A chaud

Xavier BertandVoilà  mon petit compte-rendu personnel, à  chaud, du débat télévisé qui avait lieu le jeudi 14/02. Beaucoup de temps perdu à  disséquer la vie privée de Sarkozy, à  aider les journalistes à  se gratter le nombril, niveau peu élevé. Bertrand et Dati semblent plus intelligent que le PS, mais est-ce une suprise ? Bayrou est mort. Et le libéralisme, le capitalisme ne sont pas près d’être le cadre de pensée des français…

Je regarde peu la télévision. Ce soir, j’ai regardé le débat « A vous de juger », animé par l’exceptionnellement nulle Arlette Chabot, avec Xavier Bertrand, Rachida Dati, François Bayrou, Manuel Valls et Pierre Moscovici. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le niveau est peu élevé : je passe souvent plus de temps à  lire des journaux et des blogs, dont le ton est tout de même un peu plus dans l’analyse que ce qu’Arlette Chabot fait surgir comme type de débat. Entre les films sur le prix des bananes sur le marché du coin, le témoignage de la mère de famille ou de la retraitée, assortie d’une petite pincée de caissière au téléphone, on peut dire que le dossier de fond sur le pouvoir d’achat est solide et bien construit. Difficile pour les politiques, même avec toute la bonne volonté du monde, de parler sérieusement dans ces conditions. Surtout quand le sujet du débat porte sur Sarkozy. C’est vrai qu’on en entend assez peu parler, finalement.
Voilà  quelques points que j’ai trouvé marquants, et que je voudrais partager avec vous :

  • François Bayrou est complètement taré : il n’est plus que l’ombre de lui-même, dans une posture moralisatrice permanente. Il ne propose plus rien. Sa fébrilité, son ton péremptoire dans le genre « moi je sais ce qui moralement acceptable » achève de me convaincre que je n’avais pas tort quand je disais, en mai, qu’il était fini politiquement.
  • Le parti socialiste n’est pas sorti de l’ornière dans laquelle il se trouve. Moscovici et Valls, présentés comme les nouveaux prétendants à  la succession de Hollande, sont tous deux dans la dénonciation à  outrance de Sarkozy, en plein dans la mouvance médiatique du moment. Sommés à  plusieurs reprises par Dati et Bertrand de proposer des politiques alternatives, au lieu de dénoncer celle mise en oeuvre par le gouvernement, ils ont toujours tourné autour du pot sans jamais rien proposer. Pitoyable. Connu, mais depuis le temps, je pensais qu’ils auraient quand même réfléchi un peu. Par ailleurs, en arrière plan du discours de Moscovici, résonne toujours une vision du monde socialo-marxiste : le patron qui exploite le salarié, et la travail qui est une quantité fixe, à  partager équitablement.
  • Les journalistes sont défintivement fascinés, en bien ou en mal, par Sarkozy, ses moindres faits et gestes. Bayrou et les deux représentants du PS jouent ce jeu sans aucune vergogne. Pitoyable est un euphémisme.
  • Rachida Dati et Xavier Bertrand m’ont semblé plus carrés, plus dans l’action et surtout plus décidés à  porter la discussion sur les réformes, sur ce qu’ils font. Sérieux et responsables : c’est l’impression qu’ils donnaient.
  • Malgré cela, j’ai été très déçu par une réponse de Xavier Bertrand, questionné sur le pouvoir d’achat. Sa réponse a été de dire que le gouvernement agissait sur 1) le pouvoir d’achat de ceux qui travaillent, 2) le pouvoir d’achat de ceux qui n’ont pas de travail (chomeurs) et 3) le pouvoir d’achat – je crois – des petites retraites. J’ai trouvé qu’il avait manqué une bonne occasion de faire un peu de pédagogie (il le fait bien en plus). Il faudrait peut-être quand même un jour rappeler quelques évidences :
    • le pouvoir d’achat ne se distribue pas d’un ministère : c’est la bonne santé de l’économie qui a comme conséquence une augmentation de la richesse produite, et donc une augmentation des salaires.
    • distribuer du pouvoir d’achat par des aides n’a aucun sens s’il s’agit d’argent prélevé. Cela ne peut avoir de sens qu’en baissant la fiscalité. Si on donne d’une main ce qu’on a pris de l’autre, l’effet est faussé. Le seul moyen efficace et juste sur le long terme pour l’Etat d’aider la population est de lui prélever moins d’argent.
    • il aurait fallu que quelqu’un rappelle sur ce plateau – mais ça doit être trop compliqué – que la base du capitalisme, et de l’économie de marché, c’est l’entreprenariat. La croissance, l’emploi, les salaires, le pouvoir d’achat (je déteste cette expression : l’argent sert aussi à  épargner, pas seulement à  acheter) sont le résultat d’un processus permanent de création d’activité nouvelle, de nouveaux emplois. Le capitalisme est un système où la libre entreprise permet à  certains de prendre des risques, de parier sur l’avenir : seules les solutions politiques consistant à  inciter la production de richesse, l’entreprenariat, l’épargne (qui est synonyme de capitaux et d’investissements), la création d’emplois, seront des solutions durables. Mais il faudrait pour cela admettre que l’effet de l’action de l’Etat est souvent de freiner tout cela plus que de l’encourager : chose qu’un ministre, même intelligent et visiblement de bonne volonté, ne peut que difficilement reconnaitre.

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Commentaires

  1. Avatar de Bastogi

    Je ne peux ni confirmer, ni infirmer ce que tu as écrit : je n’ai pas vu l’émission d’hier… J’avais pourtant pris l’habitude d’enregistrer cette émission depuis bientà´t un an. Mais là , au moment de le programmer, j’ai eu une hésitation : est-ce que ça va être sérieux, ou bien est-ce que ça va parler de Nicolas Sarkozy à  tout bout de champs ? Est-ce que ça va être construit, ou bien est-ce que ce sera une succession de critiques (parfois fondées, certes, mais souvent inutiles) ?
    J’ai finalement décidé de ne pas l’enregistrer, mais je vois à  tes propos que je n’ai guère eu tort et que je n’ai pas loupé grand-chose, merci pour le résumé ;-) !

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut,
    merci pour ton commentaire !
    Non, tu n’as pas loupé grand chose…les journalistes sont vraiment en dessous de tout. Arlette Chabot était pitoyable. Les deux gars du PS n’étaient guère mieux.
    Il y aussi un gars du CREDOC qui est venu livrer sa petite analyse ; il a parlé des différences entre Espagne, GB et France, pour conclure qu’en Espagne et en GB ils avaient conduit des réformes structurelles qui expliquaient pourquoi l’emploi allait mieux dans ces pays…mais sans que personne (ni lui, ni les autres) ne rappelle QUELLES étaient ces réformes structurelles…! Foutage de gueule. J’ai arreté avant la fin…faut pas se faire trop mal non plus.
    à  bientà´t !

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