Mois : février 2007

  • Les motards doivent-ils respecter la loi ?

    Je met un titre volontairement provocateur parce c’est un sujet qui m’énerve, et qui me parait symptomatique de la mentalité ambiante…Je vais au boulot tous les jours en voiture ; et je suis choqué par le fait que quasiment toutes les situations de danger que je peux rencontrer sont liées aux motards/scooters ! A part le fait de doubler par la droite et de circuler systématiquement entre les files de voitures (qui est passible d’une contravention !), je voudrais donner deux exemples récents :

    • en rentrant le soir, je passe sur l’avenue du Général Leclerc et l’avenue du Maine : systématiquement, les deux-roues qui circulent en face franchissent la ligne blanche centrale et roulent tout simplement…à  contresens sur la file de gauche de mon côté ! Sous les yeux des agents de la circulation placés là , qui ne semblent même pas le remarquer…si par malheur je fais un appel de phare pour montrer que, bon, quand même, j’ai le droit une fois sur deux à  un signe d’énervement de la part du motard/scooter me montrant que cette situation lui semble normale
    • en traversant la rue d’Alésia l’autre jour sur un de ces passages piétons si pratiques (vous savez, ceux où il n’y a pas de feux, et où les piétons doivent littéralement risquer leur vie pour passer entre les voitures qui, en l’absence de feu, foncent…), en traversant donc, un scooter – qui était à  10 mètres du passage lorsque j’étais rendu au milieu de celui-ci –  a failli me rentrer dedans : c’est moi qui me suis arrêté pour le laisser passer ; énervé, j’ai fais un geste de la main (style « je prépare un claque ») pour lui montrer ma peur et ma colère. Il a simplement fait demi-tour pour me rattraper et m’ »expliquer » (sur un ton plus proche du cri de la hyène enragée que de celui de la discussion posée) qu’il était engagé (à  10 mètres du passage piéton!) et que je devais le laisser passer ! Sans commentaires …

    Ce ne sont pas des exemples très graves, puisqu’il ne s’agit pas d’accident. Mais ces comportements, malheureusement mènent à  des accidents : les motards représentent 0,8% du traffic, mais 15,5% des conducteurs impliqués dans un accident corporels (chiffres sécurité routière). Bien sûr, ils sont moins protégés, mais quand on voit que dans 50% des cas, la voiture qui a participé à  l’accident avec un 2 roues ne l’a carrément pas vu, il convient, plutôt que de montrer du doigt les voitures allumant leurs phares, de se poser la question du comportement dangereux des motards/scooters.
    Pourquoi tolère t’on ces infractions au code de la route, alors qu’on sait qu’ils sont la cause d’accidents ? Y’a-t-il plusieurs types d’usagers, ceux qui doivent respecter le code de la route, et ceux qui n’en ont pas l’obligation…? Ces questions se posent aussi pour les automobilistes, quand on voit le respect tout relatif des distances de sécurité, ou l’utilisation hasardeuse des clignotants… Alors bien sûr, je sais bien que tous les motards ne sont pas des inconscients irrespectueux de la loi : il y a évidemment plein de motards prudents, conscients du danger, et respectueux des plus élémentaires règles du code de la route. Mais, outre le fait qu’ils ne sentiront pas visés, ils ne pourront qu’approuver le fait de vouloir faire appliquer strictement le code de la route aux motards.
    Ne vous méprenez pas : je ne suis pas un extrémiste de l’application de la loi. La loi peut être mauvaise, à  revoir, ou dans des circonstances particulières, conduire à  des actes immoraux (c’est alors un devoir de ne pas la respecter). Mais quand la loi vise de toute évidence à  rendre possible la cohabitation harmonieuse des citoyens, et qu’elle va dans le bon sens, il n’y a aucune raison à  ne pas la respecter. Et aucune excuse à  ne pas la faire respecter. Quel est le sens d’une loi qu’on n’applique pas ?

