Libéralisme économique et libéralisme politique

Retour sur la distinction entre libéralisme économique et libéralisme politique. Quelles sont les différences ? Une rapide recherche fait tomber sur un article très intéressant et précis de François Guillaumat. Qui définit le libéralisme économique, et montre ses liens forts avec la philosophie politique libérale.

En parcourant un article du Chafouin, critique à  l’égard des effets de girouette idéologique de Ségolène Royal, j’ai noté qu’il faisait la distinction entre « libéralisme politique » et « libéralisme économique ». J’attribuais, un peu « au nez », cette distinction aux adversaires du libéralisme, qui pouvaient ainsi s’affirmer dans un même mouvement comme épris de liberté (pour « libéralisme politique »), et anti-capitalistes et anti-« laissez-faire » (contre le « libéralisme économique »). Et je pensais, donc, que c’était une fausse distinction, le libéralisme économique n’étant que la conséquence naturelle du libéralisme politique.
Mais avant d’affirmer cela, je me suis dit qu’il serait bien, plutôt que d’affirmer encore une fois mes croyances, d’aller me renseigner un peu sur le oueb.
Comme souvent, on clique machinalement sur les liens vers les articles de Wikipedia. Celui sur le libéralisme économique est plus historique que philosophique, et ne permet pas vraiment de savoir ce qu’est le « libéralisme économique ».
Mais très vite, on tombe sur un superbe texte de François Guillaumat sur Liberpedia : Libéralisme économique. Cet article est repris en partie sur Wikiberal.

Libéralisme politique et libéralisme économique

François Guillaumat commence par décrire la différence entre libéralisme politique et libéralisme économique. Selon lui, le libéralisme « politique » est avant tout une réflexion sur les institutions ; il ne faut pas le confondre avec la philosophie politique, « qui se soucie d’abord de définir la justice après étudié la nature des rapports entre les hommes et leurs productions, et bien avant de s’interroger sur les conditions politiques qui pourraient lui permettre de régner ». François Guillaumat laisse donc là  le libéralisme politique, pour parler du libéralisme économique.

Nous allons voir que le libéralisme économique est plus proche de la philosophie politique, puisqu’il porte constamment sur le même objet. Mais il ne se confond pas pour autant avec elle ; on peut même dire que le libéralisme économique n’existe pas en tant que discipline intellectuelle, comme existent la science économique et la philosophie politique. Le « libéralisme économique » est plutôt un mouvement ou plutôt une tradition telle que l’histoire des idées politiques peut la décrire. Et si on l’appelle « économique », c’est parce qu’il est principalement mené par des économistes et inspiré par la science économique, même si ce ne peut être que par le truchement crucial d’un jugement de valeur.

Selon Guillaumat, donc, le libéralisme économique est la philosophie politique libérale qui sert de fondement aux réflexions du libéralisme politique. Ils sont donc articulés dans le sens inverse de ce que j’avais en tête. Le libéralisme politique est l’organisation institutionnelle que l’on peut construire en se basant sur les connaissances issues du libéralisme économique (ou philosophie politique libérale). Ils peuvent donc difficilement être en opposition. Ne pas les confondre est important – peut-être – mais les opposer est clairement une méconnaissance des concepts, ou une volonté de tromper sur le sens des concepts.
Une fois cette distinction faite, François Guillaumat décrit les rapports entre science économique et libéralisme politique. En trois points :

  1. Tout acte juste est créateur, tout acte injuste est pure destruction
  2. Pourquoi tant de libéraux sont économistes
  3. Dénaturer les concepts politiques normatifs est l’arme numéro 1 du socialisme pseudo-démocratique

Je vous propose lire ici quelques citations de ce texte finalement assez court, pour suivre son raisonnement ; je ne peux que vous conseiller d’aller le lire vous-même en entier : c’est un petit bijou de concision et de clarté.

Enoncé normatif et énoncé descriptif du libéralisme économique

Le Libéralisme économique n’existe donc pas en tant que doctrine distincte, mais traduit seulement deux convictions des économistes à  condition qu’ils soient compétents :

  • un énoncé normatif emprunté à  la philosophie : il est bon de créer et mauvais de détruire ;
  • un énoncé descriptif issu de la science économique proprement dite, en ce qu’elle se rapporte à  sa raison d’être : la violence est pure destruction, de sorte que la violence ne peut servir la création que dans la mesure où elle s’oppose à  une autre violence qui est, elle, destructrice.

