage du bon sens, quoi…(c’est le titre de son dernier livre)
La video, c’est là ! A voir absolument…!
Si vous avez un travail où il n’y a pas de complications, vous n’avez pas de travail.Malcom Forbes
Hier soir, comme beaucoup de Français j’imagine, j’ai regardé la prestation de Ségolène Royal sur TF1. Si je devais résumer, je dirais qu’elle nous a servi un vaste foutoir de bons sentiments et de promesses sans réelle assise économique. Voyons plus en détail.
Ségolène Royal est bien dans la droite ligne des politiciens qui surtout ne veulent pas restreindre le rôle de l’Etat, et ses domaines d’intervention. En voilà trois exemples abordés hier :
La position du curseur qui définit le rôle que doit prendre l’Etat dans la force de ses interactions avec le marché a été clairement annoncée hier soir : interventionnisme forcené. Il est vrai que c’est ce que les Français voulaient entendre, tant ils sont habitués à systématiquement se tourner vers l’Etat pour chaque problème de la vie.
Si la démagogie est l’art de flatter les gens en leur disant ce qu’ils veulent entendre, et la rouerie l’art d’utiliser l’habilité de la parole jusqu’au mensonge, alors Ségolène Royal est une sacrée démagogue, voire une menteuse. Dire tout et son contraire dans un intervalle de trois minutes, c’est ce qu’elle a fait à plusieurs reprises hier :
N’oublions pas que la cohérence du discours, allant avec une utilisation saine de la raison, comporte le principe de non-contradiction : dois-je en conclure que Ségolène Royal, hier ne s’adressait pas à la raison ?
Certains sujets importants n’ont pas été abordés, et qu’ils aient donné lieu à des questions ne change pas grand-chose :
Ca fait franchement froid dans le dos !
Pour finir, il faut décerner la palme du ridicule à PPDA, dont le rôle est pourtant bien passif dans ce type rendez-vous : les seules interventions qu’il a faite pour rappeler des questions posées, et que Mme Royal avait oublié portaient sur … les 35 heures ? les banlieues ? l’inégalité de traitement homme/femme au travail ? le coût de la main d’oeuvre ? NON ! PPDA est intervenu pour relancer sur deux points essentiels de la campagne présidentielle, et cruciaux pour l’avenir de la France :
Merci pour ces interventions de journaliste « peopolitique », on s’en serait passé, et j’aurais pour ma part préféré qu’il relance Mme Royal sur les émeutes…
Pour finir sur une note d’humour, le monsieur qui a posé la question concernant le futur poste de Hollande en cas de victoire de Royal, l’a tourné de la sorte — vous me direz que j’ai l’esprit mal tourné, et c’est peut être vrai! – :
Quelle sera la position de M. Hollande?
:mrgreen:
Posée à la femme de l’intéressé, c’est une question qui ne manque pas de piquant ; ça m’a bien fait marrer. Il n’y a que les propos de Ségolène qui auraient pu être aussi drôles, s’ils n’avaient pas été aussi pathétiques.
J’ai entendu ce matin à la radio l’annonce des profits « records » des grands groupes du CAC40. Comme j’entends déjà résonner le concert de plaintes, de cris de jalousie et de dénonciations du troupeau de censeur marxistes, j’ai envie de donner un autre son de cloche. Je dis BRAVO à tous ces grands groupes. Pourquoi ? Mais parce que ces profits sont admirables bien plus que critiquables : ils sont le fruit du travail de centaines de milliers de personnes ! Ils sont la preuve de la réussite de ces grands groupes dans la compétition économique.
Par ailleurs, l’activité de ces groupes ne peut être analysée seule : des milliers d’entreprises partenaires, de fournisseurs, de boite de prestation de service profitent de cette dynamique. L’activité globale générée par tout cela est aussi une source de réinvestissement massif dans l’économie française ; et la solidarité n’est pas en manque car ces grands groupes payent des impôts directs et indirects comme tout le monde : qu’il serait bon de savoir que tout cet argent prélevé était dépensé de manière aussi stratégique et efficace par l’Etat !
Bien sûr, tout n’est pas rose ; et dans le concert des censeurs il y aura des voix raisonnables qui décriront certains aspects de la réalité plus négatifs que ce que je viens de dire. Je leur laisse le soin de bien décrire la réalité sous cet angle de vue. Il faut bien éclairer la réalité de plusieurs côtés à la fois pour ne pas la déformer, non ? Je choisis de saluer la réussite.
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Donc, Ségolène Royal confirme : son projet politique comporte l’augmentation du Smic à 1500€. C’est une noble intention, certainement, qui anime le PS en proposant ce genre de choses : comment s’opposer à l’augmentation des plus bas salaires ? il faudrait être un monstre moral, à coup sûr, pour ne pas vouloir cela !
Et pourtant, il m’avait semblé comprendre deux choses, au fil de mes lectures :
Les effets pervers de ce genre de mesures sont connus (je reprends les arguments listés dans un article d’Yves de Kerdrel (« Coup de pouce au smic, coup de pied à l’emploi » paru le 27 juin dernier) :
La conséquence de tout cela est donc d’augmenter indirectement le chômage !
Personnellement, ça m’énerve !…si on sait que l’augmentation du Smic est néfaste à l’emploi, comment peut-on promettre dans un même discours une baisse du chômage et une augmentation du Smic ? C’est ce qu’on appelle de la démagogie, et c’est le contraire de la politique. La politique, c’est l’art de gérer les conflits : en disant tout et son contraire, Ségolène Royal ne tranche pas. Ou plutôt si, mais sans le dire : le seul moyen de tenir ces deux promesses contradictoires, c’est qu’elles soient financées par les entreprises, qui devront payer plus cher leurs employés non-qualifiés. C’est faire endosser le coût de l’indispensable redistribution des richesses (rôle de l’Etat) par les entreprises, au lieu de répartir cet effort collectivement. Pourquoi ne pas laisser les entreprises et les employés négocier les contrats de travail, et laisser à l’Etat son rôle de redistribution pour ceux dont les salaires ne donnent un pouvoir d’achat suffisant…?
Il parait que les entreprises ont déjà des charges supérieures à la moyenne des pays européens : surprenante décision, alors, que d’augmenter le coût du travail…sauf si le but est de s’aligner sur les idées d’extrêmes gauche, et d’intégrer dans le discours comme dans les actes un ennemi commun : les entreprises et les patrons. Quelle régression dans le débat politique !