  • Ségolène Royal ou la régression du débat politique

    Donc, Ségolène Royal confirme : son projet politique comporte l’augmentation du Smic à  1500€. C’est une noble intention, certainement, qui anime le PS en proposant ce genre de choses : comment s’opposer à  l’augmentation des plus bas salaires ? il faudrait être un monstre moral, à  coup sûr, pour ne pas vouloir cela !
    Et pourtant, il m’avait semblé comprendre deux choses, au fil de mes lectures :

    • augmenter le smic, ça veut dire que c’est l’Etat qui décide de la manière dont les entreprises utilisent leur argent ; c’est une intervention de l’Etat dans ce qui devrait être un contrat entre l’employé et l’employeur…
    • augmenter le smic, c’est forcer les entreprises à  augmenter le salaire des employés les moins qualifiés : c’est donc augmenter le coût du travail non qualifié, dans l’absolu ET en relatif par rapport au travail qualifié

    Les effets pervers de ce genre de mesures sont connus (je reprends les arguments listés dans un article d’Yves de Kerdrel (« Coup de pouce au smic, coup de pied à  l’emploi » paru le 27 juin dernier) :

    1. en augmentant le coût du travail non qualifié, on écarte les gens non qualifiés du marché du travail (ils perdent en intérêt pour les entreprises)
    2. en augmentant le coût du travail en France, on fait perdre de la compétitivité à  nos entreprises
    3. en augmentant le smic, on augmente directement la proportion de personnes qui sont payées au smic : d’où l’expression de « smicardisation »…un nivellement par le bas en quelque sorte

    La conséquence de tout cela est donc d’augmenter indirectement le chômage !
    Personnellement, ça m’énerve !…si on sait que l’augmentation du Smic est néfaste à  l’emploi, comment peut-on promettre dans un même discours une baisse du chômage et une augmentation du Smic ? C’est ce qu’on appelle de la démagogie, et c’est le contraire de la politique. La politique, c’est l’art de gérer les conflits : en disant tout et son contraire, Ségolène Royal ne tranche pas. Ou plutôt si, mais sans le dire : le seul moyen de tenir ces deux promesses contradictoires, c’est qu’elles soient financées par les entreprises, qui devront payer plus cher leurs employés non-qualifiés. C’est faire endosser le coût de l’indispensable redistribution des richesses (rôle de l’Etat) par les entreprises, au lieu de répartir cet effort collectivement. Pourquoi ne pas laisser les entreprises et les employés négocier les contrats de travail, et laisser à  l’Etat son rôle de redistribution pour ceux dont les salaires ne donnent un pouvoir d’achat suffisant…?
    Il parait que les entreprises ont déjà  des charges supérieures à  la moyenne des pays européens : surprenante décision, alors, que d’augmenter le coût du travail…sauf si le but est de s’aligner sur les idées d’extrêmes gauche, et d’intégrer dans le discours comme dans les actes un ennemi commun : les entreprises et les patrons. Quelle régression dans le débat politique !

  • Citation #11

    L’avantage des médecins, c’est que lorsqu’ils font des erreurs, ils les enterrent très vite ensuite… Alphonse Allais

  • Hygiene intellectuelle !

    Je vous conseille vivement la lecture du hors-série du journal Le Point, consacré au libéralisme. Recueils des textes majeurs, biographie des penseurs importants, analyses : c’est une superbe petite monographie sur le libéralisme, bien utile pour ceux qui veulent réfléchir par eux-mêmes. Les deux textes introductifs de Baverez et Marseille sont excellents, et la plupart des textes, y compris anciens, sont d’une étonnante actualité ! Pour vous mettre l’eau à  la bouche, voilà  tirée du site du Point, une sorte de préface de Franz-Olivier Giesbert :
    On ne sait à  qui il faut au juste imputer ce glissement sémantique. Aux enseignants, aux médias, à  l’opinion publique ou aux trois. Toujours est-il que la France est l’un des rares pays où « libéralisme » est devenu un gros mot. Une insulte dont on a du mal à  se remettre.
    Excellente idée ! :wink:

  • Le courage du bon sens !