La vraie démocratie, c’est le marché !

Le « libéralisme économique » rejoint évidemment à  ce titre le corps central de la philosophie politique libérale dans sa définition d’un acte violent comme privant un autre de ce qu’il possédait, c’est-à -dire de ce dont il disposait pour servir ses projets.
Une arme essentielle de la sophistique étatiste consiste à  dénaturer cette définition, pour rationaliser la violence prédatrice des hommes de l’état :

  1. en cherchant à  la faire passer pour « non-violente » : ce sont le mythe d’un contrat social distinct des contrats réellement conclus qui constituent la société civile, et le mythe de la représentation qui appartient à  la religion pseudo-démocratique et socialiste, et au prétexte duquel les puissants parlent et agissent comme s’ils avaient le Droit de décider de tout à  la place des citoyens, sous prétexte que les élus les « représentent », comme si leur « droit de vote » valait ce que les hommes de l’état leur volent sous ce prétexte. La réalité est au contraire que le prétendu pouvoir que donne le bulletin de vote est en fait infinitésimal, en pratique imperceptible — c’est pourquoi les spécialistes parlent de l’ »irrationalité du vote », alors que le vote quotidien, incessant sur le marché, l’exercice permanent de sa souveraineté par le citoyen en tant qu’acheteur et vendeur est à  100 % efficace, parce que chacun y obtient exactement ce qu’il veut dans la mesure du possible, d’abord pour lui-même parce qu’il repart avec ce qu’il a réellement choisi, et pour la société parce qu’il y influence les procédures de décision dans la mesure exacte de l’enjeu que cela représente pour lui.
    L’objection comme quoi la pseudo-démocratie socialiste serait juste parce qu’elle serait « égalitaire » énonce le contraire exact de la vérité : la seule égalité réalisable est l’égalité politique : que personne ne s’impose à  personne, de sorte que personne ne dispose de personne contre sa volonté, ne s’en serve comme d’un instrument ou d’un esclave ; or, cette égalité-là , la seule qui soit conforme à  la justice, ses soi-disant « représentants » la violent systématiquement en usurpant le pouvoir de décision des citoyens, et son socialisme en instituant des castes de parasites sociaux aux dépens de producteurs contraints de les entretenir.
    La vraie démocratie, c’est le marché : le « peuple » ne peut vraiment décider que lorsque chacun des citoyens décide effectivement lui-même de tout ce dont il est humainement possible de décider directement. Par conséquent, tout progrès de l’étatisme usurpe le pouvoir des citoyens et détruit la démocratie : le socialisme est incompatible avec la démocratie réelle définie par le seul principe qui puisse la justifier : que chacun a le Droit de décider des affaires qui sont les siennes.
  2. en reconnaissant la violence du pouvoir d’état mais en la prétendant « réparatrice », c’est-à -dire en faisant passer pour des « agresseurs » ceux qui ne le sont pas, afin d’empêcher qu’on reconnaisse et combatte comme tels ceux qui le sont : l’étatiste pseudo-conservateur accusera de « concurrence déloyale » des offreurs qui n’emploient ni la force ni de la tromperie, et le marxiste parlera sans preuve d’ »exploitation capitaliste » ; les deux parleront d’ »abus de position dominante » : tous faux concepts sophistiques et mensongers, dont la seule raison d’être est de falsifier l’interprétation morale d’un exercice paisible du Droit de propriété, pour pouvoir violer plus facilement ce dernier.
    Tous ces faux raisonnements ne changent rien au fait qu’on n’est pas un voleur quand on n’est pas un voleur alors qu’en revanche, on est un voleur quand on est un voleur — et l’étatisme, c’est le vol.

