Mois : janvier 2007

  • Richter joue Chopin

    Voilà une petite vidéo de Richter exécutant (c’est le mot) l’étude n°4 Op.10 de Chopin. Beau !

  • L’hà´pital en France : le désastre …

    Expérience

    A l’occasion de l’accouchement de ma femme, nous avons découvert le fonctionnement d’une des maternité les plus réputées de France : celle de Cochin/Port Royal. Autant le dire tout de suite, nous avons été attérés par :

    • le niveau de l’accueil pendant la grossesse (quasiment aucune information, gynécologue à  la limite du désagréable)
    • le niveau de qualité de l’environnement après l’accouchement, qui fluctuait entre médiocre et pitoyable (informations contradictoires, bruits, taille des chambres, ronde du personnel en fin de garde qui réveille tout le monde, non-assistance à  ma femme lors d’une baisse de tension, locaux délabrés) : comment se reposer après avoir accouché dans ces conditions stressantes ?

    Questions directes

    Cela pose tout de suite deux questions :

    • où est cette super maternité que tout le monde vante ? est-ce cela le « super hôpital » français, que des réformes viendrait mettre à  mal ?
    • pourquoi ne pas faire payer aux clients de l’hôpital le service qu’ils utilisent, pour améliorer celui-ci ? cela n’empêche pas d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, que je sache

    Réponse brutale ?

    Une voie me parait très efficace pour sortir de cet état désastreux : changer le statut des hôpitaux afin que chaque hôpital puisse être géré comme une entreprise autonome. Chaque client doit être rentable ; et les hôpitaux sont en concurrence les uns avec les autres…Bien sûr, une proposition ce style déclenche forcément des cris de chouettes « mais, c’est livrer la santé au marché ! » (comme si l’économie n’avait pas sa place dans la gestion des hôpitaux) ou « c’est exclure les pauvres et créer une santé à  deux vitesses » (comme si rendre les hôpitaux profitables excluaient d’aider ceux qui n’ont pas les moyens, et comme si la santé en France n’était pas déjà  à  deux vitesses…).

    Avantages d’un peu de libéralisme … intelligent

    Détaillons un peu les avantages d’un système un peu plus libéral :

    1. amélioration sensible de la qualité du service (public) rendu : c’est le but même. Pour rendre un service correct, il faut avoir les moyens de le financer, et un mode de fonctionnement dont le but est de l’améliorer ! C’est le seul moyen pour replacer le patient au coeur des préoccupations de l’hôpital.
    2. diminution des coûts indirect liés à  ce service : si le client paye directement l’hôpital, il n’y plus besoin d’utiliser des fonctionnaires pour collecter les impôts liés à  la santé, ni pour redistribuer cet argent
    3. meilleure justice globale du système : au lieu d’aider tout le monde mal pour un service médiocre, on pourra aider ceux qui en ont besoin, bien, et pour un service de qualité ! Nous avons payé, alors même que nous avons un niveau de vie comfortable, la même chose à  l’hôpital qu’une personne seule qui touche le Smic ! Où est la justice ?
    4. Payer mieux le personnel hospitalier : si l’hôpital redevient rentable, le personnel sera mieux payé, mieux formé, et aura plus de perspectives d’évolution

    Mon père, qui connait bien le milieu hospitalier, m’a expliqué à  cette occasion que l’hôpital n’est pas organisé pour les patients, mais pour le corps médical ! Peut-être un peu provocateur, mais cela correspond à  ce qu’on y a vu : quand vous venez de réussir endormir votre bébé, qu’il est 1h du matin, que vous avez accouchée la veille, et qu’une infirmière débarque dans la chambre en réveillant tout le monde pour demander si le bébé a mangé, il y a tout de même lieu de se demander si sa préoccupation principale est le repos de la mère, la nourriture du bébé ou la fin du tour de garde de l’infirmière avec l’esprit tranquille !
    Il y a du boulot, mais c’est possible : il suffirait (quels sont les freins à  celà  ?) de rendre chaque hôpital autonome financièrement, et responsable de ses résultats. Si chaque patient est un client qui paye, il sera en droit d’être exigeant quant au service rendu, non ?