    Le courage du bon sens : couvertureSur les conseils de l’excellent Yves de Kerdrel, éditorialiste au Figaro et chroniqueur sur BFM , j’ai acheté le livre « Le courage du bon sens », de Michel Godet.
    Je l’ai commencé hier, et je n’ai lu que cinquante pages…mais quelle claque ! Il FAUT absolument lire ce libre, plein de bon sens, de parler vrai, et de propositions pour améliorer les choses avec pragmatisme. C’est le livre d’un homme libre, indigné face à  l’injustice et face aux conneries organisées et non reconnue. Le livre commence très fort, sans tabou, sur la dette publique, et sur les 35h : les responsables politiques de gauche que l’auteur à  côtoyé reconnaissent, « en privé », que c’était une erreur de vouloir appliquer partout et pour tous une règle allant de surcroît dans le mauvais sens : pour se partager le travail, il faut déjà  en créer ! Pourquoi seulement « en privé » : est-ce si grave de reconnaître une erreur ?
    L’auteur explique que le libéralisme n’est ni de droite, ni de gauche, et surtout pas incompatible avec un sens social : c’est d’ailleurs la position de Tony Blair, ou Gerhard Schrà¶der …ça fait du bien de l’entendre ! la gauche française ferait bien de s’en inspirer, au lieu de montrer du doigt le profit.
    Tous les sujets importants de notre société y sont abordés, sous l’angle du bon sens et de la réflexion factuelle. Ce qui place l’auteur, et il s’en réclame d’ailleurs, dans le camp des francs-tireurs non dogmatiques tels que Jacques Marseille, François de Closet, ou Pascal Bruckner. J’ajouterai à  cette liste Yvan Rioufol qui est souvent assez décapant.
    C’est la réalité factuelle qui est injuste et révoltante, pas le fait de la dire !

  • Encore l’Etat, toujours l’Etat…

    J’aime bien Nicolas Sarkozy. Je le trouve juste, plein d’énergie et capable de remettre pas mal de choses en bon ordre de marche s’il est élu. Et je l’ai trouvé convaincant lundi soir, dans l’émission qui le mettait face aux questions d’un « échantillon » de français…J’ai également apprécié sa lettre de soutien à  Charlie Hebdo, dans l’affaire qui oppose le journal satirique aux abrutis extrémistes du CFCM…
    Mais il y a certaines de ses réponses qui ne me satisfont pas. Lorsqu’une personne lui pose la question du manque de médecin dans les petits villages de campagne, Sarkozy répond … qu’il donnera des subventions aux médecins qui vont s’installer dans les régions « désertés »…réponse pleine de pragmatisme ? non : réponse imbibée de la logique habituelle de l’Etat providence. Pour conserver intacte l’illusion que la santé ne coûte rien, et que tout le monde y accède de la même manière (ce qui n’est pas vrai), on préserve le dogme de la consultation à  prix fixe.
    Pour surtout ne pas annoncer une libéralisation de la médecine (pourtant censée être déjà  libérale), les efforts à  fournir — payés par le contribuable, bien sûr – vont être les suivants :

    • payer des fonctionnaires pour collecter l’impôts et les cotisations
    • payer des fonctionnaires pour évaluer quelles zones doivent bénéficier de subventions, et pour distribuer les subventions aux médecins
    • maintenir en continu la surveillance : si la mesure porte ses fruits, la répartition des médecins va changer, et il faudra régulièrement réévaluer quelles zones doivent ou non bénéficier des subventions