On devient libéral en apprenant l’économie

Cette correspondance entre acte juste et acte productif, entre injustice et destruction, explique que l’économiste compétent qui n’est pas libéral est un cynique, ou alors déteste ses semblables. Elle peut aussi expliquer pourquoi la plupart des libéraux sont économistes : il est vrai que tout grand philosophe qui a su réfléchir aux notions de création, de violence, de destruction, de consentement, de responsabilité, est capable de retrouver la propriété naturelle comme critère ultime de justice ; cependant, tout philosophe n’est pas assez grand pour cela, et c’est au moins le cas de tous ceux qui sont tombés dans les pièges de la sophistique étatiste, parce qu’elle leur présentait une causalité sociale fausse qu’ils n’avaient pas appris, comme ils l’auraient dû, à  démasquer comme telle — un exemple en est la « Doctrine sociale de l’Église », dont les inventeurs ont postulé des relations causales qui n’existent pas tout en en méconnaissaient d’autres qui, elles, existent. De sorte que, dans la pratique, la plupart des gens deviennent libéraux en apprenant la science économique :

  • parce que celle-ci donne d’abord l’occasion de se rendre compte que certaines politiques ou institutions de l’étatisme n’ont pas l’effet que leur prêtent leurs partisans, mais le plus souvent un effet inverse — par exemple elles volent les pauvres au profit des riches alors qu’on prétend et qu’on croit le contraire ;
  • ensuite, parce qu’elle permet de démontrer qu’aucune de ces politiques et institutions ne peut avoir l’effet que leur prêtent, ou font semblant de leur prêter, ceux qui les approuvent — notamment parce que l’argent public finit toujours dans des poches privées, et que la redistribution politique est toujours faite par les puissants, aux dépens des faibles ;
  • enfin, ayant entrepris de lire les auteurs qui affirmaient cela depuis des lustres, on finit par trouver les raisonnements qui rappellent que si ces politiques, si ces institutions étatistes ne peuvent pas faire ce que tout le monde croit « bien » et ne font que le « mal », c’est parce qu’elles sont injustes, c’est-à -dire délictueuses et criminelles.

[…]
Ces deux faits : que tout emploi agressif de la force est pure destruction, sans aucun profit réel pour personne, et que la plupart des gens qui s’opposent à  l’injustice sont ceux qui ont compris cela, explique que persiste la notion du Libéralisme économique comme doctrine — alors qu’en tant que mouvement politique celui-ci n’a pas de pensée distincte de la philosophie politique libérale, et qu’en outre celle-ci peut logiquement se passer de lui même si, en pratique, on voit bien que seuls les grands philosophes y parviennent.

La notion de consentement

Guillaumat rappelle pour finir, qu’on ne saurait avoir une conception valide du consentement sans avoir définit proprement la notion de propriété.

On remarquera que le sophisme de la pseudo-« démocratie représentative », de même que celui de la « justice du socialisme », dénaturent l’un et l’autre la notion de consentement, pierre angulaire du raisonnement normatif en droit comme en économie : l’un et l’autre postulent son existence là  où il ne peut pas y en avoir, c’est-à -dire en dehors des deux conditions sans lesquelles il n’a pas de sens :

  • un acte effectif de la pensée qui acquiesce à  la décision et
  • un objet concret sur quoi cet acte puisse légitimement porter, c’est-à -dire une propriété dont vous ayez le Droit de disposer, et dont l’usage que vous en faites ait des conséquences réelles pour vous.

Contrairement à  toute une tradition absurdiste d’ »unanimité » au sens collectiviste, celle où tout le monde devrait demander la permission à  tout le monde pour faire quoi que ce soit, je ne peux pas « consentir » à  ce qu’un autre fasse ce qu’il veut de ce qui est à  lui, parce que je n’en ai pas le Droit. De même, je ne saurais « consentir » à  ce que d’autres fassent ce qu’ils veulent avec ce qui n’est pas à  eux, comme l’implique le prétendu « droit de vote » de la pseudo-démocratie socialiste, parce que ni moi ni eux n’en avons le Droit.
Toute conception valide du « consentement » dépend de la notion de propriété, de sorte que toute notion d’ »unanimité » qui n’établit pas au préalable qui a le Droit de consentir et à  quoi, est un tissu de contradictions qui produit automatiquement la confusion et l’arbitraire.

Superbe et simple. Et cela pose beaucoup de questions dans un contexte où le démocratisme est le cadre de pensée de la plupart. Qu’en pensez-vous ? Pensez-vous que Guillaumat va trop loin ? Pensez-vous qu’il ne fait qu’énoncer des choses justes ?
En faisant des recherches sur ce thème, je suis rapidement tombé sur le mot « néolibéralisme », qui semble être le terme choisi par les adversaires du libéralisme comme cible prioritaire. Le néolibéralisme, ennemi numéro 1 ? Pas si sûr. Nous le verrons dans un prochain article.

Commentaires

  1. Avatar de René

    Très intéressant. Je n’ai pas encore eu le temps de lire l’article entier, mais je le ferai sans aucun doute.