    Quelques constats de J. Marseille

    Dans son excellent – et flippant – livre « Le grand gaspillage« , Jacques Marseille donne quelques exemples et explications du dysfonctionnement de l’hôpital, dans le chapitre « Le gaspillage de l’Etat médecin ». En très gros résumé (il faut lire ce livre absolument!) :

    • la France dépense 10% de son PIB dans la santé, contre 8% en moyenne dans les autres pays de l’UE. La France a donc le meilleur système de santé ? non : une étude comparative avec le Danemark, la Suède, l’Allemagne et la Grande-Bretagne montre, sur un panel relativement large de pathologie fréquentes, que la France est la moins bien dotée…les principales raisons sont :
      • surconsommation de médicaments
      • nombre élévé d’actes chirurgicaux
    • le système de santé français, malgré ce que peuvent en dire les farouches défenseurs de l’immobilisme, est injuste et répartit mal son effort selon les classes sociales et selon les régions : que ce soit pour la mortalité, ou pour l’accès aux soins il y a de très fortes inégalités dans le système français (pour une dépense donnée, l’ouvrier a quatre fois moins recours à  un spécialiste que le cadre sup)
    • le système français favorise, par sa non distinction, les comportements à  risques : le fumeur alcoolique qui roule bourré le soir paye la même chose que la mère de famille sage qui mène une vie rangée et peu risquée

    Il faut lire ce livre, qui détaille tous les audits réalisés sur le système de santé (Cour des Comptes et Inspection générale des affaires Sociales), et donne beaucoup de chiffres choquants, symptomatiques du gaspillage organisé qu’est le système de santé public en France. Un exemple, 56 administratif pour 100 lits sur les grands hopitaux parisiens, et pourtant – dixit la Cour des Comptes, parlant de l’Assistance Publique – Hopitaux de Paris – l’AP-HP:

    …gestion peu rigoureuse sans clarté comptable, marchés publics illégaux, budget d’exploitation gonflé artificiellement de plusieurs milliards, gestion stratégique absente, fragilité périlleuse…

    Pendant ce temps les internes bossent 60h par semaine, payé 1500€ !
    Après avoir listé et passé en revue les gaspillages et les fraudes, J. Marseille conclue (c’est moi qui met en gras):

    Autant dire qu’il n’exite aucune contradiction entre la volonté de diminuer les gaspillages et celle d’assurer la santé et la solidarité des Français. Mais, dans ce système à  guichet ouvert qu’est devenue la « Sécu », trop d’intérêts poussent à  l’augmentation de la dépense : les présidents des conseils d’administration des hôpitaux, qui sont les maires de leurs communes, soucieux, à  ce titre, de maintenir l’emploi et de satisfaire lerus électeurs ; les directeurs d’hôpitaux qui s’opposent à  la fermeture des établissements vétustes ou inutiles (le dixième d’entre eux) qu’ils dirigent ; le patronat, soucieux du devenir des cliniques privées et de l’avenir des industries pharmaceutiques ; les médecins qui confondent trop souvent contrôle des dépenses et atteint à  l’éthique médicale; les syndicats de salariés, majoritaires aux conseils d’administration de la CNAMTS et qui y placent leurs permanents, multipliant les stages de formation dont nous avons vus au chapitre précédent à  quoi ils servaient réellement […les milliards collectés pour la formation professionelle servent largement à  financer les organisations syndicales…]. « Médecine à  deux vitesses », « rationnement », « tiers payant inflationniste », « défense des personnels de santé », autant de formules creuses et incantatoires qui masquent l’alliance contre-nature des syndicats de salariés et des médecins libéraux pour s’opposer à  un réel débat démocratique, celui qui porterait sur la nécessité de garantir le droit aux soins tout en contrôlant l’usage des prélèvements qui pèsent sur les assurés et les contribuables.

  • Discours engagé !

    Sarkozy, lors de son élection comme candidat de l’UMP, a prononcé – c’est presque une habitude – un discours fleuve, juste et fort. On y trouve cette phrase qui, si elle ne fait pas une politique, a le mérite d’être dite.

    Je respecte toutes les cultures à  travers le monde. Mais qu’il soit entendu que si on vit en France alors on respecte les valeurs et les lois de la République.
    La soumission de la femme c’est le contraire de la République, ceux qui veulent soumettre leurs femmes n’ont rien à  faire en France. La polygamie c’est le contraire de la République. Les polygames n’ont rien à  faire en France. L’excision c’est une atteinte à  la dignité de la femme, c’est le contraire de la République, ceux qui veulent la pratiquer sur leurs enfants ne sont pas les bienvenus sur le territoire de la République française.

    Les salauds qui comptent exprimer leur force en opprimant les faibles – femmes et enfants – sont prévenus…Il y a parfois du courage à  enfoncer des portes ouvertes.

  • Citation #7

    Le coup du lapin ça doit être terrible chez la girafe.
    Philippe Geluck

  • L’oeuf et la poule

    Qu’est ce qui était là  d’abord ? L’oeuf ou la poule ?