    Que d’efforts pour essayer de reproduire, en moins bien, les effets qu’une libéralisation du service « médecine » auraient eus de manière naturelle et régulatrice. Pourquoi autant de méfiance vis-à -vis des effets régulateurs de la libre évolution de l’offre et de la demande ? Pourquoi ne pas comprendre que c’est le prix fixe de l’acte médical qui crée cette désertification : si je touche 20€ par consultation, je vais aller m’installer là  où il y a le plus de clients possible, non ? c’est logique…
    En effet, imaginons un instant (horreur!) que le prix de la consultation soit complètement libre : chaque médecin fixe le prix qui lui chante pour la consultation — ou n’importe quel acte médical, d’ailleurs. Qu’est-ce qui serait choquant à  cela, d’ailleurs ? Est-ce que quelqu’un s’étonne que les prix des voitures ne soient pas tous identiques ? Est-ce que quelqu’un propose que les prix des appartements soient les mêmes quel que soit l’emplacement ? non, bien sûr. On va me répondre que la médecine n’est pas un produit, ou un service comme un autre ; je reviendrais là -dessus dans un prochain billet, mais notons dès à  présent que si la médecine n’est pas un service comme un autre, il ne faut pas non plus vouloir la faire fonctionner à  rebours de tous les mécanismes économiques connus, et qui sont sources de régulation. Par ailleurs, le fait d’être un produit différent des autres, ce dont je suis d’accord, n’impose pas pour autant que ce produit doivent avoir un prix unique partout et pour tous !
    Continuons donc l’expérience de pensée : le prix des actes médicaux est librement fixé par les médecins. Les effets d’offre et de demande vont donc jouer :

    • le médecin qui ira s’installer dans une zone de campagne un peu désertée fera payer plus cher sa consultation (ce qui est rare est cher)
    • Il sera donc incité à  s’installer là , puisque sa balance financière sera assurée : moins de clients, mais plus d’argent par client ; mais cette incitation ne coûtera pas un sou aux Français (sauf qui iront se faire soigner chez lui)
    • Cela désengorgera les villes, saturées en médecin
    • Cela permettra aussi, avantage important, aux bons médecins de faire payer la qualité de leurs services

    On me dira : oui, mais alors, les pauvres gens qui habitent dans ce village vont payer plus cher que les autres ! oui, mais c’est déjà  le cas : s’il n’y a pas de médecin dans leur village, il faut bien qu’ils payent leur essence pour aller en trouver un dans la ville voisine, non ? Par ailleurs, la régulation par le marché aura lieu : plusieurs médecins pourront avoir la même idée, et du fait de leur nombre, ils seront obligés d’ajuster au plus près le prix de la consultation pour garder leurs clients…
    Pourquoi ne pas économiser alors tous ces coûts de fonctionnement de collecte de cotisations et de redistribution, alors que l’offre et la demande feraient le travail plus efficacement et de manière plus durable ? C’est être dogmatiquement anti-libéral. Je ne m’attendais franchement pas à  une réponse comme celle-là  de la part de Sarkozy.
    Un souhait, et une remarque, en guise de conclusion :

    • le souhait : que ce discours de Sarkozy soit purement d’ordre pragmatique, et de campagne, et qu’il sera — s’il est élu — plus libéral que ce qu’il peut se permettre de dire maintenant. C’est l’impression que j’avais eu en écoutant François Fillon. Nous verrons après les élections. Mais si on dit qu’on veut « tout dire avant, pour tout faire après », alors il faut aussi commencer le travail d’éducation économique des français, pour expliquer ce que le libéralisme a d’efficace.
    • la remarque : libéraliser les prix des actes médicaux n’implique pas un manque de solidarité, au contraire ! Il faut bien entendu aider les plus nécessiteux à  accéder aux soins. Mais je préfère que mes cotisations aillent à  une aide directe et efficace d’accès aux soins, plutôt qu’à  une sorte de redistribution généralisée – du saupoudrage – menant à  une aide mal donnée, à  une médecine de mauvaise qualité, et à  une inflation du nombre de fonctionnaires.

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