    Cet exposé renverse en effet l’idée que l’on se fait habituellement de l’articulation entre libéralisme politique et libéralisme économique. Quand toutefois on tient à  faire une différence entre les deux. Pour moi, en fait, l’un ne va pas sans l’autre.

    Il ressort de cette démonstration qu’être philosophiquement libéral quand on refuserait de l’être économiquement parlant n’aurait aucun sens, ce qui ruine tout le sérieux de ceux qui bà¢tissent leurs prises de position sur cette base ces temps-ci. Pour se dire libéral politiquement, il faut admettre par principe le libéralisme économique, au risque de soutenir un non sens.

    A bientà´t.

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Pareil pour moi, rené. Je ne tiens pas particulièrement à  faire une distinction. d’ailleurs GUillaumat traite cela en un paragraphe. Le reste est l’exposé de ce qu’est le libéralisme économique, dont découle le libéralisme politique.

    Ta conclusion est complètement exacte. Se dire libéral politique, mais critiquer le libéralisme économique est un non sens. Cela rejoint nos discussion sur Delanoà«.

    à  bientà´t !

  3. Avatar de penthievre
    penthievre

    Décidément LomiG, tu es particulièrement en forme ces derniers temps; il faut dire que l’actualité s’y prête et ça bouge sur les blogs de tous bords! Ou encore les très récents cafouillages autour des 35 heures.

    Tu as donc bien choisi de recentrer la question sur les grands principes de la philosophie du libéralisme, et c’est une très bonne chose.

    Superbe et excellent papier de Guillaumat, oui; mais pas si simple que ça; il faut quand même être familiarisé avec les notions de base ou sur les aspects juridiques.

    Le meilleur passage qui m’a frappé et que j’aime beaucoup: « on devient libéral en apprenant l’économie ».
    Illustration évidente des carences de l’enseignement de l’Economie (ou du moins tel qu’il est pratiqué chez nous, beaucoup trop insuffisant et fortement teinté d’idéologie) qui se traduisent immanquablement par le peu d’adhésion des français aux idées libérales, ainsi que, et c’est plus grave encore, par des décisions prises par des hommes politiques totalement ignorants de ces matières.

    Ceci rejoint ton papier d’hier sur la question de qui est con.
    Comme René, je pense que ce terme n’est pas approprié; c’est d’ignorance dont il s’agit et de l’utilisation de cette ignorance à  des fins partisanes ou inavouables.

    C’étaient mes premières réactions; il faut que je relise l’article plus en détail, pour voir s’il va trop loin… ou pas assez.

    Encore bravo; à  très bientà´t

    Merci.

  4. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut penthievre,
    merci beaucoup pour ce commentaire qui me fait très plaisir. Oui : l’article de Guillaumat que j’ai découvert à  l’occasion de cette recherche est très beau, très clair et puissant.

    Et je te rejoins complètement, ainsi que René, sur l’ignorance comme explication plus plausible que la connerie, des errements de nos politiques.

    à  bientà´t !

  5. Avatar de Denis
    Denis

    Bonjour,
    Je trouve aussi cet article extrêmement intéressant, mais n’invite-t-il pas à  la prudence ? Car en l’état, il ne décrit pas ce qu’est le libéralisme politique… Essentiel quand il entre dans le champ du débat politique. Sans doute cela n’a-t-il pas de sens de réfuter froidement la pertinence du libéralisme économique tout en chantant les louanges du libéralisme politique (vous m’avez pour ainsi dire convaincu), mais peut-on pour autant mettre en cause la légitimité d’un débat sur la façon dont le libéralisme économique doit être mis en oeuvre? Qu’en est-il d’éventuelle alternatives à  ce sujet?
    Excusez ma probable naïveté, mais c’est une question qui se pose à  moi, car j’ai de plus en plus de mal à  me définir comme socialiste (je ne m’y reconnait absolument pas), pourtant la politique prétendument libérale conduite de nos jours me plonge dans un profond malaise.

  6. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut Denis,
    merci pour ton commentaire. Je voudrais tout de suite préciser deux points :

    1) ne t’excuse pas de ta naïveté, je n’ai aucune espèce de compétence qui me permettrait de me prétendre « connaisseur » ou quoi que ce soit d’autre. J’apprend, je découvre, je réflechis, et j’aime partager avec les lecteurs de passage ou réguliers ces discussions, ces interrogations.