    Voilà  l’exemple le plus célèbre de question mal posée : comme tout oeuf est pondu par une poule, et chaque poule issue d’un oeuf, on peut passer quelques millions d’années sur cette question sans y apporter de réponse. Et pourtant, il suffit de constater que c’est dans la nature de la poule de pondre des oeufs, et dans la nature des oeufs de donner naissance à  un poulet pour clore les débats : l’oeuf ne vas pas sans poule, comme la poule ne va pas sans oeufs…!
    Ces réflexions poulaillères sont évidemment d’un interêt considérable ! En effet, il arrive très souvent dans la vie que notre réflexion soit bloquée par une question de causalité de ce type. Et il suffit pour redémarrer la réflexion de sortir de la spirale de la manière suivante : certaines choses vont ensembles, et il n’y pas besoin de chercher trop longtemps qui cause quoi, et qui est est la cause de quoi ! Il s’agit de comprendre que deux phénomènes peuvent être à  la fois cause et conséquence l’un de l’autre. Une sorte synergie, en fait.
    Des exemples ? En voilà  quelques-uns parmi beaucoup d’autres possibles (c’est un jeu amusant)…:

    • Est-ce que la misère sociale est la conséquence de la dictature, ou est-ce que la dictature est la conséquence de la misère sociale ? L’oeuf ET la poule : dictature et misère sociale vont ensemble.
    • Est-ce que la pensée extrême est la cause de l’absence de dialogue, ou est-ce que l’absence de dialogue est la cause de la pensée extrême ? L’oeuf ET la poule : la pensée extrême va avec l’absence de dialogue
    • Est-ce que l’éducation favorise l’émancipation sociale, ou est ce que l’émancipation sociale favorise l’éducation ? L’oeuf ET la poule : émancipation sociale et éducation vont de pair

    Il importe plus, dans tous ces exemples, de comprendre vers quoi tendent les deux éléments que de savoir lequel est la cause de l’autre : qu’importe qui, de l’émancipation sociale ou de l’éducation scolaire, est la cause ou la conséquence ? Ce qui compte de favoriser au maximum l’éducation ET l’émancipation sociale, puisqu’ils vont de pair, et que nous les jugeons souhaitables. Voyez-vous d’autres exemples comme ça ? N’hésitez pas les mettre en commentaire…

  • Propositions de réformes pour l’école : à  lire !

    Dans une lettre ouverte sur l’injustice scolaire, et cosignée par plusieurs associations (tendance école libre), Anne Coffinier et Marc Gaucherand proposent – après avoir dressé un bref état des lieux catastrophique de l’école en France – des réformes pleines de bon sens pour améliorer le fonctionnement de l’école en France. Je pense qu’elle valent le coup d’être lues. D’abord parce qu’elle montrent des pistes de progrès intéressantes, et d’autres part parce qu’elles montrent, indirectement, que tous ces points ne sont pas encore d’actualité. A discuter pendant les débats pré-présidentielles, ou est-ce là  un sujet trop important pour que les candidats prennent le risque de s’y aventurer ?
    Selon les auteurs, il faut donc que l’Etat accepte de :

    • Promouvoir l’initiative des professeurs
    • Reconnaître leur entière liberté pédagogique, pour qu’ils puissent s’adapter aux réalités et innover
    • Les évaluer non sur leur docilité à  appliquer les instructions pédagogiques mais sur les progrès des élèves
    • Les laisser libres de choisir leur établissement
    • Re­connaître l’autonomie de gestion des établissements
    • Reconnaître la li­berté du directeur de l’école à  constituer et « manager » librement son corps enseignant, sous le contrôle de son conseil d’administration, afin de garantir l’indispensable cohérence de la communauté éducative
    • Financer tous les établissements au prorata des élèves qui y sont librement inscrits ;
    • Responsabiliser les familles
    • Permettre à  chaque famille de choisir l’école de ses enfants au sein de l’ensemble des écoles publiques ou privées existantes, afin de favoriser son implication dans l’établissement et le parcours scolaire
    • Adapter le financement pour que les choix soient finan­cièrement équivalents
    • Diversifier l’offre scolaire
    • Encourager les partenariats entre établissements scolaires et collectivités locales, entreprises ou instituts de recherche, pour permettre le développement d’établissements à  forte identité aussi diversifiés que possible, qui constitueront autant d’atouts cultu­rels et économiques pour leur région
    • Supprimer le monopole de la collation des grades par l’État et reconnaître la diversité des diplômes et des formations
    • Favoriser l’ouverture de nouveaux établissements, là  où le besoin s’en fait sentir, grâce à  un financement assoupli
    • Défiscaliser les investissements au profit des écoles
    • N’envisager le maintien ou la fermeture d’écoles qu’en fonction des résultats

    Voilà  à  mon sens de bon conseils, emprunts de trois qualités qui manquent souvent à  l’Etat lorsqu’il devient gestionnaire : la souplesse, la culture du résultat, et l’amour de la liberté individuelle.