    2) la politique menée en ce moment n’est pas libérale du tout. Certes elle l’est un peu plus que celle que nous propose le PS, mais on est loin du compte. Une vraie politique libérale serait axée sur – a minima – une réduction franche et massive de l’imposition directe et indirecte, sur une limitation du nombre de fonctionnaires et des dépenses publiques, une réforme profonde et simplificatrice du marché du travail (pour revenir à  une forme de liberté contractuelle)…enfin tout ce qui permettrait aux individus de vivre librement, dans le respect de la liberté des autres.

    Par ailleurs, et pour répondre à  ta question, je ne suis pas certain que le libéralisme économique ait besoin d’être « mis en oeuvre », au sens o๠il s’agit surtout pour l’état de laisser les acteurs agir librement. Ce sont les individus, la somme de leurs actions, qui constitueront la société libérale. Il n’y a pas à  « construire » ou à  « organiser » de manière centralisée. Si ces sujets t’intéressent, je ne peux que te conseiller d’aller lire les articles que j’ai fait sur Pascal Salin et/ou aller lire son livre « Libéralisme » qui est un très grand livre de philosophie politique.

    à  bientà´t, pour en discuter plus avant

  7. Avatar de Aymeric

    Depuis quelques temps, j’ai commencé à  lire davantage de blogs de gauche, et en particulier des blogs tenus par des militants socialistes, et je me rends bien compte que les idées anti-libérales et anti-capitalistes y prolifèrent telle la peste. Je suis effrayé de voir à  quel point Olivier Besancenot est en train de gagner en aura et en influence.

    Je ne connais pas trop l’état du mouvement politique libéral en France, sa situation ou son organisation, mais je pense que l’un des buts premiers pour celui-ci devrait être la bataille des idées de ce cà´té-là  de l’échiquier politique.

    Les plus fins connaisseurs de ce qu’est vraiment le libéralisme devraient investir massivement la blogobulle de gauche et y revendiquaient ses idées, et prouver point par point l’énorme erreur qu’ils commettent en empruntant cette voie. Cela devient très urgent. Le temps consacré à  cette tache ne sera en rien du temps perdu, bien au contraire.

    Peut-être est-ce déjà  fait ? Tu en penses quoi Lomig ?

  8. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut Aymeric,
    complètement d’accord avec ton constat sur la progression des idées marxistes / révolutionnaires. Et d’accord aussi pour dire qu’il ne faut pas laisser le champ libre aux adversaires du libéralisme. C’est une des raisons d’être de ce blog ; j’essaye d’y expliquer ce que j’apprend en lisant. Et je lis aussi régulièrement des blogs « de gauche » comme tu dis, sur lesquels je donne mon avis et exprime mon désaccord aussi souvent que possible. mais il faudrait être plusieurs à  plein temps tellement la blogosphère est « polluée » par tout cela.

    Heureusement, il y a aussi beaucoup de gens modérés qui acceptent la discussion, l’échange de points de vue, etc… C’est avec ceux là  que l’on peut parler. Je t’avoue que certains voient tellement le capitalisme comme la source de tous les maux, et le libéralisme (sans même savoir ce que c’est) comme un totalitarisme en puissance, que les bras peuvent en tomber !

    à  bientà´t, et merci pour ton commentaire !

  9. Avatar de FRK
    FRK

    A froid, et sans analyse du texte :

    Une approche surprenante ; ce serait le modèle économique qui détermine rait le modèle politique. Ainsi ce n’est pas l’économie au service de l’homme mais l’inverse.

    Parceque la vraie question, c’est « être libéral économiquement veut-il dire être libéral politiquement » ?

  10. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    re-salut FRK,
    non, non : ce n’est pas un modèle économique qui détermine un modèle politique. C’est la compréhension du comportement humain, grà¢ce notamment à  la science économique, qui permet de prendre une position de philosophie politique. Moralement contre la destruction, contre l’arbitraire et contre la contrainte.

    Le libéralisme est une humanisme avant tout : il met justement les humains et leur liberté avant toute chose.

    Pour répondre à  la « vraie » question : OUI.

  11. Avatar de FRK
    FRK

    Bon, je viens d’aller voir son site ( institut turgot ). On comprend mieux : ayant fait toutes ses études en économie, il ne peut que voir au travers ce prisme.
    ( Attention, ce n’est pas une critique, un simple constat : j’ai apprécié un de ses articles… )

    Mais dans les extraits qui sont utilisés, 2 choses :

    • la démocratie n’est pas bonne ( quand les élus sont socialistes :) ).
      « la démocratie c’est le marché ». La citoyenneté s’évalue selon l’épaisseur de son portefeuille. A quand un droit de vote pour seulement ceux qui payent des impà´ts ?

    • l’agressivité qui suinte de ses textes :
      « parasites sociaux », « criminels », « voleurs »…
      mauvais présage, ai-je pensé, un coup à  écrire ad nauseam …
      Heureusement, d’autres articles montrent que l’homme ne lutte pas contre l’homme, mais contre les instituitons.

    Je suis d’accord avec ses tautologies ( un voleur est un voleur ) :)

    Pour en revenir à  la vraie question :

    La chine, qui pratique ce que vous appelez libéralisme économique est aussi une société libérale politiquement … ( il faudrait en parler aux journalistes chinois emprisonnés )
    L’arabie saoudite, aussi ( il faudrait en parler aux femmes battues et humiliées en justice pour avoir été violées )
    Les usa, aussi ( il faudrait en parler aux 45 millions d’américains qui n’ont pas de protection médicale et aussi aux irakiens )

    oui, tu as sà»rement raison …

  12. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut FRK,
    merci pour ce commentaire plein de modération, et plein aussi d’interrogations vraies. Je te précise au passage que, si je me sens proche des idées libérales, elles ne sont pas sans me poser plein de questions, un peu dans la lignée de celles que tu poses ici.

    1. je ne crois pas que quand il dit « la démocratie c’est le marché », il prà´ne un droit de vote proportionnel au portefeuille. Il explique au contraire que c’est le seul moyen que le « peuple » (notion abstraite, ou sans intérêt) décide : que chacun de ses membres prenne les décisions sur ce qui le concerne. C’est effectivement une manière d’éviter l’arbitraire. non ?
    2. Oui l’aggressivité qui « suinte » comme tu dis est un peu gênante. Je ressens la même chose ; cependant c’est une forme de rigueur dans le langage destinée à  secouer les gens, et à  les faire raisonner dans un autre cadre. Peut-être nécessaire.
    3. Bien sà»r que la chine n’est pas une société libérale. Mais elle est capitaliste, par beaucoup d’aspect (on va dire qu’elle pratique une forme de libéralisme économique partielle). Les USA par beaucoup d’aspects, sont aussi étatistes, protectionnistes, etc. Il n’empêche qu’ils ont pour le coup une vraie culture libérale (contrairement à  la Chine). Les mettre dans la même phrase pour illustrer des travers anti-libéraux me parait un peu tendancieux.

    Au plaisir de te lire !
    à  bientà´t !

  13. Avatar de Mathieu L.

    Voilà  donc un article très intéressant, et je te remercie de me l’avoir signalé. Pourtant, cet article m’effraie beaucoup, et cette fois-ci, c’est en tant que libéral.

    J’ai moi-même eu l’occasion, par le passé, d’étudier un peu d’économie, et il est frappant de constater que les économistes ne sont pas tous libéraux, il y a de nombreuses autres écoles, et cela m’étonne que cet auteur balance aux ordures toute une part de l’économie, celle qui le dérange peut-être. Qu’il soit en désaccord avec Keynes, Marx, Stiglitz ou bien d’autres sur leur vision du monde est totalement acceptable, mais qu’il les condamne avec une telle violence, c’est assez terrifiant.

    Alors, je vais peut-être vous choquer, mais je dois bien admettre que ce type d’écrits me rappelle un peu mon passé. Lorsque j’étais jeune, j’ai fréquenté des mouvements d’extrême-gauche. Je ne renie rien de ce passé, mais les écrits de votre auteur me rappelle certains textes des pires marxistes-léninistes, qui vouaient les libéraux au même avenir que cet auteur condamne les sociaux-démocrates et la droite étatiste. Je ressors de cette lecture assez inquiet, je dois bien le dire.

    Le vocabulaire est en effet extrêmement violent. Je sais que le libéralisme a aujourd’hui le vent en poupe, mais je vous appelle, chers lecteurs, à  la modération. Dans toute idéologie totalisante, il y a du faux. On peut y croire comme à  une religion, mais cela ne change rien. Les bolcheviks étaient persuadés de détenir la vérité et ils se sont trompés, très lourdement. C’était pourtant des gens intelligents, cultivés, qui s’étaient inspirés de Marx, économiste bien moins extrêmiste qu’on ne le croit souvent, si on prend la peine de le lire (mais je sais qu’il n’est plus à  la mode…). Relisez les grands libéraux, qui sont bien moins extrême que cela: Smith, le fondateur de votre courant, accepte l’existence de l’Etat, pense qu’il faut qu’il soit contrà´lé par le peuple, et évoque même le problème de l’inégalité des richesses, ne l’oubliez pas!!

    Alors, discutons toutes ces conclusions, et soyons humble devant la complexité du fonctionnement de notre société, qui ne peut se résumer en quelques phrases. En tant qu’homme de gauche aujourd’hui minoritaire, et qui le sait très bien, je sais que mes idées ont été dominantes par le passé, avec des aspects positifs et négatifs, mais qu’il faut prendre le temps de la réflexion et prendre chez chacun ce qui est positif.

    Si tu le permets, LOmiG, je vais relire posément cet article et émettre point par point des commentaires sur l’aspect totalisant de ce texte.

    Cordialement,

  14. Avatar de Mathieu L.

    Je te donne juste un exemple qui me frappe, là , en relisant posément:
    « l’étatisme, c’est le vol. »

    C’est terrible: sachez que cette phrase est un plagiat de la phrase de Proudhon, qui disait « la propriété, c’est le vol ». L’anarchisme a donné des mouvements violents aux idées parfois très dangereuses. Or, à  partir d’un raisonnement très souvent discutable, on arrive à  une phrase quasiment identique, et donc tout aussi dangereuse.

    Pour en rester sur ce point précis, j’aurai tendance à  dire que si l’Etat vole, cela signifie que tous les acteurs économiques volent tout autant, car, dans notre société, un acteur peut très difficilement choisir de ne pas acheter s’il est partie prenante du processus productif. L’achat est donc une obligation, autant que la taxe et que la cotisation sociale. De mon cà´té, je suis obligé d’acheter mon beurre, d’acheter ma viande, car je n’en produis pas, d’acheter mon pétrole et mon gaz, car je n’ai pas de gisement sous ma propriété, d’employer des moyens de transport, de travailler pour vivre. On est donc toujours sous le contrà´le de multiples acteurs, sur lesquels on ne peut pas grand-chose. Quand au choix, pour qu’il soit réellement libre, encore faudrait-il que nous ayons toutes les informations en main. Je conseille à  tous les internautes de s’intéresser aux analyses économiques sur la rationalité, et particulièrement au dilemme du prisonnier de Nash.

    Alors, soit on dit: « tout le monde est un voleur », mais je ne crois pas que les lecteurs de ce blog accepteraient facilement cette affirmation, soit on dit: « personne n’est un voleur », ce qui est tout aussi aberrant. Au total, ce type de raisonnement est totalement inacceptable. Considérer l’Etat, comme considérer les entreprises, comme considérer les syndicats, comme considérer les retraités, comme considérer les salariés, comme considérer les rentiers, comme considérer les juifs ou les musulmans comme les causes uniques de nos problèmes sont des raccourcis intellectuels qui discréditent tout raisonnement critique.

    Merci encore, LOmiG, de m’avoir permis de lire ce texte, et excuse la violence de mon propos, que j’espère plus créatrice que destructrice, car je supporte de moins en moins les idéologues qui croient avoir toute la vérité sur le monde et qui se targuent de vouloir nous l’imposer.

    Cordialement,

  15. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut,
    je réponds d’abord à  ton premier commentaire.

    Oui : les libéraux (les libéraux cohérents) ont un discours qui parait radical. C’est le fruit d’une pensée sans compromis. Est-ce que pour autant il faut en avoir peur ? Je dirais non, après avoir lu Salin (qui est le directeur de thèse de Guillaumat), car ils sont animés d’un vrai humanisme et d’un respect absolu de la nature humaine, et de chaque être humain. Quand tu dis que « cet auteur condamne les sociaux-démocrates et la droite étatiste », ce n’est pas exact. Ce qu’il condamne (mais peut être ai-je loupé une partie du texte) ce sont les idées fausses…pas les personnes qui les émettent. Il est foncièrement et absolument contre la violence et la contrainte, faut-il le rappeler ?

    Mais je te rejoins sur un point : le libéralisme n’a pas réponse à  tout, et aucun libéral d’ailleurs ne le dit. Le libéralisme dénonce en permanence, justement, la prétention des constructivistes étatistes à  vouloir « construire » de toute pièces une société, ce qui implique d’avoir une connaissance parfaite du monde et de sa complexité. Il faut donc dénoncer l’utopie constructiviste.

    Je suis d’accord avec toi : méfiance à  l’égard de toute « idéologie » qui demanderait plus de croyance que de raison, et plus d’emportement que de modération. Ce n’est pas le cas du libéralisme.

    je vais lire ton deuxième commentaire, et j’y réponds.

  16. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    re-salut, donc,
    ton propos est très intéressant, et tes critiques complètement justifiées. J’ai fait ce chemin il y a peu dans ma tête.

    Salin commence son bouquin par définir les différentes modes de transferts de richesses qui sont possibles. Il n’y en a que 3 : 1) le don, 2) l’échange libre et 3) le vol ou échange contraint. On peut réflechir des heures, il n’y en a pas d’autres. J’ai décrit cela plus en détail dans un article qui s’intitule Questions ouvertes. Une fois cela posé, cela éclaire les choses. Il faut préciser par ailleurs que le mythe du consommateur qui aurait toutes les informations, ou de la concurrence parfaite, sont régulièrement dénoncés par les libéraux. Personne n’a toute l’info. MAis quand tu achètes ton pain, c’est un acte qui ressort de l’échange libre.

    Quand quelqu’un te force à  lui donner ton portefeuille, c’est du vol. Quand l’Etat te prélève tes impà´ts, c’est de l’échange contraint. C’est pour ça que les libéraux appellent cela du « vol ». Ils ont tort à  mon avis, car ce terme est excessif, et sous-estime la possible part de volonté d’un citoyen à  payer ses impà´ts. Mais ils ont raison sur le fond : il s’agit d’un échange forcé, et non d’un échange libre. La preuve : arrêtes de payer des impà´ts et tu verras qu’il ne s’agit pas d’un échange libre ! Arrêtes d’acheter ton pain, et tu verras qu’il s’agit d’un échange libre. C’est tout ce que les libéraux entendent par distinction entre échange libre et vol. C’est une distinction fondamentale, il me semble.

    Les libéraux ne disent pas que « tout le monde est un voleur », ils disent simplement qu’il y a des échanges libres, et des échanges non-libres. Et ils démontrent que l’échange libre crée de la valeur, là  o๠l’échange non-libre en détruit. PHilosophiquement, comme économiquement, ils sont donc opposés à  toute forme de contrainte – légale ou autre – autre que celle visant à  faire appliquer partout et pour tous la Loi. Le libéralisme est une philosophie de l’égalité stricte des citoyens devant la Loi.

    à  bientà´t, pour en discuter, merci pour tes interventions riches, ouvertes et stimulantes !

  17. […] article fait suite à  “Libéralisme économique et libéralisme politique”, que j’avais écrit en réaction à  un texte lu chez le Chafouin. Lequel Chafouin, pas plus […]

  18. Avatar de Thomas
    Thomas

    A la majorité des commentaires que j’ai pu lire, libéralisme politique et libéralisme economique semblent être interdépendants.
    Je me pose pourtant une question : le libéralisme politique prêche pour une limitation du pouvoir étatique et en ce sens se montre POUR la démocratie. Au contraire, le libéralisme économique lui s’en remet aux vertus de l’initiative individuelle et de la main insivible. En d’autres termes, là  o๠le libéralisme politique entend développer le politique, le libéralisme economique lui milite en faveur d’une disparition progressive du politique.
    De ce que j’ai pu comprendre, il me semble donc que ces deux concepts s’opposent. Si quelqu’un a une idée susceptible de m’éclairer, elle sera la bienvenue :-)

  19. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Thomas,
    à  vrai dire, je crois que dans ton raisonnement il y a une phrase qui est en partie fausse : « là  o๠le libéralisme politique entend développer le politique »
    Je ne crois pas que le libéralisme entende développer le politique, au contraire. Le libéralisme tend à  faire respecter le droit, et à  éviter l’intrusion de l’état et du gouvernement dans l’organisation de la société. Le libéralisme s’oppose à  la centralisation étatique, et veut éviter les abus de pouvoir.

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